Direction et syndicats d’Air France négocient des augmentations de salaires
Deux jours pour en finir avec un conflit de plusieurs mois qui aura coûté plus de 335 millions d’euros ! C’est le but que se sont assigné direction et syndicats d’Air France à l’occasion de l’ouverture des négociations annuelles obligatoires (NAO), mercredi 17 octobre. Le calendrier adressé en fin de semaine dernière par la direction d’Air France aux organisations syndicales a prévu deux rencontres mercredi matin et jeudi 18 octobre dans l’après-midi.
Avant de se mettre autour de la table des négociations, chaque camp a marqué son territoire. Air France propose une augmentation des salaires de 4 % : 2 % seraient accordés pour 2018 avec effet rétroactif au premier janvier et 2 % à partir du 1er janvier 2019. De son côté, l’intersyndicale, qui rassemble dix organisations représentant toutes les catégories de personnels, des pilotes aux salariés du sol, revendique une hausse des rémunérations de 5,1 %. Un différentiel qui ne devrait pas être insurmontable.
Depuis la nomination de Benjamin Smith, mi-août, aux commandes d’Air France-KLM, l’atmosphère semble avoir évolué positivement au sein de la compagnie aérienne. « Depuis que M. Smith est arrivé, le dialogue social chez Air France prend un nouveau souffle », veut croire Sandrine Techer, secrétaire de section du Syndicat national du personnel navigant commercial (SNPNC). Même le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) pourrait se satisfaire de la proposition salariale de la direction. Toutefois, Philippe Evain, son président, veut en modifier le calendrier. Il souhaite que, « sur les 4 % proposés, 2 % soient attribués, en 2018, pour compenser l’inflation tandis que les 2 % supplémentaires viendraient en rattrapage du passé ». Selon le patron du SNPL : « Il faut qu’une partie des augmentations proposées le soit au titre des années de blocage des salaires. Un solde du passé. »
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« Petites magouilles »
Si la proposition du syndicat des pilotes reçoit le feu vert de la direction, cela laisse « toutes les pistes ouvertes pour 2019 », argue M. Evain. Cette « clause de revoyure », comme le souhaite l’intersyndicale, pourrait signifier de nouvelles hausses des salaires si Air France poursuit son redressement l’an prochain.
Toutefois, de nouveaux nuages sont venus assombrir le ciel à peine dégagé du dialogue social. Un courrier, dévoilé lundi 15 octobre par le site Mediapart, a mis le feu aux poudres. Dans une lettre adressée à Benjamin Smith, Bernard Garbiso, secrétaire général de la CFE-CGC Air France, enjoint le patron d’Air France-KLM « de ne pas donner raison à l’intersyndicale par un quelconque geste » en direction des salaires. En février 2018, la CFE-CGC et la CFDT avaient été les deux seuls syndicats à signer l’augmentation de 1 % alors proposée par l’ancienne direction de la compagnie. En mai, les personnels avaient massivement rejeté à plus de 55 % l’accord salarial présenté par la direction d’Air France. A défaut d’être entendu, le leader syndical préférerait que la direction attende « la fin de l’année » pour ne pas « mettre en péril les syndicats responsables comme le [leur]… ». Un calendrier calé sur les échéances électorales qui pourraient bouleverser le paysage syndical d’Air France.
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En novembre, les pilotes voteront pour renouveler le mandat de M. Evain. Avec un accord salarial en poche, le président du SNPL serait en position favorable pour être reconduit. Enfin, les élections professionnelles, prévues en mars 2019, s’annoncent désormais comme un scrutin à risque pour la CFE-CGC et la CFDT. Ulcéré par le courrier de M. Garbiso, le SNPL dénonce « des petites magouilles de bas étage ». Pour Mme Techer : « C’est un séisme dans le monde syndical. Comment un syndicat peut-il écrire des choses pareilles ? », s’interroge-t-elle.