Coronavirus : pour redémarrer au plus vite, PSA revoit son organisation industrielle
Le groupe automobile PSA a annoncé, mardi 7 avril, la signature d’un accord social avec quatre syndicats représentatifs sur cinq destiné à préparer le redémarrage de ses sites industriels aujourd’hui tous fermés (en dehors des centres d’approvisionnement en pièces détachées) en raison de la crise sanitaire due au coronavirus. « C’est un accord majeur, solidaire, s’est félicité Xavier Chéreau, directeur des ressources humaines de PSA. Il est centré sur la protection de la santé des salariés et la préservation de l’entreprise. »
Le constructeur aux cinq marques (Peugeot, Citroën, DS, Opel, Vauxhall) se met donc en ordre de bataille pour redémarrer « graduellement », dans un environnement où le virus n’aura pas disparu. L’opération, complexe, implique un réaménagement de l’ensemble des sites, une redéfinition des pratiques et procédures intégrant la mise en avant des fameux gestes barrière.
Port du masque obligatoire
Parmi les décisions prises, PSA va rendre obligatoire le port du masque sur ses sites. Le groupe estime que tout salarié devra disposer de deux masques par journée travaillée (un par demi-service) plus deux autres s’il utilise les transports en commun pour se rendre sur son lieu de travail. « Tout redémarrage d’un site impliquera que ce site dispose d’un nombre suffisant de masques pour les salariés », a précisé M. Chéreau.
Le protocole prévoit, par ailleurs, une mise en œuvre de la distanciation sociale par un marquage « rigoureux et systématique » ; une surveillance des symptômes des salariés impliquant des prises de température régulières, y compris à l’entrée du site ; une fréquence élevée de lavage des mains et de désinfection des postes de travail ; une dématérialisation des échanges ; un stockage des colis en zone tampon…
Voilà qui pourrait chambouler l’organisation industrielle du constructeur et entraver sa course à la productivité, qui, sous la férule de son président Carlos Tavares, est un objectif permanent. Le compactage des usines, qui est l’une des clés de l’efficacité industrielle des chaînes de montage automobile, pourrait, du coup, se voir compliqué. « L’entreprise de demain ne sera pas celle d’hier », a reconnu M. Chéreau. Mais le choix est vite fait quand on sait que chaque jour d’immobilisation d’une usine automobile coûte infiniment plus cher que le surcoût de ce protocole de sécurité.
Redémarrage à Wuhan, tout un symbole
En dehors de la CGT, les syndicats (représentant 80 % des salariés, selon la direction) ont fini par approuver le dispositif. Il y a une dizaine de jours, ils avaient marqué leur scepticisme quand, sur certains sites, la direction commençait à parler de redémarrage. « Il s’agit de mesures inédites destinées à protéger au mieux tous les salariés », a finalement déclaré, mardi, Olivier Lefebvre, délégué central FO, le premier syndicat de PSA.
Pour l’heure, aucune date de reprise n’a été indiquée et le protocole devra être testé, audité et validé par les représentants du personnel. Les premières usines PSA à redémarrer pourraient, c’est tout un symbole, être celles de Wuhan où le déconfinement a pris fin mardi 7 avril. Une réunion stratégique à ce propos devait se tenir mercredi.
L’accord sanitaire avec les syndicats FO, CFE-CGC, CFTC et CFDT se double d’un important volet social mettant en place un système de solidarité permettant de maintenir 100 % du salaire des employés mis en chômage partiel. Un système de don de congés et RTT (deux par cadre, un par salarié) plus un abondement par l’entreprise viennent combler la part de rémunération non prise en charge par l’Etat, soit 16 % du salaire net. Le dispositif, assez semblable à celui que Renault a mis en place fin mars, est opérationnel tout le mois d’avril.
« Les actionnaires ne sont pas mis à contribution »
Par ailleurs, les quatre syndicats signataires ont entériné un accord sur les congés permettant aux sites d’ouvrir pendant la période estivale afin de rattraper le retard de production, tout en garantissant deux semaines de congés aux salariés cet été.
Seule la CGT a rejeté en bloc l’accord. « Les actionnaires de PSA ne sont absolument pas mis à contribution. Les salariés devront encore être solidaires entre eux » et cet accord est « une remise en cause brutale de nos congés d’été », a déclaré à l’AFP Jean-Pierre Mercier, délégué syndical central CGT.
PSA a maintenu sa proposition de verser 1,1 milliard d’euros de dividendes à ses actionnaires, qui devront se prononcer le 25 juin en assemblée générale sur ce point. La CFDT (5e syndicat) a d’ailleurs déclaré attendre « un autre élan de solidarité » de la part des cadres dirigeants et actionnaires, qui pourraient participer « financièrement par le biais de dons » au fonds solidaire « ou par la non-prise de dividendes pour l’année 2020 ».
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