La marque de prêt-à-porter Esprit placée en liquidation judiciaire en France

La marque de prêt-à-porter Esprit a été placée en liquidation judiciaire en France, quatre mois après que le groupe a annoncé avoir déposé le bilan pour ses activités en Europe. « L’activité ne peut plus être poursuivie et (…) il n’existe aucune possibilité de présenter un plan de redressement permettant d’apurer le passif », a estimé le tribunal de commerce de Nanterre (Hauts-de-Seine) dans sa décision datée du jeudi 9 septembre et consultée par l’Agence France-Presse (AFP).

Esprit de Corp France, basé à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), avait été placé en redressement judiciaire le 18 juillet. « A la date de clôture du dernier exercice social », l’entreprise employait en France 145 salariés et son chiffre d’affaires annuel s’élevait à près de 32 millions d’euros, pouvait-on lire dans la décision de redressement judiciaire de juillet.

La marque était alors présente dans plus d’une centaine de points de vente en France, selon son site consulté en juillet.

Séquelles de la pandémie de Covid-19

Le groupe, basé en Allemagne et coté à la Bourse de Hong Kong, avait annoncé en mai qu’il avait déposé le bilan pour ses activités en Europe, tablant sur une restructuration pour surmonter ses difficultés, liées notamment à la hausse de ses coûts et aux séquelles de la pandémie de Covid-19.

Le dépôt de bilan concerne la filiale Esprit Europe et six autres sociétés allemandes du groupe. Les filiales en Suisse et en Belgique, où Esprit a aussi des magasins, avaient déposé le bilan en mars et en avril.

Cette enseigne de vêtements a été fondée en 1968 à San Francisco par un couple hippie américain, Douglas et Susie Tompkins – également à l’origine de la marque The North Face –, qui vendaient leurs premiers articles en sillonnant la Californie à bord d’un minibus Volkswagen.

Les fondateurs ne sont plus aux commandes depuis longtemps. Le groupe est coté depuis 1993. Son siège est situé en Allemagne à Ratingen, près de Düsseldorf (ouest du pays). Esprit indique être présent dans plus de 40 pays avec 586 magasins.

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Le Monde

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Prisma Media : un plan de départs en discussion

Deux ans après la clause de cession qui avait déjà vu une centaine des 400 journalistes quitter Prisma Media (Capital, Géo, Voici, Femme actuelle, Télé-Loisirs), de nouveaux départs pourraient bien se succéder d’ici à la fin de l’année au sein du groupe de presse magazine détenu par Vivendi. Au total, une cinquantaine de personnes pourraient être concernées par la rupture conventionnelle collective (RCC) voulue par la direction, et justifiée par une baisse de la rentabilité du groupe.

En 2023, Vivendi, dont le premier actionnaire, le groupe Bolloré, était en train d’absorber le groupe Lagardère, avait été contraint de se séparer du magazine people Gala sous la pression des autorités antitrust de Bruxelles, alors que l’hebdomadaire était particulièrement rentable.

Les départs envisagés par ces nouvelles mesures de départs volontaires pourraient effectivement améliorer la rentabilité du groupe, mais à la marge, minimise la direction, affirmant que celles-ci étaient déjà dans les cartons de Prisma lorsque Vivendi a acquis le groupe en 2021, bien avant la cession de Gala.

« Mauvais signal »

Vingt embauches viendraient compenser en partie le plan de départ, ce qui aboutirait à trente suppressions de postes sur 800 CDI. Sans connaître le périmètre exact visé ni les postes concernés dans un premier temps, les syndicats de l’entreprise avaient été prévenus de la volonté d’une RCC jeudi 23 mai, lors du Comité social et économique (CSE), comme l’avait révélé le média spécialisé L’Informé, lundi 27 mai.

Comme annoncé, les fonctions supports (marketing, ressources humaines, finances) sont visées par le plan de départs. A en croire la direction − qui aimerait le voir aboutir d’ici au 19 juillet −, l’idée est de permettre aux professions qui n’étaient pas en droit de prendre la clause de cession, réservée aux journalistes, de bénéficier de conditions de départ favorables. Mais depuis la dernière réunion mercredi 29 mai, les syndicats ont eu confirmation que la RCC pourrait ne pas se limiter pas aux fonctions supports : les postes concernant la fabrication, la diffusion, et les abonnements sont aussi concernés. Les magazines Capital et Géo pourraient donc aussi faire les frais du plan de départ. Si le premier titre n’a finalement pas été transformé en hebdomadaire en 2023, le second a été relancé avec une nouvelle formule en décembre.

« On touche quasi exclusivement des fonctions liées au print, ça envoie un mauvais signal », déplore Emmanuel Vire, secrétaire général du syndicat SNJ-CGT et journaliste à Géo. « On va négocier les conditions de départ, car c’est mieux que des ruptures conventionnelles individuelles au rabais, mais on va tout autant s’intéresser à ceux qui restent après, car on craint qu’il y ait des conséquences négatives sur la production », prévient M. Vire.

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Au quotidien régional « Ouest-France », une grève pour les salaires et l’avenir

Le siège de la rédaction lorientaise de « Ouest-France », en 2019.

Olivier Heurtault a beau fouiller ses souvenirs, le syndicaliste de Force ouvrière (FO) ne trouve pas trace d’un tel mouvement de contestation au sein du journal Ouest-France. Le rotativiste montre du menton les drapeaux des syndicats qui flottent, jeudi 20 juin, devant le siège du quotidien à Rennes. Toutes les organisations représentant les salariés du titre français le plus diffusé (628 393 exemplaires quotidiens en 2023) sont présentes. Au micro de la sono posée sur le trottoir, journalistes, ouvriers de l’imprimerie, salariée de la photothèque, secrétaire… se relaient pour expliquer cette mobilisation conduisant à la non-parution en kiosque de l’édition du vendredi 21 juin. « On assiste à un ras-le-bol général nourri par de profondes inquiétudes sur l’avenir du journal », commente Olivier Heurtault.

La grève a été décidée en vingt-quatre heures à la suite d’une réunion houleuse sur les négociations annuelles obligatoires (NAO). Depuis des mois, les syndicats réclament une hausse généralisée des salaires. Selon eux, 40 % des employés n’ont pas profité de revalorisation depuis 2012. « La direction a fermé la porte brutalement avant d’envisager de rogner les congés et les RTT. Cette réponse nous a sidérés », décrit Christophe Bredin, journaliste et délégué CFDT.

Critiquée pour avoir augmenté les dix cadres les mieux rémunérés de l’entreprise, la direction nuance en soulignant la hausse de la masse salariale globale de 10 % entre 2020 et 2023 à coups d’embauches, d’augmentations individuelles ou automatiques. Dans un communiqué interne publié le 19 juin, les responsables justifient leur refus par la fragilité économique du titre : « Nos charges sont supérieures à nos revenus et notre résultat d’exploitation est déficitaire à hauteur de 10 millions. La projection à fin 2024 est du même niveau. »

Lire le décryptage | Article réservé à nos abonnés La diffusion de la presse a reculé de 4,6 % en France en 2023

« Double discours »

Christelle Guibert, journaliste et déléguée SNJ, reproche « un double discours » : « Aujourd’hui, l’entreprise est dans le rouge. Il y a quelques jours, la direction certifiait avoir les reins solides pour initier des projets d’envergure. » Ouest-France a su mobiliser des ressources pour candidater à l’obtention d’une fréquence TNT. Le budget nécessaire à la création d’une chaîne de télévision serait de 70 millions d’euros sur sept ans, selon les syndicats. La direction évoque un budget de 10 millions entre 2025, année de lancement espérée, et 2028.

« Ce dossier n’impactera pas directement les comptes de Ouest-France », se contente de répondre le directoire du journal aux sollicitations du Monde. Cette manne provient de la holding Sipa détenant Ouest-France ainsi qu’une multitude de périodiques locaux, de magazines, de radios et de sites Internet… Contrôlée par l’Association pour la sauvegarde des principes de la démocratie humaniste assurant l’indépendance du journal en le préservant de tout rachat, la société Sipa est critiquée pour son « opacité » par les salariés du journal, incapables de jauger la santé des filiales.

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Le sport, instrument de « soft power » pour les forces de l’ordre

La policière Anaïs Bourgoin participe au 800 m féminin d’athlétisme lors des Jeux olympiques de Paris 2024, au Stade de France, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), le 4 août 2024.

Son échec en demi-finale du 800 m dames, dimanche 4 août, n’a pas empêché Anaïs Bourgoin de recevoir l’ovation du public du Stade de France. La policière de 27 ans a pourtant failli ne jamais connaître ce frisson. Gardienne de la paix à temps plein dans le 18e arrondissement de Paris, la jeune femme avait dû prendre une disponibilité pour s’entraîner et espérer améliorer des performances lui interdisant jusque-là une sélection aux Jeux olympiques (JO). Aux championnats d’Europe d’athlétisme du mois de juin, à Rome, sa stratégie paie et ses résultats lui permettent de se qualifier. Début juillet, elle obtient in extremis son sésame, l’inscription sur la liste de sportifs de haut niveau du ministère des sports sans laquelle elle ne pourrait concourir.

Avec ses cinq médaillés aux Jeux olympiques – l’or pour Kauli Vaast en surf ; l’argent pour Anastasiia Kirpichnikova (1 500 m nage libre) et Camille Jedrzejewski (tir au pistolet à 25 m) ; le bronze pour Sébastien Patrice et Maxime Pianfetti (sabre par équipe) – et un espoir, Gabriel Tual, qualifié, vendredi 9 août, pour la finale du 800 m, la police nationale tire les bénéfices d’une politique récente, motivée à la fois par la promotion de la pratique sportive en son sein et d’évidentes considérations de communication.

Longtemps contraints de suivre une scolarité à l’école de gardiens de la paix, les sportifs de haut niveau de la police ne bénéficiaient que d’aménagements très limités au long de leur carrière pour espérer s’entraîner au niveau requis pour briller dans les compétitions internationales, gage de cohésion interne, d’émulation mais aussi de retombées en matière d’image pour l’institution.

Les athlètes paralympiques, eux, étaient tout bonnement exclus du système, les critères d’aptitude physique au concours de gardien de la paix ne leur permettant pas de postuler. Fin 2022, la mission sport de l’institution met en place un nouveau dispositif en collaboration avec l’Agence nationale du sport. Désormais, les athlètes peuvent être recrutés comme contractuels après avoir reçu une simple formation de policiers réservistes, maniement de l’arme de service compris – sans doute une formalité pour Camille Jedrzejewski, médaille d’argent au tir au pistolet à 25 m et bénéficiaire du dispositif.

« Nous souhaitons donner à nos champions les meilleures conditions possibles pour éviter la précarité financière qui touche beaucoup de sportifs de haut niveau et leur permettre de s’entraîner pour performer et offrir des médailles à la France », explique la commissaire divisionnaire Rachel Costard, cheffe de la mission sports de la police nationale et ancienne compétitrice d’athlétisme et de volley-ball. Son adjoint, le commandant Jean-François Briand, n’a pas bénéficié des mêmes conditions que les soixante-six athlètes de l’équipe police nationale (et huit pour les Jeux paralympiques) engagée en 2024 dans vingt-quatre disciplines : après avoir participé aux épreuves de kayak à l’occasion des JO de Barcelone, en 1992, il a passé le concours de gardien de la paix tout en continuant à s’entraîner, sans dispositif d’aide spécifique.

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En Allemagne, la querelle sur l’« allocation citoyenne » révèle le malaise de la société sur le travail

C’était l’une des réformes emblématiques du chancelier social-démocrate Olaf Scholz. Et elle est désormais l’une des plus critiquées de la coalition qu’il dirige : l’« allocation citoyenne » (Bürgergeld). Cette prestation, qui a réformé l’allocation chômage de longue durée, est devenue le synonyme d’une politique sociale jugée trop généreuse par ses opposants, dans le contexte d’une croissance faible, d’une pénurie de main-d’œuvre et de tension sur les finances publiques.

Pour le Parti social-démocrate (SPD), la réforme était une promesse centrale de campagne. Elle donnait l’occasion de solder enfin le douloureux épisode des réformes du chancelier Schröder (2003-2005), qui avaient réduit la durée d’indemnisation du chômage à un an. Au-delà de cette période, un demandeur d’emploi basculait vers l’allocation minimum dite « Hartz IV », assortie d’un régime de sanctions en cas de non-acceptation d’un emploi « raisonnable » ou de non-présentation à un rendez-vous.

L’ancien système, jugé infantilisant et tatillon par de nombreux chômeurs, avait coûté beaucoup de voix au SPD dans les milieux populaires. Le Bürgergeld entendait changer l’« esprit » du dispositif de soutien aux demandeurs d’emploi : l’« encouragement » et l’« autonomisation » étaient les nouveaux mots d’ordre. Les sanctions devaient être réduites au minimum, la formation devenir la priorité afin de « respecter la dignité de l’individu et de lui permettre de participer à la société ».

Grande désillusion

Dix-huit mois après son adoption, la réforme concentre les critiques et est accusée d’avoir alimenté la montée de l’extrême droite, qui pointe actuellement à 18 % dans les sondages outre-Rhin. Sur le fond, plusieurs enquêtes ont montré que l’adoucissement des sanctions n’a pas eu les effets escomptés. Les chiffres de l’agence pour l’emploi témoignent d’une augmentation très faible des parcours de formation dans le cadre de l’allocation citoyenne depuis son introduction : 7 % de plus seulement par rapport à l’année précédente.

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Mais c’est surtout la hausse record de son montant en 2024 : + 12 % en 2024 en raison de l’inflation, soit 563 euros par mois pour un adulte seul, en plus du logement et du chauffage, qui a suscité le plus de frustrations. Dans un pays où la forte hausse des prix a affecté la vie de nombreux salariés ces deux dernières années, l’ajustement de l’allocation a été mal vécu. Une enquête menée par l’Institut de recherche économique de Berlin (DIW), proche des syndicats, a également révélé que les agences pour l’emploi, responsables de l’accompagnement des chômeurs, étaient très critiques sur la réforme et doutaient de son efficacité.

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Grève pour les salaires au quotidien « Ouest-France », pas de parution vendredi

Cette photo prise le 19 janvier 2021 montre le logo du journal régional « Ouest-France », au siège de Nantes.

Les rotatives vont arrêter de tourner, une nuit durant au moins. Le quotidien Ouest-France est touché, jeudi 20 juin, par un mouvement de grève à l’appel de l’intersyndicale qui devrait empêcher l’impression et donc la parution du journal papier daté de vendredi en raison de « l’échec des négociations annuelles obligatoires » (NAO), a appris l’Agence France-Presse de sources syndicales.

« Mardi, on a eu une réunion NAO qui a tourné court. La direction a fait état de mauvais résultats pour rejeter nos demandes d’augmentation », a expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) Christelle Guibert, représentante du Syndicat national des journalistes (SNJ) à Ouest-France. Concernant les rotativistes, qui assurent l’impression la nuit du journal, « on a eu une assemblée générale hier soir, et on a voté pour la grève la nuit prochaine. Et si on n’a pas de retour [de la direction], on a également voté pour faire grève la nuit suivante », a déclaré à l’AFP Olivier Heurtault, secrétaire général de la section Force ouvrière (FO) des rotativistes.

Un préavis de grève est également envisagé pour le 30 juin, jour du premier tour des élections législatives. « Les discussions se poursuivent, le dialogue n’est pas rompu », a de son côté expliqué Caroline Tortellier, chargée de la communication externe du groupe. Les versions papier du quotidien ne devraient pas sortir des rotatives vendredi, mais « le journal sortira en version numérique », a-t-elle ajouté.

Le quotidien est imprimé sur deux sites, à Chantepie, en périphérie de Rennes, et à la Chevrolière, en limite de Nantes. De cette imprimerie sortent également les quotidiens Presse Océan, Le Courrier de l’Ouest et Le Maine libre, qui appartiennent au groupe Ouest-France, et ne devraient donc pas sortir en édition papier non plus vendredi, bien qu’ils ne soient pas concernés par le mouvement de grève.

Les syndicats contestent les chiffres de la direction. Ils font notamment valoir que le groupe s’est porté candidat auprès de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle (Arcom) en vue de développer une chaîne de télévision nationale sur la TNT. Un investissement, chiffré à « 70 millions d’euros », selon les syndicats.

« L’an dernier, on n’a pas eu de vraies NAO », considère Christelle Guibert. Seuls les plus bas salaires, soit 60 % des salariés, ont obtenu une revalorisation. « On trouve inadmissible cette absence d’augmentation depuis plusieurs années, alors que les dix plus gros salaires de Ouest-France se sont augmentés de 12 % sur les trois dernières années », a complété Olivier Heurtault.

Des chiffres contestés par la direction, selon qui les dix plus gros salaires ont été augmentés de 8,8 % et non 12 %, « alors que sur la même période les salaires ont augmenté de 10 % ». Les salariés de Ouest-France ont bénéficié d’augmentations générales par pallier, entre un et trois pour cent, ainsi que d’augmentations individuelles, notamment liées à des évolutions de statut, selon Mme Tortellier.

Le 20 juin, le tirage de Ouest-France, premier quotidien payant français, a été de 492 500 exemplaires, auxquels s’ajoutent 18 400 pour Presse-Océan, 29 200 pour Le Maine libre et 61 000 pour Le Courrier de l’Ouest.

Le Monde avec AFP

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Altice : une directrice licenciée au moment de l’affaire de corruption poursuit le groupe en justice

Le siège social d’Altice à Lisbonne, le 24 juillet 2023.

Le 13 juillet 2023, c’est la stupeur chez SFR, la principale filiale française d’Altice, le groupe de Patrick Drahi. Les salariés de l’opérateur de télécoms viennent d’apprendre l’arrestation, au Portugal, d’Armando Pereira, l’associé historique de l’homme d’affaires, pour des faits présumés de malversations financières. Une enquête interne est rapidement ouverte. Pour ses besoins, il est demandé aux cadres dirigeants de remettre ordinateurs et téléphones professionnels. C’est ce que fait Tatiana Agova-Bregou, la directrice exécutive chargée des contenus audiovisuels de SFR, le 20 juillet, veille de son départ en vacances en Bulgarie, son pays de naissance.

Mais, onze jours plus tard, le 31 juillet, Altice France lui notifie une dispense d’activité, suspend ses accès aux réseaux et aux bureaux de l’entreprise et lui adresse des lettres de démission de ses mandats sociaux pour qu’elle les signe avant le 2 août. N’ayant pas reçu de réponse à cette date, la direction la révoque de tous ses mandats sociaux pour « trouble objectif caractérisé au bon fonctionnement de l’entreprise ». En cause : la relation intime que Mme Agova-Bregou entretient avec M. Pereira, une liaison révélée par des écoutes téléphoniques menées par la justice portugaise, dont des extraits ont été publiés, le 26 juillet, par le journal Sabado.

Alors que le scandale ébranle l’empire de Patrick Drahi, le groupe doit faire tomber des têtes. Mme Agova-Bregou est la première touchée chez SFR. Sa révocation est communiquée aux salariés dès le 2 août, lors d’un comité central d’entreprise, puis rapidement reprise par les médias. « A cette date, c’est la seule salariée d’Altice France suspendue », indique le compte rendu du comité central d’entreprise tenu ce jour-là. Les semaines suivantes, une quinzaine de cadres quitteront l’entreprise, licenciés ou discrètement poussés à la démission, pour la plupart en raison de leur proximité ou de leurs liens familiaux avec M. Pereira.

Depuis, celle qui a commencé sa carrière en janvier 2010 chez Numericable, l’une des premières entreprises de Patrick Drahi, avant de gravir les échelons, conteste vivement sa révocation. Une première procédure a été lancée en juin 2024 devant les prud’hommes, puis une seconde, plus récente, devant le tribunal de commerce de Paris. Selon les informations du Monde, Mme Agova-Bregou a assigné, le 14 août, les sociétés SFR Presse Distribution et Sportscotv, les deux filiales de l’opérateur dont elle était mandataire sociale, pour « révocation abusive, dans des circonstances brutales et vexatoires portant atteinte à son honorabilité et sans respect du principe du contradictoire ».

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Le groupe Avril seul candidat à la reprise de l’usine du biochimiste Metabolic Explorer d’Amiens

Un peu plus de deux mois après sa demande de placement en redressement judiciaire, l’usine amiénoise du biochimiste Metabolic Explorer (MetEx) peut se reprendre à espérer. Le groupe agroalimentaire Avril a déposé une offre de reprise, lundi 3 juin, juste avant l’expiration du délai fixé par le tribunal de commerce de Paris. Elle permettra de maintenir 304 emplois, précise Avril.

Outre le site d’Amiens, qui compte 280 salariés, l’offre de reprise inclut « des activités R&D (recherche et développement) indispensables à son exploitation (dont certaines situées à Saint-Beauzire, Puy-de-Dôme), ainsi que les activités commerciales » à Paris, ajoute Avril dans un communiqué. « Cette offre associe, aux côtés d’Avril, le fonds d’investissement Sociétés de projets industriels (SPI), géré par Bpifrance pour le compte de l’Etat » et a été construite « grâce au soutien de la région Hauts-de-France et d’Amiens Métropole », précise le groupe.

« C’est l’équipe de France de l’industrie qui gagne » avec « un grand groupe français de l’industrie agroalimentaire qui reprend une très belle usine », s’est félicité Roland Lescure, le ministre délégué à l’industrie. Présent lundi devant l’usine, ce dernier a dit travailler à présent à la levée d’une vingtaine de conditions suspensives, que ni lui ni Avril n’ont souhaité détailler. L’audience définitive du tribunal de commerce de Paris est prévue le 1er juillet, a-t-il précisé.

Si elle est alors validée, la reprise de l’usine par Avril doit intervenir au plus tard fin juillet, a déclaré à l’Agence France-Presse Rudolph Hidalgo, directeur général adjoint de MetEx, qui se réjouit d’avancées « très positives », après avoir cru un temps qu’aucune solution ne serait trouvée.

Avril, connu pour ses marques d’huile Lesieur et Puget mais aussi présent dans les agrocarburants et l’alimentation des animaux d’élevage, affirme porter un projet industriel qui « répond pleinement à l’enjeu de décarbonation et de souveraineté française et européenne des filières de production animales ». L’usine produit habituellement 100 000 tonnes d’acides aminés par an, primordiaux pour la croissance musculaire des animaux d’élevage, essentiellement de la lysine. « L’incorporation de lysine dans l’alimentation du bétail permet de réduire le recours au soja importé au profit de protéines végétales locales (colza, tournesol…) », souligne le groupe.

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Enjeu de la campagne des européennes

Pour François Ruffin (LFI), député de la Somme, c’est « une victoire pour les salariés et pour la Picardie, mais aussi pour la France et pour la planète », la lysine produite par MetEx émettant selon les syndicats cinq fois moins de carbone que la lysine chinoise. L’importance de ce produit avait poussé plusieurs têtes de liste de gauche aux européennes – Manon Aubry pour les « insoumis », Marie Toussaint pour Europe Ecologie-Les Verts et Léon Deffontaines pour le Parti communiste – à se réunir devant l’usine fin mars.

Tous les trois avaient alors appelé à des mesures nationales contre la hausse du prix du sucre, qui représente 50 % du coût de production de la lysine, et à une action européenne contre le « dumping » pratiqué selon le groupe par ses concurrents chinois, ce qui a mené à l’ouverture d’une enquête par la Commission européenne. « Maintenant, ce qu’il faut, c’est du protectionnisme », estime François Ruffin. « Sans protectionnisme, l’usine n’aura pas de viabilité. »

Manon Aubry a dit sur X espérer que cette victoire présage « d’autres à venir pour relocaliser [la] production contre le libre-échange ».

Lundi après-midi, le tribunal de commerce de Paris a étudié une offre de reprise prévoyant de maintenir 10 emplois sur 46 au sein de l’autre usine de MetEx, à Carling (Moselle). Sa décision est attendue pour le 25 juin. Ce qui laisse, à l’échelle du groupe, « une petite centaine de salariés sans solution », reconnaît Rudolph Hidalgo.

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Le groupe Avril, qui a réalisé en 2023 un chiffre d’affaires de 7,9 milliards d’euros, est présent dans dix-neuf pays avec près de 7 500 collaborateurs. Le cultivateur Arnaud Rousseau, qui a pris en 2023 la tête du syndicat agricole majoritaire FNSEA, préside son conseil d’administration.

Le Monde avec AFP

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Pénibilité, substantif ô combien féminin, une thématique au cœur de la revue « Travail, genre et sociétés »

La revue des revues. Etude après étude, un constat a la vie dure : les conditions de travail des femmes et des hommes ne sont toujours pas égales. C’est sur ce sujet, trop souvent délaissé, que se penche le dernier numéro de la revue Travail, genre et sociétés, intitulé « Le genre des pénibilités au travail » (La Découverte, 250 p., 27 euros). « Que ce soit à un niveau global ou à profession égale, elles et ils ne sont pas confronté.es aux mêmes dangers et ne sont pas exposé.es aux mêmes risques et pénibilités », martèlent dès leur introduction la sociologue Delphine Serre et l’économiste Rachel Silvera.

A tous les niveaux, les femmes sont davantage affectées à des travaux répétitifs, isolés, avec une faible autonomie et un soutien limité de la hiérarchie et des collègues. A la racine du mal : des biais cognitifs et des représentations genrées, invisibilisant la détresse des femmes.

Pourtant, les conséquences en sont bien réelles. Et les chiffres alarmants, décryptent les chercheuses. Si l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail note une baisse salutaire de 27 % des accidents du travail chez les hommes entre 2001 et 2019, elle relève un bond de 41,6 % chez les femmes. Le manque de visibilité est particulièrement poussé dans certains secteurs, comme le soin ou l’aide aux personnes – les notions de vocation et de dévouement faisant obstacle à toute prise de conscience. Même constat au niveau juridique : la législation reste aveugle au genre. En témoigne, expliquent les chercheuses, la réforme des retraites de 2023, qui peine à prendre en compte la pénibilité des métiers féminisés.

Les enseignantes aussi touchées

S’appuyant essentiellement sur des enquêtes sociologiques, la revue analyse comment ces pénibilités différenciées se reflètent (ou non) dans différents dispositifs de prévention et de réparation, et dans l’aide syndicale. L’article de la chercheuse Julie Jarty, intitulé « Les pénibilités intimes du travail d’enseignante », ouvre le dossier central. Loin de sa réputation women friendly, le métier est peu attractif : les enseignantes sont confrontées à des perspectives de carrière plus faibles que les hommes, à un morcellement du temps mal pris en compte lorsqu’elles sont mères et, parfois, à des violences sexuelles.

Dans un second temps, la partie « Controverse » aborde les recompositions du secteur académique, au cours des vingt dernières années, autour d’une supposée « excellence scientifique », calquée sur le modèle anglo-saxon (quantification des publications, internationalisation…). Quelles conséquences pour les femmes ? S’il n’y a pas de consensus clair en la matière, la revue identifie pourtant un risque de renforcement des inégalités de genre. Le tout dans un milieu déjà gangrené par l’« effet Mathilda », mis en évidence par l’historienne Margaret Rossiter en 1993, c’est-à-dire l’invisibilisation et la minoration du travail des femmes dans les univers scientifiques.

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Dépendance : l’allocation de proche aidant pourra être perçue plus de soixante-six jours

Le salarié qui bénéficie d’un congé de proche aidant peut recevoir, à certaines conditions, une allocation journalière du proche aidant (AJPA). Mais à raison, seulement, de soixante-six jours sur l’ensemble de sa carrière professionnelle pour l’instant, alors que le congé peut durer jusqu’à un an.

La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024 avait posé les bases d’un droit renouvelable à l’AJPA, un décret du 5 juillet a rendu la mesure effective.

Ainsi, à compter du 1er janvier 2025, pour chaque nouveau proche aidé, l’AJPA pourra être versée par les caisses d’allocations familiales ou les caisses de la mutualité sociale agricole pendant soixante-six jours au maximum, une durée inchangée, mais avec un plafond de deux cent soixante-quatre jours d’allocations sur l’ensemble de la carrière, soit jusqu’à quatre personnes aidées.

Si vous avez, par le passé, déjà aidé un proche, ou que vous l’aidez actuellement, et qu’à ce titre vous avez pris un congé de proche aidant et atteint les soixante-six jours de versement de l’AJPA, votre droit pourra être donc renouvelé dès le 1er janvier si vous aidez une personne différente de celle au titre de laquelle vous avez précédemment bénéficié de cette allocation.

Une des dernières avancées avait consisté, en 2022, à porter l’indemnisation de l’AJPA au niveau du smic, soit à 64,54 euros par journée en 2024, pour tous (contre 43 euros auparavant pour une personne vivant en couple et 52 euros pour une personne seule).

Un bénéficiaire a droit à un maximum de vingt-deux jours d’AJPA par mois, soit à 1 419,88 euros. Ce montant forfaitaire vise à compenser une partie de la perte de salaire.

Un tiers de multi-aidants

Des mesures qui vont dans le bon sens, au regard du développement du phénomène de la multi-aidance. A la question : « A qui apportez-vous votre aide ? », un aidant sur trois déclare accompagner au moins deux personnes, selon le baromètre de la Fondation April réalisé par l’institut BVA et publié en septembre 2022. Et si l’aide se destine toujours majoritairement à une seule personne, la part des multi-aidants devrait mécaniquement augmenter les prochaines années, du fait de l’allongement de la durée de la vie.

En pratique | Article réservé à nos abonnés Comment remercier un aidant avec une donation ou un legs

S’il est essentiel de pouvoir mettre entre parenthèses sa vie professionnelle pour prendre soin de son parent, ou de tout autre proche, en perte d’autonomie ou en situation de handicap, le dispositif, même étendu à plusieurs reprises, demeure en deçà des besoins des aidants, qui sont à 70 % des actifs (une part en hausse constante). Sans compter que ces droits, assez nouveaux – le congé a fait son apparition en 2017, l’allocation fin 2020 –, sont méconnus et peu utilisés, faute, entre autres, de communication des employeurs sur l’existence du congé et de l’allocation auprès de leurs salariés.