Le groupe Avril veut se séparer de deux usines d’agrocarburants, 116 salariés concernés

Le groupe Avril veut se séparer de deux usines d’agrocarburants, 116 salariés concernés

Saipol, filiale de la société spécialisée dans le colza, a subi de plein fouet la concurrence mondiale et l’évolution réglementaire du secteur.

Par Publié aujourd’hui à 10h48, mis à jour à 16h22

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Le moteur biodiesel du groupe Avril a des ratés. Cette entreprise, bras armé de la filière colza en France et puissante firme agro-industrielle connue pour ses marques Lesieur, Puget ou Matines, a annoncé, jeudi 7 novembre, la restructuration de sa filiale Saipol, spécialisée dans les agrocarburants. Le couperet est tombé sur deux sites, ceux de Sète (Hérault) et de Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique), qui emploient au total 116 salariés et dont le groupe souhaite se désengager. La production se recentrerait sur les quatre autres usines françaises.

La décision est tombée alors que Saipol souffre depuis plusieurs années de contre-performance économique. Avril, ex-Sofiproteol, estime à 133 millions d’euros la perte cumulée dans cette activité entre 2015 et 2018. « Depuis la fin du soutien fiscal dont bénéficiait le biodiesel en 2015, Saipol est confronté à la volatilité des marchés mondiaux. Des marchés qui se sont structurés autour des matières premières les moins chères, comme l’huile de palme ou le soja », explique Christophe Beaunoir, directeur général de Saipol.

« Le marché s’est effondré »

Avril a donc pris de plein fouet la concurrence des agrocarburants à base d’huile de palme de Malaisie, mais aussi de soja quand l’Union européenne a levé des barrières tarifaires douanières sur le biodiesel argentin à base de cette plante. Le groupe a fait du lobbying à Bruxelles, et une plainte y avait été déposée pour concurrence déloyale, et ce afin de tenter de contrer le flux argentin. Des décisions européennes lui ont permis de redresser la barre un temps.

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« La situation était plutôt favorable au second semestre 2018. Mais, au premier semestre 2019, nous avons subi une grève de nos salariés de trente-six jours [qui demandaient une revalorisation salariale]. Puis, en septembre, le marché s’est effondré. Si la récolte européenne de colza a été compliquée et que la perspective d’une raréfaction a soutenu les cours, les portes de la Chine se sont fermées au canola canadien [colza] qui s’est déversée sur l’Europe », raconte M. Beaunoir.

Une nouvelle série de turbulences qui devraient maintenir les comptes de Saipol dans le rouge, en 2019. Et qui a conduit à la décision de restructuration. Pour tenter d’améliorer son équation économique, Avril produisait aussi des agrocarburants avec du canola ou du soja, ou bien encore incorporait de l’huile de palme dans son biodiesel. En particulier dans les deux sites dont le groupe souhaite se défaire pour se recentrer sur ses sites de Bassens (Gironde), Grand-Couronne (Seine-Maritime), Lezoux (Puy-de-Dôme) et Le Mériot (Aube).

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LJD

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