IA : les robots vont restituer la moitié des postes de travail d’ici 2025

L’IA et les robots pourraient prendre plus de la moitié des postes d’emplois dans le monde d’ici 2025. C’est ce qu’explique un nouveau rapport du World Economic Forum.

Depuis plusieurs années, les experts tirent la sonnette d’alarme. Les robots risquent de voler notre travail. Ce n’est pas nouveau, et nous nous y sommes habitués. Tant pis, nous verrons bien le moment venu.

Malheureusement, ça semble se rapprocher de plus en plus vite au fil des avancées technologiques. Alors que l’on prédisait jusqu’à présent une crise du travail liée à l’IA pour les années 2050, le World Economic Forum évoque aujourd’hui un futur bien plus proche.

Selon le rapport récemment publié par le WEF, les robots pourraient accaparer 52% des emplois actuels… dès 2025. En conséquence, près de 75 millions de personnes seraient ” déplacées ” de leur lieu de travail.

Les secteurs les plus fragiles à ce remplacement par l’IA seraient la comptabilité, la gestion de client, les métiers d’employés de poste, de secrétaire ou encore les fonctions industrielles. Parmi les industries les plus menacées, il y a l’aviation et le tourisme.

L’IA va aussi créer 133 millions de nouveaux postes de travail

Par contre, les secteurs dans lesquels des compétences humaines sont nécessaires seront épargnés. C’est par exemple le cas du marketing, du service client, du e-commerce ou des réseaux sociaux. Ces secteurs devraient d’ailleurs connaître une grande hausse de la demande.

Autre bonne nouvelle : le WEF estime également que les avancées rapides dans le domaine des technologies informatiques entraineront la création de 133 millions de nouveaux emplois entre 2018 et 2022. Ainsi, le rapport se résume en invitant les travailleurs des secteurs menacés à se reconvertir dans des domaines nécessitant des qualités comme la créativité, l’esprit critique ou la persuasion. Autant de compétences qui resteront l’apanage des humains, du moins quelques années de plus…

Le Président et l’horticulteur : « Il faut écouter ceux qui parlent, si on veut en être écouté »

Tribune. « Je traverse la rue, je vous en trouve [un emploi]» Depuis ce dimanche 16 septembre, la polémique au sujet de la petite phrase d’Emmanuel Macron déferle sur la place publique. Mais il semble bien que le propos du président, tout comme les commentaires qu’il a suscités, soit passé à côté du problème soulevé par le jeune horticulteur. Relisons avec attention l’échange filmé dans les jardins de l’Elysée.

Si tous les observateurs, président en tête, ont retenu que le jeune avait envoyé des CV partout sans résultat, personne n’a relevé qu’il visait un poste dans une mairie

Le jeune : « J’ai beau envoyer des CV et des lettres de motivation, ça ne fait rien. » Le président : « Et vous voulez travailler dans quel secteur ? » Le jeune : « Je suis horticole [sic]. J’ai envoyé [des CV] partout dans les mairies et ils ne prennent pas. » Le président : « Si vous êtes prêt et motivé, dans l’hôtellerie et les cafés, la restauration, dans le bâtiment, il n’y a pas un endroit où je vais où ils ne me disent pas qu’ils cherchent des gens… »

Si tous les observateurs, président en tête, ont retenu que le jeune avait envoyé des CV partout sans résultat, personne n’a relevé qu’il visait un poste dans une mairie. Cette précision est pourtant capitale. Car la difficulté de ce jeune demandeur d’emploi n’est pas tant le fait qu’il soit dans un secteur où l’emploi est faible que la nature de l’employeur visé. En période de disette budgétaire, il est en effet très probable que les budgets des mairies destinés à l’entretien des espaces verts connaissent des coupes sombres, entraînant de facto une limitation du nombre des recrutements des jardiniers et autres horticulteurs.

Manque d’écoute

Si le président Macron avait fait preuve d’écoute plutôt que de rebondir immédiatement sur cette interpellation pour chercher à convaincre du bien-fondé de sa politique, sa réponse aurait…

Seuils sociaux : Les « cocasseries » de la loi Pacte

Tendances France. Le Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises, ou loi Pacte, dont l’examen a commencé au Parlement, comporte une multitude de mesures, de l’habilitation de la presse en ligne à publier des annonces légales à l’extension des autorisations de test des véhicules autonomes. L’article 6 est le plus emblématique.

L’idée que les seuils sont un frein à l’emploi est venue d’anomalies dans la distribution par taille des entreprises selon les données fiscales

Il modifie substantiellement les seuils sociaux : les obligations des entreprises et les droits des salariés vont en effet croissant avec la taille des entreprises par de multiples paliers, aujourd’hui essentiellement onze, vingt et cinquante salariés. La loi supprimerait le seuil de vingt salariés et considérerait qu’un seuil n’est franchi que si l’effectif le dépasse pendant cinq années consécutives.

Cohérent avec l’exposé des motifs du projet, le dossier de presse fourni par le ministère de l’économie précise qu’il s’agit de répondre à « un problème : les seuils sont un frein à l’emploi ». Pourtant, la lettre Trésor-éco n° 226, publiée le 5 septembre par la direction du Trésor au sujet de la loi Pacte, observe prudemment que « le relèvement des seuils d’effectifs pourrait [faciliter] la croissance des entreprises, effet sur lequel la littérature n’est cependant pas conclusive ». Alors, qui croire au sein du ministère ?

L’idée que les seuils sont un frein à l’emploi est venue d’anomalies dans la distribution par taille des entreprises selon les données fiscales. Le phénomène est très net autour du seuil de cinquante : on observe une surreprésentation d’entreprises de quarante-huit ou quarante-neuf salariés et, en revanche, un déficit d’entreprises de cinquante ou cinquante et un salariés. L’explication naturelle est que le franchissement du seuil entraîne de tels surcoûts que de nombreuses…

2008-2018 : les salariés se sentent mieux qu’il y a dix ans

2008 : crise financière et mal-être au travail font la une des journaux. Dix ans après, les salariés se sentent mieux, révèle Malakoff Médéric. A l’occasion de la publication, jeudi 20 septembre, de son dixième baromètre annuel sur la santé et qualité de vie au travail des salariés, réalisé auprès de quelques 3500 salariés du secteur privé, le mutualiste dresse un panorama de l’évolution de l’environnement de travail, marquée par un retour de la confiance mais aussi par l’apparition de nouveaux risques de santé. « Dix ans de transformation de la société, avec une population qui vieillit, une hausse du poids des services et des changements technologiques considérables ont augmenté certains facteurs de risques et en ont réduit d’autres », commente Anne-Sophie Godon, directrice innovation de Malakoff Médéric, qui note d’ « indéniables facteurs de progrès ».

52 % des salariés affirment se sentir mieux dans leur travail qu’il y a dix ans. Moins d’un sur deux (48%) jugent désormais leur travail physiquement fatiguant (contre 54 % en 2009). Le nombre de ceux qui déclarent effectuer des gestes répétitifs, tenir des postures pénibles et porter des charges lourdes dans leur travail a baissé. Le mieux-être exprimé par les salariés dans le baromètre annuel s’accompagne d’un intérêt croissant pour leur santé (74 % contre 68% en 2009).

En 2018, le baromètre de la confiance aussi est au beau fixe : 73 % des salariés interrogés se disent confiants dans leur avenir professionnel à trois ans, contre 64 % en 2012 (la première année où cette question a été posée). Ils semblent même sourds aux prédictions des Cassandre sur les conséquences des transformations numériques sur l’emploi. Ils se sont, pour la première fois dans ce baromètre, exprimés sur leur confiance à long terme : 79 % des moins de trente ans et 77 % des cadres se déclarent confiants face aux innovations technologiques qui vont impacter le monde du travail d’ici dix…

Reconnaître la « valeur travail » ce n’est pas accepter n’importe quel emploi

« En France – et particulièrement en France – on cherche dans le travail une source d’épanouissement, d’accomplissement ».

Tribune. La suggestion faite par Emmanuel Macron à un jeune chômeur, samedi 15 septembre, de « traverser la rue » pour trouver un emploi a bien évidemment fait polémique, mais celle-ci a surtout consisté à vérifier la disponibilité de ces emplois : confirmation, par les tests de certains médias, que le secteur de la restauration-hôtellerie recrute, contestation, par les adversaires du président de la République, de la réalité des emplois non pourvus et de leur accessibilité.

Pourtant, réduire cette polémique à la seule vérification des opportunités d’embauche résulte d’un malentendu sur la réalité de notre rapport complexe au travail. Ce qui se cache derrière ce débat, c’est une tension, au sein de la société française, entre deux logiques : une injonction collective selon laquelle un chômeur doit saisir toute opportunité de travailler, et une aspiration individuelle à vouloir choisir son travail.

La première est très présente. Elle explique que près des trois quarts des Français adhèrent à l’idée de sanctionner d’une manière ou d’une autre les chômeurs qui refusent plusieurs propositions d’emploi. Il s’agit d’une norme collective très fortement installée. Constatant que le fait d’avoir ou de ne pas avoir un travail est un facteur discriminant au sein de notre collectif, nous estimons que le non-emploi est une situation à laquelle il faut s’efforcer d’échapper le plus rapidement possible.

Lorsque nous entendons qu’il y a des emplois non pourvus dans l’hôtellerie et la restauration, nous nous disons « Mais que font les chômeurs ? », et rarement « Mais pourquoi n’augmentent-ils pas les salaires dans ces métiers ? » La prégnance de cette conception est telle que les affirmations selon lesquelles la valeur travail serait en crise apparaissent douteuses.

Tout le monde ne peut pas s’épanouir dans tout métier

Cependant, cette injonction collective à travailler coûte que coûte cohabite avec une réalité non moins…

En 2019, 2 600 postes seront supprimés au collège et au lycée, et 1 900 créés dans le primaire

Le ministre de l’éducation Jean-Michel Blanquer à la sortie d’un conseil des ministres à l’Elysée le 31 août.

Les lignes budgétaires de l’éducation nationale semblent se préciser, quelques jours avant la présentation du projet de loi de finances pour 2019, prévue le 24 septembre en conseil des ministres. Dans le second degré, 2 600 postes d’enseignants seront supprimés, pour 1 900 postes créés dans le premier degré. A ce chiffre s’ajoutent la suppression de 600 postes dans l’enseignement privé et celle de 400 postes d’administratifs. Lundi 17 septembre, le ministre avait confirmé sur France Inter une information ayant circulé au cours du week-end : 1 800 postes seront supprimés. Mais il s’agissait du solde et, chez les enseignants du second degré, l’addition sera en fait plus lourde.

Lire aussi :   Blanquer annonce la suppression de 1 800 postes dans l’éducation nationale en 2019

Claire Guéville, du SNES-FSU, dénonce une « tentative de minimiser l’impact » de cette annonce, alors qu’un faux pas communicationnel a en outre contribué à entretenir la confusion. Olivier Dussopt, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’action et des comptes publics, a justifié lundi 17 septembre sur Franceinfo ces coupes par la « démographie scolaire » : des effectifs en baisse dans le secondaire nécessiteraient d’y recruter moins de professeurs… Sauf que les collégiens et lycéens ne seront pas moins nombreux l’an prochain, bien au contraire : ils devraient être 40 000 de plus. Entre 2019 et 2021, l’augmentation des effectifs continuera « avec environ 40 000 élèves supplémentaires attendus chaque rentrée » selon la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance de l’éducation nationale (DEPP, le service statistiques du ministère).

« Signal contradictoire »

En tout état de cause, ce seront bien 2 600 postes qui seront supprimés au collège et au lycée. Sur la masse des 880 000 enseignants que compte le pays, ce chiffre paraît faible. Mais toutes les académies n’ont pas la même capacité d’absorber des coupes budgétaires. Certaines sont mieux dotées en enseignants que d’autres, pour des raisons historiques : par exemple, lorsque les effectifs scolaires ont baissé plus vite que le nombre d’enseignants en exercice. Les académies les plus fragiles comme Créteil et Versailles – celles qui conjuguent une faible attractivité auprès des professeurs et une forte croissance démographique – risquent d’accuser le coup.

Selon Alexis Torchet, secrétaire national du SGEN, ces suppressions de postes sont sans commune mesure avec ce que le secteur a vécu au cours de la mandature de Nicolas Sarkozy, où les postes d’enseignants étaient supprimés au rythme de 12 000 par an. Mais elles tombent mal, alors que s’enclenche la réforme du lycée, qui commence dès cette année pour les élèves de seconde et se développera sur trois ans, jusqu’au bac 2021. « Supprimer des postes dans un contexte où l’on crée une nouvelle politique publique, c’est le meilleur moyen de la rater », prévient-il. « D’un côté, on nous dit que l’éducation est une priorité et, d’un autre, on supprime des emplois. Le signal est contradictoire », juge le syndicaliste.

Lire aussi :   Non, il n’y a pas de « réductions d’effectifs d’élèves » justifiant 1 800 suppressions de poste

Concrètement, comment se traduisent des baisses d’effectifs de cet ordre ? « On va se retrouver dans des situations où les personnels sont incités à faire plus d’heures, parce qu’il y en aura besoin pour faire tourner les établissements », regrette Alexis Torchet. Un retour au « travailler plus pour gagner plus » de l’ère Sarkozy qui semble assumé par le ministre, puisqu’il voit dans l’augmentation du nombre d’heures supplémentaires une manière d’accroître le pouvoir d’achat des enseignants. A cette pression s’ajoutent, selon une analyse développée par le SNES, des économies d’échelle qui pourraient être rendues possibles par la réforme du lycée.

Avec cette réforme, les séries du bac général et technologique doivent en effet disparaître au profit de matières de spécialité (trois en première, deux en terminale). Tous les établissements d’un même bassin géographique n’ont pas l’obligation de proposer toutes les spécialités, et encore moins toutes les combinaisons. « Un bon levier d’économie, c’est la mutualisation des enseignements », relève Claire Guéville, qui craint que, faute de moyens, on réduise la palette de choix proposée dans tel ou tel lycée. Dans les cours de tronc commun, les classes pourront aussi être plus chargées, libérant des heures – donc des postes. La réforme du lycée, réalisée à moyens constants et avec des postes en moins, pourrait donc être un levier d’économie important, selon le syndicat.


 

Le phénomène des « tiers lieux » s’impose à l’Etat

L’espace fab lab de La Machinerie, à Amiens, où l’on travaille le bois et la mécanique. Truffé de machines de fabrication numérique (imprimante laser, scanner 3D, fraiseuse numérique, découpe laser…), l’atelier est ouvert au grand public, aux novices comme aux utilisateurs chevronnés.

Pour dynamiser les territoires, le gouvernement entend donner un « coup d’accélérateur » au développement des « tiers lieux ». Dans la foulée de la remise d’un rapport sur ces espaces de « coworking », « fab lab », « living lab » et autre « makerspace », le secrétaire d’Etat auprès du ministre de la cohésion des territoires, Julien Denormandie, a annoncé, mercredi 19 septembre, un plan de 110 millions d’euros sur trois ans pour renforcer et déployer ces espaces de travail partagé où se mêlent fabrication et réseau d’échanges.

« Avant-gardiste, le mouvement des tiers lieux n’est plus un simple phénomène alternatif marginal », martèle Patrick Levy-Waitz, qui a piloté la mission « Tiers lieux et coworking ». Au terme d’un tour de France de huit mois, le président de la Fondation Travailler autrement en est convaincu : « C’est un phénomène économique émergeant mais réel qui touche l’ensemble des territoires, et bien plus puissant qu’on ne l’imaginait. »

Jusqu’alors estimés à quelque 600, la mission en a dénombré plus de deux fois plus (1 463)… dont près de la moitié hors des métropoles. Et encore, si l’on tient compte des projets en gestation, leur nombre atteint 1 800. « Pour la première fois, avec ce mouvement qui part des citoyens et témoigne d’une transformation majeure de notre rapport au travail et des modes d’apprentissage, nous avons une vraie réponse au désenclavement des territoires », insiste Patrick Levy-Waitz.

Collaborations croisées

Hybrides et multiformes, les tiers lieux se caractérisent par une grande diversité. Ils revendiquent chacun leur manière de faire mais tous favorisent les rencontres entre des acteurs aux parcours et projets variés. Au sein du Mutualab, vaste espace autogéré de 1 000 m2 en plein cœur de Lille (Nord), se côtoient une cinquantaine de profils différents. « Autant de rencontres possibles susceptibles de favoriser des collaborations croisées », relève Emmanuel Duvette, son président.

« Lorsque l’on boit un café, déjeune ensemble, on partage nos réussites, nos échecs, on se remonte le moral, s’échange des opportunités d’affaires, et même parfois nous montons des projets communs », témoigne Séverine Jacob, céramiste potière, qui, avec neuf autres artisans d’arts, a créé en 2016 la CoFabrik. Installé au rez-de-chaussée d’un immeuble à Moulins, quartier prioritaire de Lille, ce tiers lieux associatif, géré bénévolement par l’ensemble de ses membres, compte, outre une douzaine d’ateliers privatifs, trois espaces fab lab dédiés au travail du bois, de la terre et aux arts graphiques, ouverts aux non-résidents, artisans comme passionnés des arts. « Il est important d’ouvrir le lieu sur le quartier pour faire connaître nos métiers et échanger nos savoirs », souligne Séverine Jacob.

Au sein du Mutualab, vaste espace autogéré de 1000 m2 en plein cœur de Lille, se côtoient pas moins d’une cinquantaine de profils différents.

Loin de rester sur eux-mêmes, tous cherchent à s’ouvrir sur leur environnement, aux riverains mais aussi aux entreprises, en proposant à celles-ci la location de salles pour des séminaires, en ouvrant à leurs salariés les ateliers thématiques qu’ils organisent pour leurs coworkers. Cela constitue une source de revenus complétant utilement la location d’espaces de travail. L’objectif est aussi et surtout « de faire connaître au tissu économique local les compétences présentes au sein de notre espace », relève Bénédicte Poncet, fondatrice du Mix, à Tassin-la- Demi-Lune (Rhône), premier espace périurbain du Grand Lyon à avoir ouvert en 2015.

Dynamique de développement du numérique sur le territoire

Truffé de machines de fabrication numérique (imprimante laser, scanner 3D, fraiseuse numérique, découpe laser…) le fab lab de La Machinerie, à Amiens, est ouvert seize heures par semaine, au grand public, aux novices comme aux utilisateurs chevronnés. « S’y côtoient des cadres de Procter & Gamble et des jeunes de centres sociaux, des quartiers prioritaires de la ville », observe Benjamin Lemay, cofondateur du lieu.

La grande faiblesse de ces structures est de peiner souvent à trouver leur modèle économique et à atteindre leur taille critique

L’équipe qui cherche à démocratiser l’usage des outils numériques développe aussi un « Make it Fab », labellisé Grande Ecole du numérique, dédié aux jeunes éloignées de l’emploi. Et avec les outils de l’atelier, La Machinerie propose des prestations de prototypages et de R&D externalisées pour des TPE et des PME.

Avec La Station, la communauté d’agglomération du pays de Saint-Omer (Capso), dans le Pas-de-Calais, veut aussi impulser une réelle dynamique de développement du numérique sur son territoire. Devant sa gare bientôt réhabilitée, elle a installé en juin 2016 un pôle éco-numérique de 140 m2. Celui-ci comprend un espace de coworking, un fab lab (découpe laser, imprimante 3D, broderie numérique…), un espace de prototypage et d’initiation aux outils numériques.

Gouvernance partagée

En deux ans, cet espace éphémère – La Station sera installée au sein même de la gare en 2019, une fois celle-ci rénovée – a enregistré plus de 15 000 visites de particuliers, d’étudiants et d’entreprises locales. « On est en train de montrer que la transformation numérique et digitale n’est pas réservée aux grandes métropoles, se félicite François Decoster, président de la Capso. Tout espoir n’est pas perdu pour les villes moyennes. »

En vue de préparer le passage à la taille réelle du pôle, une association réunissant, aux côtés de la collectivité locale, entreprises, industriels, acteurs de la formation et de l’emploi et usagers, a été créée au printemps 2018. Car pour l’édile, « un lieu hybride appelle une gouvernance partagée ». Sans compter qu’à plus long terme, La Station s’est fixée pour objectif d’essaimer et d’installer des antennes dans les campagnes environnantes.

« Ouvrir un espace nécessite une masse critique. Et plutôt que de jouer la concurrence, les territoires doivent jouer la mutualisation et développer les synergies », insiste Patrick Levy-Waitz, convaincu de la nécessité d’encourager le développement de tels tiers lieux structurants, à même de jouer le rôle de tête de réseau et d’espace-ressources pour soutenir les tiers lieux existants ou la création de nouveaux dans les territoires.

« Accompagner les porteurs de projets en partant de leurs besoins »

Le plan gouvernemental de 110 millions d’euros d’ici à 2021 doit ainsi servir à créer ou consolider 300 « Fabriques des territoires », en priorité dans les zones rurales et les quartiers populaires, pour résorber les « fractures territoriales ». Il s’appuiera sur un fond d’amorçage de 60 millions – 20 millions par an – financé par l’Etat, qui dopera les projets en création. Un fonds d’investissement socialement responsable (IRS) de 40 millions, mixant crédits publics et privés, permettra aux tiers lieux d’accéder à un coût soutenable aux outils et compétences nécessaires pour consolider leur activité. Enfin, un fonds de dotation de 10 millions minimum alimenté par des entreprises viendra abonder les deux autres leviers.

Autant de moyens qui doivent prévenir la fragilité des tiers lieux. Car la grande faiblesse de ces structures est de peiner souvent à trouver leur modèle économique et à atteindre leur taille critique. « Il ne s’agit pas de lancer un plan massif pour uniformiser le déploiement des tiers lieux sur un modèle unique, mais d’accompagner, par des moyens mobilisables de manière souple et efficace, les porteurs de projets en partant de leurs besoins et en leur laissant l’initiative et le temps », prévient toutefois Patrick Levy-Waitz, qui insiste aussi sur l’accompagnement et la professionnalisation des animateurs de tiers lieux. Une structure nationale les mettra en réseau pour favoriser les échanges d’expériences entre eux et mutualiser formations et outils. « Dans une logique de filière, cette structure, appuie l’expert, doit être portée par et pour les tiers lieux. »

Face au règne de la concurrence, les vertus de la coopération

« La Société coopérative 3.0 », de Jean-Marc Rogier (Le Pommier, 108 pages, 15 euros).

Livre. Des entreprises plus grandes, des fonds d’investissement plus puissants, un Etat plus fort… Aujourd’hui, nos solutions empruntent trop souvent à la logique de conflit. Nous vivons en crise permanente autour de l’unique pilier concurrentiel.

« Une mauvaise architecture qui fait écho à l’idée que la vie devrait être une lutte, un conflit permanent, qui serait à la fois cause et finalité de notre vivre-ensemble », estime Jean-Marc Rogier. Son ouvrage, La Société coopérative 3.0, appelle à œuvrer au principe d’une société durable. Pour ce faire, nul besoin d’être porteur du bien, ferment de morales concurrentes. Stimuler notre capacité d’association est bien plus pragmatique et efficace, et le docteur en économie nous invite à installer la coopération au même niveau que la concurrence au sein de nos sociétés.

L’économie dite « collaborative » concerne de nombreux domaines : logement, transport, tourisme, mais aussi finance ou divertissements

Méfions-nous cependant du slogan qui porte l’intention de nous faire collaborer. L’économie dite « collaborative » concerne de nombreux domaines : logement, transport, tourisme, mais aussi finance ou divertissements. « L’ensemble se drape dans une sémantique positive qui contribue à nous faire imaginer une future économie sympathique, une économie qui donne envie de consommer », écrit-il. Rien, pourtant, ne témoigne d’un système dont la finalité viendrait contredire la recherche habituelle de profit. « Il n’y a donc aucune révolution collaborative, et les start-up restent désespérément des organisations traditionnelles saupoudrées d’open spaces. »

Pragmatisme

Pour Jean-Marc Rogier, la coopération doit davantage s’apprécier comme une technique que comme une éthique. Nos sociétés sont légalement concurrentielles : « Notre dispositif juridique s’articule autour de la compétition, certes pour en diminuer les effets, mais aussi pour la considérer…

« Quand je traverse la rue », Monsieur le Président…

« Nul n’est contraint, a priori, de marcher en cadence. C’est pourtant, dans nos démocraties, ce qui vient » (Emmanuel Macron à l’Elysée, le 15 septembre, lors des Journées du patrimoine).

Tribune. Je suis au chômage. Je regarde le ciel, le plus souvent possible. Je traverse des rues. Pas pour trouver du travail, non. Mais juste pour les traverser. Pour passer de l’autre coté. Qui est un peu le même et pourtant un autre. Je traverse pour traverser. Pour aller voir ailleurs. Pour changer de côté. Je n’ai pas d’horizon. Je suis l’horizon. Mon propre horizon en mouvement, en marche. Je regarde le ciel. Je regarde les autres. Tout ce qui passe et me dépasse. Je marche pour marcher. Je n’ai pas de but. Je n’ai pas de projet si ce n’est celui de marcher en regardant le ciel, en créant mon horizon. Je croise des gens. Certains chômeurs et d’autres non.

Je coûte un peu c’est vrai mais je rends tout, je ne garde rien. Tout ce qui m’est donné, je le rends. Doucement, prudemment. Il faut tenir tout le mois. Il faut rendre doucement. Je consomme peu puisque j’ai peu mais quand bien même j’aurais beaucoup, je consommerais peu. Car c’est le but, le projet, de ma marche. Etre peu, être moins. Ne pas chercher plus, ne pas vouloir plus. Brûler doucement, à petit feu. Ma dépense est en paroles, en rencontres, en croisements.

Ma dépense est une marche et le ciel coûte peu. Je suis un chômeur mais je suis un citoyen. Un citoyen-chômeur. Ce que l’on me donne, je le rends. En gestes, en amitié, en temps, en pensées. J’ai le temps de pensée, j’ai le temps de voir. J’ai le temps d’écrire. J’ai le temps de chercher. Chercher des choses qui indiffèrent les politiques. Chercher des notes de musiques, des accents dans les chansons. Chercher des plantes dans la rue. Des pousses que je replante chez moi, sur mon balcon. Ça ne coûte rien ou si peu. Je m’en occupe bien comme j’ai le temps de les regarder pousser. Je ne produis presque rien. Tout ce qui se produit se produit autour de moi, pour ainsi dire sans moi. Ainsi, je pollue peu mais c’est déjà trop. Je coûte peu mais je produis peu. Peu de déchets et c’est déjà trop. Je ne m’affaire…

Comité social et économique : refondation ou continuité ?

Image sur le thème de la réforme du code du travail

Question de droit social. Devant remplacer avant le 31 décembre 2019 les délégués du personnel (DP), le comité d’entreprise (CE) ainsi que le comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), l’unique comité social et économique (CSE) est, pour les grandes entreprises comme pour les syndicats, la mesure la plus importante des cinq ordonnances du 22 septembre 2017.

Côté employeurs, « la fin du mille-feuille des institutions représentatives du personnel » était une vieille revendication. Outre la redondance des consultations, elle pouvait se fonder sur le droit comparé : nulle part, une entreprise moyenne n’est tenue de procéder à l’élection de trois institutions élues du personnel distinctes. Même si, depuis août 2015, l’employeur de moins de trois cents salariés pouvait déjà fusionner les trois institutions représentatives en une « délégation unique du personnel ».

Avant la réforme, un militant sur quatre était ainsi protégé ; or, depuis la mise en place d’environ neuf mille CSE, le nombre des mandats a diminué d’un tiers

Pour les syndicats représentatifs, qui ont le monopole de présentation des listes au premier tour des élections, cette multiplication des mandats permettait d’assurer une présence et une visibilité aux différents niveaux (établissements, entreprise), tout en donnant à chacun de leurs élus (titulaires et suppléants) une protection contre le licenciement. Avant la réforme, un militant sur quatre était ainsi protégé ; or, depuis la mise en place d’environ neuf mille CSE, le nombre des mandats a diminué d’un tiers.

La grande majorité de nos entreprises n’en ayant pas encore créé, les mois à venir vont donc être chauds. Car cette profonde métamorphose doit automatiquement intervenir lors des prochaines élections professionnelles ; avec leurs éventuelles surenchères,  les élections déterminant pour quatre ans la représentativité de chaque syndicat depuis 2008. Malheur à celui qui…