« Comment l’université exsangue va-t-elle pouvoir absorber la vague qui se profile ? »

« Comment l’université exsangue va-t-elle pouvoir absorber la vague qui se profile ? »

« Le gouvernement devra probablement ouvrir les vannes d’un « revenu étudiant », sur critères sociaux ou non » (Paris-Dauphine university).

Chronique. L’impact des récessions sur les effectifs étudiants est largement exploré en économie. Les prédictions théoriques sont ambiguës.

D’un côté, la dégradation de la situation économique des jeunes et de leur famille réduit les capacités à financer la poursuite d’études.

D’un autre, la balance des coûts d’opportunité entre prolonger sa formation et entrer sur le marché du travail ou créer son entreprise dans une économie dégradée penche en faveur d’une accumulation de « capital humain ».

Les travaux empiriques sur les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) montrent que, lors des récessions des dernières décennies, le mécanisme en faveur du « capital humain » tend à dominer.

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Ainsi, l’enseignement supérieur français a connu à la rentrée 2009, après la crise de 2008, la plus forte hausse de ses effectifs depuis 1993, qui était également une année de récession. L’université est en première ligne pour absorber les fluctuations d’effectifs. Après une hausse à deux chiffres entre 1992 et 1995, le nombre d’inscrits a diminué jusqu’en 2008. Depuis, le rebond est spectaculaire, avec une progression cumulée de près de 20 % en une décennie.

Une vague se profile

Dans le même temps, les universités avaient été mises à la diète budgétaire. Avant la crise sanitaire, comme à l’hôpital, de nombreuses filières étaient en tension, malgré la répartition forcée des entrants par Parcoursup.

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Comment cette université exsangue va-t-elle pouvoir absorber la vague qui se profile ?

Y aura-t-il 4 % d’étudiants en sus, comme en 2009, ou bien encore plus ? Du premier choc pétrolier (1973) à la chute de Lehman Brothers (2008), la plupart des grandes crises récentes ont débuté à l’automne, alors que les choix éducatifs pour l’année avaient déjà été faits. Cette fois, l’effondrement de l’emploi dès le printemps pourrait pousser les jeunes à prolonger leur formation. D’autant que cette dernière a été amputée par les contraintes sanitaires depuis mars, exposant les diplômés à une moindre employabilité aux yeux des recruteurs.

L’ampleur de la hausse du chômage pourrait même enclencher un phénomène qui demeurait jusqu’ici mineur en France : le retour d’actifs à l’université. A l’opposé, la France perdra une part des étudiants étrangers. Surtout, les secteurs économiques les plus touchés comme l’hôtellerie-restauration étaient des sources de revenus pour les étudiants qui travaillent pour financer une part de leurs études, soit la moitié d’entre eux.

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LJD

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