Archive dans 2020

Gilles Gateau prend les rênes de l’APEC

Economiste de formation, Gilles Gateau, a baigné dans les chiffres et l’emploi durant toute sa carrière : à la direction générale de l’ANPE de 1993 à 1997, au ministère du travail de Michel Sapin de 2012 à 2014, puis dans le privé comme DRH d’Air France, où il arrive en 2015 en pleine vague de suppressions d’emplois. Un profil « écosocial », qui lui sera bien utile à l’Association pour l’emploi des cadres, où il a pris, mercredi 1er juillet, ses fonctions de directeur général, en plein retournement du marché du travail.

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L’association, qui surfe depuis 2016 sur des records historiques de recrutements, avec trois années successives de croissance à deux chiffres, a vu ses offres d’emploi s’effondrer et passer d’une moyenne quotidienne de 90 000 avant le confinement à moins de 53 000 en avril et 63 000 en juin. 296 600 recrutements étaient attendus en 2020. Mais « il pourrait y avoir entre deux et trois fois moins d’embauches que prévu. Une des premières choses que je demanderai, c’est d’actualiser dès septembre, l’enquête annuelle sur les intentions de recrutements », annonce M. Gateau.

« Rediscuter avec l’Etat »

« Mon intention est aussi de rediscuter avec l’Etat des objectifs 2020, dans la mesure où ils ont été définis dans une phase ascendante de l’emploi. » L’APEC est un organisme paritaire reconnu d’utilité générale qui a une mission de service public pluriannuelle (2017-2021) pour sécuriser le parcours professionnel des cadres, et dont les résultats sont examinés chaque année par un comité de suivi. L’association doit remplir quinze objectifs chiffrés sur quatre axes : les services aux entreprises pour faciliter le recrutement, le service aux cadres pour sécuriser leur parcours professionnel, la collecte et la diffusion des offres d’emploi et, enfin, le travail de veille sur le marché du travail.

Sur un marché de l’emploi sinistré, on voit mal, en effet, comment garantir un taux de 45 % d’actifs en poste parmi les cadres ayant bénéficié des services de l’APEC. C’était pourtant un objectif fixé et tenu en 2019. « Face aux gels d’embauches et à la vague de suppressions d’emplois, notre priorité sera l’accompagnement des entreprises et des jeunes diplômés. Il ne faut pas croire que plus il y a de chômage, plus c’est facile de recruter. Et plus l’offre est rare, moins l’erreur de recrutement est acceptable. L’originalité de l’APEC est de se tourner vers les TPE, PME », affirme Gilles Gateau.

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Si le nouveau directeur général peut, pour sa mission, s’appuyer sur un statut « cadre » dûment inscrit, au terme de deux ans de négociations, dans l’accord national interprofessionnel enfin approuvé par tous les syndicats depuis la signature de la CGT le 18 juin, les moyens vont être réduits par les pertes d’emploi, puisque l’association est financée par une cotisation sur la masse salariale cadre. « Le sujet est soit celui d’un cap de trésorerie à passer, soit un retournement de la dynamique de l’emploi cadre. On n’a pas la possibilité de faire de la dette, reconnaît M. Gateau. Il appartiendra aux partenaires sociaux de réfléchir aux solutions », tranche-t-il. En attendant, l’APEC reprendra son activité en présentiel avec l’accueil des clients à partir du lundi 6 juillet.

A Belfort, l’espoir d’un nouvel avenir pour General Electric prend corps

Il ne faut pas s’y tromper : si le quatrième comité paritaire de suivi de l’accord du 21 octobre 2019, qui s’est tenu mardi 30 juin au ministère de l’économie et des finances en présence de représentants de l’Etat, de General Electric (GE) et des syndicats (hormis la CGT), n’a débouché sur aucune annonce ferme, il a enfin posé les bases d’un futur pour le site de Belfort et de sa filière turbines à gaz ébranlés, l’an passé, par un plan social (485 suppressions de postes sur 1 760). « Il offre la possibilité de sortir du tunnel, résume Philippe Petitcolin, délégué syndical CFE-CGC. Rien n’est encore acquis, mais l’espoir renaît. »

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La direction du conglomérat américain de l’énergie a, en effet, accepté d’intégrer huit axes de diversification du site dans ses orientations stratégiques et dans son processus budgétaire (année 2021) qui doit débuter courant juillet. Ils ont été élaborés, ces derniers mois, au sein de groupes de travail composés notamment de membres du personnel. « Il y aura deux nouvelles réunions à Bercy, l’une fin août-début septembre, l’autre en décembre, afin d’évaluer la consistance des axes du nouveau projet industriel et d’analyser les budgets qui y seront associés », précise le syndicaliste.

« Être plus compétitifs »

L’un de ces axes, c’est l’utilisation de l’hydrogène dans le fonctionnement des turbines à gaz alors qu’un écosystème autour de cette énergie verte est en gestation dans le pôle métropolitain Nord – Franche-Comté. Il y a tout juste un an, l’équipementier automobile Faurecia a choisi de localiser son centre d’expertise mondial pour le stockage de l’hydrogène à Bavans, dans le Doubs, à une trentaine de kilomètres de Belfort. « GE investirait 50 millions d’euros, avance M. Petitcolin. Le plus difficile consiste à trouver un partenaire alors que tous nos concurrents ont déjà franchi cette étape. Siemens s’est, par exemple, associé à Engie. »

Il y a aussi l’énergie à la demande (« power on demand »). « Il s’agit ici de rendre les centrales plus flexibles, explique Alexis Sesmat, délégué syndical SUD. C’est un enjeu crucial lié à deux phénomènes : la déréglementation des réseaux électriques et le développement des énergies renouvelables, instables par essence. » GE a encore accepté de travailler sur le montage d’une ligne d’arbre standardisée (turbine à gaz et alternateur). « On veut en faire un dénominateur commun à toutes les centrales que nous vendons, tout en laissant la possibilité à nos clients de les customiser, poursuit M. Sesmat. L’objectif, c’est de baisser les coûts, de diminuer les délais entre la commande et la livraison, et donc d’être plus compétitifs. »

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La cohésion d’équipe dans les entreprises à l’épreuve du Covid

Depuis quelques semaines, Jean-Claude (qui témoigne sous le couvert de l’anonymat), directeur financier dans une grande entreprise, reçoit des messages de salariés impatients. « Nous faisons revenir très progressivement nos équipes sur site et beaucoup aimeraient que les choses s’accélèrent, constate-t-il. Ils voudraient quitter le 100 % télétravail et retrouver pour au moins quelques jours la vie de bureau, comme avant. » Problème, à ses yeux : « Tout a changé. Un grand nombre de collègues ne sont plus là en même temps que vous, les mails ont remplacé les discussions autour d’un café… Les collaborateurs n’ont pas forcément conscience que, protocole sanitaire allégé ou pas, une partie de la convivialité a disparu. »

De fait, les mesures de distanciation ont complexifié les relations entre salariés. « Durant les premières semaines de déconfinement, ils n’ont par exemple pas pu retrouver sur les plateaux cette fluidité des échanges qui permet de s’entraider de manière informelle », expose Elisabeth Pélegrin-Genel, architecte et psychologue du travail. Qu’en sera-t-il avec l’allégement des dispositifs sanitaires ? « On ne reviendra pas directement à la situation d’avant-crise, estime-t-elle. Beaucoup de salariés se montrent très prudents dans leur rapport aux autres et ne souhaitent pas perdre, par un relâchement, le bénéfice de plusieurs mois d’efforts. »

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A l’heure du déconfinement, le vivre-ensemble est fragilisé. Affaibli par les règles de distanciation, il est aussi mis à l’épreuve par plusieurs mois de télétravail massif et porteur de nombreux défis. Comment préserver la cohésion de l’entreprise avec un effectif dispersé façon puzzle ? Comment s’assurer également qu’une fracture n’apparaisse pas entre les salariés ayant accès au télétravail et ceux qui poursuivent l’activité sur site ?

De nouveaux dispositifs

La capacité à mener des projets collectifs est questionnée, alors qu’un roulement permanent a lieu dans les équipes entre salariés en distanciel et en présentiel. « Le travail implique une dimension relationnelle et collaborative qui a été fortement impactée durant cette période, note Maurice Thévenet, professeur à l’Essec. Une conférence Zoom n’est pas forcément suffisante pour développer la créativité ou pour concevoir collectivement des solutions face à des situations difficiles. »

Ces menaces qui pèsent sur le collectif de travail sont aujourd’hui au cœur des réflexions des services des ressources humaines. « C’est “la” préoccupation, confirme Benoît Serre, vice-président de l’Association nationale des DRH. Nous devons nous concentrer sur un défi de taille : parvenir à reconstituer l’unité de l’entreprise. » Le sujet est d’autant plus sensible dans le contexte actuel de crise économique, estime M. Thévenet : « Les entreprises vont se retrouver face à un impératif de productivité. Ce qui implique de disposer, en interne, d’une cohésion et d’un fort engagement dans le travail. »

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Coronavirus : Les salariés décrocheurs

Carnet de bureau. « Il n’y a pas qu’à l’école qu’il y a des décrocheurs. Des salariés ne veulent pas revenir », confie Régis Mulot, le DRH du groupe biopharmaceutique Ipsen. Les responsables d’entreprises comme les enquêtes réalisées auprès des salariés le confirment, ces derniers sont nombreux à ne pas souhaiter rejoindre leur lieu de travail.

Plus d’un sur deux (56 %) s’inquiète du retour en entreprise, indique l’étude Malakoff Humanis, publiée le 25 juin et réalisée du 6 au 20 mai auprès de 2 970 salariés du secteur privé. Ils mettent en avant une sécurité sanitaire insuffisante, les contraintes de l’open space, les changements d’organisation. Mais quelle que soit l’origine des réticences, la reprise, organisée jusqu’alors sur la base du volontariat, devient progressivement obligatoire.

« Les DRH ont constaté que le volontariat ne permettait pas de faire revenir les salariés. Au tout début du déconfinement, très peu de salariés revenaient, ce qui n’était pas surprenant. Mais ça s’est prolongé », explique Frédéric Guzy, directeur général d’Entreprise & Personnel. Les responsables des ressources humaines ont donc changé les consignes. « Aujourd’hui, on est moins sur la gestion du risque Covid que sur celle de l’appréhension du retour sur site. On essaie un jour de retour obligatoire sur site, puis ce sera deux, etc. jusqu’en septembre », témoigne Jérôme Friteau, le DRH de la Caisse nationale d’assurance-vieillesse.

Le sens de leur travail

Parmi les réticents, il y a les salariés en activité partielle et ceux dont le travail n’a pas été qualifié d’« essentiel ». Pendant des semaines, les manageurs étaient au four et au moulin et leur priorité allait aux collaborateurs qui avaient une forte activité. Ceux qui n’avaient plus l’obligation de se rendre au bureau ont été isolés du collectif. « Il n’y a pas plus de décrocheurs que d’habitude, mais le confinement a zoomé sur des situations particulières qu’il a amplifiées, relativise Frédéric Guzy. Ainsi, la personne qui est en chômage partiel à 80 % de son temps quand son voisin l’est à 20 % sur une même activité révèle une différence de performance et d’implication », illustre-t-il.

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Mais le faible retour s’explique davantage par la perte du collectif que par un manque d’investissement. Le réseau Entreprise & Personnel constate ainsi auprès des grandes entreprises que plus les mesures de sécurité sanitaires (roulement d’équipes, contacts directs interdits) limitent les interactions entre collaborateurs et la cohésion du collectif, moins les salariés reviennent durablement. Ils passent au bureau une fois ou deux pour, finalement, se réinstaller chez eux. « Ces mesures sanitaires très restrictives qui accompagnent l’obligation de retour empêchent le collectif de fonctionner », alerte M. Guzy.

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Après la crise, plus de télétravail, l’équité mieux maîtrisée et l’emploi en pointillé

Les entreprises sortent d’une période inédite : outre le télétravail largement expérimenté et débattu depuis le 16 mars, les pratiques RH ont été bousculées avec la gestion du Covid-19. Une quinzaine de responsables des ressources humaines se sont retrouvés mardi 23 juin, aux Jardins de Saint-Dominique à Paris, pour échanger sur leurs expériences de la crise, à l’occasion des Rencontres RH, un rendez-vous mensuel de réflexion sur l’actualité du management, organisé par Le Monde en partenariat avec Leboncoin.

Leurs leçons de cette période particulière ont révélé quelques surprises sur des sujets qu’ils n’avaient pas anticipés : l’égalité de traitement des salariés, l’apparition de nouveaux clivages cols bleus-cols blancs et la disparition d’anciens clivages entre RH et salariés.

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Les DRH présents ont évidemment témoigné de la « formidable capacité d’adaptation de leurs équipes », pour se mobiliser, s’organiser, communiquer, avant de revenir sur la généralisation du télétravail imposée par le Covid. « Les renégociations sur les accords télétravail sont au cœur des sujets des DRH », affirme Christine Caldeira, la secrétaire générale de l’Association nationale des DRH (ANDRH). « On va tous renégocier ces accords », confirme Frédérique Durand, la DRH de l’imprimerie nationale. Veolia, par exemple, est déjà passé à un jour de télétravail par semaine depuis la réouverture des écoles, et « on verra en septembre si on le maintient », précise Jean-Marie Lambert, le DRH du groupe. Les débats sont ouverts et l’avenir s’annonce hybride pour beaucoup de salariés, partagés entre le travail sur site et à domicile.

« Une cohésion dans l’émotion »

« Mais quel que soit le poids du télétravail demain, en management, on a beaucoup parlé de prise de décision plus rapide et d’aplatissement de la hiérarchie. La question est comment rebondir là-dessus », s’interroge Marion Azuelos, la DRH de BNP Paribas Asset Management. La crise a accéléré les prises de décision, a renforcé la cohésion des dirigeants et la solidarité au sein de l’entreprise, bien que des cols bleus aux cols blancs, des travailleurs dits « essentiels » aux autres, de nouveaux clivages soient apparus liés aux situations de travail incomparables.

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Le contexte du Covid a également accéléré les process. « Carrefour, qui auparavant exigeait qu’on voie les intérimaires en présentiel avant de les embaucher, y a renoncé », illustre Pascal Lorne, le PDG fondateur de la plate-forme d’intérim Gojob.

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« Comment l’université exsangue va-t-elle pouvoir absorber la vague qui se profile ? »

« Le gouvernement devra probablement ouvrir les vannes d’un « revenu étudiant », sur critères sociaux ou non » (Paris-Dauphine university).

Chronique. L’impact des récessions sur les effectifs étudiants est largement exploré en économie. Les prédictions théoriques sont ambiguës.

D’un côté, la dégradation de la situation économique des jeunes et de leur famille réduit les capacités à financer la poursuite d’études.

D’un autre, la balance des coûts d’opportunité entre prolonger sa formation et entrer sur le marché du travail ou créer son entreprise dans une économie dégradée penche en faveur d’une accumulation de « capital humain ».

Les travaux empiriques sur les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) montrent que, lors des récessions des dernières décennies, le mécanisme en faveur du « capital humain » tend à dominer.

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Ainsi, l’enseignement supérieur français a connu à la rentrée 2009, après la crise de 2008, la plus forte hausse de ses effectifs depuis 1993, qui était également une année de récession. L’université est en première ligne pour absorber les fluctuations d’effectifs. Après une hausse à deux chiffres entre 1992 et 1995, le nombre d’inscrits a diminué jusqu’en 2008. Depuis, le rebond est spectaculaire, avec une progression cumulée de près de 20 % en une décennie.

Une vague se profile

Dans le même temps, les universités avaient été mises à la diète budgétaire. Avant la crise sanitaire, comme à l’hôpital, de nombreuses filières étaient en tension, malgré la répartition forcée des entrants par Parcoursup.

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Comment cette université exsangue va-t-elle pouvoir absorber la vague qui se profile ?

Y aura-t-il 4 % d’étudiants en sus, comme en 2009, ou bien encore plus ? Du premier choc pétrolier (1973) à la chute de Lehman Brothers (2008), la plupart des grandes crises récentes ont débuté à l’automne, alors que les choix éducatifs pour l’année avaient déjà été faits. Cette fois, l’effondrement de l’emploi dès le printemps pourrait pousser les jeunes à prolonger leur formation. D’autant que cette dernière a été amputée par les contraintes sanitaires depuis mars, exposant les diplômés à une moindre employabilité aux yeux des recruteurs.

L’ampleur de la hausse du chômage pourrait même enclencher un phénomène qui demeurait jusqu’ici mineur en France : le retour d’actifs à l’université. A l’opposé, la France perdra une part des étudiants étrangers. Surtout, les secteurs économiques les plus touchés comme l’hôtellerie-restauration étaient des sources de revenus pour les étudiants qui travaillent pour financer une part de leurs études, soit la moitié d’entre eux.

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Claire Hédon pressentie pour remplacer Jacques Toubon comme Défenseuse des droits

Ancienne journaliste de radio (RFI, France Inter), Claire Hédon est aussi membre du Comité consultatif national d’éthique depuis 2017.

Emmanuel Macron a l’intention, sur proposition du premier ministre, Edouard Philippe, de nommer Claire Hédon, présidente de l’association ATD-Quart Monde, en tant que Défenseuse des droits en remplacement de Jacques Toubon, a annoncé lundi 30 juin l’Elysée.

« Le président de l’Assemblée nationale et le président du Sénat sont saisis de ce projet de nomination, afin que la commission intéressée de chacune des assemblées se prononce » comme prévu par la Constitution, ajoute la présidence dans un communiqué.

M. Toubon, qui fut notamment ministre de la justice de 1995 à 1997, doit quitter ses fonctions à la tête de l’autorité indépendante fin juillet, après six ans de mandat. Pour lui succéder, M. Macron a donc choisi Mme Hédon, âgée de 57 ans et dirigeante depuis 2015 de l’association ATD-Quart monde qui lutte contre l’extrême pauvreté.

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Une ancienne journaliste

Ancienne journaliste de radio (RFI, France Inter), elle est aussi membre du Comité consultatif national d’éthique depuis 2017. Mme Hédon avait accueilli M. Macron plusieurs heures dans un centre d’ATD-Quart Monde à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis) en septembre 2018, en marge de la présentation de la stratégie gouvernementale de lutte contre la pauvreté.

Si sa nomination était bien entérinée, elle aura notamment pour mission de défendre les droits et libertés dans le cadre des relations avec les administrations, de lutter contre les discriminations ou encore de veiller au respect de la déontologie par les personnes exerçant des activités de sécurité.

Des champs sur lesquels M. Toubon s’est montré particulièrement critique dans ses rapports, à commencer par le dernier en date, rendu la semaine passée. Il a ainsi épinglé « l’insuffisance des politiques publiques » sur les questions de discriminations à l’emploi, au logement, à l’éducation et aux contrôles policiers, et réclamé la création d’un « observatoire ».

Lire l’entretien : Jacques Toubon : « Les inégalités deviennent encore plus criantes avec l’état d’urgence sanitaire »

Le Monde avec AFP

Airbus va supprimer environ 15 000 postes dans le monde, dont 5 000 en France

Airbus va supprimer « approximativement 15 000 postes », soit 11 % de ses effectifs dans le monde d’ici à l’été 2021, sans exclure des licenciements secs, afin de « redimensionner son activité dans l’aviation commerciale » face à la crise due au coronavirus, a annoncé le groupe mardi 30 juin.

Environ 5 000 postes seront supprimés en France, ainsi que 5 100 postes en Allemagne, 1 700 au Royaume-Uni, 900 en Espagne et 1 300 sur les autres sites du groupe dans le monde, a précisé l’avionneur européen dans un communiqué.

Lire l’analyse : « Eviter le crash d’Airbus est désormais une priorité pour l’Etat »

Le Monde avec AFP

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Xavier Niel devient le nouveau propriétaire du groupe Paris-Turf

Et au finish, après une accélération dans la dernière ligne droite, Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde) l’emporta. La décision du tribunal de commerce de Bobigny de désigner, mardi 30 juin, la société NJJ Presse comme repreneur du groupe Paris-Turf au prix de cession d’un million d’euros n’a pas surpris grand monde parmi ceux qui scrutaient la compétition commerciale.

Lundi 22 juin, les administrateurs, les créanciers et le procureur avaient exprimé un avis « unanime » en faveur de l’offre déposée par le fondateur de Free, venu en personne, à Bobigny, défendre sa candidature. A la barre, l’entrepreneur en avait profité pour améliorer son offre – en abondant un plan de sauvegarde de l’emploi à hauteur de 800 000 euros – pour s’ajuster sur celle de l’autre candidat en lice, le groupe Riccobono Presse Investissement (RPI). Un geste de dernière minute, et même hors délai, qui avait paru désinvolte aux représentants du personnel, au point qu’ils l’avaient qualifié de « marque de mépris ».

« On est en guerre ouverte »

Il faut dire que l’offre de l’imprimeur (associé à Mayeul Caire, patron de Jour de galop, et Philippe Abreu, président du conseil d’administration de Paris-Turf) avait la faveur des salariés. Elle promettait la reprise de 175 à 180 salariés sur les 248 personnes réparties sur deux sites (Aix-en-Provence, dans les Bouches-du-Rhône, et Châtillon, Hauts-de-Seine) ainsi que l’ensemble des pigistes, tandis que NJJ Presse ne reprend que 151 personnes au total, l’implantation aixoise étant appelée à fermer.

Dans un communiqué, l’intersyndicale (SNJ-FO-CGT-CFDT) s’était émue de la préférence du tribunal de commerce qui, notait-elle, allait « à l’encontre de l’avis du CSE [Comité social et économique] et, selon lui, de l’intérêt général ainsi que de l’intérêt des salariés ». « On a l’impression depuis le début qu’il s’agit d’offrir un nouveau groupe à M. Niel », pointe Michel Prod’homme, délégué SNJ sur le site d’Aix-en-Provence. Preuve du climat électrique qui entourait cette procédure, les élus avaient regretté, le 21 juin, que « des pressions auraient été exercées sur certains salariés ».

« Au-delà d’être au chômage, confie un salarié, ce qui me fait mal, c’est que deux personnes sauvent leur peau [Hugues Quilain, président du directoire de Paris-Turf et Cécile Rouveyran, directrice générale]. Ce sont eux, en nous éloignant du journalisme, notre corps de métier, qui nous ont menés au redressement. » « On est en guerre ouverte avec eux », confirme Michel Prod’homme, pointant des choix d’« investissements lourds qui n’ont rien rapporté » au groupe (Paris-Turf, Week-end, Paris-Courses, Bilto, etc., auxquels s’ajoute l’activité de paris). « Il y a eu des dépenses injustifiées, un déménagement inutile d’Aubervilliers à Châtillon qui a coûté 800 000 euros à l’automne dernier », ajoute Jean-Louis Brosseau, délégué syndical CGT.

Les difficultés de Presstalis

Jusque-là propriété aux deux tiers de Jacques-Henri Eyraud, président de l’Olympique de Marseille, et de Jean-Claude Seroul, fondateur des Editions en Direct, le groupe aurait été laissé en déshérence depuis environ trois ans, selon les salariés. « Alors que M. Eyraud parlait à son arrivée de l’“œuvre d’une vie”, il était porté disparu » depuis des mois, assure un salarié, qui accuse les deux dirigeants d’avoir mené le groupe à la cessation de paiement (le passif s’élève à 152 millions d’euros, dont 146 millions de dettes).

« Nous sommes déterminés à déposer un appel en nullité, et dénoncer une fraude au PSE », promet Jean-Louis Brosseau au nom de l’intersyndicale. Dès décembre 2018, une motion de défiance avait été votée, et un droit d’alerte avait été déclenché au début de 2020, soit avant la suspension des courses hippiques et donc des publications, et avant l’exacerbation des difficultés de Presstalis qui ont elles-mêmes accentué celles du groupe.

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A lui seul, Paris-Turf fournit un peu moins d’un cinquième de l’activité quotidienne de Presstalis. Dans son offre, NJJ presse s’engage d’ailleurs à poursuivre le redressement de l’éditeur pour un montant « pouvant s’élever à plus d’1,5 million d’euros », souligne le tribunal de commerce dans ses attendus.

Après les groupes régionaux Nice-Matin et La Provence, Paris-Turf est le troisième acteur de presse quotidienne à intégrer la holding de Xavier Niel, par ailleurs copropriétaire de Cirrus des Aigles, considéré comme l’un des chevaux de course (aujourd’hui à la retraite) les plus rentables de sa génération.

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