Archive dans 2020

Le chômage baisse mais se maintient à un niveau élevé

La situation s’améliore sur le marché du travail, tout en restant désastreuse. En mai, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) a reculé de 149 900 en France (outre-mer compris sauf Mayotte), soit -3,3 % par rapport à avril, selon les statistiques diffusées, jeudi 25 juin, par le ministère du travail et par Pôle emploi. Il s’agit d’une baisse inégalée depuis la création de ces statistiques en 1996, ce qui constitue une nouvelle encourageante.

Elle doit cependant être nuancée par un autre donnée, très impressionnante : il y avait, le mois dernier, un peu plus de 4,42 millions de personnes inscrites dans la catégorie A. Un niveau stratosphérique : jamais la barre des quatre millions n’avait été franchie avant la récession entraînée par l’épidémie de Covid-19.

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Reflux dans toutes les régions sauf la Corse

La diminution observée en mai est évidemment liée au redémarrage graduel de l’économie, qui est perceptible depuis la levée du confinement, le 11 mai. Toutes les tranches d’âge sont concernées par cette tendance, surtout chez les individus d’au moins 25 ans (-3,6 %). Les jeunes tirent aussi partie de cette embellie – très relative –, mais de façon moins nette (-1,1 %). Le reflux s’observe dans toutes les régions – exceptées la Corse.

Cette évolution s’explique principalement par le fait que des dizaines de milliers de personnes, auparavant sans poste, en ont retrouvé un en mai, tout en restant inscrites dans les fichiers de Pôle emploi. Elles ont, du même coup, basculé dans les catégories B et C – celles des demandeurs d’emploi dits en « activité réduite » : leurs effectifs ont d’ailleurs progressé fortement, de près de 211 000 (+14,2 %).

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Si on additionne les catégories A, B et C, la tendance reste orientée à la hausse, même si elle est moins soutenue en mai (+ 61 000) comparée à celle d’avril (+ 209 300) : au total, il y avait en mai 6,125 millions d’individus, avec ou sans contrat de travail, qui pointaient au service public de l’emploi. C’est le chiffre le plus élevé depuis la mise en place de cette série statistique en 1996.

Les dessous des fiançailles entre But et Conforama

Bientôt le dénouement ? Les discussions se sont accélérées entre les dirigeants de Conforama et les propriétaires de son rival But en vue de préparer d’éventuelles fiançailles entre les deux enseignes de distribution d’ameublement. Une alliance qui leur permettrait de devenir le numéro un du meuble en France avec un quart du marché, devant le géant suédois Ikea.

Après avoir sollicité le 18 mars sans succès un prêt garanti par l’Etat (PGE) de 320 millions d’euros, Conforama a été incité par les banques et l’Etat à discuter avec son concurrent But pour envisager un rapprochement, a expliqué Helen Lee-Bouygues, la présidente du conseil d’administration de Conforama Holding, aux syndicats lors d’une réunion, le 29 mai. Le courrier de Mobilux, la maison mère de But, qu’elle leur a lu, stipule que cette « marque d’intérêt » a été faite « à la demande du CIRI », la cellule de Bercy qui vient en aide aux entreprises en difficulté.

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Aucune offre ferme n’a encore, à ce jour, été formulée, mais le schéma mis sur la table a déjà séduit les syndicats. Il permettrait d’éviter un redressement judiciaire et assurerait aux 1 500 salariés qui sont actuellement sur le départ, à la suite de la restructuration de Conforama annoncée en juillet 2019, de bénéficier des conditions financières négociées lors du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE).

« Ils reprennent tout »

Celui-ci a, en effet, été suspendu dans l’attente d’une solution de financement, provoquant la colère des salariés, certains en étaient même venus à envisager des actions violentes, comme d’incendier des magasins.

Dans ces conditions, les propositions des actionnaires de But – bien que non engageantes à ce stade – ne pouvaient guère être plus rassurantes : « L’offre prendra en compte la marque Conforama, tous les magasins (sauf ceux fermés), la logistique, le SAV, le siège social, tous les salariés de Conforama (à l’exception des victimes du PSE), tous les locaux détenus par Conforama France. (…) Aucune suppression d’emploi autre que celles liées au PSE actuel n’est prévue », énumère le syndicat FO après une réunion, le 17 juin, avec les représentants de Mobilux. « Ils reprennent tout, y compris le PSE et les mesures extralégales », précise Jacques Mossé-Biaggini, délégué syndical central FEC-FO. Les deux enseignes coexisteraient, avec chacune leur autonomie, comme dans le modèle Fnac Darty. Seule « la centrale d’achat SISL n’est pas incluse dans le projet », indique FO.

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La compagnie aérienne Qantas va supprimer 6 000 emplois

Le directeur général de Qantas, Alan Joyce, lors d’une conférence de presse à Sydney (Australie), jeudi 25 juin 2020.

La compagnie aérienne australienne Qantas a annoncé, jeudi 25 juin, la suppression de 6 000 emplois et le maintien au sol d’une centaine d’appareils, et ce afin d’économiser plus de 9 milliards d’euros et de traverser la crise due au coronavirus. Le directeur général, Alan Joyce, a expliqué que ce plan de restructurations sur trois ans ne visait ni plus ni moins qu’à sauver le fleuron de l’aviation australienne de « la pire crise jamais essuyée par le secteur ».

« Cette année était censée être une année de célébrations pour Qantas, celle du centenaire », a expliqué M. Joyce dans un communiqué. « Clairement, les choses ne se passent pas comme prévu. » La chute de la demande avait déjà forcé Qantas à suspendre jusqu’en octobre 2019 tous ses vols internationaux, en dehors de ceux vers la Nouvelle-Zélande.

Le trafic intérieur est en train de repartir, car la majorité des Etats australiens sont parvenus à contenir l’épidémie. Mais les frontières internationales devraient demeurer fermées à la majorité des passagers étrangers jusqu’à l’année prochaine. Et un regain de cas à Melbourne, deuxième ville du pays, est venu rappeler que la menace du coronavirus demeurait bien réelle.

« Nous devons nous mettre en position pour plusieurs années où le chiffre d’affaires sera bien moindre. Et cela signifie de devenir une plus petite compagnie à court terme », a affirmé M. Joyce en commentant la suppression de près d’un poste sur cinq. La compagnie emploie actuellement 29 000 personnes.

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« Peu de latitude »

En plus des 15 milliards de dollars australiens d’économies, le « plan de reprise post-Covid » prévoit de lever 1,9 milliard de dollars (1,16 milliard d’euros) en actions. Le groupe a annoncé que le contrat de M. Joyce, le directeur général le mieux payé du pays, serait prolongé jusqu’à l’achèvement du plan.

Les suppressions d’emplois concerneront Qantas et sa filiale « low cost » Jetstar. Au total, 15 000 salariés sont au chômage technique depuis mars. Le groupe espère que la moitié d’entre eux auront repris le travail d’ici à la fin de l’année.

M. Joyce a reconnu « l’impact énorme » du plan de reprise « pour des milliers de personnes ». « La perte de milliards de dollars de chiffre d’affaires ne nous laisse pas beaucoup de latitude », a-t-il cependant affirmé.

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Le premier ministre australien, Scott Morrison, dont le gouvernement conservateur a débloqué des milliards de dollars australiens pour tenter de réduire les répercussions économiques de la crise, a qualifié de « déchirantes » les suppressions d’emplois chez Qantas. « Ce sont des journées difficiles pour l’Australie », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.

Marché national

Le Conseil australien des syndicats (ACTU), principale organisation syndicale du pays, a dénoncé le plan de Qantas en appelant M. Morrison à prolonger le programme d’aide « JobKeeper » qui permet aux entreprises de continuer à verser une partie des salaires en dépit de la baisse d’activité liée au coronavirus. « S’il est possible de maintenir l’emploi d’Alan Joyce, pourquoi ne peut-on pas négocier avec les syndicats le maintien de JobKeeper pour sauver ces emplois ? » s’est interrogée la présidente d’ACTU, Michele O’Neil.

Sur les 150 appareils maintenus au sol par Qantas en mars, 100 le resteront pendant une période allant jusqu’à un an, y compris tous les A380 de la flotte, a annoncé Qantas. La compagnie a également reporté les nouvelles commandes d’Airbus A321neo et de Boeing 787-9 Dreamliners.

Elle s’est dite raisonnablement optimiste pour son avenir. « Près de deux tiers de nos bénéfices d’avant la crise provenaient du marché national, qui a des chances de se remettre le plus rapidement », a souligné M. Joyce. « Nous sommes numéro un sur les liaisons classiques et à bas coût en Australie, où les distances rendent le transport aérien essentiel. »

Son seul concurrent australien, Virgin Australia, s’est mis en cessation de paiements en avril, et discute avec deux repreneurs potentiels, Bain Capital et Cyrus Capital Partners.

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Le Monde avec AFP

Portes ouvertes à l’hôpital : le podcast « Au turbin ! » explique en quatre épisodes où sont passés les moyens

« Alors que la fréquentation a explosé ces dernières années, les urgences doivent faire avec la réduction de moyens » (Façade de l'hôpital Georges-Pompidou).

A bout de souffle, c’est l’état du système de santé que la pandémie de Covid-19 a crûment mis en lumière.

Dans son podcast mensuel, la sociologue Amandine Mathivet en dresse le portrait à travers des témoignages de soignants, et de cadres de santé, qu’on a peu entendus, ainsi que d’autres acteurs du secteur médico-social, descendus dans la rue il y a quelques jours pour réclamer davantage de moyens.

Les interviews sont structurées en quatre épisodes pour entrer dans le détail du quotidien des urgences, des problématiques des cadres, de la question de l’ambulatoire, pour expliquer où sont passés les moyens et évoquer comment fonctionner autrement.

En introduction au premier podcast, sur les services des urgences, Fanny Vincent, coautrice de l’ouvrage La Casse du siècle. A propos des réformes de l’hôpital public (2019), consacré à l’hôpital public, revient sur les différentes réformes qui se sont succédé ces dernières années et les effets pervers de la tarification à l’acte.

Selon cette sociologue, ce mode de financement des établissements hospitaliers introduit en 2007 les incite à « se recentrer sur ce (…) qui est rentable pour eux », comme les greffes ou la chirurgie ambulatoire. Et ce, au détriment d’autres prises en charge, à l’instar de la gériatrie.

La spécialiste revient aussi sur la diminution des moyens alloués aux hôpitaux publics consécutive aux différentes réformes qui, en vingt ans, ont répondu à une logique de rationalisation et réorganisé les services. La priorité étant donnée à la médecine ambulatoire, cinq mille lits d’hospitalisation à temps complet ont ainsi été supprimés dans les hôpitaux publics en l’espace de vingt ans, dit-elle.

Réduction de moyens

Alors que la fréquentation a explosé ces dernières années, les urgences doivent faire avec la réduction de moyens. Précédant la pandémie, le mouvement de grève massif de 2019 avait révélé le ras-le-bol des médecins urgentistes face à la saturation de leurs services.

Interrogé dans le cadre du podcast, l’un d’entre eux décrit les choix arbitraires qu’il est amené à faire au quotidien pour pallier la pénurie de lits et les tensions qui en découlent entre les services, malgré le tri en amont des nouveaux arrivants. « J’ai régulièrement zéro lit le matin quand on commence la prise en charge des patients », dénonce ce médecin.

Le deuxième épisode donne la parole à des cadres de santé, souvent accusés d’être de mauvais gestionnaires car déconnectés du terrain. Le podcast met le doigt sur leurs propres difficultés : ces responsables administratifs doivent composer avec le manque de personnel et des agents épuisés qui enchaînent les arrêts maladie – 10,2 jours en moyenne par an pour les salariés des établissements de santé, contre 7,9 dans l’ensemble des secteurs.

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« Il est temps de poser une limite décente aux écarts de revenus »

Notre plaidoyer pour un écart décent de rémunération au sein de l’entreprise et de la société est fondé sur un simple principe éthique. Qui peut se prévaloir, quels que soient son mérite et son talent, de créer en un mois plus de richesses que quiconque en un an ? L’affirmer de façon péremptoire, c’est être oublieux de notre « endettement mutuel » : nous sommes collectivement héritiers de l’œuvre de ceux qui nous ont précédés et redevables de la communauté de travail à laquelle nous appartenons. Toute réussite personnelle est le fruit de ces deux réalités que personne ne peut nier.

« Est-ce ainsi que les hommes vivent ? » En rendant visible le caractère vital de métiers mal rémunérés, l’épisode pandémique a mis en évidence notre interdépendance non seulement planétaire mais sociale. Il nous permet d’ouvrir à nouveau un débat largement méprisé ces dernières décennies : l’échelle des salaires est un choix profondément politique qui traduit l’échelle de valeur d’une société.

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Limiter les écarts de salaire est donc constitutif du contrat social, mais aussi de notre dessein économique et écologique commun. La démesure dans la concentration des richesses génère des modes de vie incompatibles avec un développement soutenable : l’appât du gain et le consumérisme mimétique nous enferment dans une normalité marchande qui épuise nos vies et la planète. A l’inverse, poser une limite ouvre la voie à un rééquilibrage avec d’autres sphères de l’existence.

Puissant désir de justice

C’est aussi une question de saine économie. L’indécence, tout autant que l’indolence, fragilise la conscience professionnelle et l’esprit d’entreprise. L’injustice mine l’effort : une société plus égalitaire est aussi une société plus productive et plus créative. Tout nous invite donc à agir de façon préventive, en résorbant les inégalités directement à la source de la distribution des revenus.

« Tout nous invite à résorber les inégalités directement à la source de la distribution des revenus »

En effet, alors que l’impôt peine à atténuer la toxicité des effets de concentration de la richesse, notre proposition est facteur d’assainissement et d’efficacité pour l’économie. Tandis que le partage inique de la valeur produite induit une désolidarisation effective au sein de l’entreprise, le fait de poser une limite aux écarts de revenus génère une solidarité mécanique entre les dirigeants et l’ensemble des salariés reconnus comme partie constituante de celle-ci.

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Le Berry ne veut pas être rayé de la carte industrielle

Manifestation des salariés de la Halle contre la menace qui plane sur près de 500 emplois dans les deux plateformes logistiques de la Halle (Issoudin et à la Malterie à Montierchaume). 20 juin 2020 Chateauroux, France. Copyright Agnès Dherbeys / MYOP pour le Monde.

AGNES DHERBEYS / MYOP POUR « LE MONDE »

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Publié aujourd’hui à 02h34

Pour défiler dans les rues de Châteauroux en ce samedi 20 juin, elles ont soigneusement préparé leurs pancartes. Certaines ont choisi une caricature, un slogan qui fait mouche. D’autres ont préféré rappeler l’une de ces petites phrases qui font les grands discours mais sonnent parfois douloureusement, confrontées à la réalité.

Valérie, 51 ans, dont vingt-huit à travailler pour La Halle, a choisi celle-ci, tirée de la toute première allocution du président de la République sur la crise due au Covid-19, le 12 mars : « Tout sera mis en œuvre pour protéger nos salariés, nos entreprises, quoi qu’il en coûte. » En dessous, elle a ajouté : « Merci pour la facture ! La Halle, tous au chômage. »

Triple peine

Le 2 juin, les salariés de la célèbre enseigne d’habillement et de chaussures ont en effet appris, sidérés, la mise en redressement judiciaire de leur entreprise à la demande de leur maison mère, le groupe Vivarte. La fermeture des 850 magasins de la marque pendant le confinement a englouti la trésorerie d’une enseigne déjà en crise, fragilisée par des années de restructuration pour éponger une dette colossale, consécutive au rachat du groupe par LBO (par effet de levier) en 2004. 5 809 emplois sont menacés en France.

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Et particulièrement les 489 que l’enseigne compte dans le petit département de l’Indre, où sont installés les deux entrepôts logistiques de la marque, l’un à Montierchaume, l’autre à Issoudun, pour lesquels aucun repreneur ne s’est jusqu’ici officiellement porté candidat. Ils avaient jusqu’au 24 juin minuit pour faire une offre.

Manifestation des salariés de La Halle, à Châteauroux, le 20 juin.

Dans la manifestation de plusieurs centaines de salariés et d’élus qui a traversé le centre-ville de Châteauroux, une semaine après que le même cortège a traversé Issoudun, les salariés de La Halle s’inquiétaient de subir une triple peine : être au chômage, en pleine crise, dans un département particulièrement touché. « Le Berry, c’est une zone sinistrée !, s’alarmait Valérie. A la télé, on entend parler de Renault, des avions, mais personne ne parle de nous ! Alors que le Berry est en train de tout perdre ! C’est aussi pour ça qu’on est là, pour dire qu’on a beau être le Berry, on existe ! »

Derrière elle, des salariés d’Astronics PGA, fabricant d’équipements électriques pour les cabines d’avion à Montierchaume : des pancartes dans leur dos rappellent les 71 licenciements annoncés chez eux le 15 juin, consécutifs à une baisse de 50 % de l’activité.

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Un seul candidat à la reprise du chausseur André, touché de plein fouet par la crise

Un magasin André à Dunkerque (Nord), le 25 janvier 2017.

L’ancien PDG François Feijoo est le seul candidat à la reprise de l’enseigne de chaussures André (groupe Spartoo), première entreprise de la distribution à avoir été placée en redressement judiciaire en raison de la crise du Covid-19, ont confirmé, mercredi 24 juin, des sources concordantes.

L’ancien président d’Eram de 2013 à 2019, qui a déjà dirigé André lorsque l’enseigne faisait encore partie du groupe Vivarte de 2005 à 2013, est le seul candidat, a affirmé à l’Agence France-Presse (AFP) Christophe Martin, délégué central CGT de l’entreprise, confirmant une information du quotidien Les Échos.

« Effectivement, une offre a été déposée pour la reprise de 47 magasins [sur environ 180 points de vente en France] par M. Feijoo, l’ancien PDG de notre entreprise », a confirmé M. Martin.

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M. Feijoo, qui a terminé début juin un deuxième mandat de président de la Fédération du commerce spécialisé Procos, a précisé dans la soirée à l’AFP que son projet, qu’il est en train de finaliser avec des banques et des investisseurs, devrait lui permettre de reprendre « un peu plus de 200 salariés sur environ 400 ».

D’autres candidats sont sur les rangs, a-t-il précisé, mais pas pour poursuivre l’activité de l’enseigne, seulement pour en récupérer certains fonds de commerce.

Décision attendue le 24 juillet

M. Feijoo a également affirmé avoir bon espoir de réunir les fonds nécessaires, qu’il estime s’élever à « une quinzaine de millions d’euros », pour une « reprise de la société mais avec un périmètre réduit : la marque, les magasins les plus performants, le siège et les entrepôts ».

M. Martin a exprimé sa « satisfaction » car M. Feijoo « connaît très bien le monde de la chaussure et à l’époque [où il dirigeait André], cela fonctionnait très bien ; nous avions de bons résultats », a-t-il souligné. M. Feijoo défendra son projet le 1er juillet lors d’une audience devant le tribunal de commerce de Grenoble, où se trouve le siège de Spartoo, avant une décision finale attendue le 24 juillet.

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L’enseigne plus que centenaire avait été placée en redressement judiciaire le 1er avril après avoir dû fermer tous ses magasins et perdu près de quatre millions d’euros en quinze jours Achetée en 2018 par le site de vente en ligne Spartoo, André a réalisé en 2019 un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros mais essuyé 10 millions de pertes. L’enseigne avait déposé le bilan le 23 mars.

« Nous perdons 250 000 euros par jour de chiffre d’affaires » depuis la décision gouvernementale de fermer les commerces « non essentiels », avait alors expliqué Boris Saragaglia, le PDG de Spartoo.

Avant l’arrivée du Covid-19, la distribution a dû faire face à de multiples crises depuis plusieurs mois : outre les différents mouvements sociaux (« gilets jaunes », grèves contre la réforme des retraites), le secteur a subi une baisse des achats de vêtements et de chaussures neuves, une tendance des consommateurs à se tourner vers le marché de l’occasion ainsi que la mode des « sneakers », les chaussures de sport portées à la ville.

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Le Monde avec AFP

Ce que change le nouveau dispositif de chômage partiel longue durée

Selon une estimation du ministère du travail, 7,2 millions de Français ont été en chômage partiel un ou plusieurs jours par semaine en mars, 8,7 millions en avril et 7,8 millions en mai.

Trois semaines après le lancement d’une concertation pour « sauver l’emploi », Emmanuel Macron recevait, mercredi 24 juin, les partenaires sociaux pour leur dévoiler de premiers arbitrages, notamment sur le nouveau dispositif de chômage partiel de longue durée.

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Depuis trois mois, le dispositif d’activité partielle – communément appelé « chômage partiel » – a été modifié plusieurs fois et le sera encore au 1er octobre. Parallèlement est instauré un système de chômage partiel de longue durée à partir du 1er juillet.

  • Avant le Covid-19

En cas de réduction d’activité, une entreprise pouvait actionner un dispositif d’activité partielle, validé par l’administration. L’entreprise demandait un volume d’heures pour six mois. Ce régime, unifié depuis 2013 (avant coexistait un régime classique et un de longue durée), était compensé à hauteur de 7,74 euros par heure (7,23 euros pour les entreprises d’au moins 250 salariés) auprès de l’entreprise. Le salarié touchait 70 % de son salaire brut (ou 84 % du net). Rien n’interdisait à l’entreprise de compenser le reste.

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  • Pendant le confinement

Pour pallier l’arrêt brutal de l’activité et « éviter des licenciements », le gouvernement a incité les entreprises à y recourir largement et a porté à un an la durée autorisée. Le salarié touchait toujours 84 % de son salaire net, mais l’entreprise était compensée à 100 % de l’indemnité versée au salarié, jusque 4,5 fois le smic (au lieu du niveau du smic auparavant).

Plusieurs catégories de salariés (salariés à temps partiel, intérimaires, salariés au forfait jour, VRP, employés à domicile, apprentis, saisonniers, etc.) ont intégré le dispositif. A aussi été instituée la possibilité d’individualiser le chômage partiel au sein d’une même équipe.

Parallèlement, le dispositif a été utilisé à compter du 1er mai pour indemniser les salariés dans l’impossibilité de travailler parce qu’ils gardaient des enfants et qui, depuis le début du confinement, avaient pu se mettre en arrêt maladie.

En revanche, CDD et intérimaires de courte durée ne pouvaient bénéficier de ce filet de sécurité, ni les indépendants qui ont, eux, bénéficié d’un fonds.

Selon une estimation du ministère du travail, 7,2 millions de Français ont été en chômage partiel un ou plusieurs jours par semaine en mars, 8,7 millions en avril et 7,8 millions en mai. L’Etat a budgété 31 milliards sur l’année pour payer la facture.

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  • Après le confinement

Pour « accompagner la reprise », le gouvernement a réduit la voilure depuis le 1er juin : les entreprises sont désormais compensées non plus à 100 % mais à 85 % par l’Etat et l’Unédic, toujours dans la limite de 4,5 smics. Hôtellerie, restauration, tourisme, événementiel, culture, transport aérien… tous les secteurs très touchés ne sont pas concernés par la baisse et continuent d’être pris en charge à 100 %.

  • Un nouveau régime pour la rentrée

A compter du 1er octobre, le chômage partiel sera pris en charge par l’Etat à hauteur de 72 % du salaire net (60 % du brut) pour le salarié, avec une compensation à hauteur de 60 % pour les entreprises. Il sera valable pour trois mois renouvelables une fois.

  • Un dispositif alternatif : activité réduite de maintien dans l’emploi

Parallèlement est instaurée « l’activité réduite de maintien dans l’emploi », qui entrera en vigueur le 1er juillet. Ce chômage partiel de longue durée a été acté dans son principe par le projet de loi sur l’urgence sanitaire. En jeu : aider les entreprises « confrontées à une réduction d’activité durable qui n’est pas de nature à compromettre leur pérennité », en contrepartie d’engagements sur l’emploi. Il autorise une réduction du temps de travail maximale de 40 %.

Condition : il doit obligatoirement faire l’objet d’un accord majoritaire collectif dans l’entreprise ou dans la branche et inclure « les engagements spécifiquement souscrits en contrepartie, notamment pour le maintien de l’emploi ». Dans une petite entreprise (moins de 11 salariés), en l’absence de délégué syndical, l’accord peut passer par référendum.

Le salarié touchera 84 % de son salaire net. L’entreprise sera compensée à 85 % de l’indemnité versée au salarié (soit 15 % de reste à charge), pour un accord conclu avant le 1er octobre, et 80 % pour un accord conclu après.

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Le Monde avec AFP

Le nouveau dispositif de chômage partiel longue durée sera indemnisé à 84 % du salaire net

L’annonce était très attendue. Trois semaines après le lancement d’une concertation pour « sauver l’emploi », Emmanuel Macron recevait à nouveau, mercredi 24 juin, les partenaires sociaux pour leur dévoiler de premiers arbitrages, notamment sur le nouveau dispositif de chômage partiel de longue durée.

Ce dispositif entrera en vigueur le 1er juillet et indemnisera les salariés à hauteur de 84 % de leur salaire net avec un reste à charge de 15 % pour les entreprises pour une durée maximale de deux ans, a fait savoir l’Elysée, à l’issue de la rencontre. Ce régime de base, ainsi redéfini, sera valable pour six mois maximum.

Ce système, dont le principe a été acté par la loi d’urgence sanitaire, sera plus avantageux que le régime classique de chômage partiel, qui, à compter du 1er octobre, n’indemnisera plus les salariés qu’à hauteur de 72 % du salaire net avec un reste à charge de 40 % pour les entreprises. Actuellement il permet à une entreprise dont l’activité est réduite d’indemniser le salarié à hauteur de 84 % du net (100 % pour le smic) dans la limite de 4,5 smic, avec un reste à charge de 15 % pour les entreprises.

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Laurent Berger, le secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), s’est dit satisfait que l’indemnisation des salariés ne baisse pas au 1er juillet, comme cela avait été un temps envisagé. Le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a lui aussi salué le fait que cette baisse de prise en charge, qui concerne tant l’entreprise que le salarié, n’intervienne qu’en octobre.

Conditionné à un accord d’entreprise ou de branche

L’exception demeure pour la liste des secteurs les plus touchés (tourisme, restauration, etc.) : ils restent avec le même dispositif que celui mis en place au début du confinement à la mi-mars, à savoir une prise en charge à 100 % par l’Etat de l’indemnité versée aux salariés, et ce jusqu’au 30 septembre.

Très attendu par les entreprises, le nouveau dispositif de chômage partiel longue durée est conditionné à un accord d’entreprise ou de branche, qui doit prévoir en contrepartie des engagements en matière d’emplois. Il est destiné aux secteurs qui sont les plus en difficulté, comme l’aéronautique et le tourisme, et autorise une réduction du temps de travail maximale de 40 %. Il pourra s’appliquer pour une durée comprise entre six mois et deux ans.

L’entreprise sera compensée à 85 % de l’indemnité versée au salarié (soit 15 % de reste à charge) pour un accord conclu avant le 1er octobre, et 80 % pour un accord conclu après, a-t-on précisé à l’Elysée, qui estime offrir ainsi « un très haut niveau de protection ». L’Etat s’engage également à prendre en charge les frais de formation à hauteur de 80 %, pour permettre à ces salariés en activité réduite de se former.

Selon la Dares (direction des statistiques du ministère du travail), 7,8 millions de salariés auraient été en chômage partiel en mai, même si pour l’instant seulement 4,6 millions de demandes d’indemnisation ont été déposées.

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Le Monde avec AFP

Fauchon, l’emblème de l’épicerie fine, fauché par la crise

La place de la Madeleine à Paris n’est pas totalement sortie du confinement. Des adresses gourmandes restent encore portes closes. A l’image de la maison de caviar Prunier, du salon de thé Café Pouchkine ou du magasin Fauchon, au numéro 30. Tout un symbole. L’emblème de l’épicerie fine a, en effet, annoncé, mardi 23 juin, le placement en redressement judiciaire de sa filiale Fauchon SAS, englobant ses magasins place de la Madeleine.

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« C’est la conséquence de tout ce que l’on a subi », explique Samy Vischel, le PDG du groupe, énumérant les attentats de 2015, puis les mouvements des « gilets jaunes » en 2018, les manifestations contre la réforme des retraites fin 2019 et début 2020, et enfin la crise due au Covid-19, qui a entraîné la fermeture complète des établissements mi-mars.

Restructuration accélérée

Même si le magasin-restaurant du 24 de la place a rouvert début juin, les clients ne se pressent pas. « En juin, nous enregistrons une baisse de chiffre d’affaires de 80 % par rapport à l’année dernière. La clientèle touristique n’est pas là et les hommes d’affaires qui travaillent autour de la Madeleine sont encore en télétravail », souligne M. Vischel.

Mais les charges, elles, continuent de peser même si, sur les 107 salariés de Fauchon SAS, une cinquantaine sont encore en chômage partiel. « Depuis le début du confinement, on essaye de négocier avec les bailleurs. A part le report des échéances de loyer, nous n’avons rien obtenu. Or, les loyers de nos emplacements place de la Madeleine représentent près de 2,5 millions d’euros par an », explique M. Vischel, avant de préciser que Fauchon SAS accuse trois années successives de pertes. Quant à la demande d’un prêt garanti par l’Etat, elle est à l’examen.

« Nous réfléchissons à d’autres implantations dans Paris, avec des surfaces plus petites. Il faut répartir les risques », Samy Vischel, PDG de Fauchon

Une situation de crise qui incite l’entreprise à accélérer sa restructuration. Déjà en janvier, le groupe détenu par Michel Ducros, qui a fait fortune dans les épices et est entré au tour de table de Fauchon en 1998, avait placé sa filiale Fauchon Réceptions en redressement judiciaire. La cuisine de 4 000 m2 installée à Saint-Ouen devait être rasée dans le cadre du projet de futur village olympique de 2024. Les 70 salariés ont été licenciés. Trois repreneurs s’étaient dits intéressés par la marque Fauchon Réceptions, mais la crise liée au Covid-19 a suspendu les projets.

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