Le taux de chômage en France a son niveau le plus faible depuis fin 2008

La majorité loue « l’action résolue et cohérente du gouvernement », responsable à ses yeux de cette nouvelle décrue. Mais l’opposition se montre moins enthousiaste.

Par Publié aujourd’hui à 06h25

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La lente décrue du chômage se poursuit. Pour la troisième fois consécutive, le nombre de demandeurs d’emploi a baissé d’un trimestre sur l’autre : sur la France entière (hors Mayotte), le taux s’est établi à 8,5 % de la population active sur la période mars-juin. Selon les chiffres publiés mercredi 14 août par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la baisse est de 0,2 point par rapport au début de l’année.

En France métropolitaine (hors outre-mer), cela signifie que le nombre de personnes qui cherchent du travail, selon la définition retenue par le Bureau international du travail, a reflué de 66 000 en un trimestre. Le taux s’établit à 8,2 % de la population active, soit 2,4 millions de chômeurs. Sur un an, cela représente une baisse de 0,6 point. La tendance à la baisse, débutée au mitan de l’année 2015, se poursuit donc. Jamais le marché de l’emploi s’était aussi bien porté depuis dix ans.

L’amélioration concerne toutes les classes d’âge, mais particulièrement les jeunes, note l’Insee. Leur taux de chômage a baissé de 0,6 point sur le trimestre et de 1,5 point en un an. Pour les personnes âgées de 25 à 49 ans, il s’agit respectivement de – 0,2 point et – 0,7 point et pour les plus de 50 ans, de 0,2 sur les deux périodes.

Le chômage de longue durée connaît aussi une amélioration : même si 900 000 personnes cherchent du travail depuis au moins un an, cela correspond à une baisse de 0,1 point par rapport au printemps et de 0,4 point sur un an.

« Une cohérence économique globale »

Autre point notable, après avoir progressé de 2016 à fin 2018, le taux d’emploi en contrat à durée indéterminée (CDI) semble avoir atteint un plateau, se maintenant à un niveau stable depuis lors. En revanche, la part des CDD et de l’intérim poursuit la décrue amorcée fin 2017. De même, l’emploi à temps complet progresse entre le deuxième et le premier trimestre de l’année (+ 0,2 point) et sur un an (+ 0,8 point), quand le temps partiel recule : – 0,3 point au printemps et – 0,7 point par rapport à 2018.

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« Depuis le début du quinquennat, s’est félicitée Muriel Pénicaud, la ministre du travail, le nombre de chômeurs a diminué de 300 000 personnes. Le taux de chômage est passé de 9,6 % à 8,5 %. » Selon elle, cette évolution « s’explique par l’amélioration de tous les indicateurs sur le marché du travail, qui reflète l’action résolue et cohérente du gouvernement, et notamment des transformations du code du travail, de l’apprentissage et de la formation professionnelle, qui portent leurs fruits ».

Woury, 29 ans, se rêve en « Thierry Marx africaine »

Deuxième chance (4/6). Sénégalaise installée en France, la jeune femme a transformé sur le tard sa passion pour la cuisine en métier, grâce à Cuisine mode d’emploi(s), l’école gratuite créée à Paris par le chef étoilé.

Par Publié le 15 août 2019 à 00h15

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Woury Niang, au 58 Tour Eiffel, un restaurant dirigé par Thierry Marx, à Paris, le 7 juin.
Woury Niang, au 58 Tour Eiffel, un restaurant dirigé par Thierry Marx, à Paris, le 7 juin. FREDERIC STUCIN POUR « LE MONDE »

Au Sénégal, on a toujours deux prénoms. Celui que vous donne votre père et celui que choisit votre mère. Woury Niang – à l’état civil – n’est connue de ses proches que sous le nom de Binette, son prénom maternel. Ce dimanche de début juin, c’est donc la lumineuse Binette que nous rencontrons. Longue, l’œil noir comme le charbon, une grâce naturelle, enjouée, drôle, elle cuisine pour ses amis un tiep, le plat national sénégalais, ragoût de légumes et de poisson. « Ma touche, c’est d’apporter de la modernité dans la tradition, un tiep façon bistronomie », explique la jeune femme.

Les produits, tous frais, viennent du quartier de Belleville, dans l’est parisien, le mérou et les gambas fraîches du marché de Bagneux (Hauts-de-Seine). Le lieu a aussi été attentivement choisi. « On ira chez mon ami Bertrand, qui a un appartement très confortable », nous a-t-elle écrit par texto, en nous donnant une adresse à Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis). Très confortable et moins collectif que la résidence pour femmes isolées du 19e arrondissement dans laquelle Woury vit depuis un an.

A Noisy-le-Sec, l’appartement baigne dans des effluves épicés et une certaine moiteur estivale. Dans la petite cuisine, les deux meilleurs amis de Woury, Bertrand et Lise, observent les gestes précis, rapides et techniques de leur amie.

Un monde dur

Les discussions s’animent. Lise, chanteuse soprano, récite quelques mots de peul et de wolof qu’elle connaît par cœur. Bertrand, directeur de la voirie d’une commune du sud de Paris, s’émeut de l’évolution de son quartier, du jardin de la copropriété qui a dû fermer pour éviter les entraînements de pitbulls et les petits trafics. En aparté, il s’interroge encore sur le parcours de son amie Binette : « Comment arrive-t-elle à se fondre dans l’environnement quasi-militaire des cuisines des grands restaurants avec cette fierté absolue ? »

C’est que son amie, à 29 ans, s’est « convertie » sur le tard à la cuisine et qu’elle travaille depuis plus d’un an dans les brigades des restaurants du chef étoilé Thierry Marx après avoir suivi sa formation de commis de cuisine. Le chef parisien a imaginé, en 2012, une école de la deuxième chance pour ceux qui, comme lui, ont été en « échec scolaire ».

« La cuisine est un monde dur, les salaires sont faibles et vous commencerez au bas de l’échelle. Mais si vous êtes sérieux et que vous travaillez, vous sortirez avec un emploi », le chef Aurélien Houtel

Le chômage poursuit sa décrue, pour s’établir à 8,5 % de la population active au deuxième trimestre

Poursuivant sa tendance à la baisse, le taux de chômage a atteint son plus bas niveau depuis le début de 2009, reculant de 0,2 point en France métropolitaine, selon l’Insee.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 08h06

Dans une agence de Pôle emploi.
Dans une agence de Pôle emploi. PÔLE EMPLOI / FLICKR / CC BY 2.0

Le chômage poursuit sa lente décrue au deuxième trimestre. Le taux de chômage a légèrement reculé pour s’établir à 8,5 % de la population active en France (hors Mayotte), selon les chiffres publiés par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), mercredi 14 août.

Il s’agit du plus bas niveau depuis le début de 2009, souligne l’Insee, comme pour le trimestre précédent. Sur la seule France métropolitaine, le taux de chômage baisse aussi de 0,2 point et s’établit à 8,2 %, ce qui représente 2,4 millions de chômeurs.

Qu’en est-il pour la suite ? Dans sa note de conjoncture publiée le 20 juin, l’Insee table sur une hausse des créations nettes d’emploi en 2019 (+ 254 000), qui sera plus forte que celle du nombre de nouveaux entrants sur le marché du travail. Résultat : le taux de chômage devrait rester orienté à la baisse, pour s’établir à 8,3 % à la fin de 2019, soit un demi-point de moins en un an. « Il atteindrait ainsi son plus bas niveau depuis fin 2008 », relève l’Insee.

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Mickaël, 23 ans, passé du fond de la classe au sommet des sapins

Deuxième chance (2/6). Quand ce Sarthois entre en classe de 3e dans une Maison familiale rurale, il y découvre le métier de forestier et goût de l’effort.

Par Publié hier à 18h00, mis à jour à 08h44

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Mickaël Blossier, dans la forêt domaniale de Larfeuil (Corrèze), le 21 mai.
Mickaël Blossier, dans la forêt domaniale de Larfeuil (Corrèze), le 21 mai. MARIELSA NIELS / HANS LUCAS POUR « LE MONDE »

C’est une large boîte en métal argenté, austère réceptacle du présent et du passé. Entre les fiches de paie, les formulaires de la CAF et les factures d’électricité : des bulletins scolaires soigneusement classés. « Je n’ai rien à cacher, surtout si ça permet à d’autres jeunes de s’en sortir. Je peux même vous les photocopier ! », propose Mickaël Blossier, forestier de 23 ans, heureux propriétaire du butin.

A y regarder de plus près, la paperasse jaunie aurait pu finir au feu. « Un ensemble décevant et en baisse. Avertissement travail + comportement » : troisième trimestre de 5e, collège Véron-de-Forbonnais à Saint-Cosme-en-Vairais (Sarthe). « Mickaël ne fait pas beaucoup d’efforts. Il faut se secouer… » ; « Les résultats sont insuffisants. Quel gâchis ! » Le reste est à l’avenant.

Une école hors norme

« “Quel gâchis” ? Ça veut bien dire qu’il y a un potentiel à exploiter ! commente l’intéressé. Lisez celui-ci maintenant ! » On attrape le bulletin tendu : « L’ensemble est satisfaisant, Mickaël doit continuer dans ce sens. » Un autre : « Ensemble très sérieux. Avec les félicitations de l’équipe pédagogique. » Le nom de l’élève est bien le même mais l’en-tête a changé : il indique « MFR La Ferté-Bernard ».

MFR pour Maison familiale rurale. La Ferté-Bernard, commune de 8 848 habitants dans la Sarthe, surnommée « la petite Venise de l’Ouest » pour ses charmants canaux. On y suit Mickaël en pèlerinage, puisqu’il vit et travaille désormais à Egletons, en Corrèze, à près de cinq heures de route, « une ville à la campagne » de 4 287 habitants.

Ancienne exploitation agricole entourée d’un sentier botanique pédagogique – la mare aux canards est restée à l’entrée –, on imagine volontiers que la MFR « Les Forges » ne ressemble en rien à l’ancien collège bétonné de Mickaël. Il est entré à 13 ans, en classe de 3e dans cette école hors norme des métiers de la nature et de la forêt. Il la quittera à 17 ans, bac pro en gestion et conduite de chantiers forestiers en poche.

« On souffre d’un délit de sale gueule parce qu’on est en bac pro, mais vous avez la chance d’être tout le temps en stage ! », dit Mickael à des élèves de son ancien établissement

« Vous êtes de l’or en barre sur le marché du travail, les gars ! » Façon coach, Mickaël profite de ce retour furtif pour motiver les troupes. Il intervient devant les vingt-cinq élèves de 1re, mélangés entre « les natures » et « les forêts » – surnommés respectivement les « doux rêveurs » et les « bourrins » –, pendant le cours de M. Lucas, son prof de maths de l’époque.

Au ministère du travail, le blues des agents face au « démembrement » de leurs services

Créée en 1906, cette administration est confrontée à la baisse récurrente de ses moyens humains (− 2,6 % par an jusqu’en 2022). Mais l’inquiétude vient aussi de la réorganisation des services, notamment de l’inspection du travail.

Par Publié aujourd’hui à 06h29

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Créé il y a presque 113 ans, le ministère du travail est en pleine réforme structurelle, un « démembrement » pour nombre d’agents en poste.
Créé il y a presque 113 ans, le ministère du travail est en pleine réforme structurelle, un « démembrement » pour nombre d’agents en poste. CC BY-SA 3.0

Il y a presque cent treize ans, le ministère du travail voyait le jour. Cet « organisme » fut, en effet, fondé le 25 octobre 1906, en assemblant « des services épars pour former une administration distincte », selon les mots employés à l’époque par Georges Clemenceau, à l’initiative de cette réforme alors qu’il venait d’être nommé président du Conseil. Aujourd’hui, bon nombre d’agents en poste dans ce compartiment de l’appareil d’Etat ont l’impression d’assister à son « démembrement ».

C’est le constat, unanime, que dressent huit syndicats qui y sont implantés. Fait plutôt rare dans ce secteur de la fonction publique, les huit organisations en question se sont coalisées, quelques jours avant la coupure estivale, pour dénoncer les évolutions en cours : manifestation à Paris, mouvements de grève un peu partout en France… Si la mobilisation, orchestrée le 26 juin fut peu suivie, les inquiétudes n’en sont pas moins bien réelles.

A l’origine de cette poussée d’angoisse, il y a tout d’abord la problématique – récurrente – des moyens humains. Déjà orienté à la baisse depuis plusieurs exercices (tout comme dans la majorité des services de l’Etat), le nombre d’agents affectés au ministère du travail va poursuivre sa diminution : − 2,6 % par an jusqu’en 2022. Les syndicats en ont eu la confirmation, le 16 juillet, lors de la réunion d’un comité technique ministériel (CTM) – une instance de représentation du personnel. « On ne peut pas se réjouir de cette décroissance », commente Henri Jannes (CFDT). « La saignée continue », renchérit Laurent Lefrançois (Force ouvrière).

« Plan social » inavoué

La baisse est très nette, par exemple pour l’inspection du travail : fin 2018, il y avait près de 1 900 agents de contrôle (inspecteurs et contrôleurs), un chiffre en recul de 15,6 % en huit ans, même s’il est reparti un peu à la hausse depuis 2017, d’après les données remises durant le CTM de la mi-juillet. Petit à petit s’installe l’idée que, en moyenne, un agent de contrôle couvrira environ 10 000 salariés, soit une charge plus lourde qu’auparavant d’après plusieurs organisations de fonctionnaires. D’autres sources au ministère font remarquer que le ratio de 1 pour 10 000 constitue non pas un objectif mais une simple référence à ne pas dépasser, comme le préconise le Bureau international du travail.

« La grève chez Deliveroo vient s’ajouter à la longue liste des mobilisations sociales dans l’économie numérique »

Le chercheur Christophe Degryse rappelle, dans une tribune au « Monde », que les youtubeurs de Google, les caristes d’Amazon, les modérateurs de Facebook, les chauffeurs d’Uber, ont eux aussi inventé des formes inédites de conflit social pour faire entendre leurs revendications

Publié aujourd’hui à 06h00 Temps de Lecture 4 min.

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« Il peut sembler paradoxal que ce soit dans ces entreprises technologiques que l’on trouve des pratiques sociales d’avant la création de l’OIT ».
« Il peut sembler paradoxal que ce soit dans ces entreprises technologiques que l’on trouve des pratiques sociales d’avant la création de l’OIT ». JACQUES DEMARTHON / AFP

Tribune. La grève perlée des coursiers Deliveroo dans plusieurs grandes villes françaises vient s’ajouter à la liste chaque jour plus longue des mobilisations sociales menées dans les entreprises stars de l’économie numérique. La courte histoire de Deliveroo et d’Uber est déjà émaillée de multiples campagnes, d’actions collectives et de grèves un peu partout dans le monde. Ce sont tour à tour les conditions de travail, le statut du travailleur, les rémunérations, le non-accès aux droits sociaux qui y sont dénoncés.

Au-delà de Deliveroo et d’Uber, les youtubeurs de Google tentent aussi de s’organiser. La campagne FairTube actuellement en cours vise à obtenir plus de justice et de transparence pour les créateurs de vidéos. Les modes de rémunération de ces youtubeurs sont en effet opaques et les décisions que Google s’autorise à prendre, notamment en matière de démonétisation de vidéos dans certains pays sans explications claires (autres que : « Contenu non adapté aux annonceurs »), affectent directement les revenus des créateurs.

Chez Amazon, ce sont les travailleurs des grands entrepôts qui dénoncent de plus en plus ouvertement leurs conditions de travail et tentent de s’organiser, y compris aux Etats-Unis. Les algorithmes de la firme licencient automatiquement les travailleurs insuffisamment productifs (« Amazon’s system can automatically fire its warehouse workers », « The Download », MIT Technology Review, 26 avril 2019). Amazon se défend en payant certains de ses employés pour qu’ils tweetent sur leurs si enviables conditions de travail, dans l’espoir de freiner une poussée de syndicalisation.

Syndromes de stress post-traumatiques

Et l’on peut multiplier les exemples, à l’image des microtravailleurs de plates-formes, souvent très mal rémunérés pour nettoyer, classer et étiqueter des données utilisées par l’intelligence artificielle, ou pour venir en aide aux assistants virtuels de Google Duplex qui ont encore un grand besoin de petites mains. Que dire encore de ces armées de modérateurs de contenu de Facebook qui visionnent jour après jour, pour les bloquer, des contenus si violents qu’ils en subissent des syndromes de stress post-traumatiques ?

Ces plates-formes trouvent dans la technologie et dans les failles du droit social national matière à pratiquer une forme d’« évasion sociale »

De l’échec scolaire au secteur de la propreté, le grand nettoyage d’Hélène

Deuxième Chance (1/6). Après plusieurs formations avortées, la jeune Bretonne est passée par un établissement pour l’insertion dans l’emploi (Epide). Et s’est réalisée dans un domaine sur lequel elle n’aurait pas parié : le nettoyage.

Par Publié aujourd’hui à 14h33

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Hélène Da costa, ici à l’Institut national de l’hygiène et du nettoyage insdustriel,  sur le Campus de Ker Lann, à Bruz, dans l’Ille-et-Vilaine, le 21 juin.
Hélène Da costa, ici à l’Institut national de l’hygiène et du nettoyage insdustriel,  sur le Campus de Ker Lann, à Bruz, dans l’Ille-et-Vilaine, le 21 juin. THIERRY PASQUET POUR LE MONDE

Dans la cour d’un ancien lycée agricole délabré, une quarantaine de jeunes en uniforme bleu marine et rouge se tiennent au garde-à-vous, en rangs serrés. Autour, c’est la forêt armoricaine, il n’y a rien à part une maison de retraite de pères salésiens. Pas de 4G ni de Wi-Fi, et la bretelle vers la route de Guingamp est à plusieurs kilomètres. Bienvenue à l’établissement pour l’insertion dans l’emploi (Epide) de Lanrodec, dans les Côtes-d’Armor. Dans cet internat rural et spartiate, des jeunes sans diplôme ni emploi viennent chercher, pendant quelques mois, un cap pour leur vie.

Hélène Da Costa y a passé une bonne partie de l’année 2014. Fin mai, nous nous sommes y rendus avec la jeune femme, aujourd’hui âgée de 24 ans. A l’heure du déjeuner, la directrice de l’Epide, Laurence Zellner, a rendu hommage à sa trajectoire, devant l’assemblée des pensionnaires alignés sous les paniers de basket. Puis Hélène a pris la parole. « Je vais vous raconter un truc. Quand je suis arrivé à l’Epide, j’ai dit à ma conseillère : Je ne nettoierai jamais la merde des autres. Aujourd’hui, je passe mes journées à faire ça. » Gloussements dans les rangs. Hélène a appris à en rire. Dans le monde de l’hygiène et du ménage, cette jeune femme a trouvé sa voie, mais aussi une source de fierté. « C’est pas dégradant, au contraire. »

« Vous avez frôlé la perfection »

En 2016, elle remportait le titre national de Meilleure apprentie dans le domaine de la propreté, au concours organisé par la Société des meilleurs ouvriers de France. Un souvenir fantastique, et de belles tranches de rigolade dans la Clio de Gwezennec, le formateur qui transportait la petite équipe sur le lieu de la finale, à Périgueux. Hélène devait laver de fond en comble trois pièces en un temps limité. Verdict du jury : « Vous avez frôlé la perfection. »

« Les sols, direct, je sais ce qu’il leur faut. Les gens disent que je suis la fille qui murmure à l’oreille des sols. » La jeune femme – queue-de-cheval, baskets, blouson en cuir et bijoux fantaisie – sort son téléphone, et montre des photos d’une chambre d’hôpital, impeccable. C’est propre, ça brille. Ses responsables l’en félicitent. Et ça lui fait du bien. « Je me dis : c’est grâce à moi, que je n’ai pas servi à rien. »

Nettoyer des sols, rafraîchir des chambres, et désormais orchestrer une équipe d’agents chargés du ménage : c’est ce que fait Hélène de 5 h 30 à 12 heures, au CHU de Rennes. Au contact des malades, « qui se confient à nous parce qu’ils savent qu’on va pas les embêter avec des piqûres ou des médicaments », Hélène a découvert une sensation qui lui manquait dans sa vie : « la douceur ». « Maintenant, quand quelqu’un me parle mal, je ne lui en veux pas. »

A Paris, des livreurs Deliveroo réclament « un minimum horaire au niveau du smic »

Une trentaine de livreurs se sont rassemblés samedi soir dans la capitale pour protester contre la nouvelle grille tarifaire imposée par la plate-forme de livraison de repas à domicile.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 22h26

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Rassemblement de livreurs Deliveroo, place de la République à Paris, samedi 10 août.
Rassemblement de livreurs Deliveroo, place de la République à Paris, samedi 10 août. JACQUES DEMARTHON / AFP

Comme la semaine dernière et comme mercredi, ils se sont réunis dans la soirée, un peu avant l’heure du dîner, pour dénoncer une baisse de leur rémunération. Une trentaine de livreurs Deliveroo se sont rassemblés samedi 10 août en fin de journée place de la République à Paris pour protester contre la nouvelle grille tarifaire imposée par la plate-forme britannique de livraison de repas à domicile.

Arrivés à vélo ou en scooter, ils répondaient à l’appel du collectif des livreurs autonomes parisiens (CLAP 75). Son prédisent, Jean-Daniel Zamor, a fait état de « plusieurs rassemblements » dans la capitale, en vue de « bloquer les restaurants » travaillant avec Deliveroo pour « impacter leur chiffre d’affaires ». L’objectif est de « maintenir le mouvement jusqu’en septembre » pour contraindre l’entreprise à « négocier un minimum horaire garanti au niveau du smic », a-t-il assuré.

Lire le reportage : « Parfois 2 euros pour une course, c’est quoi ça ? » : grève des livreurs de Deliveroo à Paris

Décision unilatérale

La nouvelle grille tarifaire mise en place par Deliveroo prévoit la suppression du tarif minimal, accompagnée d’une baisse sur les courses les plus courtes et d’une augmentation pour les plus longues. Une décision unilatérale qui entraînerait, selon le CLAP 75, une chute de 30 % à 50 % des rémunérations.

Selon la plate-forme, qui estime que les manifestants ne sont pas représentatifs de l’opinion des livreurs, la nouvelle grille offre au contraire « une meilleure tarification, plus juste » et « plus de 54 % des commandes sont payées davantage ». Mais pour M. Zamor, les courses longues ne sont pas rentables car « elles peuvent faire plus d’une heure, soit l’équivalent de trois ou quatre courses courtes ».

Lire notre éditorial : Deliveroo, la révolte des tâcherons

Deliveroo compte en France 10 000 restaurants partenaires dans 200 villes et 11 000 livreurs partenaires. Selon l’entreprise britannique, la majorité des livreurs sont des étudiants et 70 % ont moins de 26 ans. Ils travaillent en moyenne quinze heures par semaine « et gagnent 13 euros par heure de connexion à l’application, soit 30 % de plus que le smic brut horaire », assure la plate-forme.

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Dominique Méda : « Le lien entre mutations de l’emploi et sens du vote est trop souvent ignoré »

Les mauvais emplois ou l’absence d’emplois ont non seulement un coût social, mais expliquent aussi la montée du populisme, détaille la sociologue dans sa chronique.

Publié aujourd’hui à 05h00 Temps de Lecture 4 min.

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Dans une usine de fabrication de bobines de fibre de verre, à Jiujiang (Chine), le 15 juillet.
Dans une usine de fabrication de bobines de fibre de verre, à Jiujiang (Chine), le 15 juillet. CHINATOPIX VIA AP

Les transformations de l’emploi expliquent-elles, au moins partiellement, les résultats des élections ? Plusieurs études américaines récentes fournissent de solides arguments à l’appui de cette thèse.

Dans l’étude « Importing Political Polarization ? The Electoral Consequences of Rising Trade Exposure », David Autor, David Dorn, Gordon Hanson et Kaveh Majlesi analysent l’effet de la pénétration des importations chinoises dans les Etats américains. Prenant en considération les résultats des élections législatives de 2002 et 2010 et des élections présidentielles de 2000, 2008 et 2016 dans 2 976 comtés, ils se donnent les moyens de comparer deux époques – avant et après l’intégration de la Chine dans le commerce mondial – et de mettre ainsi en évidence l’effet spécifique de celle-ci sur les comtés où les industries et les emplois ont été touchés. Ils constatent que, dans les comtés qui étaient les plus exposés à la concurrence chinoise, les Républicains ont gagné des votes et que les candidats les plus modérés ont été exclus au profit des extrêmes. Les auteurs calculent même que, si la pénétration des importations chinoises avait été de moitié moins élevée, le Michigan, le Wisconsin, la Pennsylvanie et la Caroline du Nord auraient élu la candidate démocrate à la place de Donald Trump.

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L’étude s’appuie sur des travaux antérieurs qui ont mis en évidence que, contrairement à ce que défend la théorie économique mainstream, l’idée d’une destruction créatrice facilitée par la mobilité des travailleurs ne tient pas : les ajustements ont au contraire été très lents, et la pénétration croissante des importations en provenance de pays à bas salaires a pesé de manière disproportionnée sur les marchés du travail locaux historiquement spécialisés dans des productions à forte intensité de main-d’œuvre. Dans les comtés particulièrement concernés par les importations chinoises, de nombreux travailleurs, loin de trouver un nouvel emploi dans des secteurs mieux payés, ont tout simplement perdu leur emploi, en ont obtenu de moins bonne qualité ou ont connu des baisses de salaire.

Ces robots qui ont fait élire Trump

Une autre étude parvient à des résultats identiques en analysant l’effet de la robotisation : dans « Political Machinery : Did Robots Swing the 2016 US Presidential Election ? », Carl Benedikt Frey, Thor Berger et Chinchih Chen analysent la pénétration des robots dans les différentes circonscriptions électorales pour déterminer si les secteurs les plus exposés à l’automatisation dans les années précédant les élections de 2016 ont été ou non plus favorables au vote en faveur de Trump. Ils mettent en évidence un lien positif, qui s’explique par le fait que la robotisation s’est accompagnée de pertes d’emplois massives ou de fortes baisses de salaire et/ou de qualité d’emploi et calculent, comme les auteurs de l’étude précédente et en utilisant la même méthode, que le Michigan, le Wisconsin et la Pennsylvanie – les Etats où la lutte a été la plus âpre entre les deux candidats – auraient voté en faveur de Hillary Clinton si le nombre de robots n’avait pas augmenté.

Grève au menu chez les livreurs de Deliveroo

Des coursiers de la plate-forme de livraison de repas à domicile Deliveroo manifestent dans le centre de Paris, le 7 août.
Des coursiers de la plate-forme de livraison de repas à domicile Deliveroo manifestent dans le centre de Paris, le 7 août. BERTRAND GUAY / AFP

Après la mobilisation du samedi 3 août, à Paris, les livreurs de repas de Deliveroo se sont de nouveau retrouvés, mercredi 7 août, place de la République, pour dénoncer la nouvelle grille tarifaire imposée par la plate-forme. Selon le Collectif des livreurs autonomes de Paris (CLAP 75), cette modification, appliquée depuis début août, entraînerait une baisse de rémunération de 30 % à 50 %.

A 20 heures, ils étaient une centaine, avec leur vélo ou leur scooter, révoltés. Pour beaucoup, c’était leur première mobilisation. « Trois euros, parfois 2 euros pour une course, c’est quoi ça ? J’étais obligé de venir ce soir ! », explique Abdou (tous les prénoms ont été modifiés), 35 ans, livreur pour Deliveroo depuis un an. « Avant, poursuit-il, le minimum, c’était 4,70 euros [à Paris], puis ça montait à 5, 6, 7 euros », selon la course.

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La nouvelle grille ne comprend plus de tarif minimal. Deliveroo avait annoncé, début août, une baisse des tarifs des courses les plus courtes et une augmentation pour les longues, que les livreurs délaissaient, car peu rentables. D’après la plate-forme, la nouvelle grille offrirait « une meilleure tarification, plus juste » et « plus de 54 % des commandes [seraient] payées davantage » qu’auparavant.

« Tous les échanges que nous avons eus sur le terrain sont positifs », affirme-t-on chez Deliveroo. Et, malgré les grèves et blocages de restaurants qui ont eu lieu à Toulouse, Nice, Besançon, Tours, Nantes et Bordeaux, « on n’a vu aucun impact sur nos opérations ». Mercredi soir, à Paris, Mounir, 23 ans, livreur pour Deliveroo depuis deux ans, examinait la petite foule rassemblée, pas très optimiste. « Trop de livreurs continuent à rouler. Il faudrait qu’on soit plus nombreux. »

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Comment mobiliser des travailleurs atomisés sur tout le territoire, microentrepreneurs comme l’exigent toutes les plates-formes de livraison de repas et en situation de concurrence entre eux ? Tout est à inventer, d’autant qu’ils travaillent dans la rue, en roulant, et n’ont pas d’endroits pour discuter ni de délégués. Ils ne se croisent au mieux que quelques minutes dans les restaurants où ils viennent chercher les commandes.

« Nouveaux modes d’organisation du travail »

Les syndicats, déjà à la peine dans le salariat, ont du mal à s’adapter à ces situations. Ils n’y sont d’ailleurs pas forcément les bienvenus. « Les livreurs sont des travailleurs très jeunes, qui ont grandi avec l’idée d’un syndicalisme vieillot, politisé, souligne l’ancien étudiant en droit, Jean-Daniel Zamor, président du CLAP, qui travaille pour les plates-formes Uber Eats et Stuart. C’est pourquoi, au CLAP, nous essayons de pratiquer un syndicalisme très proche des gens. » M. Zamor se déplace ainsi d’une ville à l’autre pour rencontrer les livreurs.

Les réseaux sociaux sont essentiels pour toucher ces travailleurs. Sur Facebook ou d’autres réseaux comme Telegram ou Snapchat, il existe plusieurs groupes de livreurs, dont certains réunissent plusieurs milliers de membres. Le CLAP, par exemple, en compte 3 800 sur Facebook ; Uber Eats Paris en affiche 5 770 et Les coursiers à vélo, 4 600. Ces groupes servent à échanger des informations, à partager des appels à la mobilisation et à effectuer des sondages sur la participation à des actions proposées.

Aujourd’hui, même si le CLAP, issu du groupe Facebook le Collectif des coursiers franciliens créé en 2016, a joué un rôle moteur dans les manifestations, il n’est plus « à l’initiative des mouvements, qui naissent spontanément dans une zone ou une autre lorsque surgit un événement comme la baisse des rémunérations, constate Jérôme Pimot, son fondateur. Le CLAP leur sert de « support logistique » et de caisse de résonance.

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Dès l’annonce des nouveaux tarifs de Deliveroo, des opérations de contestation ont été organisées dans l’Hexagone. « Quand des livreurs ont bloqué un restaurant dans ma ville, je suis allé me renseigner, car je passais par là », note un livreur de 19 ans, qui travaille pour plusieurs plates-formes, dont Deliveroo. « Les livreurs m’ont expliqué que les tarifs avaient baissé sans qu’ils soient consultés. Ce n’est pas normal ! Je n’ai pas hésité à les rejoindre. Si on ne fait pas grève, Deliveroo va baisser ses tarifs de plus en plus. J’essaye de convaincre d’autres livreurs de bouger. »

Les syndicats ne sont pas totalement absents. La CGT des services à la personne, par exemple, a apporté son expérience de l’action auprès de travailleurs atomisés comme les employés de maison et les assistantes maternelles. Elle finance aussi des dépenses de voyages sur le terrain, prête des locaux, « sans rien demander en échange », précise Stéphane Fustec, responsable des services à la personne à la CGT. Les appareils syndicaux ont atteint leurs limites face à ces nouveaux modes d’organisation du travail. Or, nous avons intérêt à être sur le terrain de l’ubérisation, qui s’agrandit dangereusement. » Les livreurs ont l’intention de mener une action nationale le week-end du 10 août.

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