Archive dans 2021

« Doubler » les salaires des enseignants : oui… mais comment faire ?

Anne Hidalgo, à l’occasion de la publication de son livre « Une femme française », à Nancy, le 15 septembre 2021.

Dans les « salles des profs », les premières réactions ont été sceptiques. Mais, trois jours après que la maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo, candidate à l’élection présidentielle, a annoncé son souhait de faire du « doublement » des salaires des enseignants une « priorité », on ne parle plus que de « ça » – et de la faisabilité d’un tel engagement – entre enseignants syndiqués.

La virulence des réactions politiques à cette proposition a contribué à imposer le sujet dans le débat public. « L’élection présidentielle ne peut pas être une Foire du Trône de la démagogie », a réagi, lundi 13 septembre, dans les colonnes du Parisien, le ministre de l’éducation, Jean-Michel Blanquer. Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, s’est demandé si « le PS avait aussi perdu sa culture de gouvernement », quand Yannick Jadot, candidat à la primaire écologiste, a étrillé une mesure que « même les plus radicaux » des responsables syndicaux n’ont « jamais demandée ».

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Dans les rangs socialistes, aussi, des critiques ont fleuri. « Il n’y a rien de pire que de commencer par une mesure catégorielle », a réagi le maire du Mans et ancien ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, qui réclame une primaire face à Anne Hidalgo au sein du PS.

En la matière, pourtant, Anne Hidalgo s’inscrit bien dans l’héritage politique de son parti : depuis 1965 et la première campagne présidentielle, tous les candidats de la gauche ont inclus l’éducation et son budget, par le biais de la problématique des postes ou de celle des salaires – parfois, les deux – dans leurs promesses de campagne.

Pas un mot sur les moyens

Que propose, concrètement, Mme Hidalgo ? « Pour l’honneur des enseignants », l’un des sous-chapitres de son livre Une femme française (L’Observatoire, 18 euros, 250 pages), publié mercredi, donne son diagnostic sur la profession et ses objectifs. Mais rien, ou très peu, de sa méthode. « Enseignant tend à devenir l’un de ces métiers de service dévalorisé, écrit-elle. C’est pourquoi, à mes yeux, seul un grand mouvement de revalorisation des salaires est à même d’enrayer cette mécanique mortifère. Il s’agit là d’un choix politique fondamental. »

Et la désormais candidate d’annoncer : « Je crois possible, sur la durée d’un quinquennat, de multiplier par deux au moins le traitement de toutes les personnes au contact avec les élèves. Ou, pour commencer, d’aligner a minima le salaire des nouveaux professeurs sur le salaire médian des titulaires d’un bac + 5. »

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Obligation vaccinale des soignants : premières suspensions de contrat en France

A l’hôpital Pasteur, le centre hospitalo-universitaire de Nice, le 25 février 2021.

Les premières suspensions de contrat de travail de personnels soignants ont été annoncées, mercredi 15 septembre, au premier jour de l’obligation légale imposant à la quasi-totalité de la profession d’avoir reçu au moins une dose de vaccin contre le Covid-19. Le 15 octobre, un schéma vaccinal complet sera demandé, sous peine d’une interdiction d’exercer et l’arrêt du versement de salaires.

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Au centre hospitalo-universitaire (CHU) de Nice, la suspension des contrats de 450 membres du personnel a été annoncée, mercredi, selon Nice-Matin. L’établissement compte plus de 7 000 salariés – dont 95 % sont entièrement vaccinés. « Il est en effet de notre responsabilité d’employeur de protéger nos professionnels et de notre devoir d’établissement de santé de protéger l’ensemble de nos patients », a déclaré la direction de l’hôpital Pasteur au journal, mardi.

Combien sont dans ce cas en France ? Des milliers sans doute, même si les estimations varient du simple au décuple selon les sources. D’après Santé publique France, qui se fonde sur des échantillons de l’Assurance-maladie, au 12 septembre, 89,3 % des soignants avaient reçu au moins une dose dans les structures accueillant des personnes âgées dépendantes – Ehpad et unités de soins longue durée.

« Il y aura peut-être 1 % à 2 % de suspensions »

« Il y aura peut-être 1 % à 2 % de suspensions », estime Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées (Synerpa), qui s’attend « à environ 3 000 contrats de travail suspendus dans les prochains jours ». « Ne donnons pas l’impression que les suspensions seront massives, alors que c’est tout l’inverse », a assuré la ministre déléguée chargée de l’autonomie, Brigitte Bourguignon, dans un entretien au Parisien. « J’ai visité quelques Ehpad ces derniers jours, et souvent il reste un soignant à vacciner », a-t-elle fait valoir.

Vaccination Covid-19 : suivez la progression de la campagne dans le monde

Sur un million d’agents des hôpitaux publics, « on trouvera évidemment quelques centaines ou quelques milliers de réfractaires », commente le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Frédéric Valletoux, persuadé que « certains vont instrumentaliser des cas particuliers pour faire croire qu’ils sont des bataillons entiers ». L’obligation est également en vigueur pour les soignants libéraux, sous contrôle, cette fois, des agences régionales de santé (ARS).

Des conséquences sur l’activité à l’hôpital

En prévision des suspensions, l’hôpital de Montélimar avait annoncé se résoudre à « des déprogrammations d’interventions non urgentes », du fait de « l’absence de trois médecins anesthésistes travaillant au bloc ». La direction va aussi « réduire la voilure » dans un autre service où « trois allergologues seront aussi absents », tous par opposition à l’obligation vaccinale, a dit à l’Agence France-Presse son directeur adjoint, Philippe Charre.

Pour l’urgentiste et élu La France insoumise Christophe Prudhomme, « tant qu’il n’y a pas de remplaçants, il faut maintenir en poste » les personnels non vaccinés, afin d’éviter rien moins que « l’effondrement du système ». De son côté, le syndicat FO-Santé a réclamé « un délai supplémentaire », comme pour les départements d’outre-mer durement frappés par la quatrième vague épidémique. Une requête balayée par le premier ministre, Jean Castex.

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« Le refus de se vacciner ne donnera lieu à aucun arrêt maladie », a également averti le ministre de la santé, Olivier Véran, promettant « des contrôles systématiques » pour « toute prescription jugée suspecte ». L’administration est au diapason : « On va avoir la position la plus dure possible », affirme le directeur de l’ARS Nouvelle-Aquitaine, Benoît Elleboode, qui prévoit de « démarrer très rapidement » des « contrôles surprises » dans les établissements et chez les libéraux.

« On espère que ceux qui hésitent encore seront convaincus par la fermeté affichée », explique la directrice de l’ARS Ile-de-France, Amélie Verdier, qui a néanmoins commencé à « repérer les établissements où il pourrait y avoir des difficultés pour pouvoir les aider », en mobilisant si besoin des « renforts ». Une aide qui devra s’inscrire dans la durée : à partir du 15 octobre, un « schéma vaccinal complet » sera requis et aucune date ne limite dans le temps l’obligation vaccinale.

Le Monde avec AFP

La victoire d’un « petit » syndicat devant le Conseil constitutionnel

Le Conseil constitutionnel vient de porter un coup de canif à la loi Macron d’août 2015, qui avait modifié des passages du code du travail. Dans une décision rendue mardi 14 septembre, l’institution présidée par Laurent Fabius a jugé contraire à la Constitution une disposition sur la désignation des défenseurs syndicaux – ces personnes qui accompagnent devant la justice prud’homale des salariés en conflit avec leur employeur. Jusqu’à présent, ils ne pouvaient être nommés que par les principaux syndicats, ce qui excluait d’autres organisations à l’audience plus restreinte. Un tel mécanisme méconnaît « le principe d’égalité devant la loi », pour le Conseil constitutionnel.

L’affaire est consécutive à une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) posée par la Confédération nationale des travailleurs-Solidarité ouvrière (CNT-SO). Cette organisation syndicale a, en effet, contesté l’une des mesures inscrites dans la loi du 6 août 2015 pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques. Complétée par une ordonnance de décembre 2017, elle prévoit que les services du ministère du travail arrêtent la liste des défenseurs syndicaux qui leur ont été proposés par des organisations de salariés. Cette possibilité de communiquer des noms à l’administration n’est accordée qu’aux syndicats représentatifs à l’échelon « interprofessionnel », « multiprofessionnel » ou « dans au moins une branche » – c’est-à-dire à ceux qui ont obtenu au moins 8 % des voix aux élections dans les entreprises, au niveau national ou sectoriel.

Différence de traitement non justifiée 

La CNT-SO, qui se situe en dessous du seuil de 8 % et n’est donc pas représentative, voit dans cette règle « une discrimination et une atteinte à la liberté syndicale », selon la formule de son secrétaire national, Etienne Deschamps. La législation en vigueur « n’a pas de sens », renchérit Xavier Courteille, l’un des avocats de la CNT-SO : il fait valoir que cette organisation compte des militants aguerris et nombreux, notamment dans le secteur du nettoyage, qui sont tout à fait à même de remplir la mission de défenseur syndical.

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Autant d’arguments qui semblent avoir convaincu le Conseil constitutionnel. Dans sa décision, il relève que le critère de représentativité « ne traduit pas la capacité d’une organisation (…) à désigner des candidats aptes à assurer [la] fonction » de défenseur syndical. Dès lors, la « différence de traitement » entre confédérations représentatives et non représentatives « n’est pas justifiée par un motif d’intérêt général » et est « sans rapport avec l’objet de la loi ». C’est pourquoi elle doit être invalidée, aux yeux du conseil.

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Main-d’œuvre : « Il se dessine un gouffre entre ceux dont la vie limite le travail et ceux dont le travail limite la vie »

Tribune. Alors que le sujet de la hausse des salaires anime la rentrée politique, c’est un autre problème qui plombe la reprise dans beaucoup de secteurs, celui des conditions de travail et de leurs inégalités croissantes. Or, ces dernières expliquent probablement pourquoi dans un pays où 8 % de la population active est inscrite au chômage des milliers d’entreprises n’arrivent plus à recruter.

Ce phénomène n’est pas seulement français, il se reproduit dans beaucoup de pays européens, à commencer par l’Allemagne, et même au-delà de notre continent, puisque les Etats-Unis, où la valeur travail est pourtant sacrée, sont touchés, à leur tour, par cette difficulté à pourvoir les emplois d’une économie qui se remet en route après des mois de paralysie. Joe Biden a même adressé un conseil en forme de critique aux entreprises américaines qui se plaignaient de ne plus arriver à embaucher, en leur chuchotant : « Pay they more » (« payez-les mieux »).

Qualité de vie

Pourtant, si le président américain a probablement raison de pointer du doigt des rémunérations souvent trop faibles, il s’avère que l’argent n’est pas – n’est plus – la seule variable d’ajustement d’un marché du travail en pleine transformation. Car, en y regardant de plus près, il apparaît clairement que cette difficulté à trouver des salariés qualifiés ou non qualifiés touche plus spécifiquement certains secteurs, certains métiers et certaines fonctions.

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Ainsi, le bâtiment, la logistique, l’hôtellerie-restauration, les services à la personne, la santé éprouvent les plus vives difficultés pour attirer et recruter de nouveaux entrants mais aussi pour conserver leurs salariés en poste. Or, si le salaire est un élément qui peut participer à endiguer ces phénomènes, la demande croissante concerne en fait la qualité de vie, et spécifiquement l’empiètement de ces activités professionnelles sur la vie de celles et ceux qui les pratiquent.

Par ailleurs, au sortir d’une crise qui a propulsé de nouvelles organisations de travail beaucoup plus souples pour les fonctions et les métiers de bureau, et en particulier la généralisation du télétravail pour beaucoup de salariés, il se dessine désormais un gouffre entre ceux dont la vie limite le travail et ceux dont le travail limite la vie, jusqu’à l’entraver.

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C’est ainsi que les « essentiels » tels qu’ils avaient été désignés au début de la crise liée au Covid-19 ont aujourd’hui le sentiment d’être les sponsors d’un modèle de société où le travail est de plus en plus aménagé, adapté, agrémenté, pour tout le monde, sauf pour eux.

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Amazon : « aux Etats-Unis, ce n’est plus l’Etat-providence, mais l’“entreprise-nounou” »

Centre de distribution d’Amazon, à Staten Island, à New York, en février 2019.

Pertes & profits. Qui a dit que la révolution numérique ne créait pas d’emplois ? Sûrement pas Amazon, qui n’en finit pas de gonfler ses effectifs. A la fin de l’année 2019, l’entreprise revendiquait 750 000 salariés dans le monde. A la fin de 2021, elle devrait dépasser le million et demi d’employés. Deux fois plus en deux ans. Mardi 14 septembre, elle a annoncé qu’il lui en fallait 125 000 de plus pour ses entrepôts américains. Sans compter les 55 000 personnes qu’elle cherche pour ses autres activités, comme l’informatique, le cinéma, les satellites et autres ; ni même les saisonniers qu’elle embauche en plus pour passer le cap des ventes de Noël.

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Avec 1,34 million d’employés, dont 950 000 aux Etats-Unis, la société est le deuxième employeur américain derrière la chaîne de distribution Walmart (2,3 millions). A ce train-là, elle pourrait bien la rattraper rapidement. La société fondée par Jeff Bezos en 1994 ouvre désormais un entrepôt par jour dans le pays, 100 sur le seul mois de septembre. On pourrait bien sûr arguer que ces créations brutes d’emplois ne tiennent pas compte des destructions qu’elles occasionnent dans les magasins de toutes les villes du pays. Cela est vrai, mais ne se retrouve pas dans les chiffres globaux. Il existe aujourd’hui 10 millions d’emplois à pourvoir sur l’ensemble du territoire, pour 9,5 millions de chômeurs. Une situation qui ne s’était pas vue depuis vingt ans.

Concurrence écrasée

Face à une telle pénurie, largement due à la vigueur de la reprise et aux aides octroyées aux ménages durant la crise, les employeurs jouent des coudes pour attirer les candidats. Et, dans ce domaine, Amazon aussi écrase la concurrence. Le salaire moyen d’embauche dépasse maintenant les 18 dollars (15,20 euros), alors que le minimum dans l’entreprise est de 15 dollars et de 12 dollars chez Walmart. Il offre en plus l’assurance-santé, paye les frais de scolarité des étudiants et accorde un bonus de 1 000 à 3 000 dollars. Ce n’est plus l’Etat-providence, mais l’« entreprise-nounou », qui rappelle les riches heures du paternalisme d’après-guerre.

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Il faut dire que ces employés, qui remplissent des cartons à longueur de journée, valent de l’or. Sans eux, impossible de fournir le client à temps, qui partira immédiatement à la concurrence. Les conséquences financières seraient catastrophiques. Alors, on lâche le lest nécessaire. C’est la raison pour laquelle les syndicats ne parviennent toujours pas à franchir la porte de ces entrepôts. Mais, à la différence de l’Etat-providence, la générosité de l’entreprise est provisoire et directement indexée sur le marché du travail. Que celui-ci se détende, ce qui arrivera, et les nouveaux prolétaires de la logistique retourneront à leur condition ingrate.

Après la récession due au Covid-19, la reprise en dents de scie de l’intérim

Les entreprises de travail temporaire restent convalescentes, même si leur état de santé s’est amélioré par rapport au début de la crise sanitaire. En juillet, elles représentaient près de 825 000 postes en équivalent temps plein, soit 37 000 de moins qu’il y a deux ans, selon des données diffusées, mardi 14 septembre, par Prism’emploi, l’organisation patronale du secteur. L’intérim se trouve aujourd’hui à un niveau inférieur à celui qui prévalait avant la récession déclenchée par l’épidémie de Covid-19.

Au premier trimestre 2020, les sociétés qui mettent à disposition des intérimaires avaient subi un effondrement sans précédent de leur activité, avec un recul de 40 % de l’emploi, selon l’Insee. Le premier confinement et la mise à l’arrêt d’une partie de notre économie avaient conduit des milliers de patrons à se séparer de cette catégorie de main-d’œuvre. Avec le redémarrage de la conjoncture, le travail temporaire a retrouvé des couleurs, mais la reprise s’effectue en dents de scie depuis le début de l’année, d’après Prism’emploi : hausse en janvier, rechute en février, nouvelle progression entre mars et mai suivie d’une baisse à partir de la fin du printemps. Désormais, les effectifs équivalent à ceux de 2017 – une année « qui n’était pas notre maximum », comme l’a rappelé Isabelle Eynaud-Chevalier, la déléguée générale de Prism’emploi, lors d’une conférence de presse, mardi.

Les évolutions sont très contrastées, suivant les branches. L’industrie et le BTP, qui font travailler environ « 55 % des intérimaires », sont en retrait d’environ 8,5 % par rapport à juillet 2019. La tendance est la même pour les services et le commerce, mais dans des proportions moindres. Seul le monde du transport et de la logistique tire son épingle du jeu, la croissance dans ces branches s’élevant à 11,4 % en deux ans.

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Les chiffres de Prism’emploi sont un peu différents de ceux qui sont produits par la Dares – la direction de la recherche du ministère du travail. Mais celle-ci aboutit néanmoins à des constats identiques : à la fin juin, l’emploi intérimaire demeurait « inférieur de 2,9 % au niveau de fin décembre 2019 », explique-t-elle dans une note publiée le 8 septembre. Ces statistiques retiennent l’attention, car elles ne vont pas dans le même sens que celles qui concernent les sociétés du privé, prises dans leur globalité : pour elles, l’emploi dépasse de près de 86 000 le seuil qu’il avait atteint à la fin 2019.

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Augmentation du smic au 1er octobre du fait de l’accélération de l’inflation

Le smic va connaître une augmentation automatique au 1er octobre, du fait d’une hausse de 2,2 % de l’indice des prix servant de base à de possibles revalorisations, selon le chiffre publié mercredi 15 septembre par l’Institu national de la statistique et des études économiques (Insee), qui confirme par ailleurs une accélération de 1,9 % de l’inflation en août sur un an.

« Cette hausse de l’inflation résulte notamment du rebond des prix des produits manufacturés (+ 1,1 % après  1 %) », de ceux de l’énergie, de l’alimentation et des services, explique l’Insee.

« L’indice des prix à la consommation hors tabac des ménages du premier quintile de la distribution des niveaux de vie (…) est en hausse de 2,2 % » par rapport à novembre 2020, mois de référence lors de la dernière revalorisation du smic au 1er janvier dernier, ajoute par ailleurs l’Insee.

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Aller au-delà de la hausse automatique

Cette évolution ouvre la voie à une augmentation du salaire minimal, puisque, selon le code du travail, une progression d’au moins 2 % doit entraîner une revalorisation du smic au 1er octobre. Le montant exact du smic revalorisé au 1er octobre devrait être communiqué dans la journée par le ministère du travail.

Le smic avait été augmenté de 0,99 % au 1er janvier pour atteindre 1 554,58 euros brut par mois, soit une hausse de 15 euros. Cette hausse, qui correspondait à une revalorisation automatique du smic, a porté le montant brut horaire à 10,25 euros.

Chaque année, certains syndicats, comme la Confédération générale du travail (CGT) qui réclame un smic à 1 800 euros, demandent au gouvernement d’aller au-delà de la hausse automatique, mais le dernier « coup de pouce » remonte à juillet 2012, au lendemain de l’élection du président socialiste François Hollande.

Les gouvernements qui ont suivi se sont abstenus de toute hausse exceptionnelle, jugeant que cela nuirait à l’emploi des moins qualifiés. Dans le détail, la hausse des prix de l’alimentation (+ 1,3 %), de l’énergie (+ 12,7 %) et des services (+ 0,7 %), s’est encore poursuivie en août.

L’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH), qui sert de base de comparaison au niveau européen, a, lui, augmenté de 2,4 % sur un an, après + 1,5 % en juillet. Sur un mois, il a progressé de 0,7 % après + 0,1 % le mois précédent.

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Le Monde avec AFP

Depuis la crise, vous avez quitté un de ces métiers qui peinent à recruter ? Racontez-nous

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Qui a pu se former depuis le Covid ?

« Plus que les moyens, effectivement déployés, ce sont l’information, l’organisation et le contexte de crise sanitaire que les salariés ont désignés comme obstacles à la formation sur cette période. »

Carnet de bureau. Pendant la crise sanitaire, la formation continue, mais pas pour tout le monde. C’est ce que pointe le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq), qui prépare un grand bilan sur l’impact du Covid sur la formation professionnelle, coordonné par Ekaterina Melnik-Olive. L’étude titrée « Impact de la crise sanitaire sur les mobilités, les projets, les aspirations professionnelles, les compétences et le travail » a été menée de mars 2020 à mai 2021 et aborde trois volets : « l’accès à la formation », « l’adaptation des parcours durant la crise » et « l’évolution des aspirations professionnelles ».

Les éléments chiffrés extraits du premier volet, qui viennent d’être transmis au ministère du travail et devraient prochainement être publiés, indiquent que les moyens déployés pour faire face à la situation exceptionnelle de télétravail généralisé et de chômage partiel massif n’ont pas réduit les inégalités d’accès à la formation.

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Les salariés qui se sont formés pendant le Covid sont plutôt les diplômés : à 52 % de niveau bac + 2/3/4, contre 29 % seulement pour les sans diplôme ; à 48 % en emploi sur des professions intermédiaires contre 33 % pour les ouvriers ; et majoritairement (56 %) dans des grandes entreprises (2 000 et plus) contre environ un quart dans les sociétés de 10 à 49 salariés.

Des obstacles

Durant la crise sanitaire, le dispositif FNE-Formation a été élargi de manière à permettre aux entreprises concernées par l’activité partielle de former leurs salariés. Dès avril 2020, le ministère du travail annonçait une mise à disposition massive des ressources pédagogiques en ligne pour favoriser la formation à distance.

Pourtant 60 % des salariés suivis par le Céreq n’ont bénéficié d’aucune formation pendant la crise, et les aides n’ont pas permis aux laissés-pour-compte de la formation professionnelle d’y accéder. « Les personnes qui ne s’étaient pas formées de 2014 à 2019 se retrouvent majoritairement parmi celles qui n’ont pas eu d’occasion de se former pendant la crise », indique le Céreq. Mais pas forcément pour les mêmes raisons.

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Le désordre du Covid a jeté une ombre de plus sur le circuit de la formation professionnelle déjà très brumeux. Plus que les moyens, effectivement déployés, ce sont l’information, l’organisation et le contexte de crise sanitaire que les salariés ont désignés comme obstacles à la formation sur cette période. De nombreuses propositions ou demandes de formation n’ont pas abouti. Davantage pour les femmes (37 %) que pour les hommes (32 %) ; et plus pour les salariés diplômés (37 % des bac + 5, 41 % des bac + 2) que pour les non-diplômés (28 %).

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Des entreprises américaines affichent leur volonté de sortir du « greenwashing »

« Dans un avis de 2013, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), tout en reconnaissant que le captage et le stockage de CO2 représentent un levier d’action, qualifie cette technologie de « coûteuse et énergivore. »

« Nous traversons une crise existentielle. Si nous n’agissons pas vite, nous courons à la catastrophe », affirme Elizabeth Willmott, ancienne militante écologiste, devenue directrice du programme carbone du groupe Microsoft. Finie l’époque où les grandes entreprises américaines se refaisaient une beauté verte à peu de frais, en plantant quelques arbres sur leur campus. Le réchauffement climatique a convaincu les équipes dirigeantes qu’elles étaient attendues par la société et par leurs salariés sur le changement de paradigme et la création de projets d’envergure.

Lorsque Elizabeth Willmott a rejoint le groupe de Seattle cinq ans plus tôt, en 2016, ils n’étaient qu’une poignée à plaider la cause. Ils sont maintenant plus de vingt et travaillent dans l’équipe du docteur Lucas Joppa, le premier chef de l’environnement, diplômé en écologie de l’université Duke. Microsoft a aussi créé un conseil du climat, où siègent dirigeants, vice-présidents et experts pour suivre les progrès réalisés.

« La carotte et le bâton »

Depuis 2020, le groupe s’est engagé à devenir « carbone négatif » en 2030. Ce qui veut dire qu’il éliminera plus de CO2 qu’il n’en produit. L’objectif 2050 est de retirer de l’atmosphère, tout ce que l’entreprise a émis depuis sa création, dans les années 1970. L’entreprise est certes neutre en carbone depuis 2012, mais cet engagement laisse sceptiques les défenseurs de l’environnement, qui n’y voient que vaines promesses : la technique de l’enfouissement de CO2 préconisée par Microsoft n’en étant qu’à ses balbutiements. Dans un avis de 2013, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), tout en reconnaissant que le captage et le stockage de CO2 représentent un levier d’action, qualifie cette technologie de « coûteuse et énergivore ».

Microsoft veut convaincre de sa volonté politique à laquelle elle associe tous ses salariés. L’entreprise facture ainsi à chaque département (immobilier, centres de données, services cloud, approvisionnement…) un prix pour ses émissions de carbone. Le tarif interne est de 15 dollars (environ 12,70 euros) la tonne.

Depuis 2020, la chaîne d’approvisionnement est incluse dans le système. Ce qui signifie que lorsqu’une branche utilise les services d’un fournisseur très pollueur, elle en paie le prix. « C’est la carotte et le bâton, reconnaît Mme Willmott. Les groupes qui ne veulent pas payer choisissent d’eux-mêmes de meilleurs fournisseurs. » « Pour une intello comme moi, ce prix est vraiment important car on ne peut pas gérer ce qu’on ne mesure pas », conclut-elle.

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