Le Berry ne veut pas être rayé de la carte industrielle

Le Berry ne veut pas être rayé de la carte industrielle

Manifestation des salariés de la Halle contre la menace qui plane sur près de 500 emplois dans les deux plateformes logistiques de la Halle (Issoudin et à la Malterie à Montierchaume). 20 juin 2020 Chateauroux, France. Copyright Agnès Dherbeys / MYOP pour le Monde.

AGNES DHERBEYS / MYOP POUR « LE MONDE »

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Publié aujourd’hui à 02h34

Pour défiler dans les rues de Châteauroux en ce samedi 20 juin, elles ont soigneusement préparé leurs pancartes. Certaines ont choisi une caricature, un slogan qui fait mouche. D’autres ont préféré rappeler l’une de ces petites phrases qui font les grands discours mais sonnent parfois douloureusement, confrontées à la réalité.

Valérie, 51 ans, dont vingt-huit à travailler pour La Halle, a choisi celle-ci, tirée de la toute première allocution du président de la République sur la crise due au Covid-19, le 12 mars : « Tout sera mis en œuvre pour protéger nos salariés, nos entreprises, quoi qu’il en coûte. » En dessous, elle a ajouté : « Merci pour la facture ! La Halle, tous au chômage. »

Triple peine

Le 2 juin, les salariés de la célèbre enseigne d’habillement et de chaussures ont en effet appris, sidérés, la mise en redressement judiciaire de leur entreprise à la demande de leur maison mère, le groupe Vivarte. La fermeture des 850 magasins de la marque pendant le confinement a englouti la trésorerie d’une enseigne déjà en crise, fragilisée par des années de restructuration pour éponger une dette colossale, consécutive au rachat du groupe par LBO (par effet de levier) en 2004. 5 809 emplois sont menacés en France.

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Et particulièrement les 489 que l’enseigne compte dans le petit département de l’Indre, où sont installés les deux entrepôts logistiques de la marque, l’un à Montierchaume, l’autre à Issoudun, pour lesquels aucun repreneur ne s’est jusqu’ici officiellement porté candidat. Ils avaient jusqu’au 24 juin minuit pour faire une offre.

Manifestation des salariés de La Halle, à Châteauroux, le 20 juin.

Dans la manifestation de plusieurs centaines de salariés et d’élus qui a traversé le centre-ville de Châteauroux, une semaine après que le même cortège a traversé Issoudun, les salariés de La Halle s’inquiétaient de subir une triple peine : être au chômage, en pleine crise, dans un département particulièrement touché. « Le Berry, c’est une zone sinistrée !, s’alarmait Valérie. A la télé, on entend parler de Renault, des avions, mais personne ne parle de nous ! Alors que le Berry est en train de tout perdre ! C’est aussi pour ça qu’on est là, pour dire qu’on a beau être le Berry, on existe ! »

Derrière elle, des salariés d’Astronics PGA, fabricant d’équipements électriques pour les cabines d’avion à Montierchaume : des pancartes dans leur dos rappellent les 71 licenciements annoncés chez eux le 15 juin, consécutifs à une baisse de 50 % de l’activité.

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