Reconstruction de Notre Dame: Les camarades de l’obligation
Charpentiers Compagnons du Devoir et du Tour de France Stéphane Deroussent pour Les Compagnons du Devoir et du Tour de FranceRétablir Notre-Dame de Paris en cinq ans ? Un défi et une bravade que se perçoivent prêtes à adoucir les organisations compagnonniques qui forment charpentiers, couvreurs, tailleurs de pierre…
Là-haut, Tom l’équilibriste remplace entre ciel et terre. A 16 ans, le jeune homme a abandonné le sol d’un collège et son statique tableau noir pour arpenter les toits entre cheminées et gouttières. « J’aime la hauteur et les choses fines », déclare-t-il. Alors, le chemin à prendre se dessine : devenir ardoisier et se former auprès d’une association compagnonnique pour s’apprendre aux pénuries du métier.
En première année de CAP ardoisier au sein du centre de composition des Compagnons du devoir et du tour de France de Villeneuve-d’Ascq, Tom a vu, le 15 avril, comme des millions de Français, la couverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris disparaître, détruite par un incendie. Il a vu s’écrouler la flèche néogothique de Viollet-le-Duc. Alors que la plupart des Français marquaient un moment de sidération, les compagnons charpentiers, tailleurs de pierre et couvreurs pensaient déjà à relever l’édifice. Le jeune apprenti n’a pas fait exception. Il se voit bien, lors de son tour de France à réaliser, faire halte sur les bords de la Seine au chevet de Notre-Dame pour reconstruire, « au plus proche de l’ancien ».
Dès le lendemain du drame, le président de la République, a déclaré vouloir que le rétablissement du plus visité des monuments français « soit achevée d’ici cinq années » – pour les Jeux olympiques de 2024. « Possible », répondent les compagnons interrogés, dès lors qu’on ne reconstruit pas à l’identique. « Nous avons toutes les compétences pour reconstruire la charpente quel que soit le matériau choisi », assure Bastien Lassonnerie, compagnon du devoir et du tour de France et prévost du centre de formation de Villeneuve-d’Ascq, déclare « Lyonnais la Vaillance » (chaque membre d’une organisation reçoit ou adopte un nom de compagnon).
Trois suites compagnonniques œuvrant à former les ouvriers et artisans de demain : l’Association ouvrière des compagnons du devoir et du tour de France (AOCDTF), la Fédération compagnonnique des métiers du bâtiment (FCMB) et l’Union compagnonnique des devoirs unis (UCDDU). Cordonniers, selliers, fondeurs, ébénistes, pâtissiers… toutes les professions où le savoir-faire est de précision ont leurs compagnons. Et toutes les associations développent un système de formation basé sur l’apprentissage, les voyages pour aller à la pour voir de nouveaux « savoir-faire », l’acquisition de compétences, d’un métier. Mais la particularité de la pédagogie tient surtout à l’obligation qu’à chaque membre de rendre ce qu’il a appris sans attendre : la propagation est au cœur du compagnonnage.