France Travail : les agressions et incivilités contre les agents ont augmenté de 12 % en 2023

Le logo de France Travail (anciennement connue sous le nom de Pôle emploi) visible dans l’un de ses bureaux à Nantes, le 26 mars 2024.

Les agressions et les incivilités commises par des usagers envers des membres du personnel de France Travail (ex-Pôle emploi) ont augmenté de 12 % en 2023 par rapport à l’année précédente, selon un document interne de l’opérateur, consulté vendredi 26 avril par l’Agence France-Presse (AFP).

L’an passé, France Travail a en effet enregistré près de 16 000 signalements d’agressions dans ses 900 agences, contre 14 200 en 2022, selon ce document d’abord dévoilé par l’hebdomadaire Politis. Dans le détail, les incivilités déclarées ont augmenté de 17 % entre 2022 et 2023 (+ 82 % depuis 2019), tandis que les agressions verbales se sont accrues de 8 % (+ 37 % depuis 2019).

Le nombre d’agressions physiques reste quant à lui stable et représente moins de 1 % de la totalité des signalements. Selon le document, « sur les 143 agressions physiques déclarées en 2023, 45 sont des agressions physiques avérées sur agent et survenues en agence ou à proximité ». Concernant les expressions d’intentions suicidaires d’un usager constatées par des agents, le chiffre s’élève à 3 040 cas, en hausse de 8,7 % par rapport à 2022. C’est trois fois plus qu’en 2019.

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Politique du signalement après le meurtre de 2021

France Travail a affirmé, dans un message transmis à l’AFP, avoir « incité l’ensemble de ses agents, après l’assassinat d’une de ses conseillères dans une agence de Valence [en 2021], à faire systématiquement des déclarations de signalements pour chaque incident », une politique qui « explique en partie la hausse des chiffres des signalements depuis 2021 et notamment par rapport à l’année 2019 ».

« France Travail ne relève pas de spécificité propre à ses services mais remarque un contexte sociétal marqué par de plus en plus d’incivilités et d’agressions, en particulier dans les services publics », avance aussi l’opérateur, qui assure s’efforcer « de permettre à chacun de ses agents de pouvoir effectuer leur mission en toute sérénité et en toute sécurité et à nos usagers d’être accueillis en toute sécurité ».

Christophe Moreau, membre du bureau national du syndicat SNU (FSU), parle, lui, une « montée des agressions depuis plusieurs années ». « Cette augmentation des signalements d’agression est surtout apparue depuis 2019, une augmentation que nous pouvons relier aux modifications d’indemnisation de l’assurance-chômage », a-t-il avancé auprès de l’AFP, précisant que son syndicat « réclame depuis longtemps une systématisation de déclaration d’accident du travail pour chaque agression ».

L’année dernière, France Travail avait assuré mettre en place des mesures « dans le cadre d’une stratégie globale ». L’opérateur avait alors cité « la protection des sites avec le renforcement des équipements de sûreté, la généralisation de la vidéoprotection dans les agences et le développement d’outils d’alerte », pour que les agents signalent des « situations urgentes », ou la « formation des collaborateurs à la désescalade et à la gestion des tensions ».

Sur la généralisation de la mise en place de la vidéoprotection, Christophe Moreau a estimé que cette mesure n’a pas entraîné de réduction particulière du nombre d’agressions « dans les agences où cela a été mis en place ».

Le Monde avec AFP

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Une simplification de la fiche de paye jugée en trompe-l’œil

Le ministre français de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, à Paris, le 24 avril 2024.

Le monde du travail tousse quand Bruno Le Maire fait le ménage dans « la paperasse » des entreprises. A travers son projet de loi « de simplification de la vie économique », présenté mercredi 24 avril, le ministre des finances entend s’attaquer à un monument de complexité : le bulletin de paye. Le but est de rendre ce document « plus compréhensible », pour les salariés comme pour les patrons. Mais la démarche suscite de la perplexité, voire des critiques chez les syndicats, sans forcément convaincre tous les représentants des employeurs.

La fiche de paye sert à justifier du montant net versé à un travailleur, en mentionnant – entre autres – les diverses cotisations et contributions qui sont retirées de la rémunération brute pour financer la Sécurité sociale. Elle contient de multiples renseignements, présentés sous des intitulés qui peuvent déconcerter son destinataire. Pointé du doigt depuis des décennies, ce foisonnement a déjà donné lieu à des réformes, notamment en 2015, afin d’augmenter l’intelligibilité de cet imprimé, qui joue un rôle essentiel pour plus de 25 millions de personnes dans leurs relations avec l’administration, les banques, les bailleurs, etc.

Mais M. Le Maire pense qu’il est encore possible de gagner en clarté. C’est pourquoi il propose d’alléger le contenu en passant « de plus de cinquante lignes à une quinzaine ». « Seuls les principaux agrégats composant la rémunération seraient désormais restitués, sans le détail des prélèvements sociaux réalisés », est-il écrit dans l’exposé des motifs du projet de loi.

Pour concrétiser son propos, le locataire de Bercy a diffusé, sur le réseau social X, une version de ce qui pourrait être le futur bulletin de salaire. Elle met en relief deux indications : le « coût total employeur » et le « total net à payer » au collaborateur. Toutefois, si ce dernier souhaite vérifier la somme, il est prévu que l’entreprise mette à sa disposition toutes les informations nécessaires à la reconstitution des montants figurant sur le document.

« Le gouvernement peut mieux faire »

La démarche provoque des réactions contrastées chez les mouvements d’employeurs. Début avril, quand il avait pris connaissance des grands principes de cette simplification, le Medef avait exprimé des réserves auprès du ministère du travail, en soutenant, en particulier, que les modifications envisagées étaient susceptibles de « rester sans effet » pour les entreprises.

Depuis, l’organisation présidée par Patrick Martin semble avoir évolué puisqu’elle fait savoir que « l’objectif d’une meilleure lisibilité du bulletin de paye va dans le bon sens ». « Cette nouvelle présentation est de nature à faciliter la lecture », renchérit Eric Chevée. Le vice-président de la Confédération des petites et moyennes entreprises trouve, cependant, dommage « que le coût des prestations sociales ne soit pas mentionné par type de risque [maladie, accidents du travail et maladies professionnelles, etc.] ». « Nous regrettons aussi l’absence de toute référence à la prime d’activité, complète-t-il. En résumé, ce n’est pas mal, mais le gouvernement peut mieux faire. »

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Des demandeurs d’emploi toujours plus contrôlés

420 000 contrôles effectués en 2019, puis 500 000 en 2022, puis 523 400 en 2023, et encore 600 000 prévus en 2024. Enfin 1,5 million envisagés en 2027.

Excepté l’intermède du Covid de 2020 et 2021, jamais l’assiduité des chômeurs à remplir leurs obligations n’a été autant scrutée par France Travail (ex-Pôle emploi) qui a publié le 19 avril un bilan détaillé du contrôle de la recherche d’emploi en 2023. « L’inscription à France Travail implique des droits et des devoirs. Le contrôle fait partie de nos missions », rappelle Paul Bazin directeur général délégué de l’opérateur public. Six cents conseillers sont dédiés à cette tâche.

France Travail affine ses méthodes au fil des ans en donnant priorité aux contrôles ciblés qui pèsent désormais 60 % du total, dont 45 % pour les demandeurs d’emploi sur des métiers en tension, 11 % sur les sortants de formations et 4 % sur d’autres catégories.

18 % ont dû être « redynamisés »

Le ciblage sur ces populations se justifie par le fait qu’elles sont censées retrouver plus vite un emploi, puisqu’elles sont très demandées ou mieux formées. La part des contrôles aléatoires est tombée, quant à elle, à 26 % et le solde (15 %) résulte d’un signalement du conseiller référent du demandeur d’emploi.

Passée cette étape de sélection des chômeurs, les contrôleurs de France Travail vérifient l’ensemble des démarches effectuées par les personnes concernées pour retrouver un emploi ou créer leur entreprise. « Ils étudient leurs dossiers, échangent avec eux et prennent en compte toutes sortes d’éléments y compris personnels comme la garde d’enfants ou les problèmes de mobilité avant de prendre leur décision », assure Paul Bazin.

De leur analyse, il ressort que pour l’année passée, 65 % des demandeurs d’emploi contrôlés étaient en « recherche active » d’emploi ; 18 % ont dû être « redynamisés », leur démarche étant jugée insuffisante ou pas assez efficace. Enfin 17 % des contrôles ont abouti à une radiation d’un mois avec suppression d’autant de l’allocation, voire plus en cas de manquements répétés.

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Faut-il en conclure que 17 % des demandeurs d’emploi en France abusent du système social ? Absolument pas, analyse Frédéric Cherbonnier, professeur d’économie à Sciences Po Toulouse et à la Toulouse School of Economics (TSE) : « Le ciblage des contrôles gonfle artificiellement la part des chômeurs dont le manque d’assiduité justifie une radiation. Le chiffre le plus réaliste à considérer pour cette catégorie est 9 %, correspondant à la part des contrôles aléatoires qui se sont soldés par une radiation ».

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Le groupe immobilier Nexity va supprimer 500 postes

Véronique Bédague, PDG du groupe immobilier Nexity, à Paris, le 5 juin 2023.

En privé, Véronique Bédague, PDG du groupe immobilier Nexity, répète volontiers que le promoteur a touché le fond et que, après « un point bas financier » attendu en 2024, une « réaccélération » se dessine en 2025. Pour autant, face à la violente crise qu’affrontent les secteurs de la construction et de la promotion immobilière depuis 2023, la direction de Nexity a décidé de « redimensionner » le groupe. Après avoir annoncé, en février, qu’elle allait recourir à un plan social, elle en a dévoilé le détail, jeudi 25 avril.

Le leader français de la promotion immobilière, avec une production d’un peu moins de 15 000 logements en 2023, a ainsi annoncé la suppression de près de 500 postes, soit 20 % des effectifs dans son activité de promotion-aménagement et terrains à bâtir, qui intègre aussi les fonctions support de la holding du groupe. Mais, compte tenu des départs déjà intervenus, comparativement à 2022, les effectifs de cette activité « auront été réduits au total de 28 % », prévient le groupe dans un communiqué.

Les coûts exceptionnels engendrés par cette réorganisation devraient atteindre quelque 50 millions d’euros en 2024, mais le groupe espère en retirer des économies dès 2025, qui représenteront une réduction de coûts en année pleine de 45 millions d’euros. A ce plan s’ajoutent d’autres mesures « sur les frais généraux et immobiliers », soit une réduction totale de la base de coûts attendue à près de 95 millions d’euros en année pleine. Dans ce moment difficile, le groupe a en outre obtenu de ses partenaires bancaires et obligataires d’être délié de ses ratios financiers, et ce jusqu’à la clôture de l’exercice 2024.

Retournement du marché à l’automne 2022

« Ces suppressions de postes s’ajoutent aux ruptures conventionnelles et aux “licenciements pour insuffisance” qui ont lieu depuis un an. Depuis décembre 2022, on a perdu 400 emplois », précise Emmanuel Brie, délégué syndical CFDT et salarié de la branche promotion et construction. « A présent, les négociations sur les conditions de départ débutent. Elles doivent durer quatre mois. Espérons que le PSE [plan de sauvegarde de l’emploi] est bien dimensionné et que ça n’est pas le début d’une série, car les chiffres du premier trimestre ne sont pas réjouissants. » « Pour les salariés qui restent, il va falloir trouver la motivation. Les augmentations de salaire plafonnent à 1,1 % en moyenne en 2024, et pour l’année écoulée, il n’y a ni intéressement ni participation. »

Véronique Bédague n’a pas caché les difficultés de la profession depuis le retournement du marché, à l’automne 2022. La hausse brutale des taux d’intérêt décidée par la Banque centrale européenne (BCE) pour enrayer l’envolée de l’inflation, après le début de la guerre en Ukraine, a réduit de manière draconienne le pouvoir d’achat des ménages, qui ont massivement renoncé à se lancer dans un projet immobilier.

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Morts au travail : la CGT dénonce le manque de moyens pour la prévention

La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, lors d’une action en hommage aux travailleurs décédés à la suite d’un décès lié au travail, l’Hôtel de Ville de Paris, jeudi 25 avril.

Un parterre de roses blanches et 450 silhouettes noires en carton pour commémorer les travailleurs qui ont perdu la vie dans le cadre de leur activité ces dernières années : c’est l’action qu’a réalisée la CGT, jeudi 25 avril à midi, sur la place de l’Hôtel-de-Ville de Paris. A l’approche de la Journée mondiale de la sécurité et de la santé au travail, prévue dimanche 28 avril, le syndicat a mené une vingtaine de manifestations dans l’Hexagone.

« Nous souhaitions qu’il y ait autant de silhouettes que de morts au travail, mais nous n’avons pas pu car il y en a trop, réagit Sophie Binet, secrétaire générale du syndicat, au pupitre installé devant la mairie : « 1 227 salariés morts en 2022, 738 d’un accident du travail, 286 d’un accident de trajet, et 203 des suites d’une maladie professionnelle reconnue. C’est un scandale national, mais ce chiffre est encore sous-estimé car il ne prend pas en compte les chiffres de la fonction publique ou les indépendants… »

Les familles, associations de victimes et représentants du syndicat ont tour à tour exprimé leur colère devant ce mauvais bilan, qu’ils attribuent à l’insuffisance des moyens consacrés à la prévention des risques professionnels. La CGT fait notamment le lien entre le nombre de morts élevé et la disparition, en 2019, dans les entreprises des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail. L’inspection du travail a, par ailleurs, perdu 16 % de ses effectifs entre 2015 et 2021, selon la Cour des comptes. En début d’année, une centaine de postes qui devaient être ouverts en interne dans la fonction publique ne l’ont pas été, et 370 sections demeurent vacantes dans le pays.

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La confédération pointe aussi la situation difficile de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS), organisme financé par une partie des cotisations des employeurs, et qui produit des études scientifiques sur les causes des accidents : en quinze ans, l’INRS est passé de 650 à 550 salariés, et fonctionne depuis un an sans convention d’objectifs et de gestion, alors même qu’un accord national interprofessionnel signé par tous les partenaires sociaux prévoyait de lui donner des moyens supplémentaires, et d’affecter, en tout, près de 300 millions d’euros à la prévention.

Davantage de sanctions

Cet argent devait provenir des importants excédents de la branche accidents du travail de la Sécurité sociale, mais le gouvernement n’a pas encore donné de feu vert. « Il nous manque quinze millions [d’euros] de budget, et pendant ce temps 600 millions [d’euros] ont été prélevés dans la branche pour compenser l’augmentation des cotisations employeur à la suite de la réforme des retraites, fustige Marc Benoît, syndicaliste de l’institut. C’est de l’argent pris sur le dos de la recherche, de la prévention et des victimes. »

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France Travail : les plaintes des chômeurs en nette hausse en 2023

Les demandeurs d’emploi sont de plus en plus nombreux à se plaindre du traitement qui leur est réservé. En 2023, ils ont adressé près de 52 500 requêtes auprès des services du médiateur national, Jean-Louis Walter, qui sont chargés de traiter à l’amiable les différends entre France Travail (ex-Pôle emploi) et les usagers. Mis en évidence dans un rapport rendu public mercredi 24 avril, le chiffre est en nette hausse, comparé à celui de 2022 (+ 15,7 %), et se situe à un niveau sans précédent.

La « raison principale » de cette progression soutenue ? Elle tient au fait que, depuis la mi-2022, les inscrits à France Travail qui contestent une décision prise à leur encontre, sont, dans certains cas, tenus de se tourner vers le médiateur national avant de faire appel, éventuellement, à la justice. Du coup, le nombre des demandes soumises aux équipes de M. Walter s’est accrue.

Le rapport diffusé mercredi montre que les problèmes d’indemnisation restent la première cause de sollicitation du médiateur, même si leur part recule : 44 % des dossiers transmis en 2023 sont liés à ce sujet, soit dix points de moins en un an.

Autre donnée intéressante : de plus en plus de démarches sont consécutives à des radiations de demandeurs d’emploi. En 2023, elles représentaient 22 % des saisines, contre 14 % un an auparavant. Selon M. Walter, cette tendance s’explique en grande partie par une augmentation du nombre de « contrôles de la recherche d’emploi » (+ 4,4 % entre 2022 et 2023). En effet, si une personne inscrite à France Travail n’accomplit pas d’efforts suffisants pour retrouver un poste, elle s’expose à des sanctions pouvant aller jusqu’à la radiation. Or, l’opérateur public le vérifie de plus en plus, à la demande du gouvernement, et cette politique va s’intensifier. Le 1er mars, le premier ministre, Gabriel Attal, a annoncé que les contrôles allaient être multipliés par trois d’ici à 2027, pour atteindre 1,5 million.

« De 5 000 à 100 000 euros et plus »

Enfin, un « dysfonctionnement » d’un type nouveau a pris de l’ampleur, au point de retenir l’attention de M. Walter. A partir de début 2023, ses équipes ont été de plus en plus souvent interpellées par des personnes qui se plaignaient d’avoir à rembourser des « trop-perçus » d’allocations-chômage. Le nombre d’affaires de ce type n’est pas précisé dans le rapport, mais l’origine de la difficulté, elle, est bien identifiée et revêt une dimension un peu baroque.

Jusqu’en 2022 les demandeurs d’emploi en fin de parcours professionnel communiquaient à l’opérateur public un « relevé de carrière » pour lui donner une idée de la date à laquelle ils étaient susceptibles de partir à la retraite et donc de toucher une pension, à la place des allocations-chômage. A partir de 2022 les procédures ont évolué. L’assurance-vieillesse a transmis à Pôle emploi – c’était encore son nom à l’époque – des informations sur la « date prévisionnelle de la retraite à taux plein ». Ces données ont été confrontées avec celles qui avaient été fournies par le « relevé de carrière ». Le recoupement ainsi effectué a révélé que des individus auraient pu toucher leur pension plus tôt que ce qui avait été envisagé initialement et n’auraient donc pas dû recevoir d’allocations-chômage. Du coup, l’opérateur public a réclamé la restitution des sommes indûment versées, en remontant « pendant des mois, voire des années » en arrière.

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Le nombre de demandeurs d’emploi se stabilise au premier trimestre 2024

Après un semestre de hausse dans la seconde partie de l’année 2023, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) a été quasi stable au premier trimestre de 2024 en France (hors Mayotte). Selon les chiffres publiés jeudi 25 avril par la direction des statistiques du ministère du travail (Dares), le taux est en légère baisse de 0,1 %, portant le nombre de personnes inscrites à 3,028 millions (– 4 300 inscrits, par rapport au dernier trimestre).

En incluant l’activité réduite (catégories B et C), le nombre de demandeurs d’emploi est aussi stable au premier trimestre par rapport au trimestre précédent (+ 2 600 inscrits), et s’établit à 5, 4 millions. Cette stabilité du chômage intervient après deux trimestres de hausse consécutive, avec 0,6 % d’augmentation à l’été 2023 et + 0,2 % à l’automne. Sur un an, le nombre de chômeurs sans activité a progressé de 0,1 % au premier trimestre et le nombre total de demandeurs d’emploi, en incluant l’activité réduite, de 0,6 %.

En France métropolitaine, le chômage des jeunes de moins de 25 ans a continué d’augmenter, bien que moins vite qu’au quatrième trimestre 2023. Il progresse de 0,5 % sur le trimestre et de 5,3 % sur un an. En revanche, celui des 50 ans et plus a baissé de 0,5 % sur le trimestre, et de 1,8 % sur un an.

Nouvelle réforme de l’assurance-chômage à venir

Les chiffres de la fin d’année 2023 qui avaient porté le taux de chômage à 7,5 % ont mis à mal l’objectif affiché par le président de la République, Emmanuel Macron, de parvenir au plein-emploi d’ici 2027 – autour de 5 %. Pour « inciter davantage à la reprise de l’emploi », le premier ministre, Gabriel Attal, a annoncé un nouveau durcissement des règles de l’assurance-chômage et un accroissement des contrôles des personnes au chômage. Le locataire de Matignon souhaite notamment durcir la période d’affiliation, c’est-à-dire le temps de travail nécessaire pour ouvrir des droits à une allocation.

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Aujourd’hui, il est nécessaire d’avoir travaillé six mois sur les vingt-quatre derniers pour ouvrir des droits. « Ce qui m’importe, c’est moins de faire bouger les règles pour celui qui a travaillé toute sa vie et qui se retrouve avec un licenciement économique (…) que des situations où on voit qu’il y a un système qui s’est organisé pour des multiplications de petits contrats courts entre lesquels on bénéficie du chômage », a-t-il déclaré, reconnaissant que cela « oriente » les changements à venir « vers les conditions d’affiliation ». Pour fixer ces nouvelles règles, le gouvernement a annoncé, lundi, qu’il fixera par décret dans les prochaines semaines de nouvelles règles d’indemnisations pour les demandeurs d’emploi, applicables « à partir du 1er juillet prochain ».

Le Monde avec AFP

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« La crise de la valorisation du travail distend le lien entre contribution et rétribution »

Les débats sur le partage de la valeur reviennent régulièrement dans le débat public. Et pour cause : les primes et autres dispositifs de rémunération variable sont un pansement sur une jambe de bois. Ils ne répondent en rien au fond du problème, qui n’a pas grand-chose à voir avec le pouvoir d’achat. Le travail reste le fondement de notre valeur sociale. Il ne s’agit pas seulement de ce marqueur particulier qu’est le salaire net, qui détermine une bonne partie de nos possibilités. Mais du sentiment de contribuer activement à quelque chose : le bien-être de sa famille, l’avenir de son entreprise, parfois le bien commun.

Or, notre société connaît manifestement une crise de la valorisation du travail, qui distend le lien entre contribution et rétribution. Cette crise est particulièrement aiguë aux deux pôles du marché du travail. Au bas de l’échelle de rémunération, les rapports annuels du Groupe d’experts sur le smic donnent à voir un problème majeur : l’écrasement des différences entre des niveaux de qualification autrefois perçus comme significatifs, mais qui ne le sont plus aujourd’hui. Ce problème touche le privé, avec les trappes à bas salaires et la smicardisation, mais aussi le public.

La faible valeur économique reconnue à des métiers qualifiés et à forte valeur ajoutée pour la société (infirmière, instituteur) est en passe de devenir un problème de fond : non seulement parce que ces catégories expriment une colère sociale susceptible de se traduire en crise politique, mais aussi parce que la modestie des rémunérations et des perspectives finit par poser un réel problème d’attractivité et donc de qualité des recrutements.

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A cette crise du « travail essentiel », insuffisamment valorisé et en mal de reconnaissance, correspond en miroir une autre crise du travail : celle affectant ce que l’anthropologue David Graeber a appelé les « bullshit jobs », occupés par des salariés effectuant des tâches inutiles et vides de sens. Ces emplois sont l’inverse des précédents : nombreux dans les grandes organisations, ils sont souvent bien rémunérés, mais leur valeur réelle est imperceptible, et donc décorrélée de la valeur économique qui leur est reconnue via la rémunération.

La valeur du travail pas qu’une question de rétribution

Cette décorrélation, montre l’anthropologue, est facteur de dépression, d’anxiété, parfois d’un effondrement de l’estime de soi. A la question : « Qu’est-ce que je vaux ?  », à laquelle notre travail est censé apporter une réponse substantielle, ces formes de travail et ces niveaux de salaire n’apportent aucune réponse significative. Cette double crise du travail trouve aujourd’hui sa manifestation dans toute une série de phénomènes, parfois anecdotiques ou marginaux, mais qui font système quand on les réunit. L’importance donnée à la retraite, vue comme un salut à cette misère morale, en est un.

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Groupe Casino : après l’annonce du plan social, une période d’angoisse s’ouvre pour des centaines de salariés

Dans un magasin Casino, à Villefranche-sur-Saône (Rhône), le 28 avril 2023.

Employé depuis trente-six ans dans le supermarché Casino Valence 2, Laurent Cordier est « sous le choc ». Cet élu FO au comité social et économique (CSE) de l’établissement a reçu, mercredi 24 avril en milieu de matinée, un appel de son responsable régional qui lui a appris que son supermarché, et les 62 salariés qui y travaillent, deviendrait le 27point de vente pour lequel Casino n’a toujours pas de repreneur.

M. Cordier passe donc du côté des salariés sous le couperet d’un licenciement économique. Le groupe Casino (repris le 27 mars par un consortium constitué de l’homme d’affaires tchèque Daniel Kretinsky, associé à Marc Ladreit de Lacharrière, fondateur de la holding Fimalac, et au fonds d’investissement britannique Attestor) a annoncé, mercredi, dans un communiqué « la suppression nette de 1 293 à 3 267 postes au maximum », à la suite de son plan de transformation, qui adapte « la taille de ses fonctions support dans ses différents sièges ainsi que son réseau logistique ». L’écart entre les deux chiffres provient du nombre de magasins non repris qui baisseraient le rideau.

Partout dans le groupe (qui gère les enseignes Casino, Franprix, Monoprix), les salariés sont partagés entre « inquiétude » et « soulagement » d’avoir enfin des informations après plusieurs mois d’incertitudes. « C’est une casse sociale moindre que l’on ne pouvait présager, même si c’est toujours trop », estime Nathalie Devienne, déléguée SNTA-FO. « Reste à savoir quels postes exactement et quelles compensations », ajoute Jean Pastor, délégué CGT et représentant de l’intersyndicale. Les premières réunions commenceront le 6 mai.

En tout, 1 293 postes seraient supprimés dans les différents sièges du groupe, dont 554 à Saint-Etienne, qui emploie 1 564 personnes, alors que les salariés s’attendaient à davantage. Les repreneurs s’étaient engagés à préserver un maximum d’emplois au siège historique du distributeur, auprès des élus locaux et de Bercy. Ce moindre mal semble possible grâce à la réintégration de prestations qui étaient externalisées, « comme les fiches de paie de Monoprix », relève M. Pastor.

Logistique et sièges touchés

Cela n’a pas empêché le maire (ex-Les Républicains) Gaël Perdriau, également président de la métropole stéphanoise, de réagir, mercredi, en évoquant un « nombre important de suppressions de postes ». Il dit vouloir rencontrer « prochainement de nouveau l’équipe de direction en place pour consolider la présence du groupe sur Saint-Etienne ».

Dans la logistique, 740 postes, sur un total de 2 140, sont menacés, et quatre entrepôts seront fermés à Besançon, Toulon, Limoges et Gaël, en Ille-et-Vilaine. Chez Monoprix, un plan social de 102 personnes sur 1 111 au siège social de Clichy (Hauts-de-Seine) a été annoncé.

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