Archive dans juin 2021

Automobile : les pistes pour une « transition juste » sur le plan écologique et social

La poursuite des objectifs climatiques et la fin programmée des véhicules thermiques (diesel et essence) signent-elles la mort de l’industrie automobile en France ? Dans un rapport publié mercredi 30 juin, la Fondation Nicolas-Hulot (FNH) et la CFDT-Métallurgie veulent croire que le déclin n’est pas inéluctable. A une condition : que la France accélère la transition écologique comme sociale du secteur.

« La question écologique n’est pas l’ennemie de la question sociale », a martelé Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, lors de la présentation du rapport, la veille de sa publication. Fruit d’un long travail de concertation entre la FNH et la CFDT-Métallurgie, et de l’expertise du cabinet d’étude Syndex, le rapport part d’un constat : l’industrie automobile est le secteur qui, en France, détruit le plus d’emplois.

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En dix ans, la filière en a perdu 100 000. En cause, « les arbitrages internationaux des grands donneurs d’ordre du secteur : délocalisations, approvisionnement dans les pays à bas coût et abandon de la production des petits modèles ». Et une absence de stratégie industrielle coordonnée au niveau européen, incapable de mettre un terme aux pratiques de dumping social qui alimentent les délocalisations à l’intérieur même de l’Union européenne.

100 000 emplois menacés

La décarbonation du secteur constitue un risque social supplémentaire. Le gouvernement a fixé à 2040 la fin de la vente des véhicules diesel et essence neufs pour atteindre l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050. Mais, à l’échelon européen, on s’oriente vers une sortie du thermique dès 2035.

Or, la fabrication des moteurs électriques requiert 60 % de main-d’œuvre en moins qu’un diesel et 40 % en moins qu’un essence, rappelle le rapport. Avec l’accélération de l’électrification du parc automobile, 10 000 emplois sont menacés dans la seule filière moteur dans les cinq prochaines années et 16 000 d’ici à 2030. Pour l’ensemble du secteur automobile, si la dynamique reste inchangée, ce sont 100 000 emplois qui pourraient disparaître d’ici à 2035, selon les projections de l’Observatoire de la métallurgie.

Selon le rapport, l’absence « d’éco-socio-conditionnalités » aux aides distribuées en 2020 a constitué « une erreur politique majeure »

Comment, alors, inverser la tendance ? Le rapport se pose la question pour la filière moteur et ses 85 000 emplois (57 000 hors intérims et salariés rattachés). La FNH, la CFDT et Syndex ont élaboré quatre scénarios à l’horizon 2050. Ils montrent qu’il faut anticiper et accélérer, car la poursuite de la politique de relance mise en place par le gouvernement ne suffit pas : l’absence « d’éco-socio-conditionnalités » aux aides distribuées en 2020 a constitué « une erreur politique majeure », assènent-ils. Une occasion manquée d’impulser la « transition juste » qu’ils appellent de leurs vœux. Aucune obligation n’a été donnée aux constructeurs de maintenir l’emploi en France.

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En Jordanie, les femmes en quête de travail et d’autonomie financière

Doa Jibarat, 19 ans, travaille sur une machine d’exploitation à l’usine d’électroménager Rifco, à Sahab, en Jordanie, le 28 juin.

Au bout de la ligne de production, Inas contrôle l’emballage de flacons de produits détergents. Ni son diplôme en comptabilité ni ses précédentes expériences professionnelles ne la destinaient à travailler comme superviseuse dans une usine. Mais cette Jordanienne de 34 ans n’a pas de regrets : elle affirme s’épanouir et compte grimper les échelons au sein de la manufacture où elle est employée depuis le printemps 2020. Pour elle, comme pour Nivine et Fatima, des changements personnels ou la rude crise économique en Jordanie, nécessitant de multiplier les revenus d’une maison, leur ont fait sauter le pas : rejoindre des métiers peu courants pour des femmes, mais des métiers qui leur assurent, disent ces trentenaires, des droits et une stabilité. « Je peux soutenir ma famille, assurer notre dignité », lance Inas Shenawi, dans les locaux de l’usine Combaj, dans la banlieue d’Amman. Célibataire, son rôle de soutien familial est devenu primordial car son père n’est plus en mesure de travailler, après une crise cardiaque. « Je suis autonome financièrement », se félicite Nivine Madi, jordanienne de 35 ans et mère de deux enfants. Elle officie au rayon boucherie du supermarché Kareem, à Zarka, non loin de la capitale. C’est d’ailleurs la première femme bouchère du pays.

Mais le salaire mensuel de ces femmes reste peu élevé : au-dessus du revenu minimum (260 dinars jordaniens, soit 307 euros), mais en dessous du salaire moyen (550 euros, ce que gagne un enseignant). Pourtant, elles jugent leur travail salutaire. « J’ai davantage confiance en moi aujourd’hui », estime Fatima Khashqa, réfugiée syrienne, ouvrière chez Safe Techno Plast, une fabrique d’ustensiles en plastique située dans une zone industrielle du grand Amman. Mais pousser les portes d’industries qui, à la différence de celles du textile ou de l’alimentation, n’ont pas la tradition d’employer des femmes, n’était pas évident. Plus jeunes, Dua’a, jordanienne de 22 ans, et Amal, syrienne de 20 ans, se souviennent du choc en découvrant « un univers masculin » dans l’usine d’appareils électriques, Refco, où elles ont été embauchées. Depuis, elles se sont habituées, même si ces métiers sont peu valorisés socialement.

La force des traditions

Objet d’innombrables études, le faible emploi des femmes en Jordanie est notoire : le pourcentage des femmes actives n’atteint pas 15 %, un chiffre plus bas que dans des pays arabes voisins. Et ce n’est pas faute d’éducation. La scolarisation des filles n’a cessé de progresser, et les étudiantes sont plus nombreuses que leurs pairs masculins sur les bancs de l’université. Lorsque les femmes réussissent à entrer sur le marché du travail, la majorité exerce des emplois qualifiés. Leur présence est d’ailleurs considérable dans l’éducation ou la santé. Des avocates de renom ont même été pionnières dans le combat pour la justice sociale. Mais les traditions sont fortes. L’association tenace entre la femme et le foyer (57 % des Jordaniens interrogés en 2014 estimaient que les enfants d’une femme active souffraient de cette situation), divers obstacles (comme l’accès à des transports fiables et sécurisés) ou discriminations freinent l’intégration des femmes. Même malgré le combat mené depuis des années par des féministes jordaniennes.

Et la pandémie de Covid-19 a aggravé la crise économique en Jordanie. Le chômage atteint 25 %, et il est deux fois plus élevé chez les jeunes. Parce que, depuis plus d’une décennie, le marché du travail n’est plus en mesure de créer assez de nouveaux emplois, diverses stratégies nationales récentes ont mis en avant le secteur vocationnel comme accès à l’emploi. Quoique le sujet fasse débat, des économistes y voient un outil pour résorber le chômage. Cette stratégie attire, par ailleurs, l’attention de bailleurs de fonds internationaux ou occidentaux, qui se focalisent aussi sur l’emploi des femmes, tout comme sur l’insertion des réfugiés syriens – pour des raisons politiques afin d’éviter une émigration vers l’Europe.

Nivine Madi, 36 ans, a choisi de travailler comme bouchère. Amman, Jordanie, le 28 juin 2021.

C’est par une formation professionnelle délivrée par le Business Development Center (BDC), un organisme jordanien de services, et financée par l’Agence française de développement (AFD), que Nivine, Inas ou Fatima ont intégré leur emploi actuel. Les femmes représentent plus de 40 % des personnes formées jusqu’ici à travers l’initiative Tanmyeh (« développement », en arabe), qui s’inscrit dans un programme plus large de financement de projets de développement dans des pays affectés par la crise syrienne (Jordanie, Liban, Turquie). Celles, majoritaires, qui ont accédé à un emploi après leur formation bénéficient d’un contrat et d’une sécurité sociale. Elles ont aussi un suivi régulier par l’équipe du BDC. L’enjeu est de rendre ces emplois durables.

Mais l’un des obstacles à l’emploi des femmes, c’est la « culture de la honte ». Cette expression revient souvent dans les propos de Nivine ou d’Inas et elles la regrettent. Dans leurs mots, il s’agit de tout à la fois : de la stigmatisation associée aux métiers manuels et de l’opprobre jetée sur les femmes qui pratiquent des métiers « non conventionnels. » En faisant ses armes comme bouchère, Nivine a dû affronter les remarques cassantes de clients qui trouvaient qu’une femme n’était pas à sa place derrière ce comptoir, voire qui refusaient qu’elle les serve. « Ça a été très dur au début. » Elle en a fait un « défi » à relever, jusqu’à gagner leur confiance. Même chose pour Inas qui entend souvent son entourage lui dire : « Tu as étudié, tu es une femme, comment peux-tu travailler dans une usine ? » Mais, même si ces propos la blessent, elle fait le bilan de ses années d’emploi, y compris ses mois en usine, et elle se sent utile. Fière d’avoir pu aider financièrement ses sœurs pour qu’elles aillent à l’université. 

Normes sociales

S’émanciper des normes sociales est aussi une lutte personnelle. « Parce qu’[elle est] mariée », Fatima, originaire d’une région rurale de Syrie et qui a étudié jusqu’au secondaire, a été plus embarrassée, au départ, par la mixité dans l’usine qu’elle devait rejoindre : une barrière culturelle pour les femmes – syriennes ou jordaniennes – qui viennent d’un milieu conservateur, inquiètes pour leur réputation ou craignant de subir un harcèlement. Elle dit se sentir finalement « en sécurité » aujourd’hui. Il faut dire que son employeur, Abdel Hafez Mouaffaq, industriel originaire d’Alep, qui dirige l’entreprise Safe Techno Plast, a fait le choix de séparer autant que possible les espaces entre les hommes et les femmes afin de prévenir les réticences de ces dernières. « On ne mixe les lieux qu’avec les ouvriers hommes que l’on connaît, pas avec ceux de passage. En Syrie, j’employais déjà des femmes. Je pense qu’elles doivent travailler pour prendre soin de leurs enfants. De plus, les femmes sont plus stables. Ici, elles représentent un tiers des employés. » D’autres patrons procèdent autrement : chez Refco, qui fabrique des appareils électriques dans une zone industrielle proche d’Amman, plus de 60 % des employés sont désormais des femmes sur les lignes de production, et les ateliers sont mélangés.

Arabia Nimer, 22 ans, travaille au remplissage et au conditionnement à l’usine Safe Technology. Elle fait ce travaille pour pouvoir étudier le droit - elle travaille un semestre et étudie l’autre. Amman, Jordanie, le 28 juin 2021.

Et pour aider ces femmes, certains employeurs cherchent des solutions. Avant la pandémie de Covid-19, M. Mouaffaq a cherché à identifier un endroit pour ouvrir une garderie, peut-être en la partageant avec d’autres usines voisines. Un amendement de la loi du travail a élargi les conditions qui contraignent les entreprises à assurer ce service, une mesure jugée essentielle par les promoteurs de l’emploi des femmes. Autre révision, l’égalité de salaire entre les hommes et les femmes est désormais inscrite dans la loi. Mais encore faudra-t-il qu’elle soit appliquée.

La crise qui frappe n’empêche pas de se projeter. Nivine est déterminée à ouvrir sa propre boucherie, en n’y employant que des femmes. Inas aspire à devenir attachée commerciale au sein de l’entreprise où elle travaille, avec un meilleur salaire. Fatima, elle, aimerait suivre d’autres formations. Elle considère déjà sa progression rapide au sein de l’usine comme une réussite personnelle.

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Cet article est réalisé dans le cadre d’un partenariat avec l’Agence française de développement

Fin des jauges dans les cantines, vaccination facilitée… Les premiers éléments connus du nouveau protocole sanitaire en entreprise

Les détails du protocole sanitaire en entreprise à partir du 1er juillet seront bientôt connus. Télétravail, changements de jauges, vaccination… Telles sont les principales thématiques des nouvelles mesures accompagnant le stade 3 du déconfinement, dévoilées, mardi 29 juin, par l’Agence France-Presse (AFP) et Le Parisien. Tour d’horizon.

  • La fin des jauges dans les cantines

Selon le document du ministère du travail consulté par l’AFP, la fiche sur l’organisation et le fonctionnement des restaurants d’entreprise qui accompagne le protocole ne prévoit plus une jauge maximale de 50 % de la capacité. Elle indique simplement que les salariés doivent disposer d’une place assise, là où le document précédent prévoyait 6 chaises maximum autour des tables, éloignées elles-mêmes d’au moins deux mètres les unes des autres.

Ce changement n’aboutira cependant pas un retour à la normale. Les plages horaires doivent continuer à être adaptées « systématiquement (…) avec des horaires décalés pour réduire le nombre de convives présents simultanément », précise le protocole, selon Le Parisien, qui ajoute que le document suggère « la mise en place, dans la mesure du possible, de paniers à emporter et à consommer sur le poste de travail ».

Pour les pots, le protocole actualisé ne préconise plus qu’ils ne réunissent pas plus de 25 personnes, mais recommande toujours qu’ils se tiennent dans des espaces extérieurs.

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  • La vaccination pendant les heures de travail fortement encouragée

Alors que la campagne vaccinale montre des signes de ralentissement pour les premières doses, le protocole élargit également les possibilités pour les salariés de s’absenter pour se faire vacciner.

Jusque-là, le document indiquait que « si le salarié choisit de passer par son service de santé au travail, il est autorisé à s’absenter sur ses heures de travail ». Désormais, le protocole fait valoir qu’« il est attendu des employeurs, au regard des impératifs de santé publique, qu’ils autorisent leurs salariés à s’absenter pendant les heures de travail, pour leur faciliter l’accès à la vaccination », par exemple dans un centre en dehors de leur lieu de travail. Le document précise tout de même que « le salarié est invité à se rapprocher de son employeur afin de déterminer la meilleure manière d’organiser cette absence ».

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  • Deux jours de télétravail comme « référence »

Afin de faciliter la distanciation sociale, notamment dans les cantines, le gouvernement suggère de maintenir le télétravail. Selon Le Parisien, le protocole ne préconise aucun compte précis de jours de télétravail applicables à tous les salariés. Mais le ministère du travail a déclaré au journal régional :

« Pour donner une référence, dans la fonction publique, nous sommes à trois jours de télétravail par semaine depuis le 9 juin, puis nous passerons à deux jours par semaine au 1er juillet jusqu’à la fin août. »

Le port du masque, enfin, reste obligatoire au sein de l’entreprise, à l’exception des moments passés dans les espaces de restauration.

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Le Monde avec AFP

Espionnage de salariés à Ikea France : plusieurs condamnés, dont l’ancien PDG, font appel

Un magasin Ikea, à Plaisir, à l’ouest de Paris, en novembre 2013.

Plusieurs personnes, dont l’ancien PDG d’Ikea France Jean-Louis Baillot, ont fait appel de leur condamnation lors du procès de l’entreprise pour l’espionnage de centaines de salariés, a appris l’Agence France-Presse (AFP), mardi 29 juin, auprès du parquet de Versailles.

En première instance, le 15 juin, et à l’issue de débats houleux, la filiale française du géant de l’ameublement et M. Baillot avaient été respectivement condamnés à un million d’euros d’amende et à deux ans de prison avec sursis et 50 000 euros d’amende. Jean-Louis Baillot avait notamment été reconnu coupable de « recel de collecte de données à caractère personnel par un moyen frauduleux », pour des faits majoritairement commis entre 2009 et 2012.

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Son successeur, Stefan Vanoverbeke (2010-2015), avait, lui, été relaxé, comme l’avait demandé la procureure, notant qu’il n’y avait pas « d’élément matériel » pour l’incriminer. Outre M. Baillot, d’autres personnes ont également fait appel, parmi lesquelles le directeur administratif et financier de l’époque, Dariusz Rychert, ainsi que l’ex-directrice adjointe Sylvie Weber, tous deux condamnés à un an d’emprisonnement avec sursis et 10 000 euros d’amende.

Antécédents judiciaires, train de vie et patrimoine

Jean-Pierre Fourès, qui dirigeait la société d’investigations privée sollicitée par Jean-François Paris, l’ancien « M. Sécurité » d’Ikea France, pour obtenir des renseignements confidentiels et qui a été condamné à deux ans de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende, conteste également la décision. Un directeur de magasin et l’ancienne directrice des ressources humaines ont aussi fait appel de leur condamnation.

Ikea France avait comparu à partir de mars 2021 aux côtés de quinze prévenus, d’anciens dirigeants de l’entreprise, de directeurs de magasins, de fonctionnaires de police et du patron de la société d’investigations privée. Dans cette vaste affaire d’espionnage, instruite à partir de 2012, Ikea France et ses dirigeants de l’époque étaient accusés de s’être illégalement renseignés sur les antécédents judiciaires, le train de vie ou le patrimoine de certains salariés via la société « en conseil des affaires » Eirpace, qui aurait pioché ces données confidentielles dans des fichiers de police.

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La décision du tribunal avait suscité des réactions mitigées chez les quelque 120 parties civiles, parmi lesquelles de nombreux syndicats. Certaines s’étaient réjouies que ces condamnations « montrent que le patronat ne peut pas tout faire en France », comme l’ancien délégué Force ouvrière Adel Amara, d’autres les ont jugées insuffisantes. Le tribunal avait également contraint Ikea France à les indemniser par des dommages et intérêts compris entre 1 000 et 10 000 euros pour chacune d’entre elles.

Le Monde avec AFP

« Les inégalités sont devenues un sujet de préoccupation des banques centrales »

La pandémie de Covid-19 a amplifié un peu plus encore la hausse des inégalités déjà à l’œuvre avant la crise. Si les banques centrales ne peuvent pas freiner cette tendance, elles peuvent néanmoins contribuer à l’atténuer, explique Luiz Awazu Pereira da Silva, directeur général adjoint de la Banque des règlements internationaux. Mardi 29 juin, l’institution a publié son rapport annuel, dans lequel elle s’inquiète également de l’hétérogénéité de la reprise.

Quelles séquelles la récession engendrée par la pandémie de Covid-19 laissera-t-elle sur nos économies ?

Cette crise a été très grave, mais un peu moins qu’on aurait pu le craindre, grâce à l’action coordonnée des banques centrales et des politiques budgétaires visant à en limiter les effets. Elle laissera néanmoins de sérieuses séquelles en matière d’emploi, d’inégalités, et sur les secteurs les plus touchés.

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Les incertitudes sont nombreuses : comment les ménages utiliseront-ils l’épargne accumulée ces derniers mois ? Dans quelles mesures certains services basculeront-ils vers le numérique, avec un contenu en emploi différent ? La reprise se fera-t-elle avec la même empreinte carbone ? Cette crise offre la possibilité de rebâtir une croissance plus verte, mais aussi de penser une réponse coordonnée au niveau mondial dans la lutte contre les pandémies.

Comment cette crise va-t-elle creuser les inégalités ?

Elle a accentué les tendances déjà à l’œuvre ces dernières années. A savoir l’augmentation des inégalités de revenus et de patrimoine, dans le sillage de la révolution technologique et de la mondialisation, qui ont toutes deux fragilisé les moins qualifiés. Réduire ces inégalités passera par des politiques structurelles complexes, notamment en matière de formation et de qualification.

Les politiques monétaires expansionnistes ont-elles contribué à creuser ces inégalités ?

Comme nous l’indiquons dans le rapport, ces dernières années, les inégalités sont devenues un sujet de préoccupation qui retient de plus en plus l’attention de la communauté des banques centrales. Ces dernières reconnaissent qu’il est important de les étudier afin de mieux comprendre comment elles peuvent influer sur l’efficacité de leurs mesures.

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Les politiques monétaires traditionnelles contribuent à réduire les inégalités en luttant contre l’inflation, qui pénalise plus fortement les plus pauvres, et en limitant les récessions, qui génèrent du chômage. Mais nos travaux sur le sujet montrent qu’elles fonctionnent moins bien dans les pays où les inégalités sont très élevées. Cela tient à différents effets. La propension à consommer des ménages les plus riches est plus faible, par exemple. Ils sont donc moins sensibles aux stimulus monétaires visant à augmenter la consommation.

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Le taux de chômage est resté stable au premier trimestre 2021 en France

Le taux de chômage est resté quasi stable au premier trimestre 2021 (+ 0,1 point), pour s’établir à 8,1 % de la population active en France (hors Mayotte), selon les chiffres publiés mardi 29 juin par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

La France compte 2,4 millions de demandeurs d’emploi, soit 18 000 personnes de plus sur le trimestre, entre la fin de décembre 2020 et la fin de mars 2021. Sur un an, le taux de chômage, mesuré selon les normes du Bureau international du travail (BIT), est en hausse de 0,3 point et « retrouve son niveau de fin 2019, avant la crise sanitaire », expose l’Insee.

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« Cette quasi-stabilité tranche avec la forte variabilité » observée en 2020, a commenté Vladimir Passeron, chef du département de l’emploi et des revenus d’activité à l’Insee lors d’un point presse, sans faire de pronostic pour la suite. Des mouvements « en trompe-l’œil » avaient notamment été enregistrés, des personnes basculant vers l’inactivité faute de pouvoir réaliser des recherches actives d’emploi dans les conditions habituelles.

Ces résultats sont les premiers à tenir compte de la refonte de l’enquête emploi de l’Insee pour se conformer à un règlement européen visant à des mesures encore plus harmonisées entre pays, a-t-il expliqué. L’enquête emploi, qui existe depuis 1950, est la source principale pour mesurer les indicateurs du marché du travail. Chaque trimestre, environ 100 000 personnes sont interrogées.

Forte augmentation du chômage de longue durée

Le taux de chômage est inchangé avec cette nouvelle enquête. En revanche, la part du « halo autour du chômage », soit les personnes sans emploi qui en souhaitent un, mais qui ne satisfont pas les autres critères du BIT pour être considérées comme demandeuses d’emploi, est rehaussée de 0,8 point.

Le halo autour du chômage est néanmoins « quasi stable sur le trimestre » (− 0,1 point), concernant 2 millions de personnes. Cette part se maintient à un niveau légèrement supérieur à l’avant-crise (+ 0,1 point), mais très loin (− 2,2 points) du pic du deuxième trimestre 2020, qui était la contrepartie temporaire de la baisse « en trompe-l’œil » du chômage, explique l’Insee.

Le taux de chômage de longue durée augmente fortement, note aussi l’institut. Il s’établit à 2,5 % de la population active au 1er trimestre, en hausse de 0,4 point par rapport au trimestre précédent (+ 126 000 personnes). Cette forte augmentation, alors que le taux de chômage est quasi stable, traduit le fait que la crise économique affecte plus particulièrement, depuis déjà un an, les personnes les plus éloignées de l’emploi, relève l’Insee.

Le Monde avec AFP

Vers une organisation internationale des entreprises ?

Entreprises. Le 5 juin, le G7 a décidé d’une taxation minimale des bénéfices des entreprises multinationales. Le caractère historique de l’accord ne fait pas de doute. Car, contrairement au commerce, au travail et aux règles des marchés, le droit des sociétés et les responsabilités des entreprises ne relèvent d’aucun organisme international spécifique. Cette lacune est aujourd’hui surprenante, car la puissance des firmes et leur influence sur l’histoire sont devenues manifestes. Mais l’entreprise, comme acteur, est encore absente des représentations générales de la civilisation mondiale.

Les monnaies ou les poids et mesures ont tôt fait l’objet d’accords internationaux. Le système international des poids et mesures naît en 1875. En 1919, la jeune Société des nations (SDN) crée l’Organisation internationale du travail (OIT), qui traite des problèmes de la relation d’emploi et des droits des travailleurs. L’étalon-or est provisoirement adopté en 1944 à Bretton Woods. La même année, la fixation des tarifs douaniers donne naissance au GATT (General Agreement on Tariffs and Trade, ou Accord général sur les ­tarifs douaniers et le ­commerce), qui aboutira en 1994 à la création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

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Dans toutes ces initiatives, la coopération internationale reste centrée sur l’organisation des échanges marchands ou sur la défense de droits universels. Rien de comparable n’existe pour la définition des entreprises, de leur gouvernance et de leurs responsabilités vis-à-vis des Etats et de l’environnement. Les normes internationales en la matière ont jusqu’ici relevé de conventions professionnelles (normes comptables, codes de gouvernance…).

Réciprocité et responsabilité

Il est vrai que le statut des entreprises semblait relever de la tradition juridique de chaque nation, de sa culture, voire de son génie créateur. Mais, depuis un siècle, le niveau technique et social, ainsi que la qualité environnementale auxquels aspirent les Etats sont devenus indissociables du développement mondial des firmes. L’harmonisation mondiale de la fiscalité des entreprises va donc au-delà d’un ajustement de la concurrence entre Etats.

Elle rejoint d’autres initiatives, qui visent à instaurer de nouveaux rapports de réciprocité et de responsabilité entre les entreprises, les Etats et les territoires. En France, c’est le cas des mesures pionnières visant une nouvelle définition juridique des entreprises et une gouvernance plus responsable (loi sur le devoir de vigilance et loi Pacte). Des réformes similaires sont discutées dans le monde et au niveau de l’Union européenne (résolution du Parlement sur la gouvernance soutenable et sur la vigilance ; directive sur le reporting extra-financier).

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La France gagne en attractivité, pas en compétitivité

Un aréopage d’une centaine de patrons de multinationales (Intel, Netflix, Siemens, Moderna, JPMorgan, ThyssenKrupp, Adecco…) a repris le chemin du château de Versailles, lundi 28 juin, pour assister à la 4e édition de Choose France, le sommet annuel organisé par Emmanuel Macron depuis son élection. Le chef de l’Etat, qui avait dû annuler la réunion du 25 janvier en raison d’un regain de la pandémie de Covid-19, va y vanter une nouvelle fois les atouts du pays et les résultats de sa politique pour attirer capitaux, usines et emplois.

Avant le sommet sous les ors versaillais et un discours en faveur d’« une reprise économique plus responsable et équitable », selon l’Elysée, M. Macron a voulu donner un exemple « illustratif » des réussites tricolores. Il devait se rendre à Douai (Nord), lundi matin, sur le site de Renault, où le chinois Envision construira une usine de batteries de technologie japonaise (Nissan). Cet investissement de 2 milliards d’euros doit générer 1 000 emplois d’ici à 2024, et peut-être 2 500 à l’horizon 2030. L’usine s’intégrera à Electricity, le pôle de production de véhicules électriques de la marque au losange.

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Mardi, au lendemain du sommet, il visitera les nouveaux locaux de la banque américaine JPMorgan, qui a choisi Paris comme plate-forme européenne de ses activités de marché, situées à Londres avant le Brexit. « Avant 2017, la France n’était pas sur la carte des relocalisations, explique-t-on dans l’entourage du chef de l’Etat. De nombreux succès ont été enregistrés depuis. » Le gouvernement estime à 3 000 le nombre d’emplois directs créés dans la finance depuis le référendum sur le Brexit ; un millier pourraient s’y ajouter en 2022, renforçant la place financière de Paris, toujours concurrencée par Londres et Amsterdam.

Vingt projets bouclés depuis 2018

Depuis le premier sommet Choose France, en janvier 2018, vingt projets ont été bouclés pour 2,3 milliards d’euros d’investissements et quatorze sont en cours de réalisation pour 4,2 milliards, dont près de la moitié concerne deux paquebots géants commandés par le croisiériste italo-suisse MSC aux Chantiers de l’Atlantique. Seule une initiative modeste (9 millions) a été abandonnée. Gain total pour l’emploi : 11 000 postes de travail. Pour la 4édition, les 22 projets annoncés représentent un volume d’investissements de 3,5 milliards d’euros, censés créer 7 000 emplois dans les années à venir.

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« La recherche polaire française est à un tournant par manque de moyens »

Jérôme Chappellaz photographié dans le jardin du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), à Paris, le 27 février 2019.

Directeur de l’Institut Paul-Emile Victor, le glaciologue Jérôme Chappellaz a participé aux discussions de la 43e Réunion consultative du traité de l’Antarctique (RCTA), accueillie à Paris du 14 au 24 juin, qui a réuni à distance les 54 Etats concernés – 29 ayant droit de vote et 25 sans. Cette rencontre est l’occasion d’aborder tous les aspects de gouvernance dans la zone du traité, ayant trait à la science comme au tourisme.

Quel bilan tirez-vous de cette session diplomatico-scientifique ?

Le traité de l’Antarctique constitue un outil extraordinaire destiné à gérer 7 % de la superficie de la planète de manière collégiale entre des Etats qui ont décidé de protéger ces espaces. L’inquiétant essor du tourisme, l’usage des drones : il y aurait beaucoup de décisions à prendre. Mais la réunion tout juste terminée, on constate que le principe de consensus qui régit le traité est difficile à maintenir : un certain grand pays [la Chine] trouve à redire sur tous les sujets, même les plus anodins.

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La France est-elle encore considérée comme pionnière dans les sciences polaires ?

Sa recherche dans ces domaines reste d’excellente qualité, mais elle se trouve à un tournant par manque de moyens. On nous demande un miracle permanent. Voilà des années que je m’emploie à le faire réaliser aux décideurs. Si nous ne soutenons pas convenablement nos chercheurs, nous risquons de les perdre car rien ne les empêche de travailler ailleurs. Or il faudrait des décennies ensuite pour reconstituer une communauté de scientifiques partis exercer ailleurs.

Pour moi, le tournant date de 2005. La station franco-italienne Concordia, sur le haut plateau antarctique, a alors permis l’hivernage de scientifiques, mais les moyens de l’Institut Paul-Emile-Victor (IPEV) n’ont pas été accrus pour autant. Depuis, nous avons perdu dix postes, des ingénieurs, des techniciens que le CNRS mettait à notre disposition, et nous fonctionnons avec seulement 37 agents permanents. Or je ne suis pas en mesure de compenser ces emplois vacants par des recrutements de contractuels.

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A cette heure, j’ai douze postes à pourvoir dès que possible. J’ai même dû contractualiser notre ancien responsable des infrastructures polaires qui est à la retraite. Certains me disent que mon discours est incantatoire, alors qu’il y a effectivement le feu à la maison !

Votre message est-il entendu ?

Je dois une fière chandelle aux députés du groupe d’études pôles et grands fonds coprésidé par Jimmy Pahun, du MoDem. Grâce à eux, on a eu neuf minutes de débat à l’Assemblée nationale sur la situation de l’IPEV. C’est un succès ! L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques a aussi consacré une audition, en mai, à ce sujet. Durant la RCTA, quatre ministres se sont exprimés à ce propos et le président Emmanuel Macron a conclu par un message positif en faveur de la recherche polaire. J’attends que ces discours se traduisent par des actes en 2022.

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Création du premier syndicat CGT parisien pour la défense des livreurs en deux-roues

Le premier syndicat des « entreprises de livraison à deux-roues de Paris » a été créé samedi 26 juin afin de défendre les travailleurs indépendants des plates-formes et de les doter d’un « pouvoir d’action », a annoncé l’un de ses représentants à l’Agence France-Presse.

Ce syndicat, affilié à la Confédération générale du travail (CGT), a vocation à « regrouper les livreurs de différentes plates-formes pour être représentatif et faire entendre [leur] voix », a déclaré Mandjou Karaboue, élu samedi secrétaire général, et lui-même livreur à deux-roues. « Plus que des revendications, nous aurons désormais un pouvoir d’action pour faire appliquer le droit », a-t-il poursuivi.

Parmi les actions prioritaires de cette structure, M. Karaboue a cité « la prise en compte des accidents du travail, quotidien des livreurs en deux-roues », et « la lutte contre le racisme qui peut être subi de la part de certains clients ».

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La conquête de nouveaux droits

Quelque 70 livreurs employés par différentes plateformes (Uber Eats, Frichti, Deliveroo…) ont participé samedi matin à Paris au congrès fondateur de ce syndicat, selon Ludovic Rioux, du Collectif national CGT des livreurs (dont va dépendre ledit syndicat). Il s’agit de la huitième structure locale consacrée à la défense des livreurs de plates-formes se déplaçant à deux-roues. Il existe déjà de pareils syndicats à Bordeaux, à Toulouse, ainsi qu’à Lyon.

L’ambition de ce syndicat est « d’organiser le travail des livreurs au niveau local, d’améliorer [les] conditions de travail [de ces derniers] et d’œuvrer à la régularisation des sans-papiers », très nombreux parmi les coursiers à deux-roues, a par ailleurs fait valoir M. Rioux.

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Dans un communiqué, les livreurs de Paris ont souligné leur « volonté de s’organiser pour la conquête de nouveaux droits, à l’opposé des politiques patronales de casse des acquis sociaux, dont ils font les frais : détournement du statut de salarié, fraude aux cotisations sociales, travail dissimulé ».

La semaine passée, une cinquantaine de coursiers, majoritairement noirs, s’étaient rassemblés place de la République à l’appel du Collectif des livreurs parisiens autonomes de plates-formes pour dénoncer les discriminations et dire « stop aux insultes, [aux] agressions, [au] racisme, [au] mépris, [à la] dévalorisation ».

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Le Monde avec AFP