Covid-19 : « Les intermittents ont été très accompagnés, mais de nombreux artistes restent au bord du chemin »

Covid-19 : « Les intermittents ont été très accompagnés, mais de nombreux artistes restent au bord du chemin »

Françoise Benhamou, au Théâtre de L’Odéon (Paris), le 25 novembre 2020.

Professeur d’économie à Sorbonne Paris Nord (Paris-XIII) et à Sciences Po Paris, Françoise Benhamou, également coprésidente du Cercle des économistes, dresse un bilan contrasté de la culture après des mois de crise sanitaire. Selon l’universitaire, de nouveaux modèles devraient s’imposer.

Quel est l’état du secteur de la culture en France après plus d’un an et demi de pandémie ?

Les situations sont extrêmement contrastées. Les secteurs les plus touchés dépendent de l’événementiel et du tourisme, notamment international. Et si la culture a été très aidée, très accompagnée par les pouvoirs publics, il y a eu malgré tout un sentiment de relégation dans les priorités publiques, comme si la culture arrivait toujours un peu après tout le monde, tel un sujet de deuxième rang.

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Qui a le plus souffert ?

De manière évidente, c’est le spectacle vivant. Dans le secteur musical et les théâtres privés, les festivals, qui ont souvent un statut privé associatif, les dégâts sont les plus forts, et on ne les a pas encore bien évalués. Il faudra du temps. La partie du secteur ayant un statut public est moins touchée financièrement ; les subventions y ont été largement maintenues. En revanche, que l’établissement soit public ou privé, on ne rattrape jamais un spectacle qui n’a pas été joué.

« Un extrême éparpillement du soutien, avec une multiplicité de guichets »

Les salles de cinéma ont souffert mais ont été très aidées. Le jeu vidéo va bien et le livre a constitué une bonne surprise grâce au réflexe de solidarité des publics vis-à-vis des librairies. Leurs ventes n’enregistrent in fine qu’une très petite baisse, ce qui masque des difficultés dans certains segments, comme les livres d’art liés aux expositions ou les livres sur le tourisme par exemple.

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Les aides publiques ont-elles été à la hauteur de cet enjeu de société ?

Beaucoup d’aides ont été engagées, comme le milliard d’euros pour l’année blanche des intermittents, qui sera porté, avec la nouvelle rallonge, à 1,3 milliard. Sur le plan de relance, 2 milliards ont été dégagés pour la culture. La Rue de Valois assure avoir budgété 13,4 milliards d’euros d’aides depuis le début de la pandémie ; il faudrait disposer du détail et des calendriers de versements. Ce qui me frappe, c’est qu’il n’y a pas une semaine sans que de nouvelles aides, souvent des micromesures, soient annoncées. Le résultat est un extrême éparpillement du soutien, avec une multiplicité de guichets.

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A titre de comparaison, Mario Draghi va dégager, sur le plan de relance européen, 7 milliards d’euros pour la culture en Italie, ce n’est pas mal. Il y a eu aussi beaucoup d’aides en Allemagne. En France, on a une politique culturelle très vivante, mais d’autres pays font beaucoup pour la culture, de manière plus décentralisée et de ce fait moins mise sur le devant de la scène.

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