Archive dans 2021

Covid-19 : « Les intermittents ont été très accompagnés, mais de nombreux artistes restent au bord du chemin »

Françoise Benhamou, au Théâtre de L’Odéon (Paris), le 25 novembre 2020.

Professeur d’économie à Sorbonne Paris Nord (Paris-XIII) et à Sciences Po Paris, Françoise Benhamou, également coprésidente du Cercle des économistes, dresse un bilan contrasté de la culture après des mois de crise sanitaire. Selon l’universitaire, de nouveaux modèles devraient s’imposer.

Quel est l’état du secteur de la culture en France après plus d’un an et demi de pandémie ?

Les situations sont extrêmement contrastées. Les secteurs les plus touchés dépendent de l’événementiel et du tourisme, notamment international. Et si la culture a été très aidée, très accompagnée par les pouvoirs publics, il y a eu malgré tout un sentiment de relégation dans les priorités publiques, comme si la culture arrivait toujours un peu après tout le monde, tel un sujet de deuxième rang.

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Qui a le plus souffert ?

De manière évidente, c’est le spectacle vivant. Dans le secteur musical et les théâtres privés, les festivals, qui ont souvent un statut privé associatif, les dégâts sont les plus forts, et on ne les a pas encore bien évalués. Il faudra du temps. La partie du secteur ayant un statut public est moins touchée financièrement ; les subventions y ont été largement maintenues. En revanche, que l’établissement soit public ou privé, on ne rattrape jamais un spectacle qui n’a pas été joué.

« Un extrême éparpillement du soutien, avec une multiplicité de guichets »

Les salles de cinéma ont souffert mais ont été très aidées. Le jeu vidéo va bien et le livre a constitué une bonne surprise grâce au réflexe de solidarité des publics vis-à-vis des librairies. Leurs ventes n’enregistrent in fine qu’une très petite baisse, ce qui masque des difficultés dans certains segments, comme les livres d’art liés aux expositions ou les livres sur le tourisme par exemple.

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Les aides publiques ont-elles été à la hauteur de cet enjeu de société ?

Beaucoup d’aides ont été engagées, comme le milliard d’euros pour l’année blanche des intermittents, qui sera porté, avec la nouvelle rallonge, à 1,3 milliard. Sur le plan de relance, 2 milliards ont été dégagés pour la culture. La Rue de Valois assure avoir budgété 13,4 milliards d’euros d’aides depuis le début de la pandémie ; il faudrait disposer du détail et des calendriers de versements. Ce qui me frappe, c’est qu’il n’y a pas une semaine sans que de nouvelles aides, souvent des micromesures, soient annoncées. Le résultat est un extrême éparpillement du soutien, avec une multiplicité de guichets.

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A titre de comparaison, Mario Draghi va dégager, sur le plan de relance européen, 7 milliards d’euros pour la culture en Italie, ce n’est pas mal. Il y a eu aussi beaucoup d’aides en Allemagne. En France, on a une politique culturelle très vivante, mais d’autres pays font beaucoup pour la culture, de manière plus décentralisée et de ce fait moins mise sur le devant de la scène.

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Le « French Fab Tour », treize étapes pour redorer le blason de l’industrie

Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l’industrie,  à Hayange (Moselle), le 13 septembre 2021.

Ce lundi 13 septembre, les collégiens de 3e de l’établissement Pierre-Adt de Forbach (Moselle) ont fait l’école buissonnière. Par un temps radieux, accompagnés de deux professeures, ils se sont rendus à Metz. Non pas pour visiter la cathédrale Saint-Etienne aux pierres dorées, mais pour participer à la première étape du tour de France de la French Fab − après une première édition en 2019 − qui se tenait sur la place d’Armes, au pied de l’édifice religieux. La French Fab ? Derrière l’anglicisme, qui signifie « usine française », c’est la fine fleur de l’industrie française, emmenée par l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) et Bpifrance, qui tente de redorer son blason meurtri par des années de désindustrialisation, de plans sociaux et autres délocalisations.

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Depuis le début des années 2000, 2 millions d’emplois ont été détruits pour tomber à quelque 3,2 millions, selon l’UIMM. La tendance ne s’est inversée qu’en 2017. En trois ans, l’industrie a créé 38 000 emplois. Même si la crise sanitaire a interrompu cette dynamique, le secteur est aujourd’hui à la recherche de sang neuf. C’est la mission assignée à la « tournée French Fab » : séduire les jeunes et les inciter à rejoindre ses rangs.

Les représentants de la profession ou les élus qui se pressent sur le plateau du « village » installé à Metz, au milieu des stands promouvant la chimie, la plasturgie et autres technologies, n’y vont pas par quatre chemins. « Ici, nous avons un taux de chômage de plus de 30 % dans certains quartiers, alors que l’industrie peine à trouver de la main-d’œuvre : on est dans un paradoxe total », lance François Grosdidier, maire de Metz et président de Metz Métropole.

Brillant passé

Hervé Bauduin, président de l’UIMM Lorraine, enchaîne, appelant la jeunesse à venir « irriguer » l’industrie. Jean Rottner, président de la région Grand-Est, rappelle le brillant passé industriel de l’Alsace et de la Lorraine. Il appelle à redevenir la deuxième région industrielle du pays et à « repartir à la conquête nationale et européenne ».

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La ministre déléguée à l’industrie, Agnès Pannier-Runacher, venue directement d’Hayange, en Moselle, où elle s’est rendue sur l’usine de rail reprise par le groupe industriel allemand Saarstahl, le 2 août 2021, enchaîne pour plaider la cause de ce secteur prioritaire pour le gouvernement. Pas moins de 35 milliards d’euros, soit le tiers du plan de relance, sont consacrés à la réindustrialisation, rappelle-t-elle, soulignant que « c’est du jamais-vu ». Surtout, « plus de 70 000 postes sont à pourvoir dans l’industrie. Aujourd’hui, on n’arrive pas à recruter, car l’industrie souffre d’une mauvaise image », assure la ministre.

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« Il nous faut concevoir les modalités d’un télétravail soutenable »

« Il y a d’évidence le risque d’envahissement de la vie privée, ainsi que l’inadaptation du domicile à un travail dans de bonnes conditions matérielles et humaines. »

Entreprises. Avec la perspective espérée d’une accalmie du Covid-19, le télétravail devrait changer de nature. Face à l’épidémie, et lorsqu’il est possible, c’est un recours salvateur qui permet la continuité de l’activité, celle de la vie sociale et la poursuite de certaines formes d’enseignement. Mais, une fois le risque de contagion maîtrisé, le télétravail devient une modalité alternative, partielle ou totale, qui doit démontrer son acceptabilité, son efficacité et son… innocuité.

Cette question a déjà suscité plusieurs enquêtes et études qui soulignent la large acceptabilité du télétravail parmi les salariés concernés, tout en alertant sur ses effets nocifs pour la santé de ces derniers et pour le bon fonctionnement des entreprises.

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Une synthèse récente (Le travail à distance dessine-t-il le futur du travail ? par Suzy Canivenc et Marie-Laure Cahier, Presses des Mines) montre que, au-delà des pratiques inventées pendant l’épidémie, le télétravail ouvre de nombreuses transformations qui imposent la prudence.

Autonomie et empreinte carbone

Une enquête de la CGT (« Télétravail, un an après », septembre 2021) alerte ainsi sur les menaces pour la santé psychique des salariés qu’induisent un trop grand éloignement et des surcharges de travail difficiles à détecter à distance.

Enfin, un accord dans la fonction publique énonce une série de normes et de points de vigilance à respecter dans la mise en place du télétravail. Cette normalisation va-t-elle freiner une innovation déjà largement adoptée ?

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Elle devrait, au contraire, favoriser le déploiement innovant et soutenable d’un mode de travail qui suscite de multiples et fortes adhésions. Elle offre à une partie des salariés une autonomie sans précédent : ils peuvent choisir les lieux et l’organisation de leur activité ; elle permet aux entreprises de réduire sensiblement les coûts liés aux espaces de travail et aux déplacements ; elle contribue directement à réduire l’empreinte carbone et le temps des transports domicile-travail. Elle crée de nouveaux lieux de travail à distance. Ces effets positifs sont visibles pour tous. Cependant, certaines dérives du télétravail peuvent être d’autant plus dommageables qu’elles sont moins observables.

Isolement toxique

Il y a d’évidence le risque d’envahissement de la vie privée, ainsi que l’inadaptation du domicile à un travail dans de bonnes conditions matérielles et humaines. Plus insidieusement, le contrôle de l’activité à distance, par l’entreprise, pourrait conduire à une standardisation forcée du travail, dans ses processus et dans la mesure de ses résultats.

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Haut-Rhin : 280 emplois supprimés après une chute des ventes de tablettes de chewing-gum

La filiale française du groupe américain Mars Wrigley a annoncé, lundi 13 septembre, la suppression prochaine de 280 emplois sur les 350 que compte son usine de chewing-gums de Biesheim (Haut-Rhin), à cause de la chute de ses ventes.

« C’est la mort du site, c’est le démantèlement industriel de Mars Wrigley (…). C’est une annonce difficile à entendre », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Didier Dossmann, délégué de la Confédération française démocratique du travail (CFDT) de Mars Wrigley sur le site proche de Haguenau (Bas-Rhin). 

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« C’est un choc pour le territoire : Wrigley, ça représente quelque chose, tout le monde ici a dans son entourage quelqu’un qui y travaillait ou y travaille », a commenté le député du Haut-Rhin Yves Hemedinger (Les Républicains). Touchant une usine située à quelques kilomètres de la centrale nucléaire de Fessenheim arrêtée l’an dernier, ce plan social va « un peu plus fragiliser ce territoire », a déploré M. Hemedinger, qui a appelé l’Etat à « accélérer » la reconversion de cette zone.

Les tablettes « en train de disparaître du marché européen »

Ce projet aboutira à l’arrêt, d’ici un an, de la production de tablettes, commercialisées sous la marque Freedent. La fabrication de gommes sera maintenue pour fournir d’autres usines du groupe en Europe et en Afrique. 

« Face à une baisse drastique et continue de la demande de chewing-gums aux formats tablettes sur les marchés européens, la direction du site Mars Wrigley de Biesheim a informé ses partenaires sociaux et ses salariés d’un projet de restructuration », a précisé Mars Wrigley France dans un communiqué. Cette restructuration entraîne la « suppression de 280 postes » et le « maintien de 69 postes », et un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) sera mis en œuvre pour trouver des solutions de reclassement internes et externes au groupe, a complété le groupe.

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Les tablettes, format traditionnel du chewing-gum, « sont littéralement en train de disparaître du marché européen », où les ventes ont subi une baisse de 37 % entre 2016 et 2019, aggravée depuis par la crise sanitaire, a poursuivi le groupe.

Les volumes produits à l’usine de Biesheim ont baissé de 74 % entre 2012 et 2020, et l’usine ne tournait plus l’année passée qu’à 28 % de ses capacités, selon un porte-parole. Le site employait encore 639 salariés en 2013, juste avant un précédent plan social qui avait supprimé 207 postes.

Le Monde avec AFP

Lidl mis en examen six ans après le suicide d’un salarié

Le groupe de distribution Lidl a récemment été mis en examen pour homicide involontaire et harcèlement moral, plusieurs années après le suicide d’un salarié et le burn-out du supérieur de ce dernier, a-t-on appris, lundi 13 septembre, de sources concordantes, confirmant une information du quotidien 20 Minutes.

La mise en examen intervient six ans après le décès de Yannick Sansonetti, technicien de maintenance de 33 ans retrouvé pendu le 29 mai 2015 sur son lieu de travail, un entrepôt Lidl à Rousset, près d’Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).

« La famille attendait ça depuis très longtemps, beaucoup trop longtemps. Maintenant, la suite logique de cette mise en examen serait la fin rapide de l’instruction », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Me François Burle, l’avocat du frère et de la mère de Yannick Sansonetti.

« Faute inexcusable »

Dans ce dossier, Lidl est mis en examen pour homicide involontaire, en tant que personne morale, mais aussi pour harcèlement contre Patrice Tonarelli, responsable de l’entrepôt de Rousset, victime d’un syndrome d’épuisement professionnel avant le suicide de M. Sansonetti, a affirmé à l’AFP Me Lucien Simon, avocat de M. Tonarelli.

Contacté lundi par l’AFP, Lidl a réagi dans un courriel : « Lidl reste à la disposition de la justice et ne souhaite pas commenter une affaire en cours d’instruction. »

Au début de 2020, la cour d’appel d’Aix-en-Provence avait confirmé la condamnation au civil de Lidl pour le suicide de Yannick Sansonetti, estimant que l’entreprise avait commis une « faute inexcusable » en manquant « à son obligation de sécurité ».

La cour d’appel avait condamné Lidl à verser 35 000 euros à la veuve de Yannick Sansonetti ainsi que 30 000 euros à son fils et 25 000 euros à la mère du défunt pour « préjudice moral », des sommes similaires à celles accordées par le tribunal des affaires de sécurité sociale de Marseille en première instance en juillet 2018.

En février 2021, la plate-forme logistique Lidl de Ploumagoar (Côtes-d’Armor), près de Guingamp, a été perquisitionnée par les gendarmes et l’équipe encadrante a été placée en garde à vue dans le cadre d’une autre information judiciaire pour « harcèlement au travail ».

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Le Monde avec AFP

La sous-traitance aéronautique partagée entre prudence et espoir

« Il faut être partout, ne pas laisser passer les occasions », affirme, convaincu, Jean-Pierre Thulliez, le président-fondateur de l’entreprise Equip’Aero. La très active (et désormais très éclectique) PME de l’Isle-Jourdain (Gers), spécialisée dans la maintenance des systèmes d’air et pneumatiques des avions pour les compagnies aériennes, est en « surchauffe » de projets en recherche et développement. Elle travaille à la fois avec le motoriste Rolls-Royce sur des vannes à haute température pour le puissant turboréacteur UltraFan, avec le bureau d’études Capgemini sur des turbines à gaz et avec la Direction générale de l’armement sur des clapets thermostatiques.

Elle multiplie aussi les initiatives pour « occuper » ses salariés. En effet, ce sous-traitant a essuyé un revers inattendu avec la crise liée au Covid-19, qui a paralysé le trafic aérien. En 2020, son activité principale a dévissé de 40 %. Au premier semestre 2021, la chute s’est poursuivie (– 60 %), mais il est parvenu à conserver tous ses employés. « On accuse le coup fortement et on n’en est pas sorti », déplore M. Thulliez, qui se dit « fatigué et très préoccupé ». « Mais on veut assurer la pérennité de l’entreprise jusqu’à la reprise du marché. Alors, on courbe l’échine », ajoute-t-il.

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L’Occitanie vit au rythme des réacteurs. Et c’est le moteur Airbus qui lui donne de l’air. En 2019, le secteur aéronautique faisait vivre 700 entreprises et plus de 110 000 salariés dans la région. La crise sanitaire a conduit l’Etat à déployer un plan de soutien de 15 milliards d’euros (prêts bancaires garantis, mesures de chômage partiel et financement de l’activité partielle de longue durée). L’Occitanie a également mis la main au portefeuille, en débloquant 100 millions d’euros. Avec ces amortisseurs, le crash industriel tant redouté a été limité : 6 250 postes ont été supprimés en 2020.

Depuis juillet 2021, Airbus montre des signes encourageants de reprise. En témoignent ses prévisions de livraison et les cadences de production, notamment de son best-seller, l’A320, qui sont revues à la hausse. Jean-Yves Ségneré, directeur administratif et financier du groupe du même nom, installé à Adé, près de Tarbes (Hautes-Pyrénées), salue cette « bonne nouvelle ». « Mais ce n’est pas suffisant », nuance le petit-fils du fondateur. Cet usineur et assembleur de pièces pour l’aérostructure (fuselage et mât-réacteur) ne devrait constater les premiers effets de ce rebond dans ses ateliers que fin 2022. Pas avant.

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L’argot de bureau : le « lean management » met l’entreprise au régime sec

Dominique, qui vend des livres d’occasion, décide d’acheter moins de livres sans valeur, car elle sait qu’ils ne se vendront pas et resteront stockés dans sa réserve. Dans un immeuble de bureaux de quartier d’affaires, Ulysse décide de placer les toilettes au centre de l’open space, pour que les salariés mettent moins de temps à s’y rendre (le temps, c’est de l’argent). Enfin, Stella, directrice d’usine, décide de remplacer cinq machines défectueuses par une seule nouvelle. Tous ont en quelque sorte mis leur entreprise au régime, pour qu’elle tourne à plein régime : ils ont « fait du lean ».

Le « lean » est à l’origine un système d’organisation industrielle, né au Japon dans les usines Toyota des années 1950. On lui attribue souvent les « 5 zéros », une large victoire de l’équipe Toyota contre l’échec : zéro défaut, zéro papier, zéro panne, zéro stock, zéro délai. Le but du système est d’accroître la rentabilité et la satisfaction des clients en réduisant les sources de gaspillage qui font perdre du temps. Trente ans plus tard, des chercheurs américains du Massachusetts Institute of Technology (MIT) ont mis un mot sur la méthode nippone : ce management est « lean », littéralement « maigre », « allégé ».

Pour ses défenseurs, le « lean » va plus loin que cet allègement digne d’un yaourt sans matières grasses : c’est une gestion du temps et du matériel, mais aussi des équipes, toutes engagées dans la lutte contre ces petits grains de sable qui grippent la machine. La suppression des défauts ne se limite pas à la ligne de production, et la philosophie cherche aussi à améliorer les conditions de travail. Les salariés sont invités à prendre des initiatives pour viser l’amélioration continue de l’entreprise, le fameux esprit « kaizen ».

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Plus généralement, le « lean » s’affirme dans la résolution des problèmes mais se concentre aussi sur les opérations à forte valeur ajoutée, pour les optimiser, faire en sorte qu’elles s’exécutent plus rapidement et « juste à temps », selon la demande des clients. « Rien ne sert de courir ; il faut partir à point », comme le dit la célèbre fable de La Fontaine : l’entreprise trouvera petit à petit le rythme optimal entre lièvre et tortue.

Glissements sémantiques

L’esprit « lean » a fait beaucoup d’émules. En France, il a conquis des fabricants automobiles (le fameux « lean Renault », qui n’est pas une chanteuse des années 1950, ou celui de Peugeot-Citroën), mais également des banques et des assurances.

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Comment compte-t-on les trimestres l’année de la retraite ?

L’année de votre retraite, vous ne pourrez pas valider plus de trimestres que ceux qui séparent votre date de départ du 1er janvier.

Question à un expert

Combien puis-je acquérir de trimestres l’année de mon départ à la retraite ?

Dans les régimes de retraite du privé, la validation des trimestres pour la retraite ne se fait pas en fonction du temps travaillé mais des rémunérations perçues. Ainsi, pour valider un trimestre, il faut avoir perçu une rémunération égale à 150 fois le smic horaire brut, soit 1 537,50 euros en 2021.

Et ainsi de suite jusqu’à 6 150 euros, qui permettent de valider quatre trimestres, et ce quel que soit le temps travaillé dans l’année.

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Mais attention : ce qui est valable pour toutes les années de la carrière professionnelle, y compris la première, ne l’est pas pour la dernière. En effet, l’année de votre départ à la retraite, même si vous avez gagné depuis le 1er janvier plus de 6 150 euros, vous ne pourrez pas valider plus de trimestres que ceux qui séparent votre date de départ du 1er janvier.

Ainsi, pour une liquidation de vos droits à la retraite au 1er octobre, et contrairement à toutes les autres années, vous ne pourrez pas valider plus de trois trimestres, même avec une rémunération élevée.

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Et si vous partez le 1er septembre, vous ne pourrez valider que deux trimestres pour votre dernière année. C’est pourquoi, même si vous pouvez liquider vos droits à la retraite n’importe quel premier jour d’un mois civil, chaque trimestre civil entamé vaut le coup d’être terminé pour ajouter un trimestre à votre compteur.

Il vous permettra peut-être de bénéficier d’une surcote à votre régime de base.

La transition climatique et les modifications des modes de vie, un défi pour l’Etat

Bornes de recharge pour voitures électriques sur le parking d’un hôtel de Castelnaudary (Aude), le 28 août 2021.

Ce sera l’un des thèmes incontournables de la campagne présidentielle. Après un été marqué par un rapport très alarmant du GIEC sur le climat, par la recrudescence des catastrophes naturelles, et alors que s’est tenu, vendredi 10 septembre, le troisième débat entre prétendants à la primaire écologiste, aucun candidat ne peut se permettre de faire l’impasse sur la transition écologique. Selon l’enquête annuelle « Fractures françaises » publiée par Le Monde le 7 septembre, 82 % des Français (5 points de plus qu’en 2020) approuvent l’idée « que le gouvernement prenne des mesures rapides et énergiques » quitte à « modifier en profondeur leur mode de vie ». Mais ont-ils vraiment conscience de ce que cela impliquerait au quotidien ?

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Dans une note publiée mi-août par le Peterson Institute for International Economics, un cercle de réflexion basé à Washington, l’économiste Jean Pisani-Ferry avertit des « implications significatives » des mesures climatiques sur l’économie et, plus largement, sur l’ensemble des politiques publiques. « On parle un peu trop de croissance verte. Ce n’est pas faux, mais il faut aussi parler de ce que la transition écologique va bouleverser », souligne celui qui participa à l’élaboration du programme d’Emmanuel Macron en 2017. « Aujourd’hui, les politiques ne tiennent aux gens que deux types de discours. Soit : vous aurez la même vie, mais avec des technologies différentes, soit : il faut changer totalement de mode de vie et passer à la sobriété. A terme, la technologie va apporter des solutions, mais la transition sera brutale », poursuit l’économiste, qui pointe le risque de plans sociaux durant cette période : « Qui va tirer son épingle du jeu ? La question va se poser assez vite. »

« L’argument repris par le gouvernement ou par les entreprises, selon lequel les investissements nécessaires à la transition écologique vont nécessairement augmenter l’activité, gonfler les recettes fiscales et créer des emplois est battu en brèche, abonde Benoît Leguet, directeur général de l’Institute for Climate Economics, un think tank fondé par la Caisse des dépôts et l’Agence française de développement. Dans un premier temps, une voiture électrique coûtant plus cher qu’une voiture thermique, les ménages vont probablement modifier leur panier de consommation, avec à la clé des destructions d’emplois dans d’autres secteurs. »

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Le PDG d’Orange prêt à lâcher la direction générale mais pas la présidence du groupe

Le patron d’Orange, Stéphane Richard, le 3 février 2016 à Paris.

Le président-directeur général (PDG) d’Orange, Stéphane Richard, dont le mandat à la tête de l’opérateur téléphonique arrive à son terme à la mi-2022, a formulé dans Le Journal du dimanche le « souhait personnel » de rester président du groupe après cette date, en dissociant la fonction de directeur général. « Rester dans le groupe en tant que président dans une gouvernance renouvelée et dissociée est mon souhait personnel, mais ce sera bien sûr au conseil d’administration d’en décider », a-t-il déclaré dans l’hebdomadaire.

« Assurer la présidence du conseil est une fonction qui me prend de plus en plus de temps », ajoute-t-il.

« J’observe parallèlement que les évolutions récentes dans la gouvernance des sociétés du CAC 40 ont conduit à scinder les fonctions de président du conseil d’administration et de directeur général. Je pense que c’est une bonne chose, si le tandem fonctionne. Il reviendra naturellement aux actionnaires d’Orange d’en décider le moment venu. »

Le géant français des télécoms, qui a accusé une perte nette de 2,76 milliards d’euros au premier semestre, en raison principalement d’une dépréciation d’actifs en Espagne, a pour premier actionnaire l’Etat français, qui détient 23 % du capital du groupe et 29,43 % des droits de vote en Assemblée générale.

Sérénité face à l’affaire Tapie

Orange s’est récemment retrouvé pointé du doigt par le gouvernement à la suite d’un vaste dysfonctionnement du système des numéros d’urgence en France le 2 juin, rendant pour beaucoup de Français inaccessibles ou joignables seulement après de multiples tentatives les 15, 17, 18 et 112.

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Stéphane Richard, PDG d’Orange depuis 2011, a en outre affiché sa sérénité avant que la cour d’appel de Paris ne rende sa décision, au début d’octobre, dans l’affaire Bernard Tapie, dans laquelle il est accusé de « complicité d’escroquerie » et « complicité de détournement de fonds publics ».

« J’espère être relaxé, comme en première instance », a-t-il déclaré au JDD. « S’il devait y avoir condamnation, le conseil d’administration et moi-même examinerions immédiatement la situation et nous prendrions les décisions qui s’imposent dans l’intérêt d’Orange. »

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Le Monde avec AFP