Coronavirus : Les salariés décrocheurs

Coronavirus : Les salariés décrocheurs

Carnet de bureau. « Il n’y a pas qu’à l’école qu’il y a des décrocheurs. Des salariés ne veulent pas revenir », confie Régis Mulot, le DRH du groupe biopharmaceutique Ipsen. Les responsables d’entreprises comme les enquêtes réalisées auprès des salariés le confirment, ces derniers sont nombreux à ne pas souhaiter rejoindre leur lieu de travail.

Plus d’un sur deux (56 %) s’inquiète du retour en entreprise, indique l’étude Malakoff Humanis, publiée le 25 juin et réalisée du 6 au 20 mai auprès de 2 970 salariés du secteur privé. Ils mettent en avant une sécurité sanitaire insuffisante, les contraintes de l’open space, les changements d’organisation. Mais quelle que soit l’origine des réticences, la reprise, organisée jusqu’alors sur la base du volontariat, devient progressivement obligatoire.

« Les DRH ont constaté que le volontariat ne permettait pas de faire revenir les salariés. Au tout début du déconfinement, très peu de salariés revenaient, ce qui n’était pas surprenant. Mais ça s’est prolongé », explique Frédéric Guzy, directeur général d’Entreprise & Personnel. Les responsables des ressources humaines ont donc changé les consignes. « Aujourd’hui, on est moins sur la gestion du risque Covid que sur celle de l’appréhension du retour sur site. On essaie un jour de retour obligatoire sur site, puis ce sera deux, etc. jusqu’en septembre », témoigne Jérôme Friteau, le DRH de la Caisse nationale d’assurance-vieillesse.

Le sens de leur travail

Parmi les réticents, il y a les salariés en activité partielle et ceux dont le travail n’a pas été qualifié d’« essentiel ». Pendant des semaines, les manageurs étaient au four et au moulin et leur priorité allait aux collaborateurs qui avaient une forte activité. Ceux qui n’avaient plus l’obligation de se rendre au bureau ont été isolés du collectif. « Il n’y a pas plus de décrocheurs que d’habitude, mais le confinement a zoomé sur des situations particulières qu’il a amplifiées, relativise Frédéric Guzy. Ainsi, la personne qui est en chômage partiel à 80 % de son temps quand son voisin l’est à 20 % sur une même activité révèle une différence de performance et d’implication », illustre-t-il.

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Mais le faible retour s’explique davantage par la perte du collectif que par un manque d’investissement. Le réseau Entreprise & Personnel constate ainsi auprès des grandes entreprises que plus les mesures de sécurité sanitaires (roulement d’équipes, contacts directs interdits) limitent les interactions entre collaborateurs et la cohésion du collectif, moins les salariés reviennent durablement. Ils passent au bureau une fois ou deux pour, finalement, se réinstaller chez eux. « Ces mesures sanitaires très restrictives qui accompagnent l’obligation de retour empêchent le collectif de fonctionner », alerte M. Guzy.

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LJD

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