« Egalité professionnelle : l’heure des comptes a sonné pour les PME »

« Avec un index inférieur à 75/100, l’entreprise a trois ans pour mettre en œuvre des mesures de correction qui la ramèneront dans les clous. Sinon, la pénalité financière peut aller jusqu’à 1 % de la masse salariale. »
« Avec un index inférieur à 75/100, l’entreprise a trois ans pour mettre en œuvre des mesures de correction qui la ramèneront dans les clous. Sinon, la pénalité financière peut aller jusqu’à 1 % de la masse salariale. » Martin Barraud/Ojo Images / Photononstop

Carnet de bureau. Les PME de 50 à 249 salariés devaient avoir publié, dimanche 1er mars, leur premier index égalité professionnelle, calculé sur 100 points et quatre critères : la rémunération, les augmentations salariales, l’augmentation au retour du congé maternité et la parité parmi les dix plus hautes rémunérations. Le ministère du travail a déployé les soutiens techniques et humains afin de les aider : un simulateur de calcul, une formation en ligne, une assistance téléphonique (Allo Index Ega Pro), et même des « ambassadeurs » en région et des « référents » au sein de l’administration.

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Tout comme les grandes entreprises, à quelques jours de l’échéance, les meilleurs élèves des PME ont communiqué haut et fort sur leurs bons résultats. « Suppression des écarts de salaire : 39/40 ; égalité des chances d’avoir une augmentation : 15/15 ; mise à niveau des salaires au retour d’un congé maternité : 15/15 », total : 94/100, se félicitait ainsi le cuisiniste Schmidt Groupe, le 24 février ; 97, claironnait Heineken trois jours après ; 98, renchérissait Manpower. Les mauvais élèves, en revanche, ne se sont pas davantage vantés que ceux des grandes entreprises. Avec un index inférieur à 75/100, l’entreprise a trois ans pour mettre en œuvre des mesures de correction qui la ramèneront dans les clous. Sinon, la pénalité financière peut aller jusqu’à 1 % de la masse salariale.

« Alerte rouge »

La patience du gouvernement sur ce chapitre n’est pas négligeable. En juin 2019, la ministre du travail, Muriel Pénicaud, indiquait aux deux cents grandes entreprises qui avaient déjà trois mois de retard sur la communication de leur premier index que s’ils ne se conformaient pas « très vite », ils seraient « mis en demeure » et pourraient « avoir des sanctions ». En septembre, dix-sept entreprises ont été mises en demeure. Mme Pénicaud faisait alors un premier point sur les résultats connus. Elle précisait que 18 % des sociétés de plus de 1 000 salariés et 16 % de plus de 250 étaient « en alerte rouge », et qu’elle ferait connaître les noms de celles qui ne seraient pas parvenues à 75 points « au 1er mars prochain [2020] ».

L’obligation de résultat en termes d’égalité introduite par la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel est plus compliquée à respecter dans une petite structure : à cause de la composition de l’effectif, parfois essentiellement féminin ou majoritairement masculin ; pour des questions techniques aussi : les salaires moyens ne doivent être calculés que « sur au moins trois personnes », indique le simulateur de calcul du ministère, alors que la taille de l’effectif ne le permet pas toujours. L’entreprise est alors dans un « cas d’incalculabilité » et n’est pas sanctionnée ; enfin, l’absence de service des ressources humaines laisse les plus petites structures démunies.

Literie : Dunlopillo en quête d’un nouveau ressort

Un magasin Conforama, à Paris, en 2016.
Un magasin Conforama, à Paris, en 2016. Gilles BASSIGNAC/Divergence

C’est en milieu de semaine, mercredi 4 mars, que va commencer à se jouer l’avenir de Dunlopillo. Le tribunal de commerce de Paris tiendra son audience sur les offres déposées pour la reprise de l’un des plus célèbres noms du marché de la literie en France, qui emploie 200 personnes au sein de ses deux usines de fabrication, dans les Yvelines. Une décision est attendue une quinzaine de jours plus tard.

La marque Dunlopillo, en redressement judiciaire depuis décembre 2019, est gérée par Paris Bedding, filiale du fabricant de literie Adova, qui détient également les marques Treca et Simmons. Pour justifier son choix de s’en séparer, Jacques Schaffnit, le président d’Adova (ex-Cauval), a estimé qu’il fallait « préserver la trésorerie du reste des activités ». De fait, si le chiffre d’affaires de Dunlopillo atteignait 100 millions d’euros il y a douze ans, il ne s’élevait plus qu’à 16 millions quand Cauval a été racheté, en mai 2016, par le fonds Perceva.

La situation risquait de se détériorer au cours des prochains mois, avec la fermeture programmée de trente-deux magasins Conforama et dix Maison Dépôt à la suite des difficultés de l’enseigne depuis la découverte des malversations de son actionnaire sud-africain Steinhoff, en 2017. « Nous n’avons pas encore ressenti de baisses de commandes de Conforama, mais cela va arriver et pourrait affecter de 15 % à 20 % du chiffre d’affaires que l’on fait avec eux », souligne M. Schaffnit.

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« Les impacts commenceront à se faire sentir en mars-avril, en fonction des calendriers de fermeture des magasins », anticipe, pour sa part, Luis Flaquer, directeur général de Cofel, premier fabricant de matelas dans l’Hexagone. Propriétaire des marques Bultex, Epeda et Merinos, le groupe s’attend à un maximum de 15 % de commandes en moins avec l’enseigne. Son chiffre d’affaires avait augmenté de 10 % en 2019, à 235 millions d’euros.

« Des prix de plus en plus bas »

Cette inquiétude pour l’avenir tranche avec la situation du secteur de l’ensemble du marché de la distribution de meubles en 2019. Les ventes en France ont progressé de 4,1 % en valeur, à 13,4 milliards d’euros, d’après les chiffres publiés mardi 3 mars par la Fédération française du négoce de l’ameublement et de l’équipement de la maison (Fnaem). Cela fait suite à une baisse de 2,7 % en 2018, après trois années consécutives de hausse.

Du meuble de cuisine (+ 6,2 %) à celui de salle de bains (+2,8 %), en passant par le meublant (canapés, + 3,4 %), la croissance a profité à toutes les familles de produits. Le marché de la literie, avec ses 4 % de hausse, a même affiché la seconde meilleure progression. « Les ouvertures de spécialistes ont repris à un rythme plus soutenu, assurant une bonne croissance des réseaux », explique la Fnaem.

L’ENA dans la tourmente

Tempête sur l’Ecole nationale d’administration : tandis qu’un rapport conclut à sa nécessaire refonte, un document produit par des élèves en dénonce les graves dysfonctionnements.

« Avec le recul, les 35 heures n’ont pas produit le résultat escompté »

Tribune. Les 35 heures, quel gâchis ! Au départ, j’étais plutôt favorable à une réduction du temps de travail (RTT) négociée, permettant une remise à plat de l’organisation, une meilleure utilisation de l’appareil productif ou une meilleure adaptation aux exigences des clients. Dix ans passés dans le groupe Danone avaient forgé cette conviction. Le PDG Antoine Riboud avait mis en place le premier les 32 heures et la cinquième équipe dans les verreries. Sensible aux problèmes d’emploi, il avait demandé, au début des années 1990, à ses équipes d’étudier la possibilité d’une RTT couplée à une meilleure utilisation des machines.

Dans un univers industriel où la masse salariale représentait à peine 20 % des coûts, cette démarche combinait l’économique et le social. Les études chiffrées au sein du groupe avaient suscité l’enthousiasme, mais Antoine Riboud, au moment de préparer sa succession, a renoncé à ce projet pour ne pas inquiéter les investisseurs.

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Arrivée ensuite à la tête de la DGEFP [Délégation à l’emploi et à la formation professionnelle], j’ai trouvé de jeunes énarques brillants qui étaient des militants de la RTT. Nous avons accompagné avec enthousiasme les entreprises qui négociaient un « de Robien », du nom de cette loi qui accordait une aide de l’Etat aux entreprises ayant conclu un accord favorable à l’emploi.

Arrivent alors les élections législatives de 1997. Au programme [du socialiste] Lionel Jospin figurent les 35 heures. J’ai été très associée à la préparation de la grande conférence du 10 octobre 1997, au terme de laquelle Jean Gandois, patron du CNPF [ancêtre du Medef], déclara : « J’ai été trahi. » Trahi par qui ?

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Trahi par Martine Aubry, qui avait été sa collaboratrice pendant deux ans chez Pechiney ? Celle-ci avait déclaré son opposition à la RTT comme solution aux problèmes d’emploi en 1991, au Zénith, devant des militants de la CFDT. Arrivée à la tête du grand ministère des affaires sociales, elle semblait ne pas avoir changé d’avis et faisait volontiers part, en privé, de son hostilité à cette mesure que Dominique Strauss-Kahn avait inscrite dans le programme du socialiste Lionel Jospin. Jean Gandois a donc pu croire qu’il échapperait à une « loi couperet ».

Trahi par Nicole Notat [alors secrétaire générale de la CFDT] ? Longtemps, en effet, semblait se dessiner un scénario qui avait l’aval du CNPF et de la CFDT, avec une période de simple incitation, la loi n’intervenant éventuellement qu’au terme d’une période de deux ans en cas de succès insuffisant. Mais Nicole Notat, quelques jours avant la conférence, persuadée que le gouvernement voulait absolument une loi, l’avait elle-même réclamée pour ne pas paraître en retrait.

A Clichy-sous-Bois, le tramway pour « désenclaver les âmes »

Dans une station de Clichy-sous-Bois, lors de l’inauguration de la nouvelle branche du T4, en décembre 2019.
Dans une station de Clichy-sous-Bois, lors de l’inauguration de la nouvelle branche du T4, en décembre 2019. LAURENT HAZGUI / DIVERGENCE

Elles ont à peine 15 ans et pensent déjà à leur curriculum vitae, à ce nom, chargé de fantasmes et de discriminations, qu’elles devront un jour inscrire dans la case « adresse » : Clichy-sous-Bois, Seine-Saint-Denis. Un moment qu’elles redoutaient – « Clichy, ça fait peur aux gens sur un CV » –, du moins jusqu’au 14 décembre 2019.

C’est à cette date que le dernier tronçon du tramway T4 a été inauguré, à cette date que Yasmine, Aïssatou, Fatoumata, Leila, Yricia et Abissetou ont commencé à envisager l’avenir – un peu – plus sereinement. « On n’a plus l’impression de vivre dans une ville-ghetto repliée sur elle-même, lance Fatoumata, attablée avec ses copines au fast-food Chicken Spot. Le regard des autres sur notre ville va évoluer. » « Avant, on dégoûtait tout le monde, renchérit Aïssatou. Ça fait du bien qu’on s’occupe de nous. »

Pour les habitants de cette commune de 30 000 âmes, plus connue du grand public pour ses faits divers que pour sa résidence d’artistes Ateliers Medicis, l’arrivée du tramway – qui relie Bondy (où se trouve le RER E) à Montfermeil, en passant notamment par les Pavillons-sous-Bois et Clichy-sous-Bois – représente bien davantage qu’un gain de temps pour rejoindre Paris ou Aulnay-sous-Bois (RER B) – depuis 2006, le T4 assurait une liaison entre Bondy et Aulnay-sous-Bois. « Voir le tram, c’est déjà un bonheur, s’émerveille Benyoussef Bouzidi, 58 ans, Clichois de longue date et président d’honneur du collectif AC Le Feu, en admirant les voies recouvertes de pelouses et bordées d’arbres (plus de 500 ont été plantés ainsi que 25 000 arbustes et plantes). C’est tellement joli, c’est le fruit d’une bataille de toute une vie, ça fait beaucoup de bien d’avoir du beau dans nos quartiers, pour nous, cela signifie que l’Etat, la France, mise enfin sur nous. »

A Clichy-sous-Bois et Montfermeil, cela faisait plus de quinze ans que le tramway était attendu et trois ans que les travaux avaient démarré (pour un budget de 370 millions d’euros). L’objectif : relier Livry-Gargan à Montfermeil afin de désenclaver ces villes proches de Paris mais mal desservies par les transports en commun. Si seulement 15 kilomètres séparent Clichy-sous-Bois de Paris, il fallait compter au moins une heure trente, voire une heure quarante, en transports en commun, pour s’y rendre.

L’inauguration, « une vraie fête »

Batina Beauregard a 60 ans, un bonnet vissé sur la tête et un chariot chargé d’emplettes : elle vient de faire ses courses au petit centre commercial du Chêne Pointu, à deux stations de tramway de chez elle. « Le tramway, ça nous donne la force de sortir plus souvent et de venir faire nos petites courses », dit-elle, assise sur un banc à la station Clichy-sous-Bois-Mairie. Femme de chambre en intérim dans un hôtel du parc d’affaires Paris Nord 2 depuis huit ans, elle gagne une demi-heure sur chacun de ses trajets, soit une heure par jour. Elle reçoit également plus souvent amis et membres de sa famille, qui viennent désormais lui rendre visite plus volontiers. « Notre ville, elle est en train de devenir trop belle », se réjouit-elle.

A l’université et dans les laboratoires aussi, la précarité a des effets négatifs

Manifestation du mouvement « Science en danger » à Paris, le 25 février.
Manifestation du mouvement « Science en danger » à Paris, le 25 février. THOMAS SAMSON / AFP

Le 5 mars, « l’université et la recherche s’arrêtent », espère une partie de la communauté scientifique, qui appelle à des manifestations pour s’opposer à deux réformes en cours d’élaboration. D’une part, la réforme des retraites, en discussion à l’Assemblée nationale et qui entraînerait une baisse des pensions de ces personnels. D’autre part, la loi de programmation pluriannuelle de la recherche (LPPR), annoncée en février 2019 et qui devrait accorder des moyens supplémentaires aux établissements, mais avec des modalités, qui, même floues, suscitent la désapprobation des manifestants.

Parmi elles, de nouveaux contrats d’embauche seraient proposés : tenure-track (recrutement probatoire) ou encore CDI de projet (dont la durée dépend du financement du projet). Pour leurs défenseurs, cela offre de la souplesse de gestion. Pour les critiques, cela accroît la précarité déjà grande dans les laboratoires. Il y a un tiers de contractuels à l’Inserm, 22 % au CNRS, ce qui est du même ordre de grandeur qu’à l’université, où il n’est pas rare que la moitié des cours des premières années soit assurée par des non-titulaires.

Une plongée dans la littérature scientifique récente, dans l’une des deux plus importantes bases de données d’articles de recherche, Scopus, éclaire les conséquences, souvent négatives, de ces contrats courts dans l’enseignement supérieur et la recherche.

De rares effets positifs

Sans surprise, une étude de 2020 dans Studies in Higher Education, portant sur plusieurs pays européens, note que « les universitaires ayant des contrats permanents sont plus satisfaits dans leur travail que leurs collègues non titulaires ». En Espagne, une étude bibliométrique parue dans Scientometrics fin 2019 montre que les établissements avec le plus de permanents sont « les moins inefficaces ». Une équipe irlandaise, dans Gender, Work and Organization, en 2019, souligne que « les femmes précaires à l’université sont des non-citoyennes, (…) ayant moins de droits, de pouvoirs, de capacité à décider ».

En Australie, un travail de 2018, dans Innovations in Education and Teaching International, fait ressortir que la qualité de l’encadrement des doctorants est affectée par la présence de personnels précaires. Dans le même pays, une autre équipe, dans Journal of Youth Studies, en 2019, conclut que la précarité fait sentir ses effets négatifs à long terme, sur la vie en général, au-delà du laboratoire.

Chérifa Boukacem, coauteure d’une étude sur des jeunes chercheurs dans le monde en emploi non stable, expliquait au Monde, le 27 janvier 2019, qu’« il se dégage une souffrance face à cette situation d’esclave. Beaucoup s’interrogent, dépriment… Je suis parfois sortie des entretiens la boule au ven­tre ».

Tabac, gaz, notaires, loyers, salaires des femmes, malus auto : ce qui change le 1er mars

Les tarifs réglementés du gaz (HT) perdent moyenne de 4,6 % en mars.
Les tarifs réglementés du gaz (HT) perdent moyenne de 4,6 % en mars. Adam Gault/Ojo Images / Photononstop

Qui dit 1er du mois dit, comme de coutume, nouveaux tarifs et nouvelles règles affectant le budget des ménages. Tour d’horizon des changements entrant en vigueur ce mois-ci.

  • Forte baisse des tarifs réglementés du gaz

Troisième mois consécutif de baisse des prix réglementé du gaz (HT). Après une diminution moyenne de 0,9 % en janvier et de 3,3 % en février, ils perdent 4,6 % en mars. Dans le détail, « cette baisse est de 1,2 % pour les clients qui utilisent le gaz pour la cuisson, de 2,7 % pour ceux qui ont un double usage, cuisson et eau chaude, et de 4,8 % pour les foyers qui se chauffent au gaz », précise la Commission de régulation de l’énergie (CRE) dans un communiqué.

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  • L’objectif du paquet de cigarettes à 10 euros bientôt atteint

En 2017, le ministère de la santé s’est fixé comme objectif de porter le prix moyen du paquet de 20 cigarettes à 10 euros d’ici à fin 2020, en plusieurs étapes. Une nouvelle augmentation des tarifs entre en vigueur ce 1er mars. Le paquet de Malboro Red (20 unités) passe par exemple de 9,30 à 10 euros, celui de Lucky Strike Bleu de 8,90 à 9,40 euros. Les nouveaux prix sont consultables, marque par marque, sur le site des douanes.

Les prix du tabac sont fixés librement mais doivent être répertoriés par des arrêtés. Le gouvernement peut toutefois agir indirectement sur ces prix en modifiant la taxation des produits. La prochaine hausse de la fiscalité du tabac est prévue en novembre.

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« Le prix est un puissant facteur dissuasif de l’entrée dans la consommation du tabac et une motivation forte pour (…) aller vers le sevrage », expliquait en 2018 le ministère de la santé, précisant qu’en France, « le tabac tue chaque jour 200 personnes ».

  • Retour de l’encadrement des loyers à Lille

L’encadrement des loyers est de nouveau appliqué à Lille, ainsi que dans les communes nordistes associées de Hellemmes et Lomme. Sont concernés les baux signés ou renouvelés à partir du 1er mars, pour des locations meublées, ou non, de résidences principales.

Les prix plafonds au mètre carré dépendent notamment des secteurs, de l’époque de construction, du nombre de pièces. Un site officiel permet de connaître son loyer de référence.

Un tel encadrement des loyers, prévu à titre expérimental jusqu’à 2023 par la loi dite « Elan » de novembre 2018, est déjà appliqué à Paris depuis mi-2019. A Lille, un premier encadrement des loyers avait été appliqué en 2017 en application de la loi « Alur » de mars 2014.

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A ne pas confondre avec un autre dispositif visant à limiter les loyers, qui prévoit qu’un propriétaire qui remet en location un logement en « zone tendue » ne peut en augmenter le loyer, sauf dans certains cas.

  • Malus auto : un nouveau barème

Le barème du malus écologique s’appliquant en cas d’achat d’une voiture fortement émettrice de dioxyde de carbone (CO2) avait déjà changé le 1er janvier, il évolue encore ce 1er mars, comme prévu dans le cadre de la dernière loi de finances. En cause : la prise en compte d’une nouvelle norme, une nouvelle méthode d’homologation des véhicules, répondant au nom barbare de « WLTP ». Elle vise à déterminer plus finement, de manière plus réaliste, les émissions.

Si la rumeur d’un report de la mesure a couru ces dernières semaines, le gouvernement a fini par publier, le 28 février, le décret permettant l’entrée en vigueur du nouveau barème.

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Les voitures sont désormais visées par le malus à partir de 138 grammes d’émission de CO2 par kilomètre, contre 110 auparavant. Mais contrairement aux apparences, « la nouvelle grille n’est, dans sa globalité, pas moins favorable aux acheteurs que celle de janvier, au contraire », détaille au « Monde » Aliou Sow, secrétaire général de la Fédération nationale de l’artisanat automobile. La hausse du seuil vient en effet compenser, dans l’ensemble, le durcissement des normes. Cependant, « au cas par cas, le même modèle de voiture pourra se trouver plus ou moins taxé qu’avec l’ancien calcul ».

« Le nouveau barème s’applique aux véhicules jamais immatriculés avant le 1er mars », explique-t-il. Il précise avoir en revanche obtenu un report de l’application de six à neuf mois pour les véhicules déjà immatriculés à l’étranger mais pas encore vendus en France.

Quid de la prime à la conversion ? Le barème utilisé doit lui aussi évoluer, les voitures pourraient y accéder jusqu’à 144 g/km d’émissions contre 116 jusqu’ici, mais le décret permettant l’entrée en vigueur le 1er mars de cette mesure n’était pas publié à l’heure où nous écrivions ces lignes.

  • Egalité salariale femmes-hommes : du nouveau dans les PME

Désormais, les entreprises de 50 à 249 salariés doivent, elles aussi, publier leur « index de l’égalité professionnelle femmes-hommes ». Seules étaient concernées jusqu’ici les entités d’au moins 250 salariés.

Créé par la loi « avenir professionnel » de 2018 et imposé en plusieurs étapes, cet indice doit notamment permettre de mesurer les écarts de rémunération entre les hommes et les femmes. Il se matérialise par une note sur 100, prenant en compte cinq critères : les rémunérations, les augmentations, les promotions, la part de salariées augmentées au retour de congé maternité et la parité parmi les dix plus hautes rémunérations.

Il doit être affiché sur le site Internet de l’entreprise chaque année avant le 1er mars. Celles « qui n’auraient pas atteint 75 points au bout de trois ans seront passibles d’une pénalité financière », rappelle le ministère du travail.

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  • Uber, Kapten, etc. : une nouvelle règle anti-fraudeurs

A savoir si vous avez recours à des voitures de transport avec chauffeur (les VTC, qui fonctionnent obligatoirement sur réservation préalable et dont les tarifs ne sont pas réglementés, contrairement aux taxis) : désormais, les conducteurs doivent apposer sur leur véhicule leur carte professionnelle sécurisée, dotée d’un QR code. Ceux qui ne détiennent pas cette carte sécurisée, délivrée depuis fin 2017, ne pourront plus circuler.

Carte sécurisée de conducteur de VTC (spécimen)
Carte sécurisée de conducteur de VTC (spécimen) Ministère de la transition écologique et solidaire

L’objectif est de lutter contre les fraudes. « Les services de l’Etat avaient constaté le développement de l’utilisation de fausses cartes VTC sur le modèle produit par les préfectures de 2010 à 2017 sur un support papier non sécurisé », a expliqué le secrétaire d’État aux Transports. Tout client « détenteur d’un smartphone peut lire ce QR-code, il aura alors l’indication que la carte a bien été délivrée par l’Imprimerie nationale », nous ont précisé ses services.

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  • Les premiers chèques énergie bientôt dans les boîtes à lettres

Les habitants du Pas-de-Calais seront cette année les premiers à se voir envoyer par courrier les « chèques énergie », la semaine du 27 mars. Suivront, celle du 30 mars, une trentaine d’autres départements (le calendrier ici), les autres envois seront étalés en avril.

Les foyers en situation de précarité (un peu moins de 6 millions, selon le gouvernement) toucheront entre 48 et 277 euros ; aucune démarche n’est requise. Ils pourront utiliser cet argent pour régler leurs factures de gaz et d’électricité, ou certains travaux de rénovation énergétique. Un site officiel permet de vérifier son éligibilité. Quant aux chèques reçus en mars et avril 2019, ils restent utilisables jusqu’à la fin mars.

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Un autre changement doit entrer en vigueur ce 1er mars, il concerne la révision des tarifs réglementés des notaires (les « émoluments »). L’arrêté les fixant n’a toutefois pas été publié au jour où nous rédigeons cet article.

La fraise cultivée en Espagne pousse sur la misère

Une travailleuse marocaine des fraises devant son logement à Almonte (Huelva), en Espagne, en juin 2019.
Une travailleuse marocaine des fraises devant son logement à Almonte (Huelva), en Espagne, en juin 2019. MARIA CONTRERAS COLL / THE NEW YORK – REDUX – REA

Robe longue et foulard noué sur la tête, elles marchent, par petits groupes, le long des serres de fraises qui s’étendent à perte de vue dans la province espagnole de Huelva, en Andalousie. Sous le soleil de cette fin d’après-midi, au mois de février, sur le large Camino del Fresno, une route de terre entre Moguer et Lucena del Puerto, ces Marocaines croisent, sur leur chemin, des migrants subsahariens, filant à vélo, et des travailleurs espagnols, dont les voitures soulèvent le sable. Avant que la nuit ne tombe, elles se dirigent vers les bâtiments ou les modules de chantier où elles sont hébergées durant la saison des fruits rouges, de janvier à juillet. Les migrants subsahariens, pour leur part, regagnent l’un des trente bidonvilles qui parsèment la province, où ils vivotent sans eau ni électricité, dans de grandes tentes faites de cartons, de palettes de bois, de toiles et de vieilles couvertures.

En visite à Huelva, première région exportatrice de fraises d’Europe, avec 11 700 hectares consacrés à la culture de fruits rouges, le rapporteur spécial sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies (ONU), Philip Alston, a émis un compte-rendu préliminaire accablant, le 7 février. Consterné par les conditions « déplorables » des bidonvilles où vivent des travailleurs des serres, « bien pires que dans un camp de réfugiés », il a appelé les administrations locale et nationale, ainsi que les entreprises du secteur à trouver une solution plutôt que de « se renvoyer la balle ».

« Cela fait dix ans que nous demandons aux administrations de mettre fin à cette situation inhumaine, alors que nous n’en sommes pas responsables », assure José Luis Garcia-Palacios, d’Interfresa

Le gouvernement de gauche espagnol a réagi en annonçant un changement de normes, afin que les inspecteurs du travail puissent effectuer des contrôles dans les campements, où la plupart des occupants sont dépourvus de papiers. Le président de l’Association interprofessionnelle de la fraise andalouse, Interfresa, José Luis Garcia-Palacios, pour sa part, qualifie de « calomnieuses » et « mensongères » les accusations de M. Alston. « Les campements illégaux n’ont rien à voir avec le secteur agricole : ils se trouvent sur des terrains publics, et cela fait dix ans que nous demandons aux administrations de mettre fin à cette situation inhumaine qui nuit à notre image, alors que nous n’en sommes pas responsables », assure au Monde M. Garcia-Palacios. Il réfute le fait que les migrants sans papiers qui y vivent travaillent dans la fraise. « Nos entreprises ne donnent pas de couvertures à ceux qui ne respectent pas la loi. »

Coronavirus : dans les entreprises, entre suspicion et prévention

Un salarié de l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle, le 26 janvier.
Un salarié de l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle, le 26 janvier. ALAIN JOCARD / AFP

Désormais, dans les bureaux de Netinvestissement, une entreprise de gestion de patrimoine, on ne s’embrasse plus, on se salue. Sur les conseils de la direction, férue de naturopathie, les quelque 40 salariés répartis sur trois sites (Paris, Bordeaux et Marseille) avalent aussi trois fois par jour une dizaine de gouttes d’huile essentielle de pépins de pamplemousse, réputé antivirale. Chacun s’est enfin vu doter d’un nouvel outil de travail : un flacon de gel hydroalcoolique.

Avec l’extension de l’épidémie de coronavirus, les entreprises commencent à prendre des mesures de prévention pour éviter la contamination de leurs collaborateurs. Les employeurs, en effet, ont une responsabilité à l’égard de la santé des salariés (article L. 4121 du code du travail).

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Dans les grands groupes comme L’Oréal, BNP Paribas, Natixis ou LVMH, les déplacements des salariés dans les zones à risques sont proscrits, et ceux qui en reviennent sont priés de rester chez eux pendant quatorze jours. Des multinationales ont même élargi l’interdiction à l’ensemble des déplacements. « C’est le cas, par exemple, de Philips, aux Pays-Bas, et de notre propre organisation, témoigne Benoît Montet, directeur de recherches du Top Employers Institute. Notre directeur général, David Plink, a adressé [le 25 février] un courriel pour annoncer que tous les voyages qui n’étaient pas strictement nécessaires étaient annulés, ainsi que les séminaires et autres ateliers collaboratifs à venir, afin que “l’entreprise ne devienne pas un outil de transmission”. »

« Une distance de 2 mètres avec les collègues qui toussent »

« Les directions prennent leur décision par zone géographique et s’attachent à communiquer de façon très fréquente pour éviter une crise autoréalisatrice », explique Benoît Serre, vice-président de l’Association nationale des DRH.

Contraignant, mais salutaire, selon Joachim Tavares, président de PapyHappy, un site Internet consacré au logement des seniors, dont l’une des salariées revient d’Italie. « En apprenant que leur collègue était en quarantaine, l’équipe était soulagée. Les salariés voient ainsi que l’on prend la bonne mesure du problème », souligne-t-il.

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Les entreprises s’efforcent de suivre les mesures de précaution diffusées par le ministère de la santé. « On a mobilisé notre cellule de coordination de crise entre les DRH pour faire un point sur le gel hydroalcoolique et les masques qu’on peut mettre à disposition des salariés », indique un porte-parole d’EDF. Chez Eutelsat, des masques sont distribués aux « salariés devant impérativement voyager en Asie, Afrique, Italie et Moyen-Orient », et la consigne est, de manière générale, de « privilégier les visioconférences ». Chaque entreprise peut apporter ses variantes. « Nous demandons de respecter une distance de 2 mètres avec les collègues qui toussent », a précisé la DRH de Top Employers Institute, tout en recommandant de se référer aux directives de l’Organisation mondiale de la santé, pour éviter toute paranoïa liée à la surabondance d’informations.

« Risque limité »

Si dans les espaces ouverts, le moindre éternuement est devenu suspect, « le risque [est] limité » en milieu de travail, assure l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles, sur son site. « Seul un contact étroit avec des personnes présentant des symptômes » est source de contamination, précise l’INRS dans un guide. Le port du masque n’est pas nécessaire si l’on n’est pas malade. L’INRS rappelle, en revanche, qu’« il est essentiel de respecter les mesures habituelles d’hygiène, notamment de se laver fréquemment les mains avec du savon ou les désinfecter avec une solution hydroalcoolique ».

L’INRS recommande aussi de « veiller à l’hygiène des locaux de travail, au nettoyage des surfaces ». Il explique que la poussière déposée sur les meubles, les miettes de sandwich sur les bureaux peuvent constituer un milieu propice au développement des micro-organismes. « Au vu des données disponibles, le coronavirus semble survivre dans le milieu extérieur quelques heures sur des surfaces inertes sèches. En plus de se transmettre directement par inhalation, ce virus pourrait également se transmettre en portant aux muqueuses (bouche, nez, yeux) des mains contaminées au contact de surfaces contaminées », explique une chercheuse de l’INRS.

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