Chute d’activité : les entreprises face au choix de la flexibilité interne ou externe

« Signé “en vue de préserver ou de développer l’emploi”, l’accord de performance collective permet de revoir durée du travail et salaires en échange du maintien de l’emploi pendant la durée fixée par l’accord. »

Droit social. Nombre d’entreprises font aujourd’hui face à des graves difficultés économiques. Alors que leur activité est loin d’avoir repris, comment payer leurs salariés ? Le droit du travail leur offre deux possibilités : la flexibilité externe (avec des ruptures de contrat) ou interne voulant maintenir la collectivité du personnel.

La flexibilité externe – et ses licenciements économiques – est la plus classique. Avec obligation, si plus de dix départs sont prévus, de monter un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) soumis à l’avis du comité social et économique (CSE), puis à une validation administrative. Le PSE ne mérite son nom que si sa première partie (« mesures destinées à éviter les licenciements ») aboutit à ce que le nombre de licenciements soit finalement inférieur à celui des postes supprimés, en particulier grâce à l’obligation de reclassement au sein de l’entreprise.

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La flexibilité interne veut maintenir la collectivité du personnel, autant pour des raisons d’intérêt général (exclusions et finances de l’Unédic), que ceux de la société en cause voulant laisser passer l’orage en gardant ses compétences.

Signé « en vue de préserver ou de développer l’emploi », l’accord de performance collective né en mars 2018 par la loi de ratification des ordonnances de 2017 en est l’exemple emblématique. Cet accord d’entreprise majoritaire permet de revoir durée du travail et salaires (ex : augmentation de 35 heures à 39 heures avec maintien du salaire mensuel), en échange du maintien de l’emploi pendant la durée fixée par l’accord.

Consensus, transparence et loyauté

Mais il n’est pas certain que, fin 2020, ce dispositif ait le succès attendu, pour plusieurs raisons.

Outre qu’il peut inciter les meilleurs collaborateurs à partir, il nécessite un accord d’entreprise. Or, nombre de syndicats sont réticents à signer : par principe parfois, par réalisme souvent, car des salariés endettés risquent de leur faire payer cette baisse de rémunération aux prochaines élections professionnelles. Plus généralement, enfin, la flexibilité interne repose sur un triptyque qui se construit sur le long terme, mais peut disparaître en un jour : consensus, transparence et loyauté.

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Consensus. Il est de fait dans nombre de PME. Mais là où des syndicats sont présents, le droit exige un accord majoritaire : sur un sujet aussi sensible, la barre reste très haute.

Transparence. Ce fort engagement de toutes les parties pour traverser une période difficile exige que tous les comptes soient sur la table, afin qu’un diagnostic partagé puisse être posé. Le CSE peut donc désigner un expert-comptable « afin d’apporter toute analyse utile aux organisations syndicales pour préparer la négociation relative à l’accord de performance collective ».

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Emploi : à chacun son modèle

« Les Politiques de l’emploi », de Christine Erhel. PUF, « Que sais-je », 128 pages, 9 euros.

Le livre. Les politiques de l’emploi font face à un double défi, à la fois conjoncturel et structurel. D’un côté, la crise de 2008 a entraîné de nouvelles hausses du chômage et creusé les inégalités entre groupes sociaux. De l’autre, la « quatrième révolution industrielle » voit s’amplifier la diffusion du numérique et de formes d’automatisation avancées, et engendre des transformations majeures de l’emploi et du travail.

Depuis la fin des années 1990, les politiques de l’emploi connaissent une histoire mouvementée, rappelle Christine Erhel. La coordination européenne s’affirme, sous la forme d’échanges d’informations et de fixation d’objectifs communs. Quelle est l’efficacité des innovations politiques et institutionnelles ? Comment articuler le maintien de spécificités héritées du passé et l’adhésion à des tendances communes, largement partagées et diffusées notamment par l’Union européenne ou l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ?, s’interroge la professeure au Conservatoire national des arts et métiers dans Les Politiques de l’emploi (PUF).

L’ouvrage se concentre sur les pays occidentaux et croise plusieurs types d’approches : historique, pour clarifier les fondements des dispositifs existants ; économique, afin de mettre en évidence les effets potentiels des mesures ; et une perspective de science politique qui relève les sources de changement des politiques.

Après avoir précisé les contours des politiques de l’emploi dans un premier chapitre, la titulaire de la chaire Economie du travail et de l’emploi se penche sur l’hétérogénéité des modèles nationaux, qui s’articulent avec une histoire différenciée selon les pays.

Efficacité des réformes

Si le modèle nordique conserve des dispositifs relativement généreux et orientés vers une amélioration à moyen terme des trajectoires individuelles, les pays anglo-saxons développent des mesures centrées sur le retour rapide à l’emploi et des formations d’adaptation au poste de travail. Le troisième chapitre se concentre sur les réformes récentes et les facteurs les favorisant. L’efficacité des dispositifs est enfin discutée dans un dernier chapitre.

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Malgré une baisse du chômage depuis 2013 en Europe, les politiques de l’emploi restent aux prises avec des niveaux de chômage élevés dans certains pays, avec des inégalités selon les groupes sociaux et un accroissement du chômage de longue durée. Elles doivent également prendre en compte des tendances défavorables, amorcées dans les années 2000, et qu’elles ont « sinon générées du moins accentuées ».

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Les aéroports, grands oubliés des plans de soutien

Habituellement très fréquenté, l’aéroport de Toulouse-Blagnac est complètement vide, tandis que la France est confinée, le 17 mars.

Les aéroports sont les grands oubliés des mesures de soutien aux principaux secteurs de l’économie. Ils ne figurent même pas dans le plan de 15 milliards d’euros pour l’aéronautique, annoncé, mardi 9 juin, par le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire. « Nous sommes dans l’angle mort », s’inquiète Thomas Juin, le président de l’Union des aéroports français (UAF).

Pourtant, sur les tarmacs, c’est l’état d’urgence. « Les aéroports sont pour la plupart à l’arrêt depuis deux à trois mois. C’est sans précédent », se lamente Thomas Juin. Un paysage sinistré. L’activité des plates-formes aéroportuaires s’est effondrée. Un repli de 60 %, en moyenne, avec, parfois, des baisses de 70 % pour certaines, précise le patron de l’UAF. Alors qu’ils ont vu transiter 206 millions de passagers en 2019, les aéroports prévoient une baisse du trafic de 42 % en 2020.

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A Toulouse-Blagnac, qui frôlait les 10 millions de passagers ces deux dernières années, l’aéroport d’Airbus, la sixième plate-forme de France, vit ses jours les plus sombres. Le trafic a chuté à moins de 1 % en avril et mai. A Nice, la situation était aussi catastrophique, avec une activité tombée à 2 % par rapport à la normale.

Maintenant que la pandémie recule, les plates-formes craignent le pire, car les caisses sont vides. Thomas Juin évalue « le manque à gagner à environ 5 milliards d’euros », dont 2,5 milliards pour Groupe ADP (ex-Aéroports de Paris), qui représente à lui seul 50 % du trafic. Le groupe, dont le PDG est Augustin de Romanet, a annoncé avoir perdu 98 % de son chiffre d’affaires pendant les deux mois de fermeture. Un véritable drame pour un secteur « aux coûts fixes très importants, dont le modèle économique repose sur des charges fixes [80 %] et des investissements lourds financés par l’activité. Quand l’activité s’arrête, les coûts continuent de courir », déclare M. Juin.

Des licenciements se profilent

Déjà tenus à l’écart des grands plans de relance, les aéroports n’ont même pas eu droit « à la prolongation de l’activité partielle » au-delà du 1er juin. C’était pourtant l’une de leurs principales revendications. Ils voulaient bénéficier « de ce dispositif au même titre que la filière touristique », s’étonne le président de l’UAF.

Déjà, des licenciements se profilent. A Nice, les syndicats s’inquiètent pour les milliers d’emplois secondaires qui découlent de l’activité aéroportuaire. « Cela représente entre 6 000 et 8 000 personnes », précise Laury Bouhachi, l’un des responsables de la CGT du commerce de l’aéroport Nice-Côte d’Azur. A Toulouse, la zone aéroportuaire, qui entoure l’aéroport, enregistre 9 000 emplois indirects.

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Médecins, directeurs, agences régionales de santé : à l’hôpital, qui doit gouverner ?

Une infirmière, dans un couloir de l’hôpital Saint-Louis, à Paris, le 28 mai.

« Un hôpital, c’est fait pour soigner des patients. Du coup, quand tout le monde est focalisé là-dessus, ça râle beaucoup moins », plaisantait, mi-avril, un directeur d’établissement hospitalier de l’est de la France, en pleine crise due au Covid-19. Il se disait surpris par « la diminution des dissensions et par la synergie autour d’un objectif commun » : lutter contre l’épidémie.

Paradoxalement, cette période de crise sanitaire a souvent constitué un moment d’union et d’apaisement des tensions dans une communauté hospitalière structurée par l’éternelle opposition entre soignants et administratifs. Une question « archaïque » pour Jérémie Sécher, président du Syndicat des manageurs publics de santé (SMPS), qui veut croire que le problème n’est plus là. « C’est le dixième ou le vingtième épisode d’un faux nez », estime-t-il.

Forte pression financière

La répartition du pouvoir entre administratifs et soignants est en effet un débat vieux comme l’hôpital, qui a balancé au fil des époques. Depuis les réformes de 2005 et de 2009, la structure hiérarchique d’un hôpital public est partagée entre médical et administratif.

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D’un côté, une direction administrative, chapeautée par un directeur nommé par le ministre et soumis aux consignes des agences régionales de santé (ARS) et du ministère. Le directeur siège au sein d’un conseil de surveillance, composé d’élus locaux, de représentants du corps médical, du personnel et des publics. Il préside également le directoire.

De l’autre, la commission médicale d’établissement (CME), qui représente le corps médical et dont le président élu siège lui aussi au directoire. La CME est composée des chefs de pôle, de service et de représentants, pour partie élus, des divers pôles et corps de métiers médicaux.

Les tensions sociales à répétition au sein des hôpitaux se sont accompagnées d’une volonté de redonner plus de pouvoir aux médecins face aux administratifs

Le climat austéritaire de la décennie écoulée, avec une forte pression financière exercée sur les directions hospitalières, a conduit à un mouvement de balancier vers ces dernières, parfois mal vécu par les médecins. « Tout est toujours vu par ce prisme de la contrainte budgétaire », soupire ainsi Rémi Salomon, qui préside la CME de l’Assistance publique-Hopitaux de Paris (AP-HP), pour qui la crise démontre qu’un fonctionnement apaisé est avant tout affaire de moyens.

Les tensions sociales à répétition au sein des hôpitaux se sont accompagnées d’une volonté de redonner plus de pouvoir aux médecins face aux administratifs. « Ces derniers mois, on ne parle pas de moyens en plus, mais de comment médicaliser la gouvernance », notait déjà un directeur en novembre 2019. Un mois plus tard, Agnès Buzyn, alors ministre de la santé, chargeait le professeur Olivier Claris, président de la CME des Hospices civils de Lyon (HCL), d’une mission autour de la « médicalisation de la gouvernance », suscitant l’inquiétude des directions hospitalières. « Macron veut nous pendre. On va devenir consultant à 1 500 euros par jour pour les médecins qui deviendront directeurs », plaisantait alors un directeur.

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Chez Volkswagen, un conflit éclate entre direction et syndicat

A Dortmund, le 25 mai 2020.

Volkswagen (VW), premier constructeur automobile mondial, est menacé d’une grave crise de gouvernance, à un moment particulièrement délicat de son histoire. Deux ans après son arrivée à la tête du groupe, le PDG Herbert Diess subit le désaveu du Betriebsrat, l’instance de représentation des salariés, qui joue traditionnellement un rôle très important chez VW. Lundi 8 juin dans la soirée, le groupe a annoncé un changement inattendu au sein du directoire : Herbert Diess renonce à diriger la marque Volkswagen, et le directeur des achats, Stefan Sommer, doit quitter l’entreprise un an avant la fin de son contrat.

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La perte de confiance entre les salariés et la direction pourrait être le prélude de nouveaux blocages chez VW. Depuis plusieurs jours, les dissensions entre le PDG Herbert Diess et le président du Betriebsrat, Bernd Osterloh, s’étalent au grand jour dans la presse. Au point que la question du maintien en poste du PDG a été posée au sein du conseil de surveillance, où siègent pour moitié des représentants du personnel.

Problèmes de logiciels

M. Osterloh reproche à M. Diess des erreurs de management qui ont conduit à des retards importants sur deux projets clé : la Golf 8 et la voiture électrique ID.3. Ces deux modèles, censés incarner l’avenir électrique et connecté de VW, souffrent de graves problèmes de logiciels, qui ne sont pas la spécialité du groupe allemand.

Sur le fond, le bras de fer entre les deux hommes est aussi lié à une lutte d’influence pour l’avenir de Volkswagen. Le groupe allemand se distingue de ses concurrents par l’originalité de sa structure, héritée de son histoire : le Betriebsrat, dominé par le syndicat IG Metall, se considère comme un co-dirigeant de l’entreprise. Il défend le maintien des emplois en Allemagne, et en particulier au siège du groupe à Wolfsburg, contre un excès de délocalisations. Il bénéficie le plus souvent dans les arbitrages du soutien du land de Basse-Saxe, qui détient 20 % du capital. En face, la direction opérationnelle doit négocier ses réformes davantage qu’ailleurs, avec le soutien de la famille actionnaire. Le respect de cet équilibre est une condition de réussite des dirigeants, il a souvent pour corollaire une lenteur et un certain conservatisme.

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Or Volkswagen, déjà ébranlé par l’affaire des moteurs diesel truqués en 2015, doit faire un énorme effort pour s’adapter à l’évolution rapide du marché automobile. Herbert Diess s’est hissé au printemps 2018 à la tête du groupe avec l’objectif de faire passer en quelques années le constructeur traditionnellement spécialiste du moteur à explosion en un leader mondial de la mobilité électrique et connectée. Porté par la famille actionnaire, il a également bénéficié à l’époque du soutien du Betriebsrat, conscient de la pression de la concurrence chinoise et californienne.

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Un rapport sénatorial réclame la revalorisation du métier de directeur d’école

Peut-on encore ignorer le rôle « à part » des directeurs d’école, en première ligne dans la gestion de la crise sanitaire puis du déconfinement scolaire ? La commission de la culture et de l’éducation du Sénat a décidé de prendre appui sur cette actualité, dans un rapport rendu public le 9 mai. Le texte, cosigné par Max Brisson (Les Républicains) et Françoise Laborde (Parti radical de gauche), veut rouvrir ce chantier laissé en suspens, en soulignant la « position ambiguë » de ce poste de directeur, mise en lumière par la crise du Covid-19 : celui-ci doit assurer le fonctionnement de l’école, sans avoir de véritable autorité, ni d’autonomie, tout en assurant souvent une charge d’enseignement.

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La vague d’indignation qui a suivi, à l’automne 2019, le suicide de Christine Renon − une directrice de Pantin (Seine-Saint-Denis) retrouvée morte dans son école maternelle − a déjà poussé l’éducation nationale à annoncer mi-novembre des mesures d’« urgence », dont un moratoire sur les enquêtes administratives et l’ajout d’une journée de décharge supplémentaire pour les directeurs.

Ces mesures sont jugées peu efficaces par les sénateurs. Ils notent une charge de travail accrue et la multiplication des interlocuteurs, qui, associés à une faible reconnaissance financière, engendrent une baisse générale de l’attractivité du métier. Selon des sources syndicales citées dans le rapport, 4 000 postes de directeur peinent à trouver preneur chaque année, sur les 44 902 écoles publiques en France.

Les sénateurs proposent donc d’abaisser le seuil des « décharges », soit le fait, pour un enseignant, d’être remplacé sur tout ou partie de son temps de classe, dans les grandes écoles. La mesure est réclamée par la profession : dans une enquête menée du 13 novembre au 1er décembre 2019 par l’éducation nationale auprès des directeurs, l’abaissement du seuil de décharges était spontanément cité par 36 % des 29 007 répondants parmi les pistes d’amélioration des conditions de travail.

Besoins exprimés par la profession

Mais l’évolution la plus forte proposée par les sénateurs tiendrait à la création d’un « emploi fonctionnel » pour les directeurs. Le mot renvoie, dans la fonction publique, à des contrats temporaires de direction. Il permettrait d’offrir une plus grande autonomie et un régime d’indemnité plus favorable que la prime actuelle (entre 200 et 400 euros par mois, selon l’ancienneté et la taille de l’école).

En proposant la création d’un « détachement » renouvelable plutôt que d’un « statut », le Sénat espère donner l’autorité à la fonction et non à la personne − à l’inverse d’un enseignant qui entrerait dans un « corps » de directeurs d’école. Ce faisant, le Sénat ajuste sa position aux besoins exprimés par la profession.

Au printemps 2019, les sénateurs avaient en effet tenté de créer, par amendement, un « statut hiérarchique » des directeurs d’école dans la loi « pour une école de la confiance ». Cette initiative avait provoqué l’ire des organisations syndicales avant d’être retoquée par l’Assemblée. Attachés au fonctionnement en équipe, les enseignants du primaire ne souhaitent pas la création d’un statut comparable à celui des « chefs d’établissement » du second degré. Beaucoup tiennent aussi au cumul avec le travail en classe.

La création de postes de mission de direction − sans toucher au statut − est aussi au cœur d’une proposition de loi de la députée Cécile Rilhac (La République en marche), qui sera débattue dans l’Hémicycle « la semaine du 22 juin », selon l’élue du Val-d’Oise. Un hasard de calendrier qui n’en est pas vraiment un. La proposition de loi, « soutenue par la majorité », assure Cécile Rilhac, a été mise à l’ordre du jour « pour tirer les leçons de la crise » du Covid-19. « D’un point de vue politique, tout cela est très bien joué, commente Dominique Bruneau, en charge du premier degré au SGEN-CFDT. Avec la crise, il est devenu impossible de nier que le directeur n’est pas un enseignant comme les autres. »

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Dans les rangs syndicaux, les avis sont partagés sur l’ouverture de ce nouveau front parlementaire, alors que l’agenda social, suspendu par le confinement, va reprendre sur le sujet. Le SGEN-CFDT soutient de longue date l’idée des « emplois fonctionnels », mais le SNUipp-FSU, majoritaire dans le premier degré, est plus réservé. « L’idée d’une mission signifie qu’on renouvelle les directeurs régulièrement, ce qui a des bons et des mauvais côtés », souligne Francette Popineau. La CGT, elle, dit déjà craindre le retour, sous une autre forme, du « statut » des directeurs.

Crise due au Covid-19 : le retour à la normale de l’activité économique attendu au mieux en 2022

Ouvriers sur un chantier à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), le 28 mai 2020.

Moins de temps passé devant la télévision ou sur les plates-formes de jeu en ligne, plus de temps passé en voiture ou à vélo dans les grandes villes, un niveau de pollution qui augmente… des indicateurs inhabituels pour les économistes, mais qui permettent de déceler la reprise de l’activité économique. « Le retour au travail devient de plus en plus visible », indiquent ainsi les experts de CIB-Natixis dans une note publiée lundi 8 juin, fondée sur l’observation de ces données.

« Il y a des secteurs qui ont pratiquement retrouvé leur niveau d’avant », confirme François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, mardi 9 juin sur Franceinfo. Mais si la reprise s’amorce, le PIB devrait bien plonger de 10 % cette année, selon Banque de France. Et le retour à la situation « d’avant-Covid » sera long pour une rémission seulement mi-2022. Le chômage, lui, pourrait atteindre 11,5 % à mi-2021, contre 8,1 % au second trimestre de 2019.

Ruée dans les magasins de sport

Reste que la reprise est là. Les commerçants ou chefs d’entreprise voient revenir depuis le déconfinement, le 11 mai, les clients ou consommateurs. Les premiers gagnants sont à n’en pas douter les vélos. Depuis le 11 mai, c’est la ruée dans les magasins de sport ou spécialisés. Si Decathlon ne donne pas de chiffres, Intersport annonce vendre plus de 4 000 vélos par jour. C’est 2,5 fois plus que l’année précédente, pour la même période, et même près de 3,5 fois plus pour les seuls VTT. Globalement, l’Union Sport & Cycle, la fédération du secteur, enregistre une hausse de 114 % des ventes (accessoires compris) pour les trois dernières semaines de mai, par rapport à l’année 2019.

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Entre la crainte de reprendre les transports en commun, les mesures d’aide contenues dans le plan de relance et le bas de laine accumulé pendant le confinement, les Français sont nombreux aussi à rêver d’une nouvelle voiture. « Les gens se bousculent dans les concessions automobiles », a même déclaré la secrétaire d’Etat Agnès Pannier-Runacher mercredi 3 juin sur Franceinfo. « Il y a un vrai frémissement, en particulier sur le Web, avec des recherches plus spécifiquement ciblées sur les bonnes affaires », confirme Eric Champarnaud, fondateur de la société de conseil en marketing C-Ways.

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Le textile et l’habillement profitent aussi de l’envie de consommer. « Certaines clientes abusent. Elles essayent une douzaine de vêtements. D’autres osent essayer chez nous ce qu’elles ont acheté chez H&M ou Zara, avant de les rendre si cela ne leur convient pas », déplore même une élue syndicale de l’enseigne de prêt-à-porter Pimkie qui, contrairement à d’autres, a laissé ses cabines d’essayage ouvertes. Les ventes, si elles n’ont pas repris leur niveau d’avant-crise, « sont bien meilleures que prévu », selon la syndicaliste.

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Des pistes pour doper la générosité, des morts comme des vivants…

Le rapport « Pour une philanthropie à la française », rendu au gouvernement le 9 juin, propose d’assouplir la réserve héréditaire.

Les conflits autour de la succession de Johnny Hallyday (1943-2017) avaient rouvert le débat sur la réserve héréditaire – cette part d’héritage qui revient forcément, en France, à certains héritiers, notamment les enfants. Mais en dehors des pages people, la notion fait aussi souvent débat dans le monde de la philanthropie, certains estimant que pour attirer plus de fonds vers les fondations et associations, il faut permettre de léguer à une cause plus qu’il n’est possible de le faire aujourd’hui.

Si le secrétaire d’Etat Gabriel Attal s’est plusieurs fois prononcé pour un assouplissement de la réserve héréditaire, il devrait se trouver conforté par un rapport sur l’évolution de la philanthropie en France, que deux députées, Naïma Moutchou (LRM, Val-d’Oise) et Sarah El Haïry (MoDem, Loire-Atlantique), rendent au gouvernement ce 9 juin en fin de matinée, et que Le Monde a pu consulter.

Commandé par le gouvernement en 2018, « Pour une philanthropie à la française » affiche trente-cinq propositions visant à développer une « philanthropie à la française ». En voici six qui concernent la générosité des ménages et leur patrimoine.

  • Plus de liberté dans l’héritage

Aujourd’hui, une personne ayant un enfant peut choisir à sa guise à qui reviendra la moitié de son patrimoine après sa mort (c’est la « quotité disponible », qui ne fait pas partie de la fameuse réserve héréditaire). C’est un tiers en présence de deux enfants. Un quart avec trois enfants ou plus.

Le rapport propose que quand « le patrimoine transmis l’est dans l’intérêt général », la quotité disponible ne puisse être inférieure au tiers de l’héritage, même avec trois enfants.

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Il préconise un assouplissement plus fort de la réserve héréditaire au-delà de 10 millions d’euros de patrimoine : qu’en cas de legs, la part dont on peut disposer à sa guise ne puisse être inférieure à la moitié de la succession, même avec trois enfants.

  • Des dons sur succession plus souples

Un don permet déjà aujourd’hui de réduire les droits de succession : il peut être déduit de l’assiette taxable s’il est réalisé dans les six mois du décès, qu’il est consenti à une association ou fondation d’utilité publique et qu’il est prélevé sur la succession.

Pour les successions complexes ou les décès soudains, ces six mois ne suffisent pas toujours pour prendre connaissance de l’actif successoral et avoir le recul nécessaire pour prendre une décision patrimoniale importante, explique Sarah El Haïry, préconisant un an.

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L’Etat débloque 15 milliards d’euros pour soutenir la filière aéronautique

A l’aéroport de Roissy, le 25 mai.

La distribution continue pour venir en aide à tous les secteurs en grandes difficultés. Après un plan de 18 milliards d’euros pour sauver l’industrie du tourisme, puis encore 8 milliards d’euros pour la filière automobile, c’est au tour de l’aéronautique de bénéficier d’une pluie de milliards d’euros. Le ministre de l’économie et des finances, Bruno Le Maire, a annoncé, mardi 9 juin, un plan de soutien massif à l’aéronautique d’un montant de plus de 15 milliards d’euros. « Il est proportionné à la violence qu’a représentée la crise en ce début d’année et à son impact durable sur le trafic aérien », justifie M. Le Maire.

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Cette aide de l’Etat était très attendue par toute la filière qui regroupe au sens large près de 300 000 emplois et dégage 58 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, et qui souffre des conséquences de la pandémie de Covid-19. « Ce plan va nous aider très fortement », soupire de soulagement un gros industriel du secteur. Pour preuve, les deux fleurons de l’aéronautique, l’avionneur européen Airbus, qui emploie 47 000 salariés en France, et le motoriste Safran, 95 000 salariés dans le monde dont 45 000 dans l’Hexagone, ont connu une chute brutale de leurs activités.

« Répondre à l’urgence »

Celle d’Airbus a reculé de 40 % tandis que Safran a reconnu un repli de 50 % son chiffre d’affaires et de son activité. Pour atteindre cette manne de 15 milliards d’euros, le plan échafaudé par l’Etat, après des discussions serrées avec les grands industriels, devrait toutefois intégrer une partie des 7 milliards d’euros déjà accordés à Air France notamment sous la forme d’un prêt garanti de 4 milliards et d’un prêt direct de 3 milliards.

Le premier objectif de ce plan de soutien est de « répondre à l’urgence en soutenant les entreprises en difficulté et protéger leurs salariés », déclare M. Le Maire. Notamment, confirme Bercy, en s’attachant à d’abord « sauver les emplois et les compétences » du secteur qui fait travailler plus de 35 000 ingénieurs. Selon le ministère de l’économie et des finances, « ce sont 100 000 emplois qui seraient menacés dans les mois qui viennent » si rien n’est fait.

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Pour éviter une telle hécatombe, le gouvernement a décidé « d’activer les garanties à l’export (…) pour éviter les annulations et reports de commandes d’avions », indique le ministre de l’économie. Les autorités ont décidé d’accorder aux compagnies aériennes « un moratoire de douze mois pour rembourser leurs emprunts auprès des banques », explique Bercy. Une mesure qui devrait apporter 1,5 milliard d’euros de trésorerie dans les caisses des compagnies aériennes. Mais comme « la reprise devrait être longue : les prévisions actuelles pour le transport aérien n’anticipent pas de retour au niveau précrise avant 2023 », ajoute le ministre, l’Etat veut proposer à la Commission européenne « d’allonger la durée pendant laquelle les compagnies ne remboursent pas leurs nouveaux crédits » pour des achats d’avions. Aujourd’hui fixée à six mois, cette facilité de paiement pourrait, à terme, passer à dix-huit mois.

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L’accord de performance collective se précise à « L’Equipe »

Six jours de RTT au lieu de vingt-deux, une baisse de salaire légèrement supérieure à 10 %, gel des augmentations collectives (mais pas individuelles) : un projet d’accord de performance collective a été présenté aux représentants syndicaux de L’Equipe, lundi 8 juin, conformément à une communication qui avait été faite aux salariés dans la soirée du 31 mai.

« 2020 sera la pire année de la SAS l’Equipe avec un déficit de 16 millions d’euros », justifie Jean-Louis Pelé, le directeur général du groupe (L’Equipe, L’Equipe Magazine, la chaîne L’Equipe, L’Equipe.fr, Vélo Magazine, France-Football, Sport & Style), en introduction d’un mail envoyé lundi après-midi ; il y évoque « une perte de plus de 60 % de la vente au numéro depuis trois mois et une chute des recettes publicitaires de 70 % ».

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La reprise prochaine des événements sportifs lui paraît peu susceptible de rattraper le temps perdu : « La dernière crise externe que nous avons subie, lors des attentats du 13 novembre 2015, avait entraîné un décrochage de la vente au numéro que nous n’avons jamais retrouvée », assure le dirigeant. Les perturbations dans la distribution des journaux, dues à la crise chez Presstalis « dont les effets économiques (…) ne sont pas encore tous connus » précipitent L’Equipe dans une situation qui n’aurait pas dû arriver avant 2023.

« Malgré ce trou d’air économique, mon objectif est de maintenir la production de contenus de qualité et d’accélérer la transition numérique pour être prêt à rebondir avec le retour d’une forte actualité, dès 2021 », précise au Monde Jean-Louis Pelé, qui propose de baisser sa rémunération de 15 %.

Départs à la retraite favorisés

A ces baisses de salaire et de jours de RTT s’ajoutent d’autres propositions – la possibilité d’ouvrir un compte épargne temps permettant d’épargner dix jours par an, la mise en place du télétravail à hauteur d’un jour fixe par semaine ou un forfait de 35 jours –, et les départs à la retraite seraient favorisés. Selon une source syndicale, une soixantaine de personnes atteindront ou dépasseront l’âge de 60 ans au cours des quatre prochaines années.

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En échange, la direction s’engage à ne pas procéder à des licenciements économiques jusqu’en 2024, mais un salarié qui refuserait l’application de cet accord, dans le cas où les organisations syndicales l’accepteraient, pourrait être contraint au départ. « Une approche similaire » sera prochainement soumise aux salariés de la chaîne de télévision La chaîne L’Equipe.

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