Laurent Berger : « Ce qui prévaut au gouvernement, c’est une vision du vieux monde »

Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, dans son bureau, à Paris, le 30 août.

Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT, doit être reçu, mardi 4 septembre, par le premier ministre, Edouard Philippe. Une rencontre dans le cadre des entretiens que le chef du gouvernement mène en tête-à-tête avec les partenaires sociaux sur l’agenda social de la rentrée. Quelques jours après les premiers arbitrages budgétaires du gouvernement, le numéro un de la CFDT critique « un coup de rabot qui touche les plus précaires ».

Dans quel état d’esprit abordez-vous votre rendez-vous avec Edouard Philippe mardi ?

Je vais dire au premier ministre que notre pays a besoin de justice sociale et de savoir où le gouvernement souhaite aller. Ce sentiment de réformer pour réformer ou du pragmatisme à tout crin ne fait pas sens. Quelle est la finalité de ce qui est proposé aujourd’hui ? Du progrès social ? Du progrès démocratique ? Ou bien uniquement des mesures égrenées les unes après les autres ?

Que pensez-vous des annonces budgétaires du gouvernement ?

C’est un coup de rabot qui touche les plus précaires. On a un quasi-renoncement à une revalorisation digne de ce nom des minima sociaux. Sur les pensions de retraite, pour l’instant, il n’y a pas de distinction entre les basses pensions et les autres. Sur la fonction publique, on a encore une présentation des agents comme un coût. Il n’y a pas de logique politique derrière – si ce n’est budgétaire –, pas de vision à long terme. Notre rôle de syndicalistes, c’est de réaffirmer ce besoin de sens, de faire des propositions. C’est ce que je vais dire au premier ministre : « Si vous laissez de l’espace à la démocratie sociale pour le faire, la CFDT s’en saisira. Si vous voulez nous dicter un chemin qui pour nous ne fait pas sens, nous ne l’emprunterons pas. »

C’est votre côté « Gaulois réfractaire au changement », selon la formule d’Emmanuel Macron ?

Cela fait longtemps que les Français ne sont plus des…

Education nationale : le sprint final pour affecter les enseignants

880 000 enseignants et 12 millions d’élèves reprennent le chemin de l’école ce lundi.

« A Jules-Verne, il me manque un poste en petite section, et il m’en faudra un autre à Jaurès-2 ! » C’est une étrange liste de courses qu’égrène Isabelle Paulet, inspectrice des écoles primaires du secteur Pierrefitte-Villetaneuse, dans les bureaux départementaux de l’éducation nationale à Bobigny (Seine-Saint-Denis). A une autre table, Alain Gorez, chargé du secteur Livry-Gargan – Pavillons-sous-Bois, est sans nouvelles de cinq « nouveaux », des enseignants stagiaires tout juste admis au concours. L’inspecteur est confronté à un véritable jeu de piste, puisqu’il s’agit de croiser les informations pour retrouver la trace des absents et tenter de comprendre s’ils ont l’intention de se présenter en classe le jour J.

Lundi 3 septembre, l’enjeu pour l’institution est de taille : au plan national, 880 000 enseignants reprennent le chemin de l’école, de même que 12 millions d’élèves. En Seine-Saint-Denis, où nul n’a oublié la « rentrée catastrophe » de 2014 et sa quinzaine de classes restées sans enseignant plusieurs semaines durant, la pression est forte : achever la répartition des 12 000 enseignants du premier degré que compte le département, afin de s’assurer que, lundi matin, il y aura bien un professeur dans chaque classe.

Cette salle, le directeur d’académie, Christian Wassenberg, l’appelle en riant « la ruche ». La dernière semaine d’août, 34 inspecteurs d’académie chargés des 830 écoles maternelles et élémentaires de Seine-Saint-Denis y défileront, pour une heure environ, devant les représentants des services « mouvements » et « remplacements » du département. Stagiaires disparus dans la nature, d’autres qui n’ont pas validé leur master 1, congés longue maladie imprévus, congés maternité qui auraient dû être prévus mais ne l’ont pas été, demi, tiers, quart temps qu’il faut absolument combler… Les problèmes à régler ne manquent pas.

A trois jours ouvrés de la rentrée scolaire, les services parent donc au plus…

Le gouvernement n’a « aucun tabou » sur la dégressivité des allocations chômage

La ministre du travail, Muriel Pénicaud, assiste à l’université d’été du Medef, au campus de l’école de commerce HEC, à Jouy-en-Josas, le 29 août.

La ministre du travail, Muriel Pénicaud, a déclaré dimanche que le gouvernement « n’avait aucun tabou » sur la nouvelle réforme de l’assurance-chômage, y compris au sujet de la dégressivité des allocations, alors que ce chantier va se rouvrir. Interrogée sur ce sujet lors de l’émission « Le Grand Jury » RTL-Le Figaro-LCI, Mme Pénicaud a répondu : « Aujourd’hui, il y a certains partenaires sociaux qui souhaitent aborder le sujet, nous on n’a aucun tabou. »

Cette idée de dégressivité a été avancée récemment, pour les cadres, par le député de La République en marche (LRM) Aurélien Taché. Le premier ministre, Edouard Philippe, avait lui aussi dit qu’il n’avait « ni tabou ni présupposés ». « [Ce n’est] pas forcément un sujet de “cadres”, a estimé la ministre. On est un des rares pays d’Europe qui indemnise les demandeurs d’emploi deux ans, trois ans pour les seniors, sans dégressivité. »

La CFE-CGC s’est insurgée contre cette mesure en général, de même que FO et la CGT.

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Objectif : un taux de chômage réduit à 7 %

La ministre a déclaré que la réforme de l’assurance-chômage avait deux « buts essentiels » : « lutter contre la précarité excessive » et « inciter au retour à l’emploi ». Il y a des règles du régime d’assurance-chômage qui « quelquefois se transforment en un piège », a-t-elle dit, en évoquant les règles liées à la « permittence » (travail par intermittence, alternant avec des périodes indemnisées).

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S’agissant des critiques concernant la réouverture de négociations sur l’assurance-chômage, à propos de la méthode et du fond, formulées notamment par des syndicats comme la CGT et FO, Mme Pénicaud a répondu : « Pour l’instant, il y en a qui veulent négocier. » Elle a confirmé le calendrier : une phase de « diagnostic partagé » avec « quatre séances » avant une lettre de cadrage qui sera envoyée fin septembre aux organisations patronales et syndicales.

Sur le dossier des intermittents du spectacle, et le fait de savoir s’il serait aussi rouvert, la ministre a indiqué que « pour l’instant c’est un sujet qui n’a été soulevé ni par le patronat, ni par les syndicats, ni par le gouvernement ».

Interrogée par ailleurs sur l’objectif du retour au plein emploi et d’un taux de chômage à 7 %, la ministre a indiqué que cela restait une « ambition forte » du gouvernement. Quant au travail du dimanche, qui a fait cet été l’objet d’une tribune de députés LRM souhaitant « aller plus loin », la ministre a répondu : « Ce n’est clairement ni à mon agenda ni dans mes priorités » car « aujourd’hui on a un système relativement équilibré ».

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Air France : les syndicats menacent d’une reprise du conflit

Le siège de la compagnie Air France-KLM à Paris, le 30 août.

Durcir le ton, et espérer, enfin, obtenir une augmentation des salaires. Jeudi 30 août, l’intersyndicale d’Air France a lu lors du comité central d’entreprise de la compagnie nationale une déclaration au vitriol contre la direction, mais de négociation, il n’y en a toujours pas. Et pour cause : l’arrivée effective aux manettes de l’entreprise de Ben Smith, le nouveau directeur général d’Air France-KLM, n’est prévue que le 30 septembre.

Jusqu’à présent, la direction n’a pas obtenu le feu vert du conseil d’administration pour négocier avec l’intersyndicale. Les neuf syndicats déplorent que « l’annonce faite le 16 août dernier de l’arrivée de M. Benjamin Smith au poste de directeur général d’AF-KLM n’ait absolument pas réglé la question du rattrapage de [leurs] salaires bloqués de 2012 à 2017 ».

Les syndicats soulignent que, même dans l’attente du nouveau directeur général, KLM a poursuivi les négociations avec ses pilotes.

Ils soulignent en revanche que cela n’a pas empêché KLM de poursuivre ses négociations salariales avec les pilotes de la compagnie néerlandaise. De même, le conseil d’administration n’a pas hésité à revoir à la hausse la rémunération du nouveau dirigeant d’Air France-KLM, à près de 4,25 millions d’euros, et de celui d’Anne-Marie Couderc, la présidente non exécutive du groupe. Bref, pestent les syndicats, « la question des salaires a trouvé une réponse rapide pour la direction générale d’AF-KLM, mais toujours pas pour les personnels d’Air France ».

Après la réunion, Karine Monségu, de la CGT-Air France, estimait que la direction d’Air France « se moqu[ait] » d’eux. Elle exige, comme les autres syndicats, la revalorisation de 5,1 % des salaires de l’ensemble des salariés de l’entreprise pour la seule année 2018, afin de gommer l’inflation subie sur la période 2012-2017.

Intersyndicale le 7 septembre

A défaut de l’ouverture de négociations, l’intersyndicale menace d’« un fort durcissement du conflit », sans en préciser la nature. « Ce sera détaillé dans les prochains jours », assure l’élue de la CGT. Une nouvelle réunion de l’intersyndicale est prévue le 7 septembre. 

Au sein de la compagnie, le nouveau patron canadien serait déjà à pied d’œuvre, à Paris, selon plusieurs sources, ce que réfute cependant Air France. « Il n’a toujours pas d’adresse ici, il faut encore attendre quelques semaines. » Il a en revanche obtenu pour mission « de traiter la question salariale et d’aller, peut-être, plus loin dans la redistribution des salaires », indique Laurent Le Gall (CFTC) à l’AFP.

Ben Smith va devoir surtout revoir son état-major. Franck Terner, directeur général d’Air France, et Gilles Gateau, le directeur général adjoint aux ressources humaines, sont annoncés sur le départ. « Pour l’instant, ils sont encore à leur poste », assure-t-on chez Air France. Cependant, note un proche de l’entreprise, « il faudra bien sacrifier des têtes pour repartir sur de nouvelles bases avec les syndicats, pour gagner un peu de répit ».

SNCF : l’intersyndicale se fracture sur la grève

Manifestation de cheminots contre la réforme de la SNCF à Lyon, le 12 juin.

« Vous reprendrez bien un rab de conflit social ? » C’est, en substance, ce qu’a proposé la CGT aux trois autres syndicats représentatifs de la SNCF, réunis en intersyndicale jeudi 30 août pour la première fois depuis la grande grève cheminote de plus de trois mois contre la réforme voulue par le gouvernement. Un mouvement qui n’avait pu empêcher que soit promulguée, le 27 juin, la loi « pour un nouveau pacte ferroviaire ».

« La CGT a proposé une journée de mobilisation le 18 septembre, cette proposition sera soumise à la consultation de nos structures régionales en début de semaine prochaine », a indiqué à l’AFP Erik Meyer, secrétaire fédéral de SUD-Rail. De leur côté, l’UNSA et la CFDT, les syndicats dits réformistes, ont refusé le principe d’une nouvelle grève lors de cette réunion.

« On n’a pas réussi à trouver d’accord pour une action, a confirmé Roger Dillenseger, secrétaire général de l’UNSA-Ferroviaire. Nous donnons priorité à la négociation. » La négociation en question est celle qui va démarrer mardi 18 septembre, d’où la date choisie pour cette nouvelle grève. Elle réunira le patronat du secteur et les représentants syndicaux de la branche ferroviaire (les quatre syndicats déjà cités plus Force ouvrière). Il s’agit de définir les nouvelles conditions d’embauche pour les futurs travailleurs du rail – qui ne seront plus embauchés au statut à partir de 2020 – et de préciser les critères de transfert des personnels dans le cadre de l’ouverture du transport ferroviaire à la concurrence.

« La CGT est en campagne électorale »

La désunion syndicale entérine les divergences de fond qui existent entre des syndicats réformistes qui, ayant admis que la réforme se ferait, veulent se concentrer sur le fond des sujets en négociation et les organisations plus radicales, qui souhaitent politiser le débat et n’ont pas totalement renoncé à faire abroger, au moins en partie, la loi.

Changement…

En quoi l’intelligence artificielle aide-t-elle l’emploi ?

Le rapport entre « capital humain » et l’intelligence artificielle (IA) est bien forgée. Les essaies de chiffrage inquiétantes pour l’emploi se succèdent. Selon « Future of Work », l’étude sur l’intelligence artificielle publiée par Malakoff Médéric et le Boston Consulting Group en mars, 39 % des dirigeants et 34 % des salariés jugent que le développement de l’IA va dégrader l’emploi.
Le think tank Institut Sapiens annonçait, le 21 août, que 2,1 millions d’actifs « ont une forte probabilité de voir leur emploi disparaître dans les prochaines années ». Une des premières estimations, faite dès 2013 par deux chercheurs de l’université d’Oxford, l’économiste Carl Benedikt Frey et l’expert en intelligence artificielle Michael A. Osborne, prévoyait que près de la moitié des emplois d’aujourd’hui n’existeraient plus dans vingt ans.
Pourtant, le numérique crée aussi de nouvelles opportunités : de nouvelles fonctions et de nouveaux métiers. Amazon Go, supermarché très automatisé lancé à Seattle en janvier par la plateforme américaine, a par exemple donné naissance à deux nouvelles fonctions : les « clarificateurs », dont la fonction consiste à expliquer aux décideurs, en interne, l’action d’un dispositif d’intelligence artificielle, et les « gardiens », dont le rôle est d’éviter aux dispositifs d’IA de faire n’importe quoi sur un malentendu.
« Par exemple, si vous êtes grand et que vous aidez quelqu’un à attraper un produit en haut des étalages, le dispositif d’IA risque d’ajouter le produit dans votre propre liste d’achat et non dans celle du consommateur réel. Le rôle des “gardiens”, derrière l’écran, est d’éviter une telle erreur », explique Isaac Getz, professeur d’innovation à l’ESCP Europe.
Dès 2013, l’Association pour l’emploi des cadres (APEC) avait identifié 72 métiers émergents, à partir de l’analyse des volumes des offres d’emploi publiées par les entreprises….

Rencontres avec Edouard Philippe : les syndicats dans l’expectative

Pascal Pavageau, secrétaire général de FO (à gauche), face à la ministre du travail, Muriel Pénicaud, et au premier ministre, Edouard Philippe (à droite), le 30 août à Matignon.

Le gouvernement fait sa rentrée. L’occasion de retisser les liens avec des partenaires sociaux qui ont eu le sentiment, ces derniers mois, de n’être pas considérés par l’exécutif.

Après avoir été reçus à la mi-juillet par le président de la République, Emmanuel Macron, à l’Elysée, syndicats et patronat s’apprêtent donc à rencontrer, chacun à son tour, du 29 août au 4 septembre, le premier ministre, Edouard Philippe, qui sera accompagné de la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, et de sa collègue du travail, Muriel Pénicaud.

Au menu de cette rentrée sociale à haut risque : assurance-chômage, plan pauvreté, retraites…

Synthèse :   Notre point sur les dossiers abordés dans cette rentrée sociale

Inquiétudes sur l’assurance-chômage

Le numéro un de FO, Pascal Pavageau, a été reçu dès 8 heures par le premier ministre et la ministre du travail. Au sortir de la réunion, il a indiqué qu’il refuserait de se « faire hara-kiri » si la nouvelle réforme de l’assurance-chômage consistait à supprimer le principe assurantiel du régime :

Si la lettre de cadrage [préalable à une négociation officielle] devait être de nous demander de supprimer […] le principe assurantiel, le tout dans un cadre contraint budgétaire, j’ai dit au premier ministre : On n’est pas la secte du temple du Soleil, on ne va pas tous se réunir dans un coin pour se faire hara-kiri sur demande du gouvernement !

« Rien d’arrêté » sur la santé au travail

Sur la santé au travail, M. Pavageau a expliqué « que pour l’instant il n’y avait rien d’arrêté, y compris jour(s) de carence » ou transfert aux entreprises de la prise en charge des premiers jours d’arrêt-maladie après le délai de carence.

Un sujet qui inquiète fortement le dirigeant du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, reçu, lui, à 9 h 30 par le premier ministre :

[Je lui] ai rappelé très fortement notre opposition au déremboursement éventuel des indemnités journalières. […] Il faut essayer de réfléchir à des solutions en prenant le temps du diagnostic.

Si le premier ministre a affirmé dimanche écarter l’idée d’un « transfert brutal » du financement des arrêts de courte durée de la Sécurité sociale vers les entreprises, il souhaite que les partenaires sociaux trouvent des solutions pour que l’absentéisme cesse d’augmenter.

La réforme des CDD préoccupe le patronat

Geoffroy Roux de Bézieux souhaite également que soit rejeté le projet du gouvernement visant à instaurer un bonus-malus pour pénaliser les entreprises abusant des contrats courts.

« On a rappelé notre opposition au système du bonus-malus, quels qu’en soient les paramètres, non pas pour des raisons dogmatiques ou idéologiques (mais) parce que c’est la nature de l’activité qui amène à avoir des contrats courts ou un turn-over important », a-t-il déclaré, citant par exemple « les extras dans la restauration ».
 

Les autres rendez-vous de la journée

  • 11 heures – François Hommeril, président de la CFE-CGC;
  • 16 h 30 – Christiane Lambert, présidente de la FNSEA.

« Pour la première fois de son existence, le premier métier de La Poste ne sera plus le courrier mais la finance »

La Poste fait face depuis quelques années à la baisse du courrier.

Chronique. Le premier timbre-poste français figurait Cérès, déesse des moissons et de la fécondité. C’était en 1849 le début d’une aventure, celle du service universel de la poste, partout en France au même prix. Cent soixante-dix ans plus tard, Cérès change de métier. Du moins moissonnera-t-elle désormais en priorité des contrats d’assurance et des comptes-chèques plutôt que des lettres. Non pas qu’elle arrête de recueillir et distribuer les précieux mots doux et les irritantes factures, mais, pour la première fois de son existence, son premier métier ne sera plus le courrier mais la finance. Avec l’acquisition de CNP, l’un des premiers assureurs français, son activité dans la banque et l’assurance devrait représenter plus de la moitié de ses ventes et la grande majorité de ses bénéfices. Le seul résultat net de CNP Assurances représente deux fois celui de la totalité du groupe La Poste.

C’est le destin des grandes postes mondiales, presque toutes issues d’administrations publiques. Trois siècles après les premiers postillons et relais de poste, elles doivent se trouver d’urgence de nouvelles occupations pour pallier la disparition progressive des lettres tombées au champ d’honneur du numérique. Les particuliers échangent par mail ou SMS et même les impôts s’affranchissent du passage par la boîte aux lettres. Or la disparition progressive du courrier s’accélère. De 4 à 5 % de baisse annuelle au début des années 2000, le rythme est passé à 7 % en France en 2017. Le casse-tête est double. Pour continuer à assurer sa mission de service publique, il faut à la fois maintenir un nombre conséquent de facteurs et trouver de nouvelles sources de revenus pour les financer.

Les colis ou la finance

Trois pistes ont été testées en Europe : les colis, les services et la finance. Livrer des paquets est l’extension naturelle du métier de facteur et l’expansion du commerce électronique lui offre un avenir prometteur. Mais l’exigence de rapidité…

Isaac Getz : « Si l’entreprise n’implique pas les personnes dont l’activité est impactée par les technologies, elle court à l’échec »

« En janvier, Amazon Go, le premier supermarché équipé de dispositifs d’IA a ouvert au public, à Seattle, au pied du siège d’Amazon. Le consommateur est contrôlé à l’entrée du magasin, en scannant le code de l’application Amazon Go sur son smartphone. »

Tribune. L’intelligence artificielle (IA) — l’ensemble des technologies qui étendent les capacités humaines de percevoir, de comprendre et d’agir — frappe à la porte des entreprises. Ce n’est pas la première fois que les technologies le font.

Certains lecteurs se rappelleront des systèmes d’aide à la décision, des systèmes experts — intégrant déjà l’IA — ou de la gestion des connaissances, qui monopolisait l’intérêt des entreprises à la fin des années 1990. Et pourtant, malgré les bénéfices qu’elle offrait, l’intérêt pour cette technologie s’est effondré. L’histoire ne se répète pas, mais présente des leçons à tirer pour l’arrivée de l’IA dans l’entreprise.

En janvier, Amazon Go, le premier supermarché équipé de dispositifs d’IA a ouvert au public, à Seattle, au pied du siège d’Amazon. Le consommateur est contrôlé à l’entrée du magasin, en scannant le code de l’application Amazon Go sur son smartphone.

En revanche, il n’est pas contrôlé à la sortie — il n’y a ni caisses ni vigiles. Mais des centaines de dispositifs fixés aux plafonds ou sur les étalages enregistrent que le consommateur prend un produit et l’ajoutent à sa liste des achats. Une fois le client sorti du magasin, la somme des produits enregistrés est débitée de son compte.

Cette technologie n’est pas encore parfaite. Par exemple, aucun produit n’est vendu au poids. Au départ, seuls les salariés d’Amazon pouvaient y faire des achats. Grâce à leurs retours d’information sur les imperfections initiales, ils ont contribué à rôder les dispositifs IA de ce magasin pendant plusieurs mois. C’était une première collaboration entre les salariés d’Amazon et les dispositifs d’intelligence artificielle, mais ce ne fut pas la seule.

Bien qu’il n’y ait pas de caissières dans ce magasin, des nouveaux métiers y sont présents. Par exemple, des salariés regardent les images des caméras pour s’assurer que le client est identifié même si une écharpe cache…

Pour atténuer l’effet du prélèvement à la source, BNP Paribas va mensualiser le 13e mois

L’initiative de BNP Paribas traduit l’inquiétude du patronat face à la réaction des salariés.

C’est un effet collatéral de la mise en œuvre du prélèvement à la source, cette réforme qui doit bouleverser la collecte de l’impôt en France à compter de 2019. Le groupe BNP Paribas a décidé qu’à partir du mois de janvier le salaire annuel de tous ses collaborateurs salariés en France sera versé en douze mensualités au lieu de treize aujourd’hui. Le treizième mois, traditionnellement versé en fin d’année, disparaît donc, pour être lissé au fil des mois.

L’initiative de BNP Paribas traduit l’inquiétude du patronat face à la réaction des salariés découvrant leur bulletin de paie amputé de l’impôt, qui sera, à partir de 2019, collecté directement sur les salaires ou les pensions, et non plus acquitté un an après comme c’est le cas actuellement.

« Le prélèvement à la source va avoir pour effet de diminuer le montant du “net à payer mensuel” », explique-t-on chez BNP Paribas. Le groupe bancaire entend ainsi « limiter l’incidence de ce prélèvement sur la trésorerie des collaborateurs ». « Cet aménagement simplificateur améliorera également la lisibilité du bulletin de paie pour le salarié », poursuit un porte-parole de l’institution, qui précise s’être engagée, depuis plusieurs mois, dans la conduite du projet de mise en œuvre du prélèvement à la source.

Une initiative dénoncée par les syndicats

Les entreprises ne sont pas les seules à s’inquiéter. Dans sa dernière édition, Le Canard enchaîné avance que de nombreux députés et plusieurs ministres n’ont cessé de monter au créneau pour mettre en garde sur une réforme « techniquement difficile, mais aussi politiquement très dangereuse ». Selon l’hebdomadaire, le président de la République, Emmanuel Macron, aurait informé sa garde rapprochée qu’un report n’était pas exclu. Dimanche 26 août, le premier ministre, Edouard Philippe, promettait déjà, dans un entretien au Journal du dimanche, de faire « le point », d’ici à quelques…