Une grève attire l’attention sur le modèle économique de la tour Eiffel
« Cela risque de durer plusieurs jours, et on espère surtout ne pas avoir à faire grève pendant les Jeux olympiques », prévient Denis Vavassori, délégué CGT de la Société d’exploitation de la tour Eiffel (SETE), qui gère le monument. La dame de fer ne sera pas ouverte trois cents soixante-cinq jours en 2024, comme de coutume : entre « 150 et 200 » des 360 salariés en CDI de la SETE ont fait grève, lundi 19 février, occasionnant la fermeture du monument.
Déjà en grève le 27 décembre 2023, les syndicats CGT et FO dénoncent notamment l’augmentation du montant versé chaque année par cette société publique locale à son actionnaire majoritaire (à 99 %), la Ville de Paris, alors que ses finances ont déjà souffert ces dernières années. C’est d’abord en raison de la pandémie de Covid-19, qui a multiplié les périodes de fermetures du monument, et généré 130 millions d’euros de pertes de billetterie. En 2023, la tour a retrouvé un niveau de fréquentation convenable, avec 6,3 millions de visiteurs.
Les grévistes se disent aussi inquiets de l’état du monument, malgré, là aussi, des coûts exorbitants. La tour n’a pas été repeinte depuis quatorze ans – contre sept habituellement –, et certains travaux ont pris du retard et généré 120 millions d’euros de coûts supplémentaires, en raison de l’inflation et de la découverte de plomb. « On a fait à peine 30 % de la campagne de peinture, cela a coûté 85 millions, alors que le budget de base était de 50 millions. Il y a de la rouille, des ascenseurs non rénovés, le scintillement qui ne sera pas renouvelé… », liste l’élu CGT.
Le billet devrait augmenter de 20 %
Face à ces difficultés, l’entreprise a été recapitalisée à hauteur de 60 millions d’euros par la Ville de Paris en 2022, et des prêts ont été contractés. Le syndicaliste met cette situation en regard de pertes supplémentaires à venir, qu’occasionnera une hausse de la redevance versée par la SETE à la Ville de Paris : déjà passée de 8 à 16 millions d’euros entre 2021 et 2022, elle devrait atteindre environ 50 millions annuels pour les années à venir.
« Cela représente la moitié du budget annuel de la SETE, alors qu’on a déjà de lourds travaux », soupire M. Vavassori. Pour contenir cette hausse, le prix du billet devrait aussi augmenter de 20 %. Cette hausse continue de la redevance était déjà prévue depuis 2016. Par leur action, les grévistes souhaitent influencer les arbitrages contenus dans la délégation de service public, le contrat qui lie la SETE et la Mairie de Paris sur la période 2017-2030.
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