Dans les écoles de commerce, l’audit et le conseil font moins rêver les étudiants

Les cabinets s’adaptent pour continuer à attirer des jeunes devenus plus exigeants, notamment sur la question du sens de leur travail.

Par Publié aujourd’hui à 05h00

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Tomasz Walenta pour Le Monde

En cet après-midi d’automne, alors que les bourrasques balaient le parvis de la Défense, des groupes d’étudiants prennent l’air au pied de la tour First, géante de verre et de béton. Ils sont 200, élèves de grandes écoles de commerce et d’ingénieurs, à avoir répondu à l’invitation du cabinet Ernst & Young. Organisé pour la première année, cet événement, baptisé EY First Date (« premier rendez-vous EY», le vocabulaire est celui de la rencontre amoureuse), vise « à parler d’humain aux étudiants, à leur montrer notre culture d’entreprise », explique Pierre Constant, associé chargé du recrutement chez EY, en baskets blanches.

Au programme : rencontres informelles avec des associés, ateliers « lutte contre le changement climatique », « place de l’humain dans le travail en équipe », « soft skills », « biais décisionnels »… Une véritable opération séduction. A l’issue de la journée, Albane Demurger, étudiante à l’Ecole nationale de la statistique et de l’administration économique (Ensae), est ravie. Elle prévoit de postuler en stage : « Les métiers sont beaucoup plus divers que ce que je pensais. »

Face aux aspirations des jeunes diplômés, le secteur du conseil et de l’audit ne fait plus autant rêver. Horaires à rallonge, compétition, stress, manque de sens sur l’utilité du travail et management hyperhiérarchisé rebutent un nombre grandissant d’étudiants des grandes écoles. Des élèves qui, il y a dix ou quinze ans, s’y seraient dirigés sans se poser de question. Les cabinets disent devoir s’adapter pour continuer à attirer les meilleurs profils. « Ce n’est pas qu’il y a moins de candidats à l’entrée, car il y en a toujours. Mais plutôt qu’ils attirent moins d’étudiants brillants, car ceux-ci ont d’autres débouchés qui peuvent paraître plus attrayants », explique Sébastien Stenger, enseignant-chercheur en sciences de gestion et auteur de l’ouvrage Au cœur des cabinets d’audit et de conseil (PUF, 2017).

L’attrait des start-up

« Depuis une dizaine d’années, les grands groupes attirent de moins en moins nos étudiants, souligne Hélène Löning, professeure à HEC. Auparavant, les cabinets de conseil étaient un peu considérés comme des troisièmes cycles d’apprentissage, en raison de la variété des missions. Mais l’aventure start-up peut offrir les mêmes perspectives, le côté excitant en plus. »

Retraites : « Il est urgent d’avoir un geste fort envers la profession agricole »

Deux députés, André Chassaigne (PC) et Olivier Damaison (LRM), explorent, dans une tribune au « Monde » trois pistes pour que la retraite minimale d’un agriculteur ayant travaillé toute sa vie atteigne 85 % du smic.

Publié aujourd’hui à 11h51 Temps de Lecture 4 min.

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« C’est une autre injustice qui est faite à ce secteur, que celle de ne pas ou peu reconnaître les conjointes comme des travailleuses agricoles, quand bien même celles-ci ne compteraient pas les heures passées à développer et entretenir l’exploitation. »
« C’est une autre injustice qui est faite à ce secteur, que celle de ne pas ou peu reconnaître les conjointes comme des travailleuses agricoles, quand bien même celles-ci ne compteraient pas les heures passées à développer et entretenir l’exploitation. » ANTHONY LEE / Ojo Images / Photononstop

Tribune. La réforme des retraites, en cours de négociation, va toucher l’ensemble des Français en 2025. Mais elle ne concernera pas les retraites déjà liquidées. S’il est une catégorie sociale qui peut réclamer, à raison et dès à présent, une revalorisation, c’est bien celle des agriculteurs.

Aujourd’hui, un agriculteur ayant travaillé toute sa vie et cotisé le nombre d’annuités requises ne touche qu’une retraite minimale équivalente à 75 % du smic. Certains retraités ne vivent même qu’avec 500 euros par mois ; une misère en regard de la difficulté et des exigences de leur profession et de son utilité majeure pour notre économie et notre autonomie alimentaire ; et une souffrance du quotidien pour tant de femmes et d’hommes âgés confrontés à la hausse du coût de la vie et à des besoins d’accompagnement et de santé liés à la dépendance.

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Assurer dès maintenant une hausse de leur retraite minimale à hauteur de 85 % du smic – l’un des principaux engagements de la réforme des retraites envers tous les Français afin d’endiguer la précarité de nos retraités – ne constitue pas une demande d’exception. C’est respecter un engagement pris par l’ensemble des députés quelques semaines avant l’élection d’Emmanuel Macron, en 2017. La proposition de loi avait été votée à l’unanimité. Elle portait l’engagement d’augmenter la retraite des agriculteurs jusqu’à ce seuil.

Le refus de sa mise en œuvre immédiate a été uniquement motivé par la contrainte budgétaire. L’enjeu financier que constitue une telle revalorisation demeure. Mais nous sommes résolus à lever ensemble cette exigence budgétaire par des leviers fiscaux adaptés et pérennes.

Respect et compréhension

Nous proposons que soient étudiés différents outils de financement qui pourraient être retenus en tout ou partie, permettant d’atteindre l’objectif de 85 % du smic minimal des pensions de retraites des non-salariés agricoles, régime de base et régime complémentaire inclus.

Trois pistes sont envisageables :

– premièrement, une taxe additionnelle à la taxe sur les transactions financières ;

– deuxièmement, une contribution d’assurance-vieillesse complémentaire instaurée sur les revenus financiers des sociétés liées au secteur agricole. Celle-ci permettrait de responsabiliser les acteurs économiques visés au regard de leur lien direct avec l’activité agricole ;

– troisièmement, enfin, le transfert du produit de la taxe sur la cession à titre onéreux des terrains nus rendus constructibles du fait de leur classement. Cette taxe créée en 2010 pourrait être renforcée, et son application rendue plus stricte au regard des contournements actuels.

« Xerox, le roi de la photocopie, vient de demander en mariage Hewlett-Packard, l’inventeur de la Silicon Valley »

Le roi de la photocopie a demandé en mariage l’inventeur de la Silicon Valley. Tous les deux sont victimes de la malédiction de la fin du papier, raconte Philippe Escande, éditorialiste économique au « Monde », en évoquant le destin de ces deux anciennes gloires de la high-tech américaine.

Publié aujourd’hui à 11h05, mis à jour à 11h11 Temps de Lecture 2 min.

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Chronique. Ce sont deux vieilles stars mondiales, perclues de rhumatismes qui pourraient bientôt se présenter devant monsieur le maire. Xerox, le roi de la photocopie, vient officiellement de demander en mariage Hewlett-Packard, l’inventeur de la Silicon Valley. Feront-elles une union heureuse ? Elles auront en tout cas beaucoup de vieux souvenirs à se raconter. Des victoires éclatantes et des rendez-vous ratés.

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Xerox a inventé l’imprimante et la photocopieuse. Elle a révolutionné la vie de bureau dans les années d’après guerre. On disait « to Xerox » au lieu de « photocopier ». Sa part de marché avoisinait les 100 %. Les autorités anti-concurrence de Washington ont dû intenter une longue action antitrust pour laisser de la place à la concurrence. Les Japonais sont arrivés, puis le numérique. La firme s’est réinventée un destin, celui de la « document company », spécialiste du passage du numérique au papier. Elle avait constaté qu’à l’âge de l’ordinateur, on n’avait jamais imprimé autant. Alors elle a creusé son sillon dans ces océans de papiers qu’étaient devenues les entreprises modernes.

Mais la conjonction d’Internet et du téléphone mobile, ajoutée à la mauvaise conscience écologique, a fini par endiguer ce flot. Que faire quand sa raison d’être s’évapore progressivement ? On restructure et on rachète la concurrence.

Hewlett-Packard est finalement victime de cette même malédiction de la fin du papier. Concurrencé de partout sur son métier de fabricant d’ordinateurs, le groupe californien, autrefois deuxième groupe mondial du secteur derrière IBM, a cru voir son salut dans les imprimantes pour particuliers. Avec un modèle économique en béton, le même que celui des rasoirs Gillette.

Préservation de sa vache à lait

On vend à prix coûtant le support de base et on se rattrape sur les consommables, en l’occurrence les cartouches d’encre qui représentent près des deux tiers des profits de la firme. Aujourd’hui, le marché baisse et les fournisseurs chinois de cartouches détruisent cette belle architecture. La société a annoncé la suppression de 16 % de ses effectifs d’ici deux ans. Trois fois plus grosse que Xerox, HP renâcle à se laisser passer la bague au doigt. Mais ses actionnaires pourraient l’y pousser.

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Il aurait pu en être autrement. En 1970, Xerox au fait de sa gloire, implante un extraordinaire laboratoire de recherche sur le campus de l’université de Stanford, au cœur de la Silicon Valley. En dix ans ses chercheurs sortiront l’imprimante laser, mais aussi les interfaces graphiques pour petits ordinateurs, la souris, le réseau local Ethernet, c’est-à-dire toutes les briques de base qui feront la révolution de l’informatique personnelle. Xerox n’en comprend pas le potentiel. En novembre 1979, un certain Steve Jobs pousse la porte du labo et est ébahi par ce qu’il découvre. Ce seront les briques de base du Macintosh, mais aussi celle du Windows de Microsoft.

Le groupe Avril veut se séparer de deux usines d’agrocarburants, 116 salariés concernés

Saipol, filiale de la société spécialisée dans le colza, a subi de plein fouet la concurrence mondiale et l’évolution réglementaire du secteur.

Par Publié aujourd’hui à 10h48, mis à jour à 16h22

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Le moteur biodiesel du groupe Avril a des ratés. Cette entreprise, bras armé de la filière colza en France et puissante firme agro-industrielle connue pour ses marques Lesieur, Puget ou Matines, a annoncé, jeudi 7 novembre, la restructuration de sa filiale Saipol, spécialisée dans les agrocarburants. Le couperet est tombé sur deux sites, ceux de Sète (Hérault) et de Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique), qui emploient au total 116 salariés et dont le groupe souhaite se désengager. La production se recentrerait sur les quatre autres usines françaises.

La décision est tombée alors que Saipol souffre depuis plusieurs années de contre-performance économique. Avril, ex-Sofiproteol, estime à 133 millions d’euros la perte cumulée dans cette activité entre 2015 et 2018. « Depuis la fin du soutien fiscal dont bénéficiait le biodiesel en 2015, Saipol est confronté à la volatilité des marchés mondiaux. Des marchés qui se sont structurés autour des matières premières les moins chères, comme l’huile de palme ou le soja », explique Christophe Beaunoir, directeur général de Saipol.

« Le marché s’est effondré »

Avril a donc pris de plein fouet la concurrence des agrocarburants à base d’huile de palme de Malaisie, mais aussi de soja quand l’Union européenne a levé des barrières tarifaires douanières sur le biodiesel argentin à base de cette plante. Le groupe a fait du lobbying à Bruxelles, et une plainte y avait été déposée pour concurrence déloyale, et ce afin de tenter de contrer le flux argentin. Des décisions européennes lui ont permis de redresser la barre un temps.

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« La situation était plutôt favorable au second semestre 2018. Mais, au premier semestre 2019, nous avons subi une grève de nos salariés de trente-six jours [qui demandaient une revalorisation salariale]. Puis, en septembre, le marché s’est effondré. Si la récolte européenne de colza a été compliquée et que la perspective d’une raréfaction a soutenu les cours, les portes de la Chine se sont fermées au canola canadien [colza] qui s’est déversée sur l’Europe », raconte M. Beaunoir.

Une nouvelle série de turbulences qui devraient maintenir les comptes de Saipol dans le rouge, en 2019. Et qui a conduit à la décision de restructuration. Pour tenter d’améliorer son équation économique, Avril produisait aussi des agrocarburants avec du canola ou du soja, ou bien encore incorporait de l’huile de palme dans son biodiesel. En particulier dans les deux sites dont le groupe souhaite se défaire pour se recentrer sur ses sites de Bassens (Gironde), Grand-Couronne (Seine-Maritime), Lezoux (Puy-de-Dôme) et Le Mériot (Aube).

Près de 20 % des agriculteurs français n’ont pas pu se verser un revenu en 2017

Selon l’Insee, le revenu moyen des agriculteurs est en hausse, à 1 390 euros mensuels, mais il existe de très fortes disparités.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 08h56, mis à jour à 16h25

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La chute des revenus chez les céréaliers peut s’expliquer par l’onde de choc provoquée par une année de récolte catastrophique en France en 2016.
La chute des revenus chez les céréaliers peut s’expliquer par l’onde de choc provoquée par une année de récolte catastrophique en France en 2016. JOËL SAGET / AFP

Près de 20 % des agriculteurs français ont déclaré un revenu nul, voire un déficit de leur exploitation en 2017, selon un rapport de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publié jeudi 7 novembre, malgré un revenu moyen affiché en augmentation, à 1 390 euros mensuels, avec de très fortes disparités.

La part d’exploitations sans revenus « est particulièrement élevée dans la production de céréales et grandes cultures (30 %) et dans l’élevage d’ovins, caprins, équidés et autres animaux (28 %) », selon l’Insee.

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Pour les céréaliers, cela peut s’expliquer par l’onde de choc provoquée par une année de récolte catastrophique en France en 2016, doublée d’une chute des cours mondiaux. Une situation qui a continué d’affecter les fermes françaises en 2017, la commercialisation des grains étant à cheval sur deux années. Résultat, les céréaliers ont dégagé en moyenne un revenu net avant impôts inférieur à 1 000 euros par mois cette année-là.

Lire notre enquête : « Pourquoi tout le monde se retourne contre nous ? » : le profond désarroi du monde agricole face à l’« agribashing »

La viticulture, secteur le plus prospère

Toutes productions confondues les exploitants agricoles ont en moyenne enregistré un revenu net imposable mensuel moyen de 1 390 euros par mois en 2017, en progression de 8,2 % par rapport à 2016, avec d’énormes écarts selon les secteurs.

Sans surprise, la viticulture est le secteur le plus prospère, avec un revenu moyen de 2 790 euros par mois, mais en recul de 3,9 % par rapport à 2016. 2017, explique l’Insee, était une « année de petite récolte après un excellent millésime 2016 ».

En bas de l’échelle, les éleveurs d’ovins, de caprins, d’équidés tirent la langue, avec un revenu moyen de 620 euros par mois, qui recule de 9 % par rapport à celui de 2016, le tout « dans un contexte de baisse de la production et des prix de la viande ».

Pour les éleveurs de bovins, si l’année n’a pas été florissante, elle a connu un mieux en 2017 : avec 1 100 euros de revenus par mois, ils ont bénéficié d’une forme de « rattrapage » (+ 15,9 %). Dans le même temps, les revenus des agriculteurs en polyculture-élevage voyaient leur revenu moyen passer à 1 090 euros, une progression de 25,2 %. En 2016, ils avaient subi l’effondrement des prix du lait dû à la fin des quotas laitiers en 2015.

Lire l’éditorial du « Monde » : Agriculture : une crise existentielle

Les actes antimusulmans tels qu’ils sont vécus

Petites phrases, regards de travers, insultes… Nombreux sont ceux qui dénoncent une « libération de la parole » depuis quelques années.

Par et Publié aujourd’hui à 06h16

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Prière dans une salle de la ville de Bayonne, après l’attaque perpétrée contre la mosquée de la ville, le 29 octobre.
Prière dans une salle de la ville de Bayonne, après l’attaque perpétrée contre la mosquée de la ville, le 29 octobre. MEHDI FEDOUACH / AFP

Dans le métro parisien, Nawel, 40 ans, s’est fait arracher son voile d’un coup sec, par-derrière. Quelques mois plus tard, un agent municipal chargé de faire traverser les écoliers l’a copieusement insultée avant de l’agresser physiquement. A Lyon, au passage de Samia (les prénoms ont été modifiés), 38 ans, dans une rue, un homme s’est mis à hurler : « Rentre chez toi ! » Elle portait un foulard. Fatima, une aide-soignante de 60 ans exerçant dans le Val-d’Oise a, elle, cessé son activité de visites à domicile. A la vue de son voile, certaines personnes refusaient de lui ouvrir la porte.

Petites phrases, insultes, regards de travers, grimaces et discriminations font partie du quotidien des musulmans français, qui ont le sentiment de subir les conséquences des crispations politiques et sociales croissantes autour de l’islam, selon les témoignages recueillis par Le Monde. Un climat d’inquiétude que confirme un sondage conduit par l’IFOP, au téléphone, auprès d’un échantillon de 1 007 personnes de 15 ans et plus se déclarant musulmanes, à la demande de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) et de la Fondation Jean-Jaurès, rendu public mercredi 6 novembre.

Lire aussi Actes antisémites et islamophobes : un décompte délicat à établir

Cette enquête est parfois difficile à interpréter car elle ne fait pas toujours la part entre les facteurs religieux, ethniques ou d’origine géographique. Frédéric Potier, à la tête de la Dilcrah, en admet les « limites », mais la considère comme une « base de travail et de réflexion ». Elle fournit en effet des indications utiles sur la perception par les musulmans eux-mêmes de l’hostilité à laquelle ils se disent confrontés.

Les chiffres corroborent le sentiment d’insécurité. Les musulmans sont plus nombreux (24 %) que le reste de la population (9 %) à déclarer avoir déjà été victimes d’insultes ou d’injures en raison de leur religion. Un écart existe aussi pour les actes de violence physique, même s’il est moins spectaculaire (7 % contre 3 %). Le fait d’être une femme d’une part (elles sont 30 % à déclarer avoir été insultées, contre 19 % des hommes) et celui de porter un foulard de l’autre (42 % de celles qui le portent « souvent » ont été insultées, mais aussi 27 % de celles qui ne le portent « jamais ») accroissent la probabilité d’être verbalement agressé.

Quand les employeurs s’intéressent au ressenti des salariés sur la diversité

Le Medef publie jeudi 7 novembre le « Baromètre de perception de l’égalité des chances ».

Par Publié aujourd’hui à 13h05, mis à jour à 13h08

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« Le premier sujet cité par les salariés pour améliorer l’“égalité des chances” en entreprise est l’égalité femmes-hommes et l’égalité salariale, loin devant l’âge, le handicap et le type de diplôme. »
« Le premier sujet cité par les salariés pour améliorer l’“égalité des chances” en entreprise est l’égalité femmes-hommes et l’égalité salariale, loin devant l’âge, le handicap et le type de diplôme. » Ingram / GraphicObsession

Les attentes sur l’égalité femmes-hommes sont de plus en plus fortes en entreprise. C’est le premier enseignement à retenir du « Baromètre de perception de l’égalité des chances » présenté jeudi 7 novembre par les coprésidents de la commission nouvelles responsabilités entrepreneuriales du Medef, Dominique Carlac’h et Aziz Senni. Créé en 2012 pour prendre le pouls des salariés sur ce qu’ils savent et ce qu’ils pensent des actions prises au sein de leur entreprise sur les questions de diversité, ce questionnaire sert de « miroir » aux employeurs.

« On peut se gargariser des actions engagées, mais tant que les résultats ne sont pas perçus, ce n’est pas la fin de l’histoire, explique Armelle Carminati, la présidente du comité entreprise inclusive du Medef. C’est en analysant la situation telle qu’elle est vécue par les salariés qu’on comprend pourquoi une parité parfaite (50/50) ne sera pas perçue comme telle si les femmes occupent tous les postes subalternes, illustre-t-elle.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi L’index égalité femmes-hommes : les entreprises de taille intermédiaire se heurtent aux mêmes freins que les grands groupes

Lorsque le baromètre a été lancé en 2012, la diversité n’était pas un sujet au Medef. Il est devenu depuis un instrument de sensibilisation des entreprises en présentant chaque année le ressenti des salariés au niveau national, comme élément de comparaison pour l’ensemble des établissements. La huitième édition, réalisée par TNS Kantar auprès de quelque 1 000 salariés de tous secteurs du 5 au 15 juillet, révèle un gap (fossé) important entre les attentes des salariés et ce qu’ils voient se réaliser. Quarante-neuf pour cent des salariés interrogés estiment que l’égalité des chances en entreprise est prioritaire, mais 30 % seulement considèrent que c’est une priorité pour leur entreprise.

Malgré l’index égalité femmes-hommes on est loin du compte

Le premier sujet cité par les salariés pour améliorer l’égalité des chances en entreprise est l’égalité femmes-hommes et l’égalité salariale, loin devant l’âge, le handicap et le type de diplôme. Malgré l’obligation depuis 2019 de publier un index égalité femmes-hommes, on est encore loin du compte. Les salariés interrogés sont « 11 % à penser qu’il n’est pas possible d’être promu à un poste à haute responsabilité dans leur entreprise quand on est une femme », montre le baromètre. La probabilité de refus de mobilité à une femme cadre pour motifs sexistes est en forte progression (50 % en 2019 contre 40 % en 2018).

La SNCF tente d’apaiser la colère des cheminots de la maintenance

Les syndicats du groupe ferroviaire sont sortis déçus d’une première réunion, mercredi 6 novembre, de concertation sur les rémunérations et les conditions de travail dans les technicentres.

Par Publié aujourd’hui à 10h30

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Des employés de la SNCF réparent des trains de la compagnie dans le technicentre de Bischheim (Bas-Rhin), le 29 avril.
Des employés de la SNCF réparent des trains de la compagnie dans le technicentre de Bischheim (Bas-Rhin), le 29 avril. FREDERICK FLORIN / AFP

Eteindre l’incendie. C’est manifestement, sous l’ère Farandou, la volonté de la direction de la SNCF, confrontée à une flambée sociale depuis la mi-octobre. La poussée de fièvre avait commencé par un arrêt de travail surprise, conséquence d’un accident de TER dans les Ardennes, le 16 octobre, avant d’être suivie par des débrayages dans des centres de maintenance TGV de la région parisienne. Des arrêts de travail affectent, en effet, depuis vendredi 1er novembre le technicentre des TGV Nord, Thalys et Eurostar, au Landy à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), succédant à une grève menée ces deux dernières semaines dans celui des TGV Atlantique à Châtillon (Hauts-de-Seine), rendant difficile la mise à disposition des trains pour les voyageurs.

Lire le portrait : SNCF : Jean-Pierre Farandou face à la tempête sociale

Mercredi 6 novembre, Rachel Picard, directrice générale de Voyages SNCF (TGV et trains intercités), a tenu une première table ronde avec les quatre organisations syndicales représentatives de la SNCF (CGT, UNSA, SUD et CFDT) sur les rémunérations et conditions de travail dans les centres de maintenance des TGV. La réunion a débouché sur une première salve de propositions qui ont laissé les syndicalistes sur leur faim.

« La copie est à revoir »

Concernant la rémunération, première des revendications des 3 500 agents des technicentres de Voyages SNCF, la direction a, lors de la concertation, proposé… une autre concertation. La nouvelle réunion serait élargie à l’ensemble des centres de maintenance de SNCF Mobilités (35 établissements et 22 000 agents) et se tiendrait sous les dix jours. Ce sursis a provoqué la colère de la CGT et de SUD qui ont quitté la réunion avant la fin. « La copie est à revoir », a estimé Florent Monteilhet, secrétaire général adjoint de l’UNSA-Ferroviaire.

Mme Picard a également mis sur la table des primes individuelles de performance et un doublement des embauches dans les technicentres TGV (300 contre 140 en 2018). Mais, là encore, les syndicats estiment qu’il y a entourloupe. « On a enregistré 100 démissions dans les centres de maintenance en 2019, rappelle M. Monteilhet. L’effort vanté par la direction n’est pas aussi spectaculaire qu’elle veut bien le dire. »

Sur le lieu de travail, les manifestations de religiosité se banalisent

Le baromètre de l’Institut Montaigne note que la religiosité dans l’entreprise continue d’être revendiquée, le plus souvent par des salariés musulmans.

Par Publié hier à 06h10, mis à jour à 14h09

Temps de Lecture 2 min.

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Une femme travaille à « La Rencontre annuelle des musulmans » au Bourget (Paris), le 14 avril 2017.
Une femme travaille à « La Rencontre annuelle des musulmans » au Bourget (Paris), le 14 avril 2017. LIONEL BONAVENTURE / AFP

Dans l’entreprise, le fait religieux se « banalise », les manageurs le gèrent « de mieux en mieux » et les salariés « s’adaptent » plus volontiers. C’est ce que révèle l’édition 2019 du baromètre du fait religieux en entreprise publié par l’Institut Montaigne depuis 2013. L’étude, intitulée « Religion au travail : croire au dialogue » et publiée jeudi 7 novembre, confirme une dynamique à l’œuvre depuis six ans : les manifestations de religiosité sur le lieu de travail continuent de s’affirmer.

Les demandes d’aménagement du temps de travail, le port visible d’un signe religieux (voile, croix, étoile de David…) et la volonté de pouvoir faire sa prière pendant les temps de pause restent les principaux signes observés. « 90 % d’entre eux émanent de salariés de confession musulmane », précise l’auteur, Lionel Honoré, professeur des universités à l’Institut d’administration des entreprises de Brest et directeur de l’Observatoire du fait religieux en entreprise.

Pour réaliser cette étude, 1 100 personnes ont répondu à un questionnaire, une trentaine d’entretiens ont été conduits et 30 experts (directeurs des ressources humaines, responsables diversité…) ont été interrogés. 70 % d’entre eux disent rencontrer « régulièrement » (32 %) et « occasionnellement » (38 %) des faits religieux. Ils étaient 66 % en 2018. Dans 19 % des cas, cela génère des tensions, un conflit ou un blocage, un pourcentage en augmentation régulière.

Infographie Le Monde

« La grande majorité des salariés ne laisse rien transparaître de leur religiosité dans l’entreprise, tient à souligner l’auteur. La plupart des autres sont prêts à aménager leur pratique pour la rendre “acceptable” et se conforment aux exigences de l’organisation pour laquelle ils travaillent. »

Une petite minorité – 12 % des cas qui créent des dysfonctionnements – se place dans « une logique de refus ». « Ce qui est marginal mais pas anecdotique, commente Lionel Honoré. Ceux-là adoptent une posture de revendication et veulent imposer à l’entreprise un fonctionnement religieux. » Ils exigent par exemple des jours de repos à des dates précises, refusent certaines tâches ou encore constituent des équipes de travail uniquement composées de coreligionnaires ou réclament une salle de prière.

Une soixantaine de suicides recensés dans l’éducation nationale en 2018-2019

Par ailleurs, 11 agents se sont donné la mort depuis la rentrée de septembre, selon les chiffres du ministère.

Le Monde avec AFP Publié hier à 18h40, mis à jour à 13h14

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Durant l’année scolaire 2018-2019, 58 agents de l’éducation nationale se sont suicidés, et 11 depuis la rentrée de septembre, selon des chiffres du ministère dévoilés pour la première fois à l’occasion d’une réunion sur les conditions de travail des enseignants, mercredi 6 novembre.

Ces données ont été annoncées lors d’un comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) extraordinaire. Cette réunion, organisée à la demande des syndicats, était consacrée à la souffrance au travail à l’école primaire, au collège et au lycée, un mois et demi après le suicide de Christine Renon, une directrice d’école de Pantin (Seine-Saint-Denis).

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Taux de suicide de 5,85 pour 100 000

Ainsi, au cours de l’année scolaire 2018-2019, 37 hommes et 21 femmes se sont donné la mort, dont 12 agents non titulaires, et, depuis la rentrée de septembre, cinq hommes et six femmes, ont détaillé à l’Agence France-Presse les syndicats SNES-FSU et UNSA.

Ces chiffres concernent l’ensemble du personnel enseignant et du personnel administratif, soit 992 000 agents. Le ministère précise que le taux de suicide est de 5,85 pour 100 000 personnes – par comparaison, le taux de suicide moyen en France, en 2012, était de 16 pour 100 000, selon des données de l’Observatoire national du suicide.

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