Archive dans mai 2022

Entreprises : « Recruter en emploi durable, à l’horizon de deux ans, 10 000 réfugiés de toutes nationalités »

La coalition Each One for Tomorrow fédère les grandes entreprises qui souhaitent s’investir durablement dans le recrutement des personnes réfugiées. Un mois après son lancement, elle a déjà sécurisé 2 000 recrutements, soit un cinquième de son objectif à deux ans. Elle compte désormais une vingtaine de grands groupes.

Les temps sont aux défis : géopolitiques, sanitaires, écologiques, économiques ou sociales, les crises s’ajoutent aux crises, fragilisant le présent et menaçant l’avenir. Aux côtés des pouvoirs publics et de la société civile, les entreprises réinventent leurs modèles pour contribuer aux transitions d’avenir dont le monde a besoin. Elles se voient spécialement interpellées par les citoyens-consommateurs-salariés sur la question de la diversité, de l’égalité et de l’inclusion, hautement structurante pour le pacte social.

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L’afflux en Europe de 5 millions d’Ukrainiens remet dramatiquement sur le devant de la scène un sujet de longue date : celui de l’intégration des personnes réfugiées et nouveaux arrivants dans les pays d’accueil. Intensifiés par les conflits ou par le dérèglement climatique, les mouvements migratoires sont appelés à se renforcer ces prochaines décennies.

Un bénéfice pour la collectivité

En complément des actions menées par les Etats, les collectivités et les associations, l’entreprise a ici un rôle à jouer, à la fois pragmatique et visionnaire : celui de contribuer à l’inclusion par le travail. Les personnes réfugiées présentes sur le territoire français, en situation légale, sont en pleine capacité administrative de travailler.

Certaines personnes sont qualifiées, d’autres pas ou pas encore. Ils et elles représentent pour l’économie un vivier de compétences, à l’heure où nombre d’entreprises sont confrontées à des difficultés de recrutement. Former et accompagner les nouveaux arrivants vers l’emploi est un pari gagnant-gagnant : les entreprises trouvent à y pourvoir rapidement des postes-clés, à valoriser leur marque employeur par une approche innovante et responsable de la gestion des talents, à créer de la valeur au bénéfice d’un secteur ou d’un bassin local.

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Les personnes employées génèrent des charges sociales et patronales au bénéfice de la collectivité. Intégrées professionnellement, elles contribuent aussi à l’insertion de leurs familles et à la cohésion démocratique. Faire de l’inclusion un levier de performance durable : c’est la conviction des membres de la coalition Each One for Tomorrow.

Au service d’un avenir inclusif et durable

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Réforme des retraites : « Un changement radical du logiciel managérial »

Gouvernance Le nouveau quinquennat promet une réforme de l’âge de départ à la retraite. Le bon sens affirme que si la durée de vie a fortement augmenté, il est naturel que l’âge légal de départ soit retardé d’autant, par exemple jusqu’à 65 ans. Une telle approche néglige néanmoins que l’enjeu véritable est de replacer la retraite dans la manière globale de considérer le travail dans notre société. Prenons trois illustrations.

Les statisticiens Olivier Marchand et Claude Minni ont montré que, depuis des années, la France a fait un choix à l’égard du travail en concentrant l’activité économique sur une génération, celle des 25-54 ans (« Economie et statistique », 2019). La durée de carrière professionnelle a été écourtée non seulement par un âge légal de départ à la retraite plus précoce que dans d’autres pays, mais aussi par une entrée plus tardive des jeunes du fait de l’allongement des études.

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Cette dernière évolution est à mettre en relation avec la dégradation de l’image des métiers manuels et de l’apprentissage dans notre pays. Pour assurer la pérennité du système des retraites, il faudra donc s’interroger sur les deux bouts de la chaîne et se demander jusqu’à quel point il est soutenable pour l’ensemble de la collectivité que ses membres concentrent leur activité professionnelle sur trente années.

Evolutions de carrière plus lentes

Le choix français a conduit à une intensification du travail sur la tranche 25-54 ans pour obtenir une productivité relativement forte si on compare à d’autres pays développés. Il en a résulté une culture du jeunisme dans les entreprises, considérant qu’au-delà d’un certain âge un collaborateur est à la fois trop coûteux et trop peu adaptable. En 2020, la moitié des plus de 60 ans ne sont pas en activité mais pris en charge soit par l’assurance-chômage, soit par l’Assurance-maladie.

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L’allongement de l’âge de départ à la retraite obligera à revoir cette conception de la performance individuelle : d’une part, les entreprises devront maintenir et créer de nouveaux emplois pour les seniors ; d’autre part, il faudra reconsidérer les postes et les rythmes de travail pour les adapter à une population de collaborateurs plus âgés ; enfin, il faudra accepter que les évolutions de carrière soient plus lentes, les plus anciens quittant plus tard l’entreprise. Un changement radical du logiciel managérial va s’imposer.

Si on considère le rôle économique que jouent les retraités dans la société, on doit aussi anticiper ce que modifiera un décalage de l’âge de départ.

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Impôt : comment bien déclarer vos revenus d’apprenti, pour bénéficier de l’exonération ?

Si vous avez été apprenti en 2021, les salaires que vous avez perçus sont exonérés d’impôt sur le revenu, dans la limite du montant du smic annuel. Soit à hauteur de 18 760 euros pour 2021.

Cette exonération ne concerne que les apprentis proprement dits, c’est-à-dire les jeunes qui ont signé un contrat de travail intitulé « contrat d’apprentissage ». Ceux qui ont signé un contrat de professionnalisation ou de qualification, ou tout autre contrat de formation en alternance rémunérée, ne peuvent pas profiter de cet avantage.

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Peu importe, en revanche, que vous déposiez votre propre déclaration de revenus ou que vous soyez encore rattaché au foyer fiscal de vos parents – ou de l’un d’entre eux.

Pas de proratisation

La limite de 18 760 euros n’a pas à être proratisée si vous avez commencé ou terminé votre apprentissage en cours d’année. Si vous avez gagné plus que 18 760 euros sur l’année, seule la fraction du salaire qui excède ce seuil doit être déclarée, peu importe le nombre de mois d’apprentissage.

Mais attention, si vous avez enchaîné avec un contrat de travail, qu’il s’agisse d’un contrat à durée déterminée ou à durée indéterminée, les salaires correspondant à cette période sont imposables « normalement », et ce, même si vous n’avez pas atteint la limite de 18 760 euros avec les salaires perçus durant votre période d’apprentissage.

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Par exemple, si vous avez terminé votre période d’apprentissage, pour laquelle vous avez gagné 7 800 euros jusqu’en juin, puis que vous avez enchaîné avec un CDD de six mois pour lequel vous avez été payé 9 000 euros, les « premiers » 7 800 euros ne sont pas imposables, tandis que les 9 000 euros gagnés par la suite le sont.

Pas de cumul

Si, au moment de remplir votre déclaration de revenus, le montant pré-imprimé à l’écran (ou sur votre déclaration papier) ne tient pas compte de l’exonération à laquelle vous pouvez prétendre, il faut le corriger en reportant sur la ligne affichant les cases 1 AJ à 1 DJ, le total de vos salaires imposables.

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Attention, en tant qu’apprenti, vous ne pouvez pas bénéficier, en plus, de l’exonération d’impôt accordée aux jeunes étudiants qui travaillent en parallèle de leurs études, au cours de l’année scolaire ou durant les vacances.

Cette exonération équivalant à trois fois le smic mensuel (4 690 euros pour les salaires perçus en 2021) ne joue que pour les jeunes qui poursuivent des études secondaires ou universitaires.

Pôle emploi mise sur le cadre sportif pour renouer avec les plus éloignés de l’emploi

« La journée est organisée en trois temps : des ateliers sportifs le matin, un déjeuner le midi, et des sessions de recrutement l’après-midi. »

Faire des sauts, s’essayer à la zumba, lancer un ballon le plus loin possible, perfectionner son endurance… avec son conseiller Pôle emploi, et la personne qui peut vous embaucher une heure plus tard. Jeudi 14 avril, dans les locaux flambant neufs de l’EACPA (Entente agglomération Cergy-Pontoise athlétisme), club d’athlétisme de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise), 130 demandeurs d’emploi (pour moitié des jeunes) ont participé à un « job dating » peu commun, fondé sur les valeurs du sport.

En pratique, la journée est organisée en trois temps : des ateliers sportifs le matin, un déjeuner le midi et des sessions de recrutement l’après-midi. Ainsi, à 9 heures du matin, treize recruteurs se mêlent à la file d’attente des inscrits pour récupérer un dossard (sur lequel ne figure qu’un prénom).

Si le principe déconcerte, il n’est pas question de mettre en compétition des chômeurs sur la piste, ni de réduire la recherche d’emploi à un jeu : il s’agit d’utiliser la pratique du sport pour désacraliser l’entretien d’embauche auprès de publics éloignés de l’emploi. En ramenant au même niveau recruteurs et recrutés le matin et en créant du lien social entre tous les participants, l’idée est de rendre plus naturels les échanges professionnels de l’après-midi.

Les timidités s’effacent vite

Cet événement s’inscrit dans le cadre de l’opération « Stade vers l’emploi », qui s’adresse à tous les chômeurs inscrits à l’agence Pôle emploi de Cergy. Dans la zone d’emploi Cergy-Vexin, qui rassemble 120 communes du Val-d’Oise, le taux de chômage est de 7,3 % de la population active au quatrième trimestre 2021, assez proche du 7,4 % au niveau national.

« On peut s’amuser à se dépenser et se retrouver en entretien avec les mêmes habits, assis sur le tapis de perche. Au début, certains hésitaient à venir en survêtement, maintenant Pôle emploi les prévient qu’il faut le faire. » Jean-Jacques Godard, président de la Ligue de l’Ile-de-France d’athlétisme, ne cache pas son enthousiasme : « On a de plus en plus de demandes du côté des employeurs, à chaque fois, c’est un succès. »

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Sur les pistes, les timidités s’effacent vite et un certain enthousiasme se dégage. Les plus motivés encouragent très fort ceux qui ont plus de difficultés, les plus âgés notamment. Doura Souaré, 23 ans, s’affirme très vite comme une sorte d’entraîneur en chef. Il se sait tenté par la police, présente au « job dating » : « C’est un rêve de gosse, j’ai tenté plusieurs cursus à la fac, mais j’ai arrêté. Je travaillais depuis trois ans en restauration rapide, je viens d’être licencié. » Gaetan Wehl, 31 ans, ex-ingénieur dans l’industrie, se satisfait surtout de « l’état d’esprit bon enfant : ça permet d’y aller en mode relax, de rigoler, tout en voyant plusieurs entreprises dans la même journée ».

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Yves Veyrier (Force ouvrière) : « L’urgence est d’empêcher la réforme des retraites »

Le secrétaire général de Force ouvrière, Yves Veyrier, au siège social de la centrale syndicale, à Paris, le 28 mai 2022.

Yves Veyrier, le secrétaire général de Force ouvrière (FO), va quitter ses fonctions à l’issue du congrès de son organisation, qui se déroule du lundi 30 mai au vendredi 3 juin à Rouen. Il tire le bilan des trois années et demie passées à la tête du troisième syndicat de France et réaffirme que celui-ci combattra le report à 65 ans de l’âge légal de départ à la retraite, promis par Emmanuel Macron.

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Votre décision de ne pas briguer un second mandat à la tête de FO a surpris. Pourquoi l’avez-vous prise ?

Il s’agit d’un choix mûrement réfléchi, que j’ai arrêté peu avant de le rendre public, le 24 février. Dans la période qui avait précédé, c’est vrai que j’étais plutôt dans l’optique de continuer. Je suis en bonne santé. Intellectuellement, ça fonctionne. En outre, le bilan qui était tiré en interne de mon action était assez largement salué. Beaucoup me sollicitaient pour que je me présente de nouveau.

Pourquoi passer la main, alors ?

Lorsque nous élirons une nouvelle équipe à la tête de FO, le 3 juin, j’aurai 64 ans révolus. Si j’avais été maintenu au poste de secrétaire général, à l’issue de notre congrès, un débat se serait ouvert, assez vite, pour savoir qui allait me succéder, ce que je voulais éviter. J’ai le souvenir du dernier mandat de Marc Blondel, qui avait été beaucoup perturbé par la question de « l’après », avec l’émergence de plusieurs candidatures potentielles.

Aujourd’hui, deux hauts responsables de FO briguent votre fauteuil : l’un, Frédéric Souillot, est soutenu par les réformistes et une large partie des trotskistes ; l’autre, Christian Grolier, bénéficie de l’appui des anarcho-syndicalistes. FO est-elle toujours en butte à des divisions internes ?

Ce terme de division n’est pas le bon. Qui dit élection dit choix. C’est la démocratie. J’ajoute que dans l’histoire de FO, il y a souvent eu plusieurs personnalités en lice pour la fonction de secrétaire général. Une organisation comme la nôtre est importante, à la fois sur le plan de ce qu’elle porte et de ce qu’elle représente avec environ 400 000 adhérents. C’est une actrice essentielle dans la vie démocratique du pays. Il n’est donc pas surprenant qu’elle suscite des ambitions qui sont légitimes. Cela conduit à des débats qui sont parfois vifs, denses. Mais nous sommes tous attachés à l’indépendance de notre organisation, c’est-à-dire à l’idée qu’elle est un syndicat et rien qu’un syndicat, pas un parti politique.

La coexistence de sensibilités aussi marquées dans votre organisation est-elle une force ou une faiblesse ?

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Patronat : « Nous avons la responsabilité de continuer à rendre l’entreprise désirable »

Alors que la cinquième vague de Covid-19 semble derrière nous, une toute nouvelle vague, cette fois sociale, commence à déferler sur la France : celle du « Big Quit » [« grande démission »], venue des Etats-Unis, où elle s’est manifestée par la démission de 4,5 millions de salariés en mars.

Le phénomène, en France, est loin des superlatifs américains, mais quelques chiffres suffisent à dessiner les contours d’une tendance préoccupante. En février, la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du travail (Dares) annonçait une hausse de 21 % des départs volontaires, entre juillet et octobre 2021, dans les entreprises de 10 à 49 salariés.

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Selon un baromètre Harris Interactive, 91 % des Français estiment que les difficultés psychologiques sont de plus en plus répandues au travail, 50 % déclarent y être confrontés personnellement, dont les trois quarts envisagent de changer de poste, d’entreprise ou une reconversion.

Performance économique et performance sociale

Plus aucun doute : la crise sanitaire a généré, en France, sinon accéléré de profondes mutations, dans le monde du travail. Ces mutations sociales auront nécessairement des répercussions économiques demain, car il n’y a pas de performance économique sans performance sociale.

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Nous, chefs d’entreprise, avons le pouvoir d’agir en construisant, dans nos entreprises, un bouclier social face à la menace du « Big Quit ». Nous avons la responsabilité de continuer à rendre l’entreprise désirable, en inventant un management par le bien-être reposant sur cinq principes : transparence, souplesse, partage, engagement et transmission.

Transparence : « Il n’y a pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va », disait le philosophe romain Sénèque. Le premier facteur de bien-être en entreprise est la compréhension de la vision globale et de sa stratégie. Le confinement, qui a signé la fin des échanges informels, a mis à mal cet essentiel partage d’informations et de sens du travail de chacun. Il y a urgence à le remettre au cœur du lien qui unit salariés et dirigeants.

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Souplesse : nos sociétés contemporaines ont accéléré et morcelé le temps. Avec la crise du Covid-19, le professionnel a envahi le privé. Nous, chefs d’entreprise, avons la responsabilité de rééquilibrer en donnant davantage, au salarié, la liberté d’organiser son temps de travail. Pas pour tous les secteurs ni toutes les entreprises, mais nous sommes nombreux à pouvoir innover sur le sujet, en ayant recours au télétravail ou encore à la semaine de quatre jours.

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Echange CV contre petit cadeau : une méthode efficace pour recruter ?

Sur le principe un peu différent du « golden hello » (« bonus d’arrivée »), Connectt a promis aux potentiels candidats une « prime de bienvenue » de 100 euros s’ils travaillaient au moins soixante-dix premières heures pour la société d’intérim.

Un chèque de 100 000 euros : en guise de carotte dans la chasse aux CV, le cabinet de recrutement Lynks Partner mise sur un appât alléchant. Afin d’attirer de nouveaux candidats dans un marché du travail tendu, la société a annoncé le lancement d’une loterie insolite au 1er juin. Toutes les personnes qui déposeront leur CV sur le site dévolu au concours et qui inviteront deux autres candidats potentiels auront le droit d’y participer. A la clé, plusieurs lots en numéraire et, surtout, une belle publicité pour ce cabinet de recrutement.

La mise en place de ce concours est un moyen de « capter un maximum de profils », revendique Jean-Michel Laurent, son fondateur. « En trente ans d’expérience, je n’ai jamais connu un marché aussi tendu. Les bons candidats restent très peu de temps sur le marché et certains ne prennent même pas la peine de s’inscrire sur les “jobboards”. C’est pour contrer cette tendance que nous avons décidé de réagir. ».

Les jeux-concours sont une ficelle largement éprouvée par les pros du marketing. Vieille comme le monde, cette technique pour engranger de nouveaux prospects débarque sur le marché de l’emploi. Aux yeux de nombreux recruteurs, les candidats sont devenus des « consommateurs de jobs », une cible qu’il faut arriver à capter. Mais faire miroiter un chèque contre l’envoi d’un CV permet-il vraiment d’attirer de nouvelles recrues ?

Astuce marketing

Lynks Partner n’est pas le seul employeur à utiliser ce procédé. Les sociétés d’intérim les plus renommées lancent leur propre loterie : Adecco Luxembourg propose un concours pour gagner des voyages en Grèce à toutes les personnes qui auront travaillé au moins un jour pour l’agence entre le 19 janvier et le 31 mars. En février, le groupe de BTP Panorama Impact Management a aussi décidé de lancer sa « loterie du CV » pour attirer de nouveaux profils, rapporte le magazine L’Echo de la baie.

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Sur le principe un peu différent du « golden hello » (« bonus d’arrivée »), Connectt a promis aux potentiels candidats une « prime de bienvenue » de 100 euros s’ils travaillaient au moins soixante-dix premières heures pour la société d’intérim. Sur les réseaux sociaux, l’entreprise organise aussi un concours avec, à la clé, des places pour assister à un match de catch. Eric Haddad, son PDG, ne s’en cache pas : « Notre objectif est de capter des intérimaires qui viennent d’ailleurs et de renforcer notre vivier de candidats. » Les intéressés ne regarderont-ils pas d’abord les modalités des emplois proposés ? « La première étape, c’est de capter le candidat ; ensuite, on entre dans la phase de négociation », rétorque, en parfait commercial, Eric Haddad.

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Chômage : Très légère hausse du nombre de demandeurs d’emploi en avril

S’agit-il d’une inversion de la courbe dans le mauvais sens ? Pour la première fois en un an, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) s’est très légèrement accru en avril : il a atteint 3,179 millions sur l’ensemble du territoire (outre-mer compris, sauf Mayotte), soit une progression de 0,3 % en un mois, selon les statistiques diffusées mercredi 25 mai par la Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) au ministère du travail.

Cette variation doit être commentée avec prudence, d’abord parce qu’elle porte sur des données mensuelles qui sont très volatiles et, ensuite, malaisées à interpréter – la Dares recommandant de privilégier les chiffres trimestriels pour se livrer à des analyses. En outre, l’évolution tient de l’épaisseur du trait.

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Mais elle retient l’attention, dans un contexte de croissance nulle entre début janvier et fin mars, d’après les premières estimations de l’Insee. Plusieurs phénomènes ont joué : invasion de l’Ukraine, qui accentue les tensions préexistantes sur les prix de l’énergie et plusieurs matières premières, gel de l’activité de nombreuses entreprises en Chine pour contrer le redémarrage de l’épidémie de Covid-19, recul de la consommation en mars dans l’Hexagone, etc.

« Ménages et entreprises très prudents »

La – toute petite – augmentation du nombre de demandeurs d’emploi observée en avril survient donc à un moment où l’économie mondiale traverse une zone de fortes turbulences. « Sur les dernières années, on a déjà connu des petits hoquets à la hausse de ce type, commente Gilbert Cette, professeur à la Neoma Business School. A ce stade, cela ne peut pas être lu comme un retournement structurel. » Cependant, enchaîne-t-il, « il ne serait pas étonnant que les créations d’emploi et la baisse du chômage connaissent un coup d’arrêt ». « L’incertitude actuelle risque de rendre les ménages et les entreprises très prudents », juge-t-il.

Mathieu Plane, de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), formule un pronostic un peu plus tranché. « Il est probable que l’on soit dans un début de retournement de marché du travail au regard de l’évolution de l’activité, dit-il. Il ne serait pas surprenant d’enregistrer une hausse du chômage dans les trimestres à venir. »

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Pour l’heure, le marché de l’emploi résiste. En avril, le nombre de déclarations d’embauche de plus d’un mois (hors intérim) s’est accru de 0,3 %, alors qu’il avait reflué de 0,6 % en mars, selon l’Urssaf. Les patrons continuent d’enrôler de la main-d’œuvre, à des niveaux plus élevés que ceux qui prévalaient juste avant le début de la crise sanitaire (+ 8,9 % par rapport à février 2020).

Le gouvernement, lui, maintient son aide pour éviter que les recrutements piquent du nez. Ainsi, les primes exceptionnelles allouées aux entreprises qui font appel à des alternants (contrats d’apprentissage et de professionnalisation) vont être prolongées « au moins jusqu’à la fin de l’année », a indiqué, mardi, le nouveau ministre du travail, Olivier Dussopt. Cet arbitrage est important, car il concerne un dispositif mis en place à la mi-2020, qui a très largement contribué au dynamisme de l’emploi sur la période récente.

L’Argentine souhaite attirer les nomades numériques

Dans le quartier de Palermo, à Buenos Aires, en 2018.

La veille, encore : restaurant. Le lendemain : brunch. Le soir : un afterwork, dans le quartier de Buenos Aires qui borde le rio de la Plata, Puerto Madero, et des verres sur un rooftop. Ensuite, chaque mois, une escapade est prévue aux quatre coins du pays : bientôt, les spectaculaires chutes d’Iguazu – à la frontière brésilienne –, puis Salta et ses montagnes colorées dans le Nord-Ouest. « On flambe », admet en souriant Ricardo (les personnes citées dont le nom n’apparaît pas ont souhaité garder l’anonymat), 28 ans, qui a quitté la Belgique avec sa compagne pour rejoindre l’Argentine, fin avril, comme « nomade numérique », pour six mois environ. Ses projets ne sont pas uniquement touristiques : la journée, il continue de travailler, totalement à distance, à raison de trente-deux heures hebdomadaires, comme administrateur des achats pour une entreprise néerlandaise.

« Je n’y vois que des avantages ; à Buenos Aires, je ne me sens pas dépaysé. En même temps, j’apprends une nouvelle langue et puis, avec un salaire européen, la vie n’est vraiment pas chère, je vais même pouvoir mettre de côté », remarque-t-il, ravi des premiers contacts. Pour l’instant, il s’en sort avec sa maîtrise du portugais.

« Nos atouts, c’est le coût de la vie, imbattable au regard de l’offre culturelle, gastronomique, en divertissement, mais aussi un climat agréable toute l’année. » Francisco Resnicoff, sous-secrétaire aux relations internationales

Depuis le 10 mai et le lancement d’un visa qui leur est consacré – d’une durée de six mois, renouvelable une fois –, l’Argentine mise officiellement sur l’arrivée de ces nouveaux travailleurs dans le pays. « La pandémie de Covid-19 a accéléré tout ce qui, d’une façon ou d’une autre, allait finir par arriver », a justifié, lors de l’annonce, Florencia Carignano, directrice des services migratoires, en référence à ce nouveau profil de visiteurs. « Les personnes qui intègrent cette communauté ont entre 20 et 40 ans, la majorité d’entre elles ont un diplôme universitaire. On estime qu’elles consomment plus que les autres visiteurs : 6 000 dollars [5 670 euros] lors d’un séjour type », calcule le gouvernement.

« Ces dépenses dynamisent l’économie »

Buenos Aires, la ville d’arrivée des nomades, avait déjà formellement endossé cette stratégie au mois de décembre 2020, puis en novembre 2021, avec « la première conférence pour les nomades numériques d’Amérique latine ». Objectif : attirer 22 000 personnes correspondant à ce profil d’ici à 2023. La ville offre un « kit de bienvenue » à ces visiteurs, incluant, entre autres, une carte de transport et une carte SIM, des promotions dans différents hôtels. La manne espérée s’élève à 150 millions de dollars. Si le gouvernement affiche d’emblée son souhait de « générer un impact positif pour l’entrée de devises » dans un pays qui en a toujours cruellement besoin, les nomades, dans la majorité des Américains ou des Européens, selon les autorités, s’échangent les bonnes adresses pour obtenir des pesos sur le circuit parallèle. Le taux y est plus avantageux. Et les euros ou dollars échappent aux réserves officielles.

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