Archive dans juillet 2020

Les nouvelles règles européennes sur le travail détaché entrent en vigueur

La directive européenne consacre le principe « à travail égal, rémunération égale sur un même lieu de travail ». La France applique depuis jeudi 30 juillet les nouvelles règles européennes sur les travailleurs détachés adoptées en 2018 avec le principe d’égalité de traitement, a annoncé le ministère du travail. Les Etats membres avaient deux ans pour transposer cette directive contre le « dumping social ».

Désormais, un salarié détaché par une entreprise établie à l’étranger bénéficiera de la même rémunération qu’un salarié employé par une entreprise établie localement réalisant les mêmes tâches. Jusqu’ici, l’entreprise devait simplement respecter le salaire minimum.

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Le texte prévoit aussi l’application des conventions collectives du pays d’accueil aux travailleurs détachés, qui pourront ainsi bénéficier des mêmes primes ou encore des mêmes remboursements que les nationaux. Les cotisations sociales du travailleur détaché demeurent cependant celles de son pays d’origine, ce qui fait que le coût du travail d’un détaché peut rester inférieur à celui d’un national.

La directive limite le détachement à douze mois, pouvant être prolongé de six mois. Au-delà, un statut de détachement de longue durée est créé, à partir duquel le salarié bénéficiera de tous les droits applicables aux salariés nationaux, à l’exception des dispositions relatives à la conclusion et à la rupture du contrat de travail. Le texte ne concerne pas le transport routier. Celui-ci a fait l’objet d’une législation à part qui vient d’être définitivement adoptée par le Parlement européen début juillet.

Le recours au travail détaché a « plus que doublé » en dix ans

Le texte permet également de nouvelles sanctions contre les fraudes et une transparence renforcée pour le détachement en chaîne, quand une entreprise étrangère de travail temporaire met des intérimaires à la disposition d’une autre entreprise étrangère qui effectue une prestation en France.

« C’est une étape importante », s’est réjouie la ministre du travail, Elisabeth Borne. Le gouvernement veut aller plus loin car « depuis dix ans, le recours au travail détaché en France a plus que doublé ». « La nature dérogatoire et temporaire de ce dispositif a, dans certains cas, été dévoyée et certains travailleurs sont accueillis dans des conditions qui ne sont pas acceptables », souligne-t-elle.

Une concertation doit s’ouvrir à la rentrée avec les partenaires sociaux pour élaborer d’ici la fin de l’année des plans de réduction du recours au travail détaché dans les secteurs les plus concernés (BTP, agriculture…).

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Le Monde avec AFP

La réforme de l’Assurance-chômage reportée officiellement au 1er janvier

Jean Castex, Premier ministre, sort du Conseil des ministres au Palais de l’Elysée à Paris, mercredi 29 juillet 2020 - 2020©Jean-Claude Coutausse pour Le Monde

La suspension jusqu’au 1er janvier de la réforme de l’Assurance-chômage, y compris du durcissement de l’ouverture des droits en vigueur depuis le 1er novembre, est parue jeudi 30 juillet au Journal officiel, une revendication des syndicats qui n’ont cependant pas obtenu satisfaction sur toutes leurs demandes.

Annoncé par le premier ministre, Jean Castex, le 17 juillet, ce report porte notamment sur le calcul de l’indemnisation, qui aurait dû entrer en vigueur le 1er septembre. Selon l’Unédic, il aurait eu « un effet sensible sur l’indemnisation des personnes privées d’emploi dans la période de crise sanitaire et n’ayant pas travaillé de manière continue sur les deux ou trois années précédentes ».

L’indemnité est actuellement plus favorable, pour la même quantité de travail, aux personnes alternant contrats courts et inactivité qu’à celles travaillant en continu, car elle est calculée en divisant les revenus par les seuls jours travaillés pendant la période de référence.

Le décret confirme aussi le report de la dégressivité au bout de six mois pour les plus hauts revenus, également au 1er janvier. Surtout, il revient sur le durcissement de l’ouverture des droits. Depuis le 1er novembre, il fallait avoir travaillé au moins six mois sur les vingt-quatre derniers mois pour ouvrir des droits, au lieu de quatre mois sur les 28 derniers.

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Une concertation à la rentrée

Si les syndicats ont salué cette décision, ils ont néanmoins regretté que ce retour aux règles antérieures ne soit pas total, comme le premier ministre le leur avait laissé entendre. Le seuil permettant un rechargement des droits, lorsqu’on travaille pendant sa période de chômage, restera en effet aligné sur les conditions d’affiliation et sera donc de quatre mois (au lieu de six) alors qu’il n’était que d’un mois avant le 1er novembre. Pour FO, « cela va impacter de l’ordre de 8 000 à 10 000 demandeurs d’emplois, saisonniers ou les plus précaires, chaque mois ».

Le retour aux règles antérieures ne s’appliquera également que pour les travailleurs privés d’emploi dont la fin du contrat de travail survient entre le 1er août et le 31 décembre 2020. Il ne concernera donc pas les personnes ayant perdu leur emploi entre novembre et août, qui resteront soumises à la règle des six mois.

La ministre du travail, Elisabeth Borne, a justifié cette non-rétroactivité par des raisons techniques, voulant éviter « des acrobaties sur le système d’information de Pôle emploi » qui risqueraient de perturber l’indemnisation des demandeurs d’emploi. A la rentrée, une concertation doit s’ouvrir pour examiner d’éventuels correctifs à la réforme et la gouvernance de l’Assurance-chômage.

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Le Monde avec AFP

EDF, dans le rouge, annonce un vaste plan d’économies

A Bouchain (Nord), le 7 juillet.

Accusant une perte nette de 700 millions d’euros, Electricité de France (EDF) a annoncé, jeudi 30 juillet, un vaste plan d’économies et de cessions pour compenser les effets de la crise sanitaire sur son activité. L’électricien veut réduire ses charges opérationnelles – liées au fonctionnement des ses infrastructures – de 500 millions d’euros, entre 2019 et 2022, et engager pour environ 3 milliards de nouvelles cessions d’ici à 2022.

« Nous allons réguler les effectifs du groupe en ne procédant pas au remplacement de tous les départs et en facilitant la mobilité des salariés vers les activités à plus fort potentiel pour ceux qui seraient dans des activités à plus faible potentiel », explique Jean-Bernard Lévy, PDG du groupe. L’opération vise à apporter des liquidités à EDF, déjà endettée à hauteur de plus de 42 milliards d’euros.

Une production nucléaire bousculée par la crise sanitaire

Une partie de ces décisions est liée à une moindre production nucléaire en raison du déclin de la demande, qui affecte les activités de distribution et de fourniture d’électricité. Pendant le confinement, la fermeture de tout un pan de l’économie française a provoqué une chute de 15 % à 20 % de la consommation d’électricité. Depuis le début de l’année, la production du nucléaire a baissé de 29,7 térawattheure (TWh) par rapport à la même période de 2019.

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La crise sanitaire a aussi contraint EDF à ralentir ou à reporter des chantiers et les travaux de nombreuses opérations de maintenance sur les réacteurs nucléaires, bousculant le calendrier de la filière déjà touché par de nombreux retards. Or ces opérations sont décisives. Le parc nucléaire français doit connaître de nombreuses visites « décennales », nécessaires pour prolonger la durée de vie des réacteurs.

Ces opérations entraînent de longs arrêts, mais aussi des investissements considérables, pour répondre aux exigences de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). EDF a expliqué dans ses résultats semestriels que les discussions en cours avec l’ASN pourraient conduire à des investissements additionnels dans les années à venir au titre de ce programme.

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Le décalage des arrêts de tranches de centrales sur 2020 affectera aussi le programme de maintenance des exercices 2021 et 2022 (dont la prévision de production nucléaire est estimée entre 330 et 360 TWh chaque année). Les conséquences de cette désorganisation sont importantes : l’entreprise anticipe que sa production d’origine nucléaire sera en fort déclin sur l’ensemble de l’année. Sur le dernier semestre, la baisse de production nucléaire n’a été que partiellement compensée par la hausse de la production hydraulique (plus 5,6 TWh), liée à des conditions météorologiques favorables.

Plus d’investissements dans les énergies renouvelables

La branche d’EDF consacrée aux énergies renouvelables a tiré profit de la priorité donnée à ces dernières sur les réseaux de distribution d’électricité. Son chiffre d’affaires atteint 770 millions d’euros et est en hausse de 5 % par rapport au semestre dernier. Un point positif pour le groupe, qui accroît ses investissements dans le solaire et l’éolien.

En témoigne l’appel d’offres qu’EDF a remporté pour le projet de centrale photovoltaïque d’Al-Dhafra, à Abou Dhabi, aux Emirats arabes unis, destiné à être « la plus puissante centrale solaire au monde », avec une capacité installée de 2 GW, soit l’équivalent de l’alimentation de160 000 foyers locaux chaque année. Ou le lancement, au début de juin, de la construction de son deuxième parc éolien en mer de 500 mégawatts (MW), à Fécamp (Seine-Maritime).

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Aéronautique : autour de Toulouse, le feu couve au sein des sous-traitants

Lors d’une manifestation de salariés d’Airbus, à Blagnac, près de Toulouse, le 8 juillet.

La filière aéronautique, frappée de plein fouet par les conséquences économiques de la crise due au Covid-19, fait désormais face à l’urgence sociale. Certains tentent de minorer l’incidence sur l’emploi du ralentissement hors normes que connaît le secteur à travers le monde. « Ce n’est pas le désastre annoncé », relativise ainsi le dirigeant d’une PME, qui préfère rester anonyme. « Il y aura une amorce de reprise en septembre ou en octobre », déclare-t-il, reconnaissant toutefois « qu’il y aura des gagnants et des perdants », à l’issue de la crise.

Mais Gaëtan Gracia, lui, est plus alarmiste. « On sait que la rentrée sociale va être forte », affirme ce militant ouvrier très remonté. Sur Twitter, il égrène les plans de restructuration de la filière qu’il complète d’analyses personnelles et de commentaires. « La bataille de l’aéronautique va commencer », « on est prêts à se battre », écrit le délégué syndical CGT aux Ateliers de la Haute-Garonne, spécialisés dans les rivets, en proie à une baisse d’activité. La direction, qui veut appliquer un accord de performance collective (APC), a cédé devant la pression exercée par les syndicats, repoussant les négociations à septembre. « On ne négocie pas sans chiffres. Alors, on a demandé une expertise économique, acceptée par la direction. On fait monter la sauce », prévient M. Gracia.

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La tempête que traverse l’aéronautique menace l’équilibre de l’aire métropolitaine toulousaine, qui rassemble près de 95 000 emplois dans le secteur. Airbus, le principal donneur d’ordre régional, a annoncé la couleur, fin juin, avec le plan social le plus lourd de son histoire : 3 600 postes supprimés à Toulouse, dont 2 398 à la production et 980 au siège, le reste étant réparti dans ses filiales Avions de transport régional et Stelia Aerospace.

« Un rouleau compresseur »

Assistance Aéronautique & Aérospatiale paye, lui, sa forte dépendance au secteur. Dans le sillage de l’avionneur européen, ce prestataire de services taille sévèrement dans ses effectifs. Annoncé début juillet, son plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) prévoit de diviser par deux le nombre de ses salariés, qui s’élève à près de 1 600 en France. Et, sans surprise, Toulouse acquitte un lourd tribut, avec 299 suppressions de postes. « Le sujet principal est l’argent et la recherche d’économies, pas le maintien des compétences, dénonce Julien Da’Rolt, délégué syndical CFDT. La direction veut aller vite. C’est un rouleau compresseur. Le PSE doit être bouclé en deux mois et demi. »

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Aéronautique : Airbus et Boeing s’enfoncent dans la crise

Un Airbus A380 et un Boeing 747 400, au Bourget (Seine-Saint-Denis).

Après avoir longtemps imaginé que la croissance n’aurait jamais de fin, les entreprises l’aéronautique doivent admettre la remise en cause de ce modèle. Tour à tour, trois géants du secteur, Airbus, Boeing et Safran, ont affiché des performances catastrophiques.

C’est le constructeur de Seattle qui, le premier, mercredi 29 juillet, a publié des résultats semestriels en fort recul. Sur la période janvier-juin, le chiffre d’affaires de Boeing s’est effondré de 26 %, pour s’établir à 28,7 milliards de dollars (24,4 milliards d’euros). Au total, au premier semestre, l’avionneur américain a enregistré une perte d’un peu plus de 3 milliards de dollars. Sans surprise, Boeing fait les frais de la pandémie de Covid-19, qui a mis les compagnies aériennes à l’arrêt.

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Les entreprises clientes de l’avionneur, dont les trésoreries ont été mises à mal par la crise, ont multiplié les annulations et les reports de commandes. Pour preuve, au deuxième trimestre, Boeing n’a livré que 20 appareils. Pis, à l’occasion du Salon de l’aéronautique de Farnborough, au Royaume-Uni, organisé uniquement en ligne cette année en raison de la pandémie, les avionneurs, dont Boeing, n’ont pu annoncer aucun contrat.

Outre les conséquences de la crise sanitaire, l’avionneur américain paie aussi les déboires de son moyen-courrier 737 MAX, toujours cloué au sol depuis la mi-mars 2019, après deux catastrophes qui ont causé la mort de 346 passagers et membres d’équipages. Commandé à plus de 5 000 exemplaires, le MAX devrait être le best-seller de Boeing si les autorités de régulation de l’aviation lui accordent de nouveau leur feu vert pour reprendre les airs.

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Après avoir misé sur une reprise rapide de l’activité, les avionneurs doivent se résoudre à l’idée que la crise pourrait durer plus longtemps que prévu. Le trafic aérien mondial ne retrouvera pas son niveau de 2019 avant 2024, en raison notamment des incertitudes sur les ouvertures des frontières qui pèsent sur les voyages internationaux, a indiqué, mardi 28 juillet, l’Association internationale du transport aérien.

Les gros porteurs très affectés

La crise devrait affecter durablement les gros et les très gros porteurs. Pour preuve, le constructeur américain a annoncé qu’il allait réduire sa production du 787 Dreamliner. En 2021, il n’en produira plus que six chaque mois, contre dix aujourd’hui. Cette révision à la baisse affectera aussi le 777 et le tout-nouveau 777X, dont seulement deux exemplaires devraient sortir des chaînes d’assemblage en 2021. Autrefois star des avionneurs, ce segment des long-courriers souffre particulièrement.

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Après Airbus, qui s’est résolu, méventes obligent, à stopper définitivement la fabrication de son super-jumbo A380, c’est Boeing qui a annoncé l’arrêt définitif de la production de son 747 en 2022. L’avion qui avait grandement contribué, depuis les années 1970, à la démocratisation du transport aérien est retiré des flottes par toutes les compagnies aériennes. Trop grands, trop chers, trop gourmands en carburant, difficiles à remplir l’A380 et le 747 ne correspondent plus aux besoins des compagnies aériennes qui préfèrent des avions plus sobres et surtout plus modulables, tel l’A321 d’Airbus, capable de performances dignes d’un long-courrier, mais avec les coûts d’un moyen-courrier.

Le trafic aérien mondial ne retrouvera pas son niveau de 2019 avant 2024, selon l’Association internationale du transport aérien.

Pour Boeing, la liste des déboires n’en finit pas de s’allonger : l’administration américaine a ordonné l’inspection de 2 000 B737 d’ancienne génération. Cette injonction intervient après quatre incidents qui ont affecté les moteurs du moyen-courrier conçu dans les années 1960.

Tombés dans le rouge, les résultats de Boeing ne sont pas aussi mauvais que l’avionneur aurait pu le craindre. Le constructeur a, en effet, bénéficié de la bonne tenue de sa branche défense et espace. En juillet, juste avant la publication de ses résultats financiers, Boeing a notamment bénéficié d’une commande du Pentagone de 23 milliards de dollars pour livrer des avions de combat F15 à l’armée de l’air américaine.

« Moitié moins de livraisons »

Airbus fait tout autant la grimace que son rival d’outre-Atlantique. L’avionneur européen a annoncé, jeudi 30 juillet, une perte nette de 1,9 milliard d’euros au premier semestre. « L’impact de la pandémie de Covid-19 sur nos résultats est aujourd’hui bien visible au deuxième trimestre, avec moitié moins de livraisons d’avions commerciaux qu’un an plus tôt sur la même période », s’est justifié Guillaume Faury, PDG d’Airbus.

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Au cours de ses six premiers mois de l’année, le chiffre d’affaires d’Airbus s’est replié de 39 %, pour s’établir à 18,9 milliards d’euros. Comme son concurrent américain, l’avionneur européen doit lui aussi ralentir la production de son long-courrier A350. Il ne devrait plus en sortir des chaînes d’assemblages que cinq exemplaires chaque mois. C’est la seconde fois qu’Airbus baisse la production de l’A350. En avril, l’avionneur l’avait déjà ramené à six appareils par mois, contre 9,5 auparavant.

Taille dans les effectifs

Quand Airbus et Boeing souffrent, ce sont Safran et tous les sous-traitants de l’aéronautique qui sont mis en difficulté. Le motoriste a annoncé, jeudi 30 juillet, un chiffre d’affaires de 8,767 milliards d’euros pour le premier semestre, en baisse de 29 %. « Nos activités ont été fortement affectées par cette crise au deuxième trimestre », a reconnu Philippe Petitcolin, directeur général de Safran.

Après Airbus et Boeing, qui ont taillé dans leurs effectifs, Safran, qui produit en exclusivité les moteurs du 737 MAX, a aussi annoncé avoir « considérablement renforcé » un plan d’adaptation pour passer la crise. Le motoriste, qui emploie 95 000 salariés dans 27 pays, en a déjà poussé 12 % vers la sortie. En France, direction et syndicats ont conclu un « accord de transformation d’activité », qui doit permettre à l’équipementier « de passer les douze à dixhuit prochains mois de crise en préservant les compétences et la compétitivité des activités françaises », a indiqué M. Petitcolin. Comme tous les acteurs du secteur, Safran veut avant tout préserver les savoir-faire pour pouvoir redémarrer sans retard quand la crise prendra fin.

Le fonds de soutien au secteur, Ace Aéro Partenaires, est lancé

Le fonds d’investissement aéronautique décidé dans le cadre du plan de soutien à la filière est prêt à être utilisé. Baptisé « Ace Aéro Partenaires », ce fonds est doté dans un premier temps de 630 millions d’euros – un montant supérieur aux attentes initiales qui portaient sur 500 millions – et a pour vocation de renforcer les nombreuses entreprises sous-traitantes d’un secteur fragilisé par la crise due au Covid-19. Ce fonds s’intègre dans le cadre du plan de soutien à la filière de 15 milliards d’euros annoncé début juin par le gouvernement. L’Etat contribue au fonds à hauteur de 200 millions d’euros, dont 50 millions pour Bpifrance. Les grands du secteur l’abondent également : Airbus pour 116 millions, Safran pour 58 millions, Dassault 13 millions et Thales 13 millions. La société de gestion Tikehau, sélectionnée à l’issue d’un appel d’offres pour gérer ce fonds aéronautique, y investit, de son côté, 230 millions sur fonds propres.

Les chiffres

3,04 milliards

C’est, en dollars, soit 2,5 milliards d’euros, la perte enregistrée par le constructeur américain au premier semestre.

28,7 milliards

C’est, en dollars, soit 24,4 milliards d’euros, le montant du chiffre d’affaires dégagé par le groupe au premier semestre, en recul de 26 % par rapport à la même période de 2019.

1,9 milliard

C’est, en euros, la perte nette subie par l’avionneur européen sur les six premiers mois de l’année.

18,9 milliards

C’est, en euros, le niveau du chiffre d’affaires enregistré par le groupe au premier semestre, en baisse de 39 % par rapport aux six premiers mois de 2019.

En Inde, IndiGo coupe dans les effectifs et les salaires

A l’aéroport international Sardar Vallabhbhai Patel, à Ahmedabad, dans le nord-ouest de l’Inde, le 23 mars.

Le transport aérien indien est en train de tanguer dangereusement. Lui qui enregistrait allègrement autour de 20 % de croissance de son marché domestique par an vit, depuis dix-huit mois, une impressionnante déconfiture. C’est la faillite de Jet Airways, numéro deux dans le sous-continent, qui avait donné le coup d’envoi des mauvaises nouvelles, en disparaissant purement et simplement du ciel, en avril 2019. Mais la pandémie de Covid-19, comme partout ailleurs dans le monde, a entraîné de nombreux autres dégâts, aucun avion n’ayant volé dans le pays entre le 26 mars et le 24 mai.

La compagnie low cost IndiGo, lancée en 2006 et cotée en Bourse depuis 2015, a ainsi annoncé, le 20 juillet, qu’elle allait devoir licencier 10 % de ses employés en raison de la crise sanitaire en cours. Au 31 mars, lorsque le confinement de l’Inde a démarré, les effectifs de la compagnie s’établissaient, d’après un porte-parole, à 27 000 personnes.

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Le coronavirus a mis du temps à se répandre dans le pays, mais avec désormais 50 000 nouveaux cas de contamination et plus de 700 décès enregistrés chaque jour, la situation commence à prendre des dimensions de plus en plus inquiétantes. L’Inde compte actuellement 1,5 million de cas et plus de 33 000 morts. « En l’état actuel des choses, il est impossible pour notre compagnie de traverser cette tempête économique sans faire des sacrifices », a expliqué dans un communiqué le PDG, Ronojoy Dutta.

La demande devrait fondre de 49 % en 2020

Dans un premier temps, ce dernier avait cherché à limiter l’impact financier de la pandémie sur les comptes d’IndiGo, numéro un en Inde avec environ 50 % de parts de marché, en décrétant, au mois de mai, des baisses de salaire allant de 5 % à 25 %, selon les catégories de personnel, et en imposant des congés sans solde graduels à toutes les catégories de personnel, jusqu’à l’été. Le 30 juin, 5,5 jours de congé sans solde supplémentaires avaient été imposés aux pilotes, soit, au total, dix jours non travaillés et non payés par mois jusqu’à nouvel ordre.

Mais cela n’a visiblement pas suffi. Les salariés licenciés toucheront « une prime de préavis et une indemnité de rupture de contrat » équivalente à un mois de salaire brut par année d’ancienneté dans l’entreprise, et en tout état de cause « trois mois de salaire au moins » au moment de partir, a promis le dirigeant qui, en outre, a déclaré, lundi 27 juillet, que les personnels cadres ou dirigeants subiraient, à compter du mois d’août, une baisse de salaire pouvant finalement aller jusqu’à 35 %, au lieu de 25 % jusqu’ici.

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Chômage partiel : 25 000 contrôles effectués, 1 400 « suspicions » de fraude

Elisabeth Borne, ministre du travail, de l’emploi et de l’insertion, le 9 juillet.

Après avoir effectué 25 000 contrôles, le gouvernement a recensé 1 400 « suspicions » de fraude au chômage partiel, a annoncé mardi 28 juillet la ministre du travail, Elisabeth Borne, sur RTL.

Environ 700 entreprises sont suspectées d’avoir procédé à des déclarations mensongères et autant à des escroqueries. Des dossiers ont déjà été transmis à la justice, d’autres vont l’être. « On sera intraitables avec ceux qui détournent le système », a prévenu Mme Borne. « On fait beaucoup de contrôles : on en a déjà fait 25 000, on en fera 50 000 d’ici la fin de l’été », a ajouté la ministre.

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Interrogé par l’Agence France-Presse (AFP), le ministère du travail a distingué deux types de fraudes : l’escroquerie (usurpation d’identité, entreprises fictives) et les déclarations mensongères (heures déclarées différentes des heures chômées, par exemple). Certains contrôles ont permis de régulariser des demandes erronées, a précisé le ministère.

Jusqu’à 8,8 millions de Français en chômage partiel

Il y a un mois, Muriel Pénicaud, à qui Mme Borne a succédé au ministère du travail en juillet, avait indiqué que les 3 000 premiers contrôles sur les demandes de chômage partiel avaient débouché sur « 850 suspicions de fraude » et quatre procédures pour « escroquerie ».

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Dès le confinement, et pour pallier l’arrêt d’activité en découlant, le gouvernement avait élargi la possibilité de recourir au chômage partiel en France.

Selon une estimation du ministère du travail, 7,2 millions de Français auraient été en chômage partiel un ou plusieurs jours par semaine en mars, 8,8 millions en avril, 7,9 millions en mai et 4,5 millions en juin.

En cas de fraude, les sanctions pénales vont jusqu’à deux ans d’emprisonnement et 30 000 euros d’amende, et concernant les sanctions administratives, elles prévoient le remboursement des aides et l’exclusion du bénéfice des aides pour une durée pouvant aller jusqu’à cinq ans.

Le Monde avec AFP

Emploi des jeunes : « La palette d’outils du plan permet de toucher des catégories très différentes »

Le premier ministre, Jean Castex, s’adresse aux apprentis lors d’une visite sur le thème de l’emploi des jeunes, le 23 juillet. Ici, au sein de l’entreprise Cryla, à Besançon.

Comment faire en sorte que de nombreux jeunes, arrivant sur le marché du travail, n’en soient pas exclus, en raison de la crise économique ? Pour relever ce défi, Jean Castex a annoncé, le 23 juillet, un vaste programme en faveur de cette catégorie d’actifs, financé à hauteur de 6,5 milliards d’euros sur deux ans.

« Du jamais-vu », selon le premier ministre. Plusieurs dispositifs vont être mis en œuvre : prime à l’embauche, extension des actions de formation, soutien à l’apprentissage, relance des contrats aidés – que le gouvernement d’Edouard Philippe avait considérablement réduits, les jugeant trop peu efficaces.

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« Ces mesures paraissent très bonnes, d’abord pour une raison de principe, réagit Gilbert Cette, professeur à l’université d’Aix-Marseille. Les jeunes ont subi, dès le printemps, les effets de la récession, avec la violente contraction du nombre de CDD et de missions d’intérim – deux formes d’emploi qui les concernent au premier chef. »

Une deuxième vague va frapper ceux qui, une fois sortis du système scolaire et universitaire, vont se présenter sur un marché du travail sinistré. « Il faut éviter que leur entrée dans la vie active soit synonyme d’inscription durable à Pôle emploi, faute de quoi ils risquent d’en pâtir pendant de longues années », plaide M. Cette. C’est d’autant plus nécessaire, selon lui, que les moins de 25 ans sont déjà, « “en temps ordinaire”, surreprésentés parmi les chômeurs – avec un taux de demandeurs d’emploi dans cette tranche d’âge très supérieur à la moyenne ».

Le fait de panacher les solutions est commenté positivement. « La palette d’outils utilisés dans ce plan permet de toucher des catégories très différentes de jeunes, sans se focaliser uniquement sur ceux qui sont les plus en difficulté », affirme Christine Erhel, directrice du Centre d’études de l’emploi et du travail (CEET).

« Le gouvernement a mobilisé à peu près tout ce qu’il pouvait dans un contexte où il n’y a plus vraiment de contraintes sur les finances publiques », poursuit Bertrand Martinot, de l’Institut Montaigne. Face à une hausse du chômage « inévitable », il faut être « audacieux, ambitieux et ne pas hésiter à mettre en place beaucoup d’actions », complète Eric Heyer, de l’Observatoire français des conjonctures économiques, qui juge l’arsenal proposé « intéressant, même s’il était possible d’aller au-delà ».

Risques

Ce sont les « bons leviers » qui ont été mis en mouvement, enchaîne M. Martinot, en citant notamment la prime à tout recrutement, entre août et fin janvier 2021, d’un jeune de moins de 25 ans pour un contrat de trois mois, au minimum. Un tel coup de pouce, dit-il, se traduira, in fine, par des « créations nettes » de postes – donc par une augmentation des effectifs salariés.

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Chômage : la région Pays de la Loire, bonne élève, n’est pas épargnée par la crise

Une agence Pôle Emploi d’Antibes (Alpes-Maritimes) le 29 juin.

Les chiffres sont éloquents. De mars 2019 à mars 2020, les cinq départements des Pays de la Loire n’avaient enregistré que 1 250 demandeurs d’emplois sans aucune activité (catégorie A) supplémentaires. En trois mois, cette comptabilité s’est emballée, avec 54 310 personnes de plus fin juin.

Certes, il faut relativiser, comme le remarque Sophie Aubin, directrice territoriale déléguée de Pôle Emploi en Maine-et-Loire : « Ce ne sont pas forcément de nouveaux demandeurs d’emplois mais des gens qui étaient auparavant classés en catégories B et C, car ils exerçaient une activité partielle et n’en ont plus du tout aujourd’hui. »

Toutes catégories confondues (A, B et C), il apparaît effectivement qu’avec 377 000 demandeurs d’emplois, le solde n’est en augmentation « que » de 23 010 personnes depuis fin mars. « Il y a un effet d’ampleur qui concerne majoritairement les salariés en contrat à durée déterminée et les intérimaires, décrypte Antoine Lelarge, secrétaire départemental de la CFDT en Maine-et-Loire. Mais les derniers comités sociaux et économiques (CSE) qui ont eu lieu avant l’été dans les grandes entreprises ont fait remonter des sortes de préannonces. On a donné rendez-vous en septembre aux délégués du personnel pour reparler de l’emploi… »

La région, qui se flattait jusqu’ici de figurer parmi les meilleurs élèves de l’Hexagone en matière de chômage (6,7 % au premier trimestre 2020 contre 7,6 % au niveau national), voit la crise sanitaire agir de manière très brutale sur ses statistiques. En Vendée, le nombre de demandeurs d’emploi a bondi de 39,1 % en trois mois (+ 10 600 personnes). En Loire-Atlantique, le pourcentage est moins élevé (+ 33,81 %) mais, en valeur absolue, l’augmentation est deux fois plus forte que chez le voisin de la côte atlantique (+ 21 520).

Dans les terres, on voit que les taux sont moindres, + 28,7 % en Maine-et-Loire, + 27,8 % en Sarthe, sauf en Mayenne (+ 34,2 %) mais l’augmentation en valeur réelle y est la plus faible des cinq départements (+ 3 580 demandeurs d’emplois).

Dans les cafés et restaurants de la région, qui emploient une bonne partie des 20 000 saisonniers habituels, la situation est contrastée. « Pour l’instant les locaux ne bougent pas et remplissent les terrasses et les bistrots. C’est beaucoup plus difficile pour ceux qui assurent le menu du jour, le midi à proximité des centres d’affaires », relève François Taillandier, président régional de l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH).

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Le nombre de demandeurs d’emploi atteint un niveau record en juin

Le redémarrage de l’économie continue d’avoir des incidences positives sur le marché du travail mais il est difficile, pour autant, de parler d’amélioration. En juin, le nombre de demandeurs d’emplois sans aucune activité (catégorie A) a baissé, sur l’ensemble du territoire (outre-mer compris), de près de 205 000, selon les données diffusées, lundi 27 juillet, par Pôle emploi et par la Dares – la direction du ministère du travail chargée des études. Il s’agit d’un nouveau recul, de 4,6 %, qui s’avère encore plus fort que celui relevé le mois précédent (-3,3 %).

Pour autant, les effectifs des personnes dans cette situation se maintiennent à un niveau très élevé, à 4,22 millions. Depuis la mise en place, en 1996, de cette série statistique, jamais la barre des quatre millions d’inscrits dans la catégorie A n’avait été franchie, ce qui montre l’ampleur des ravages causés par la crise due au coronavirus.

Un record depuis 1996

Surtout, le nombre d’individus à la recherche d’un poste tout en ayant travaillé (catégories B et C) a, de son côté, continué d’augmenter fortement, en juin : +13,9 %, soit une progression presque aussi soutenue qu’en mai (+14,2 %). Au total, les rangs des demandeurs d’emploi, en activité ou non (catégories A, B et C), s’étoffent encore, mais à un rythme moins rapide qu’avant : + 31 500 en juin, contre + 61 000 un mois plus tôt et + 209 000 en avril. Ils atteignent désormais 6,157 millions, un record depuis 1996.

Si l’on ne regarde que la catégorie A, la tendance à la baisse touche toutes les tranches d’âge, mais elle est un peu plus nette chez les 25-49 ans (-5 %) que chez les jeunes (-4,6 %) ou chez les personnes d’au moins 50 ans (-3,7 %). L’ensemble du territoire est concerné par cette décrue, à l’exception de la Guyane, qui « a continué à faire l’objet de mesures plus restrictives dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire », souligne la note publiée par la Dares. Enfin, le repli des effectifs dans la catégorie A est porté par la diminution du nombre d’individus « qui recherchent un métier dans la construction et le BTP, ainsi que dans l’hôtellerie et le tourisme ».