La ministre du travail agrandit une autre fois l’accès aux emplois francs
Muriel Pénicaud a éclairci l’extension des emplois francs. Entraîné sous le quinquennat Hollande, le mécanisme conçu pour supporter l’embauche des habitants des quartiers sensibles a été réformé sous la présidence Macron. Mais le bilan reste modeste avec 4 500 contrats terminés depuis un an.
Tout en diminuant la voilure au niveau des conventions aidées, le gouvernement mise gros sur les emplois francs. La ministre du travail, a raconté le 21 mars l’extension de ce dispositif destiné à lutter contre le chômage dans les zones sensibles.
Essayée depuis un an en région parisienne et dans certains quartiers prioritaires de Lille, Marseille et Angers, ce soutient financier versée aux patrons qui embauchent des habitants de quartiers prioritaires concernera dès avril l’ensemble des demandeurs d’emploi issus des quartiers dits « politique de la ville » (QPV) d Île-de-France, ainsi que d’autres régions (Hauts-de-France, Ardennes, Bouches-du-Rhône, Haute-Garonne, Maine-et-Loire, Vaucluse et départements d’outre-mer).
Tout en enseignant sa montée en charge, la ministre du travail a fait valoir la réussite du dispositif. Au 10 mars 2019, un peu plus de 4 500 personnes ont été recrutées en « emplois francs » (4 sur 5 en contrat à durée indéterminée), selon les chiffres du ministère. « C’est dix fois plus que sous le précédent quinquennat », s’est complimentée Muriel Pénicaud, citée par Le Parisien.
Sous la présidence Hollande, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault avait aussi joué sur les emplois francs pour lutter contre le chômage dans les quartiers sensibles, où le taux est presque 3 fois plus élevé qu’en moyenne nationale. Les résultats n’avaient pas suivi : moins de 300 contrats de ce type ont été finis entre 2013 et 2015.
De Hollande à Macron
Ce qui n’a pas désorienté Macron de reprendre l’idée dans son programme, mais dans une version agrandie (étendue à tous les demandeurs d’emploi des quartiers sensibles, aux associations, aux CDD de longue durée…) et en augmentant le montant de l’aide annuelle pour la rendre plus incitative : elle s’élève sitôt à 2 500 euros pendant deux ans pour un employeur qui recrute un demandeur d’emploi issu d’un quartier QPV en CDD d’au moins six mois, et 5 000 euros pendant trois ans pour un CDI (montant proratisé en fonction du temps de travail hebdomadaire du salarié).









Le tribunal de commerce de Nanterre a exprimé vendredi 29 mars la liquidation judiciaire d’Arjowiggins Papiers Couchés et l’abandon partielle d’une autre usine, ce qui menace 800 travailleurs pour ces deux sites de la Sarthe, a annoncé à l’Agence France-Presse (AFP) l’avocat des salariés, Thomas Hollande.
Les sites affectés sont ceux de Bessé-sur-Braye (Sarthe), qui emploie 580 personnes, et du Bourray, près du Mans (270 emplois). « C’est une catastrophe pour le département de la Sarthe », a-t-il assuré, faisant part de sa « colère » vis-à-vis de l’État.
« Il y a 800 travailleurs touchés directement, sans établir les emplois indirects. Il y a eu des ventes qui ont affecté autant de salariés, mais autant dans un même département et une même zone géographique, c’est vraiment inédit. »
Pour Bessé-sur-Braye, « c’est la liquidation judiciaire sans poursuite d’activité », a étalé l’avocat. Pour le site du Bourray, à Saint-Mars-la-Brière, près du Mans, « c’est une cession partielle (…) avec le licenciement de plus de 150 salariés », a additionné Me Hollande. Quant à la troisième société de Greenfield, à Château-Thierry (Aisne, 75 salariés), elle est totalement reprise.
« C’est plié »
« La première réaction, c’est la colère face à l’Etat, à la BPI (Banque publique d’investissement, ndlr) et aux gouvernants du groupe, qui sont imputés de cette situation alors qu’il y avait un projet de reprise viable présenté et qu’ils ont refusé de le financer intégralement », a estimé Me Hollande.
Abraham Philippe, messager CGT à Bessé-sur-Braye, a raconté à l’AFP : « Notre directeur (de site) a pris la parole ce matin. Il n’y a pas d’issue, pas d’investisseur privé, c’est fini. On s’y attendait, mais là, c’est cuit. C’est plié, plus personne n’y croit. »
« On se rejoint, on est tous ensemble. Je pense qu’on va bloquer l’usine pour préserver les machines, l’outil de travail et le stock. Y a plus qu’à chercher du boulot… »
« C’est un issue rude pour le territoire (…). Malheureusement, les financements privés nécessaires pour équilibrer l’offre n’ont pu être réunis », a répercuté le ministère de l’économie dans un communiqué.
Les trois usines, qui appartenaient au groupe Sequana, ont été placées en redressement judiciaire le 8 janvier. Bpifrance est actionnaire de Sequana à hauteur de 15,4 % du capital et dispose 17,2 % des droits de vote.