Archive dans novembre 2020

Les liens entre travail forcé et travail libre

« Les métamorphoses du travail contraint. Une histoire globale XIIIe-XIXe siècles », d’Alessandro Stanziani. Presses de Sciences Po, 336 pages, 24 euros.

Le Livre. En 1874, l’écrivain Joseph Conrad (1857-1924) quitte la Pologne et arrive à Marseille où il embarque comme mousse. Il découvre que la vie à bord des navires n’est pas celle décrite par la littérature romantique. Depuis l’époque ancienne et pratiquement jusqu’à nos jours, marins, esclavage et formes extrêmes d’asservissement sont étroitement liés.

Les Métamorphoses du travail contraint (Presses de Sciences Po) ne raconte pas l’histoire du célèbre écrivain, mais celles des travailleurs et des asservis qu’il a côtoyés : serfs de l’Empire russe, salariés et matelots des Empires français et britannique, esclaves et immigrés d’un océan Indien battu par les moussons. Comment cerner la difficile conquête de la liberté au travail en prenant comme référence le droit ou bien les conditions réelles des travailleurs ?, s’interroge Alessandro Stanziani.

Dans un monde idéal, ces deux éléments devraient se rejoindre, estime le directeur d’études à l’Ehess. « Dans la réalité, c’est rarement le cas. » Son ouvrage en expose les raisons. Les spécialistes du mouvement syndical ou des conventions collectives en France ne s’intéressent guère à l’esclavage.

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Réciproquement, les historiens de l’esclavage ne suivent guère les débats sur l’affirmation des conventions collectives en France. L’un des paris de l’ouvrage est de montrer que l’histoire du travail forcé ne peut se comprendre qu’en lien avec celle du travail libre. Sphère du travail libre et sphère du travail forcé « se croisent, se superposent parfois et, le plus souvent, se répondent mutuellement. »

Proche de l’esclavage

Les périodisations conventionnelles opposent un avant et un après l’abolition de l’esclavage et du servage. Cette division revient à ne pas tenir compte du taux élevé d’affranchissements en Russie et au Brésil avant les abolitions officielles, ni de l’importance des émancipations d’esclaves dans les sociétés islamiques. C’est ignorer la persistance de formes déguisées d’esclavage et de servage après les réformes.

Comprendre la manière dont chaque société cherche à établir la frontière entre liberté et contrainte au travail est alors essentiel et passe par des débats devenus particulièrement virulents depuis que les cultural studies ont mis en avant, il y a une trentaine d’années, la relativité des notions de liberté et de contrainte.

Plutôt que de scruter l’émergence du travail libre ou de stigmatiser la persistance de formes larvées d’esclavage, le directeur de recherche au CNRS analyse les transformations de certaines formes historiques du travail, et tente de saisir les raisons pour lesquelles, jusqu’à nos jours, les progrès intellectuels, politiques et des conditions matérielles n’ont pas réussi à enrayer la contrainte au travail dans ses formes les plus extrêmes.

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Reconfinement : cent nuances de télétravail

La comédienne Vanessa Desmarais, télétravaillant lors du tournage de  « Confinage TV » pendant le premier confinement, à Lyon, en avril.

« Depuis vendredi, au travail c’est comme d’habitude. Il n’y aurait pas eu d’allocution du président de la République que ça aurait été pareil », constate Tom (tous les prénoms ont été changés), technicien, dans son usine en banlieue parisienne. « J’arrive à la même heure, je croise les mêmes collègues. Absolument rien n’a changé », s’étonne également Angèle, assistante sociale dans une collectivité territoriale en région Centre-Val-de-Loire. « Mon responsable m’a dit on reste comme ça”. Donc je suis à 100 % à mon poste », témoigne encore Laurent. Pour cet ingénieur dans un bureau d’études en Normandie comme pour nombre de Français, depuis le reconfinement, la vie au travail « continue comme si de rien n’était ».

Aucun taux de télétravailleurs n’est encore disponible – contrairement à ce qu’affirmait, mardi 3 novembre sur RTL, le ministre de la santé, Olivier Véran, qui déclarait que « les chiffres du télétravail attestent que les entreprises jouent le jeu et les salariés également ». Mais la RATP nous donne un indice : à l’heure de pointe du matin, lundi 2 novembre, les métros parisiens n’étaient qu’à moitié pleins. Une baisse toute relative, car depuis la rentrée de septembre, ces rames ne se remplissaient déjà plus qu’à 70 % aux heures de pointe. Le reconfinement ne marque donc qu’une baisse de 20 % par rapport à ce niveau. Sans commune mesure avec le printemps où les rames du matin n’étaient remplies qu’à 5 %.

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Si le président de la République, dans son discours du mercredi 28 octobre, demandait à chacun de participer à l’effort – « L’économie ne doit ni s’arrêter ni s’effondrer ! » – loin du « restez chez vous » du printemps, la règle édictée par la ministre du travail, Elisabeth Borne, dès le lendemain semblait pourtant claire : le télétravail « n’est pas une option » mais « une obligation » pour les travailleurs, salariés ou indépendants qui peuvent exercer leur activité à distance.

Le nouveau protocole national en entreprise actualisé le 29 octobre ne reprend pas ce terme d’obligation. Il stipule néanmoins que le télétravail « doit être la règle », précisant que « le temps de travail effectué en télétravail est porté à 100 % pour les salariés qui peuvent effectuer l’ensemble de leurs tâches à distance ». Pour les autres, les entreprises doivent prévoir des aménagements dans l’organisation, pour réduire au maximum les déplacements domicile-travail et le temps de présence en entreprise.

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Le distributeur spécialisé Bio c’Bon et son millier de salariés repris par Carrefour

Un magasin Bio c’Bon à Paris, le 8 septembre.

Le groupe Carrefour, qui a fait du renforcement de son activité bio une de ses priorités, a été choisi par le tribunal de commerce de Paris pour reprendre le distributeur spécialisé Bio c’Bon et son millier de salariés, a annoncé son PDG, Alexandre Bompard, lundi 2 novembre, sur Twitter.

L’enseigne de grande distribution était notamment à la lutte avec le spécialiste du secteur Biocoop et le groupe familial Zouari (actionnaire des surgelés Picard), qui proposaient également la reprise d’une large part des salariés. Mais Carrefour a offert le meilleur prix de cession, donnée importante, car elle permet notamment d’apurer le passif de Bio c’Bon.

« Vous rejoignez un magnifique projet, auquel j’attache une importance toute particulière : celui de rendre la bio accessible à tous, tous les jours », a déclaré Alexandre Bompard dans une lettre aux salariés de Bio c’Bon qu’il a publiée sur son compte Twitter. Il évoque « une ambition immense, qui participe de la raison d’être de notre groupe, être le leader de la transition alimentaire pour tous, c’est-à-dire d’une alimentation de qualité, saine et respectueuse de l’environnement ».

Carrefour avait expliqué mi-octobre, lors de l’acquisition par sa filiale So. Bio d’un réseau de cinq magasins spécialisés dans le Sud-Ouest, que l’opération s’inscrivait « dans le plan de renforcement de l’activité Bio spécialiste de Carrefour, débuté en 2019 par l’acquisition de So. Bio ».

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Un réseau de 107 points de vente

Avec Bio c’Bon, pour lequel Carrefour a proposé 60 millions d’euros, plus 40 millions d’euros d’investissements, le géant de la distribution s’offre un réseau de 107 points de vente et plus de 1 000 salariés repris ou reclassés. « Le rachat de Bio c’Bon et son intégration à So. Bio permettra de constituer un acteur majeur de la distribution spécialisée bio, dont vous serez les acteurs au quotidien », écrit encore Alexandre Bompard.

C’est un gros coup d’accélérateur puisque son réseau So. Bio comptait, mi-octobre, 22 points de vente. Lors de la publication de ses résultats trimestriels la semaine précédente, Carrefour avait rappelé son objectif de réaliser 4,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires en produits bio en 2022.

Egalement sur les rangs, la famille Zouari a pris « acte » de la décision du tribunal de commerce et « adresse tous ses vœux de succès et de réussite aux équipes de Carrefour et de Bio c’Bon dans la mise en œuvre de ce projet ». Elle s’est, en outre, dite, dans son communiqué, « convaincue que Bio c’Bon est une pépite, qui dispose de tous les atouts, à commencer par ses talents, pour réussir à relever les défis qui sont devant lui et devenir un des leaders de son marché ».

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Le Monde avec AFP

Reconfinement : télétravaillez-vous ? Comment ?

« L’économie ne doit ni s’arrêter, ni s’effondrer ! Je vous invite donc, dans la mesure des possibilités de chacun, à participer de cet effort », a déclaré Emmanuel Macron le 28 octobre, annonçant aux Français un confinement d’un nouveau genre : celui où l’on tente de confiner les personnes sans confiner l’économie. Un message, bien différent du « restez chez vous », qui avait brutalement interrompu nos vies quotidiennes au printemps, et que chaque travailleur, chaque entreprise, semble avoir interprété à sa manière ces derniers jours.

La ministre du travail a eu beau répéter, le 29 octobre que le télétravail n’était « pas une option » mais « une obligation », les transports en commun et les rues sont loin d’être vides comme au printemps, signe que nombre d’entreprises ont distribué des attestations permettant à leurs salariés d’aller et venir et cela, peut-être, même lorsque l’essentiel du travail peut être fait à distance.

Et pour vous, qu’en est-il ? Travaillez-vous sur site ou télétravaillez-vous ? L’obligation de télétravailler est-elle appliquée dans votre entreprise ? Au contraire, le maintien de l’activité sur site vous semble-t-elle justifiée ? Est-ce votre choix, est-ce une contrainte ? Votre activité a-t-elle été réorganisée pour limiter les déplacements ? En termes d’organisation, quels enseignements ont été tirés du premier confinement ?

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Face à la crise, l’espoir retrouvé du « made in France »

Pour continuer à produire en France, l’entreprise vendéenne de meubles Gautier joue le sur-mesure et le travail en flux tendu.

A quelque chose malheur est bon. La crise sanitaire semble avoir accéléré la prise de conscience de la fragilité du tissu industriel français. Les politiques s’emparent tous du sujet et les consommateurs font de plus en plus le lien entre « leurs choix de produits et la situation économique », comme le souligne Mathieu Roumens, un entrepreneur qui a créé un jouet électronique « made in France », une exception sur un marché saturé par les importations chinoises.

Consolider et développer des filières industrielles dans l’Hexagone susciterait donc un intérêt nouveau. Le succès de l’appel à relocalisations lancé par Bercy en témoigne. A la mi-octobre, le gouvernement avait déjà reçu 3 600 projets, et le budget d’un milliard d’euros d’aides prévu en 2020 ne suffira pas, selon le ministre de l’économie Bruno Le Maire. Il reste toutefois à trouver le modèle économique viable, face à la concurrence mondiale. Quels sont les leviers des entrepreneurs qui produisent en France et parviennent malgré tout à être rentables ? Ils pourraient se résumer en trois mots : innovation, proximité et territoire.

S’ajuster à la demande

« Fervent défenseur du made in France », comme il se présente lui-même, Philippe Véran est PDG de Biotech Dental, une entreprise de fabrication de matériel médical à destination des chirurgiens-dentistes fondée en 1987. Il a choisi de racheter certains sous-traitants afin de pouvoir rapatrier l’ensemble de sa production en France, principalement à Scionzier, en Haute-Savoie.

Il s’apprête également à ouvrir un nouveau site industriel à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône). Pour autant, l’entreprise, présente dans 40 pays, reste performante aussi bien en France qu’à l’export. Le secret de Biotech Dental ? « C’est la technologie, la recherche et développement [R&D] qui nous ont permis de survivre », répond M. Véran. « On y consacre 10 % du chiffre d’affaires tous les ans. » L’innovation, qui s’appuie sur des technologies numériques, permet de fabriquer des implants, prothèses et autres gouttières sur mesure en un temps record, « ce que l’on ne sait pas faire de l’autre côté de la planète », souligne le dirigeant.

Ajoutons à cela la verticalisation du processus de production, depuis la R&D, qui a permis de concevoir un scanner intra-oral, incomparablement plus précis que les empreintes « à l’ancienne » des dentistes, jusqu’à l’adaptation du matériel, « qui permet d’être compétitifs en termes de prix et de volumes ». L’innovation est donc clé. « Les travaux réalisés depuis l’entrée de la Chine dans l’OMC montrent que les entreprises qui s’en sortaient le mieux face à cette concurrence nouvelle étaient celles qui avaient le plus innové, aussi bien en termes de produits que de process de production », confirme Isabelle Méjean, économiste et professeur à l’Ecole polytechnique. Mais elle ajoute : « La capacité à s’ajuster très facilement à la demande intervient aussi ».

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Une négociation sur le télétravail très attendue par les syndicats, moins par le patronat

Les organisations patronales et syndicales vont engager, mardi 3 novembre, une négociation pour encadrer davantage le télétravail dans un contexte qui renforce les attentes. Les Français sont, en effet, à nouveau contraints d’y recourir massivement depuis qu’Emmanuel Macron a appelé à généraliser le travail pour contenir l’épidémie de Covid-19.

Le rendez-vous avait été fixé le 22 septembre, bien avant l’allocution du président de la République du 28 octobre et l’annonce d’un reconfinement. Il avait été arraché au forceps au patronat par les syndicats, qui réclament une négociation en vue d’un accord national interprofessionnel (ANI) sur le télétravail depuis le printemps. A l’époque, cinq millions de salariés se sont retrouvés à travailler depuis leur domicile du jour au lendemain.

La ministre du travail, Elisabeth Borne, a exhorté les partenaires sociaux à « avancer rapidement sur cet accord » qui « pourra donner des repères à toutes les entreprises ».

En octobre, avant la demande du président de la République de le généraliser, 1,8 million de salariés étaient encore en télétravail, selon le service de statistiques du ministère du travail (Dares).

Le patronat réticent

Longtemps, le Medef a refusé toute négociation, considérant le « corpus de règles et de normes juridiques parfaitement applicables ». Et contrairement aux syndicats, le patronat veut que le futur accord, s’il y en a un, ne soit « ni normatif », « ni prescriptif », c’est-à-dire pas contraignant. Hubert Mongon, le négociateur du Medef, a expliqué cette position par « la diversité des situations : cinq millions de salariés [concernés par le télétravail], cinq millions de situations différentes ».

Les autres organisations patronales sont sur la même ligne. Pour Michel Picon, de l’U2P, la négociation doit aboutir « à un guide de bonnes pratiques, afin que chaque employeur puisse s’emparer du télétravail avec une marge de manœuvre au plus près de sa situation ».

Eric Chevée, de la CPME, est, quant à lui, ouvert à « un guide ou un accord-cadre ». Surtout, la CPME souhaite que la négociation porte sur le télétravail « en situation d’urgence » (sanitaire, environnementale, accident industriel), « pour que les entreprises ne soient pas prises de court comme aujourd’hui ».

En revanche, il n’a « pas la même appétence » pour revoir les règles encadrant le télétravail en situation « normale ». « Nous allons à la négociation pour avoir un accord prescriptif et normatif », répond Jean-François Foucard (CFE-CGC).

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Les syndicats ne veulent pas « n’importe quel accord »

« Je ne vois pas pourquoi il faut dissocier télétravail en situation de crise et télétravail classique. Nous ne signerons pas n’importe quel accord », prévient Eric Courpotin (CFTC), qui juge « inévitable un accord prescriptif et normatif dans le contexte actuel ».

« La CFDT demande (…) qu’on se quitte quand on a bouclé cette négociation », a insisté vendredi Laurent Berger (CFDT). « On ne va pas prendre un mois et demi ou deux mois dans cette période de télétravail massif pour se mettre d’accord », prévient-il.

Les discussions risquent donc d’être tendues mardi, où les négociateurs vont se retrouver à partir de 9 heures en visioconférence, Covid-19 oblige.

Parmi les sujets sur la table, les syndicats souhaitent aborder la charge de travail, le droit à la déconnexion, la prise en charge des frais liés au télétravail, les personnes en situation de handicap ou encore l’égalité femmes-hommes. Côté patronal, les attentes portent sur le volontariat, la réversibilité du télétravail, l’anticipation de sa mise en place, la diversité des lieux de travail (coworking, tiers lieux…), la formation des manageurs et les pratiques managériales, l’intégration des nouveaux collaborateurs.

La deuxième réunion est programmée le 23 novembre, et d’autres pourraient suivre.

Actuellement, le cadre légal sur le télétravail repose en partie sur l’ANI de 2005, qui notamment lui donne une définition, pose le principe du volontariat. Il a été partiellement transposé dans la loi de simplification de 2012. Les ordonnances réformant le code du travail de 2017 simplifient le recours au télétravail, mais « reviennent aussi sur certains acquis » de 2005, comme la prise en charge des frais, selon les syndicats.

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Le Monde avec AFP