Archive dans août 2019

« Le droit des affaires américain et sa jurisprudence devront évoluer pour permettre ce changement »

« Le droit des affaires américain et sa jurisprudence devront évoluer pour permettre ce changement » (Photo: Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan Chase & Co, en avril).
« Le droit des affaires américain et sa jurisprudence devront évoluer pour permettre ce changement » (Photo: Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan Chase & Co, en avril). Patrick Semansky / AP

Professeure titulaire de la chaire de gestion Joseph C. Wilson à la Harvard Business School et de la chaire d’innovation sociale Alan L. Gleitsman à la Harvard Kennedy School

La professeure Joseph C. Wilson de Harvard salue le « changement de discours » des patrons américains après la tribune publiée le 19 août dans le « New York Times » déclrant l’abandon de la priorité donnée aux actionnaires, mais compte les conditions d’une mise en pratique de ce discours dans la réalité.

Il aura donc fallu espérer plus de dix ans après la crise de 2007 pour que les chefs d’entreprises américains remettent en cause le principe de la poursuite de la maximisation de la valeur pour les seuls actionnaires, et saisissent emplacement en faveur d’une transformation de paradigme.

Les responsables membres de la puissante Business Roundtable, qui rassemble 193 des plus grandes entreprises américaines, utilisant à elles seules plus de 15 millions de personnes, ont cosigné un nouveau texte sur le rôle et la mission des entreprises, publié dans le New York Times du 19 août, témoignant que ces dernières doivent servir non uniquement les intérêts de leurs actionnaires sur le long terme, mais aussi ceux de leurs employés, de leurs fournisseurs, et plus entièrement de la société (« Statement on the Purpose of a Corporation », voir lien PDF). Les 181 PDG signataires déclarent partager un « engagement fort auprès de toutes les parties prenantes de leurs entreprises », assurant ainsi la rupture par rapport au système jusqu’ici dominant.

Voilà en effet actuellement près d’un demi-siècle que le monde des affaires américain est arrangé autour du principe de maximisation de la valeur pour les actionnaires. L’un des nombreux porte-drapeaux de cette approche, l’économiste Milton Friedman, avait participé à justifier l’inéluctabilité de cette logique en clamant que la responsabilité sociale des entreprises était de maximiser leurs profits. Mais les économistes adeptes de Friedman sont loin d’être les seuls à avoir favorisé l’avènement de ce principe : les membres de la Business Roundtable ont eux aussi par le passé joué un rôle important dans son maintien.

L’annonce a eu l’effet d’un coup de tonnerre et suscité deux types de réactions très opposées.

Les uns fêtent déjà l’avènement d’un nouveau système économique plus juste, humain, et respectueux de l’environnement, tandis que d’autres fustigent une nouvelle tentative de perfectionnement de l’image des grandes entreprises, qui aspirent vouloir changer leur approche, mais continuent de poursuivre au quotidien leur quête effrénée du profit.

Pas de plan d’action tangible

Un tel dualisme est stérile au moment où se joue l’avenir de notre système économique et social. S’il faut se réjouir de ce transformation de discours, qui ouvre la porte à une possible refonte du modèle capitaliste et du rôle des entreprises dans la société, deux questions doivent néanmoins être posées : pourquoi une telle transformation maintenant ? Et sera-t-il suivi d’actions ?

Profession avocat : « « Harcèlement moral, sexuel, violence verbale, pression du chiffre… »

 

« La Face cachée de la robe »,

« C’est bon, tu l’as ! » Lorsqu’elle saisit ces mots, Anaïs de la Pallière n’en croit pas ses oreilles. Elle fait quelques pas de danse puis pleure de joie : elle est perçue à l’école du barreau. « Je ne me doutais pas que la partie était encore loin d’être gagnée et que le désenchantement n’allait pas tarder », écrit-elle dans La Face cachée de la robe. Dans son livre, l’avocate du barreau de Paris décrit les pièges, les déceptions et les mensonges auxquels les jeunes avocats et les jeunes avocates sont comparés. « Harcèlement moral, sexuel, violence verbale, pression du chiffre, humiliation, intimidation, temps de travail à rallonge, salaire dérisoire au regard du niveau d’études, du travail fourni et de la valeur directement créée, rien ne fait défaut dans une profession où la vocation première devrait être la défense de l’autre. »

Selon le rapport sur l’avenir de la profession effectué par Me Kami Haeri, le nombre d’avocats en Hexagone a plus que doublé en vingt-trois ans. La rivalité est rude. Un tiers des nouvelles recrues quittent la robe durant les cinq premières années d’exercice. Les données du rapport « mettent en relief certains éléments développés dans cet ouvrage et notamment le fort décalage entre la vision de la profession telle qu’on l’imagine et la réalité de son exercice découvert tardivement, dans la souffrance », déclare Anaïs de la Pallière, qui déplore néanmoins que le rapport « n’évoque que très peu la véritable situation des avocats collaborateurs, le cœur même du sujet qui a motivé ce récit. »

 

Besoin de trouver sans cesse de nouveaux clients pour retenir le chiffre d’affaires et la survie de l’activité du cabinet, inégalité entre le travail véritablement fourni et le retour sur investissement : l’ouvrage décrit la vie d’un collaborateur de cabinet. « Etre avocat, c’est faire de lourds sacrifices. On passe ses journées voire ses nuits au cabinet, on n’a plus de temps à consacrer à sa vie personnelle, car on essaie de construire sa carrière, mais l’édifice est très bancal, les bases ont été viciées. Puis on se heurte à des attitudes inadmissibles qui ajoutent une pression insoutenable. On a l’impression que l’on vit dans un monde au-dessus des lois, parce que nos protections sont quasi nulles. (…) Il n’y a pas de prud’hommes pour régler les litiges, il n’y a pas de chômage en back-up. Il n’y a que la justice de l’Ordre, celle du bâtonnier et de ses pairs. Dès lors, certains se croient au-dessus de tout. On ose nous dire dans certains cabinets ce que l’on n’oserait jamais dire à un salarié. »

Les patrons américains reconnaissent leurs responsabilités sociales, après la vague des critiques

La campagne démocrate pour la présidentielle de 2020 tourne à la remise en cause fondamentale des grandes entreprises.
La campagne démocrate pour la présidentielle de 2020 tourne à la remise en cause fondamentale des grandes entreprises. JOE RAEDLE / AFP

La Business Roundtable, qui réunit 188 PDG, a approuvé, lundi, une récente définition de l’objet de l’entreprise, qui ne se défini plus au profit et aux actionnaires. Stratégie politique ou transformation culturel ?

Les PDG américains ont « tué le père », lundi 19 août. Ou plutôt Milton Friedman (1912-2006), lauréat Nobel d’économie 1976, patron de l’école économique de Chicago, qui avait établi, dès 1970, le cap de la révolution reaganienne à venir. « La responsabilité d’une entreprise, c’est d’augmenter ses profits », avait mentionné Milton Friedman dans un article célèbre édité le 13 septembre 1970, en une période inflationniste où les manageurs avaient oublié d’avoir des affaires avantageux et spécifiaient leurs vastes bureaux à la rémunération de l’actionnaire. Fin de partie, un demi-siècle plus tard, sifflée sous l’égide du patron de JP Morgan, Jamie Dimon, patron de la Business Roundtable (BRT), qui rassemble 188 PDG américains. La définition de l’objet de l’entreprise a été fortement modifiée par la BRT.

« Nous nous engageons à : apporter de la valeur à nos clients (…) ; investir dans nos salariés. Cela commence avec une rétribution équitable et des prestations importantes [par exemple, de santé ou de formation] ; traiter de manière appropriée et éthique nos fournisseurs (…) ; soutenir les communautés dans lesquelles nous travaillons. Nous estimons les gens de nos communautés et protégeons l’environnement en choisissant des pratiques durables ; générer de la valeur à long terme pour nos actionnaires, qui fournissent le capital qui permet aux entreprises d’investir, de croître et d’innover », détaille le communiqué publié lundi, qui conclut : « Chacune de nos parties prenantes [stakeholders] est décisive. »

Rupture majeure

La séparation est majeure. La dernière version de la « bible patronale » avait été consignée en 1997 sous Bill Clinton, en plein triomphe des actionnaires, des introductions en Bourse et de l’universalisation heureuse. « Selon la BRT, le devoir suprême du management et du conseil d’administration est envers les actionnaires de l’entreprise. L’intérêt des autres parties prenantes est pertinent, mais elle découle du devoir envers les actionnaires. L’idée que le conseil doit équilibrer le rôle des autres parties prenantes est une exposition essentiellement fausse du rôle du conseil d’administration. Il s’agit, d’ailleurs, d’un concept inabordable car il laisserait le conseil sans outil pour régler les conflits d’intérêts entre les différentes parties prenantes », écrivait alors le patronat.

Carrefour essai une reprise dans la période des remises

AUREL

Devant à une crise sans antécédent et aux transformations des habitudes des clients, plus sensibles aux bonnes affaires, le groupe Carrefour s’apprête à importer en France son enseigne discount Supeco, née en Espagne.

Mesurés aux changements des habitudes de consommation, les groupes de distribution alimentaires sont à la requête d’un nouveau modèle. Un an à peine après avoir entouré tout le réseau des anciens magasins de hard-discount Dia, Carrefour s’apprête ainsi à réessayer, en septembre, l’aventure du commerce à prix bas.

Il va introduire en France Supeco – contraction de « supermercado economico », supermarché économique –, son enseigne de supermarché discount originaire d’Espagne, avec ses façades jaunes et ses écritures noires. « Ce sera un concept adapté au marché français, avec un modèle hybride, entre le supermarché traditionnel et le cash & carry [point de vente en gros ] qui associe des prix bas avec des bons produits », témoigne un porte-parole de Carrefour au Monde, confirmant une information d’Olivier Dauvers, observateur spécialiste de la grande distribution.

Initié en Espagne en 2012, Supeco s’est emporté d’Atacadao, l’enseigne brésilienne de cash & carry rachetée en 2007 et devenue l’une des pépites du groupe en Amérique latine. Supeco s’est graduellement implanté en Europe : en Roumanie en 2014, puis en Pologne (2016) et en Italie (2017)… pour atteindre 41 magasins (23 en Espagne, 15 en Roumanie, 1 en Italie et 2 en Pologne). En Afrique, Carrefour a lié un contrat de franchise avec CFAO, leader local de la distribution, qui l’exploite sous forme de plus petits magasins.

Dans de nombreux pays, Supeco doit son succès à un aménagement minimaliste avec des produits présentés sur palette comme dans un entrepôt – symbole de prix bas –, mais aussi à un modèle de double affichage des prix de vente – prix unitaire et prix spécifique pour des achats en grande quantité – pour éprouver les consommateurs en quête de bons plans.

« Des prix imbattables »

En France, le magasin correspondra davantage à Lidl ou Aldi qu’à un véritable entrepôt : un document interne montre un agencement minimaliste et aéré, des « tables d’arrivages » exposant chaque semaine des stocks de bonnes affaires, des produits de marque Carrefour et des marques nationales issues de circuits de déstockage… Le tout complété d’innovations technologiques simplifiant la phase de levée. « Une perception de qualité et des prix imbattables », pour toucher trois types de consommateurs selon ce document : la clientèle à budget serré en quête du meilleur prix et de chasses aux trésors, celle qui recherche un meilleur rapport qualité-prix et un gain de temps, et enfin les « promovores », éprouvés par les arrivages de bonnes affaires sur les produits de marques nationales.

Les parts répandus dans le monde accèdent un montant record

Le montant est historique. Les 1 200 plus grandes entreprises estimées mondiales ont éprouvé, durant avril-juin, quelque 513,8 milliards de dollars (463 milliards d’euros) de portions à leurs actionnaires, soit une amélioration de 1,1 %, selon l’étude publiée, lundi 19 août, par l’observatoire de la société de gestion Janus Henderson.

Sur l’assortiment de 2019, ces groupes nécessiteraient dispenser à leurs actionnaires un montant record, estimé à 1 430 milliards de dollars. Reste que le deuxième trimestre est surtout significatif, car sept sociétés sur dix répandent leurs dividendes à cette période de l’année.

« Ce niveau reflète d’excellents résultats financiers en 2018, déclare Ben Lofthouse, responsable des gestions actions chez Janus Henderson. Cependant, on observe un ralentissement de la croissance des dividendes, qui peut se développer par une plus grande prudence des entreprises avec la décélération de l’économie mondiale. »

« L’heure de la stabilisation »

L’an dernier, les dividendes possédaient fait un bond de 14,3 % sur ce même deuxième trimestre. « Après la crise, les entreprises ont d’abord amélioré leurs résultats financiers. Puis, dans un second temps, cela s’est traduit par le versement des dividendes, ce qui explique les fortes croissances, rappelle M. Lofthouse. Actuellement, c’est l’heure de l’amélioration, même si c’est bien plus fort que l’inflation. »

Les sociétés sont notamment prudentes sur le Vieux Continent. Les dividendes y ont même tombé de 5,3 % sur ce trimestre. « La croissance de l’Europe a été à la traîne par rapport au reste du monde au cours des dernières années (…), du fait, notamment, de la faiblesse de l’euro », assaisonne l’observatoire. Tous les pays européens ne sont cependant pas logés à la même enseigne.

La France a connu une croissance de 3,1 %. « De loin, le plus grand payeur de dividendes en Europe, elle a vu leurs montants atteindre 51 milliards de dollars au cours du deuxième trimestre, un nouveau niveau historique », déclare l’étude. Les trois quarts des sociétés françaises prises en compte par l’étude ont agrandi leurs versements par rapport à l’an dernier. Seul EDF les a baissés.

« Au détriment des salaires »

Pour Pascal Quiry, la bible de la finance d’entreprise, ce n’est pas un étonnement : « La capitalisation des grandes entreprises françaises est bien supérieure à celles des allemandes, en Europe. De ce fait, il n’est pas étonnant qu’elles dégagent, en volume, le plus de dividendes. »

Entre les groupes les plus généreux participent Total, Sanofi, BNP Paribas, LVMH, Hermès, Kering ou L’Oréal. Selon La Lettre Vernimmen, les entreprises du CAC 40 ont payé, en 2018, 46 % de leurs bénéfices à leurs actionnaires, sans pour autant renoncer à leurs investissements.

Par contre, en Allemagne, les dividendes ont tombé de 10,7 %. Les groupes automobiles ou chimiques ont vu leurs activités condamnées par les guerres commerciales ou les scandales sanitaires.

Ces données font effondrer les organisations altermondialistes qui participent, cette semaine, au « contre-sommet » du G7. Elles illustrent « les politiques qu’il faut transformer aujourd’hui pour financer l’intérêt général plutôt que rémunérer les actionnaires », a déclaré à l’AFP Maxime Combes, membre d’Attac. « Les pays du G7 mettent en place des politiques qui favorisent le versement de dividendes, notamment au détriment des salaires », regrette, pour sa part, Quentin Parrinello, de l’association Oxfam France.

 

Bercy : les syndicats appellent à la mobilisation contre le réaménagement des services des impôts

Manifestation des agents des impôts le 14 mars à Tourcoing.
Manifestation des agents des impôts le 14 mars à Tourcoing. FRANCOIS LO PRESTI / AFP

Ils appellent à la grève le 16 septembre pour réclamer les ruptures de postes et le manque de moyens devant la mise en place du prélèvement à la source.

Selon l’intersyndicale des agents des impôts, la situation est « inquiétante » : les services sont « au bord de la rupture faute de moyens ». Dans une note diffusée lundi 19 août, les syndicats de la direction générale des finances publiques (DGFIP) nomment les personnels à « une mobilisation nationale massive le 16 septembre ».

Solidaires, la CGT, FO et la CFDT accentuent deux problèmes principaux. Le premier est la « forte affluence en août » aux guichets. La mise en place de la saisie à la source génère beaucoup de questions chez les contribuables. « Le crédit d’impôt de modernisation du recouvrement, les réductions et crédits d’impôts sont autant de dispositifs nouveaux qu’il faut expliquer », déclare l’intersyndicale.

L’entourage du ministre de l’action et des comptes publics, garantit qu’« il est normal à cette période de l’année qu’il y ait un peu plus de monde que le reste du temps ». Mais, à Limoges, par exemple, « le rythme est de 1 200 appels par jour, explique Arnaud-Guilhem Fabry, élu CGT, et il y a que deux personnes pour répondre. Elles ne peuvent prendre qu’une centaine de communications par jour, soit 200 sur 1 200. Les collègues croulent sous les mails. Il nous est arrivé d’avoir une queue de 100 mètres sur le trottoir… »

Dans le même temps, le gouvernement déclare de nouvelles annulations de postes de fonctionnaires à Bercy. Après avoir déjà rendu plusieurs dizaines de milliers de postes ces dernières années, la DGFIP devrait à nouveau en perdre environ 2000 en 2020. Les syndicats dénoncent une « une énième saignée de 10 000 emplois sur l’ensemble du quinquennat ».

« Déstructuration des services »

Or, deuxième problème, la diminution arrive dans un contexte de réaménagement général de l’administration des finances publiques. Les syndicats parlent de « déstructuration des services ». Au contraire, répond-on chez M. Darmanin, il s’agit d’accroître de 30 % d’ici la fin du quinquennat le nombre de « points de contacts » entre les citoyens et l’administration.

Le ministre avait exposé les grandes lignes de ce vaste chantier lors d’une mission dans le Limousin, en mars. Entre 2007 et 2017, 1 200 centres des impôts ont été supprimés en France, rappelle-t-il alors aux élus locaux. Le système, dit-il, étant actuellement « à bout de souffle », il déclare vouloir « arrêter le jeu de massacre » et « faire autrement ».

Pôle emploi collabore avec les deux plates- formes Deliveroo et Uber Eats

Des annonces cherchant des « coursiers partenaires indépendants » pour Uber Eats ont été publiées sur les pages Facebook de Pôle emploi.

Des annonces cherchant des « coursiers partenaires indépendants » pour Uber Eats ont été publiées sur les pages Facebook de Pôle emploi. CHARLES PLATIAU / REUTERSDes annonces d’embauche de « coursiers partenaires » pour les deux plates-formes Deliveroo et Uber Eats ont été diffusées par l’opérateur public. Elles n’ont rien d’illégal, déclare Pôle emploi.

Aux yeux de Pôle emploi, Uber Eats et consorts sont des embaucheurs comme les autres. Au début de l’été, des annonces pour embaucher des « coursiers partenaires indépendants » pour Uber Eats ont été diffusées sur les pages Facebook de plusieurs agences régionales de l’opérateur public. Des offres d’emploi qui n’ont pas manqué de susciter certains remous sur les réseaux sociaux.

« Vous recherchez un complément de revenus ou une activité à temps plein, avec la liberté d’exercer quand et où vous le voulez ? Participer à la prochaine réunion d’information collective le 24 juin à 14 heures dans les locaux du Pôle emploi de Vierzon », déclare ainsi la page Facebook de l’agence en question. De même, il est facile de trouver en quelques clics des offres sur le site de Pôle emploi pour devenir coursier chez Uber Eats.

En plein rivalité Deliveroo, alors que les coursiers du service de livraison exprimaient contre leurs conditions de travail, ces annonces ne sont pas passées inaperçues. Sur Facebook et Twitter, des annotateurs se sont émus de voir Pôle emploi relayer des annonces d’une plate-forme connue pour embaucher sous le régime d’autoentrepreneur. Une forme d’emploi qui ne garantit aux coursiers ni rétribution minimum mensuelle, ni complémentaire santé, ni chômage.

« Après la Ligue 1 de foot, Uber Eats se paye Pôle emploi. Tellement gerbant !!! », a regretté sur Twitter Jérôme Pimot, figure de proue de la fronde des coursiers Deliveroo. « Ce n’est pas le travail de Pôle emploi de proposer de créer son entreprise. Son boulot, c’est de proposer des emplois salariés », déclare, de son côté, la CGT-Chômeurs du Morbihan.

Consulté, le service communication de la direction générale de Pôle emploi certifie que l’agence travaille non uniquement avec Uber Eats, mais aussi Deliveroo. Maintenant, une cinquantaine d’offres du service de livraison de repas à domicile pour embaucher des « coursiers partenaires » sont diffusées sur le site de Pôle emploi.

A Amiens, instruction de licenciement pour 138 salariés de WN

La maison WN, qui avait racheté l’usine Whirlpool d’Amiens, a été mise en redressement judiciaire le 3 juin faute de débouchés. Elle a été reprise par Ageco Agenco, qui a promis à récupérer 44 salariés sur 182.

Les 138 salariés de WN, repreneur l’année dernière de l’usine Whirlpool d’Amiens, qui n’ont pas été repris par Ageco Agencement, ont reçu lundi 19 août en mains propres une convocation à un entretien antérieur à un licenciement pour motif économique. WN a été installé le 3 juin en redressement judiciaire faute de débouchés commerciaux concrets.

Appelés au sein de l’usine face à l’administrateur judiciaire (ou ses représentants) et la Direccte (direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi), ils ont reçu en mains propres un courrier leur annonçant leur licenciement économique à venir.

Le 30 juillet, le tribunal de commerce a approuvé l’offre d’Ageco Agencement, qui s’est engagé à reprendre 44 salariés de WN, laissant alors 138 employés sur le carreau. Ageco Agencement (65 salariés, 20 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018) est déjà enracinée sur le site depuis la fermeture de l’usine du fabricant américain de sèche-linge en mai 2018.

Le plan de cession « ne prévoit pas le maintien de votre poste et de votre emploi qui se trouvent en conséquence supprimés. La sentence en date du 30 juillet 2019 a autorisé votre licenciement pour motif économique. Je suis donc contraint d’envisager votre licenciement pour motif économique », a écrit l’administrateur judiciaire, selon le courrier reçu par un salarié que l’AFP a pu interroger.

Procédure contre WN

En septembre 2017, alors que Whirlpool avait déjà immobilisé la fermeture prochaine de l’usine au 1er juin 2018, WN était paru comme le rédempteur, choisi par le géant américain de l’électroménager, possesseur du site. Soulagés, les représentants syndicaux de Whirlpool avaient approuvé cette solution à l’unanimité. En octobre 2017, le président de la République, Emmanuel Macron, était venu porter son soutien sans faille au projet. WN devait produire des casiers réfrigérés connectés et des chargeurs de batteries pour vélos et voitures.

L’Etat avait alors expérimenté 2,5 millions d’euros de subventions et Whirlpool 7,4 millions d’euros. Mais l’entreprise se trouve actuellement dans une impasse de trésorerie, faute de débouchés commerciaux concrets. « Peut-être que le plan était trop ambitieux mais un projet entrepreneurial qui rate, ce sont des choses qui arrivent tous les jours et ce n’est pas un problème en soi, a déclaré mardi sur LCI la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’économie, Agnès Pannier-Runacher. Là où on a pu avoir une critique à exprimer, c’est que le dirigeant qui a repris l’entreprise n’avait pas ajusté son train de vie à la situation de l’entreprise et notamment (…) qu’il n’arrivait pas à obtenir les commandes qu’il nous avait promises. »

Suivant les résultats d’un audit rendu public jeudi par Bercy, environ 98,5 % des dépenses réalisées par WN étaient « directement liées à l’activité de l’entreprise », mais certain 179 000 euros suscitent « des interrogations », en lien avec « des avantages en nature pour les dirigeants ». Pas de quoi convaincre l’avocat des salariés, qui conteste aux prud’hommes le motif économique des licenciements prononcés par Whirlpool il y a un an et a préposé une procédure en référé au tribunal de grande instance d’Amiens contre WN.

Les organisations étudiantes s’alarment de l’augmentation du coût de la vie universitaire

La FAGE et l’UNEF sollicitent une sérieuse refonte des aides sociales pour faire face à la précarisation des étudiants.

Le coût de la rentrée universitaire va de nouveau accroître, regrettent les deux principales organisations syndicales étudiantes, la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE) et l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), dans leurs baromètres annuels publiés respectivement dimanche 18 août et vendredi 16 août. La FAGE, premier syndicat étudiant de France, avait pour la première fois conclu à une « diminution significative » de l’enveloppe que doivent consacrer les étudiants à leur rentrée, grâce particulièrement à la suppression de la cotisation à la Sécurité sociale étudiante.

Mais ce plan ne se refasse pas en 2019 : le profil type évalué par la FAGE – un étudiant non boursier de 20 ans en licence à l’université, ne vivant plus au domicile familial – devra payer en moyenne 2 285 euros pour la rentrée : frais d’inscription, fournitures, loyer… Ce montant est en progression de 1,96 % par rapport à l’année dernière, en raison notamment de la hausse des frais de vie courante de 2,73 %.

Son challenger, l’Union nationale des étudiants de France, fait un acte similaire dans son étude annuelle. Basée sur une méthodologie différente, celle-ci évalue le coût de la vie étudiante, apprécié en croissance de 2,83 %. Une évolution « bien supérieure à celle de l’inflation qui est de 1,20 % sur un an », appuie le syndicat proche de la gauche, qui s’alarme de la « forte progression » de la précarité étudiante.

L’élévation des loyers « explose en région »

L’accroissement du loyer moyen, premier poste de dépenses des étudiants, est l’un des principaux facteurs de cette tendance troussée par les organisations syndicales. Dans le parc privé, elle atteint 3,86 %, selon l’UNEF. Elle est plus marquée dans des villes comme Bordeaux, Rennes ou Mulhouse (Haut-Rhin), où les prix de l’immobilier se sont enfuis depuis plusieurs années. Quant aux frais liés aux transports, ils « stagnent », selon la FAGE. L’UNEF relève, quant à elle, une amélioration des tarifs des transports en commun dans plusieurs villes.

L’augmentation des frais courants des étudiants provient en outre d’« une augmentation forte des loisirs et des achèvements comme les vêtements, la nourriture, les produits d’entretiens et d’hygiène », note la FAGE. La fédération critique le « désengagement de l’Etat sur la restauration étudiante ». Le prix d’un repas au restaurant universitaire passera en effet de 3,25 à 3,30 euros à partir de septembre. Un changement qui vient s’additionner à l’accroissement des tarifs des cafétérias du Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (Crous), estimée à 8,17 % par l’UNEF.

Les étudiants et leurs familles devront aussi assumer l’élévation des frais spécifiques à la rentrée universitaire (+ 1,4 % cette année), même si ceux-ci améliorent moins vite que les dépenses courantes. Les supplémentaires santé – dont les tarifs grimpent de 2,56 %, selon la FAGE, et la Participation de vie étudiante et de campus (CVEC), en hausse de 1 euro pour l’année 2019-2020, sont surtout concernées. Les frais liés à l’achat de matériel pédagogique augmentent, eux, de 4,8 %.

Une « réforme d’ampleur » des aides

Les nouveaux étudiants étrangers non européens devront faire face à un accroissement des coûts de rentrée encore plus conséquente, puisque leurs frais d’inscription universitaires arrivent de 170 à 2 770 euros en licence et de 243 à 3 770 euros en master. Même si plusieurs établissements ont annoncé leur intention de ne pas apposer la mesure, « des dizaines de milliers » de personnes sont concernées, s’alarme l’UNEF. Une situation « injuste », déclare la FAGE : « Ce n’est pas aux étudiants de contribuer au sous-financement de l’enseignement supérieur par l’Etat. »

Les organisations syndicales invitent les suites de l’évolution du coût de la rentrée et de la vie universitaire. « Trop nombreux sont les étudiants dans l’obligation de se salarier pendant leurs études, de renoncer aux soins, à des loisirs ou à une alimentation correcte », inscrit la FAGE. Pour la fédération, « le coût de rentrée est bien trop élevé pour permettre une réelle démocratisation de l’enseignement supérieur ».

Elle réclame une « réforme d’ampleur du système d’aides sociales et la création d’une aide globale d’indépendance », calculée selon « la situation de l’étudiant et des revenus déclarés du foyer fiscal auquel il est rattaché ». De son côté, l’UNEF demande notamment « un plan d’urgence de refonte des aides sociales » avec l’accroissement du nombre d’étudiants bénéficiaires de bourses et la « revalorisation de 20 % » de celles-ci.

Le montant actuel des bourses sur critères sociaux accroîtra « d’en moyenne 1,10 % » pour l’année 2019-2020. Mais cette augmentation, inférieure à l’inflation, est amplement insuffisante aux yeux du syndicat étudiant.

SNCF, RATP : renvoyés sans raison apparente

Des travailleurs renvoyés sur avis du ministère de l’intérieur pour suspicion de radicalisation en appellent à la justice.

Il a d’abord ressenti un choc. Puis, très vite, une question s’est emparée de son esprit : « Pourquoi ? » Dix-sept mois après, Hocine, qui fait son témoigne sous un prénom d’emprunt, n’a pas encore de réponse. Attablé au Café de la gare d’Herblay (Val-d’Oise), dans la banlieue nord de Paris, ce jeune de 25 ans, à la silhouette élancée, déroule le fil des événements qui l’ont d’un coup privé d’emploi, il y a quasiment un an et demi.

Le 8 mars 2018, une cadre de la RATP le convoquait à l’issue de sa journée de travail pour lui apprendre qu’il était suspendu de ses fonctions – chauffeur de bus en Ile-de-France. Quelques jours plus tard, la sentence tombait, par le biais d’une lettre adressée au domicile de ses parents, chez qui il habite : « Nous sommes contraints de vous notifier votre licenciement [pour cause réelle et sérieuse]. » L’explication avancée était plutôt succincte : « Vous avez fait l’objet d’une enquête par le ministère de l’intérieur [qui] a débouché sur l’émission d’un avis d’incompatibilité vous concernant. »

Avis d’incompatibilité ? Depuis la loi de Mars 2016 les entreprises de transport public peuvent demander à la police des investigations sur des candidats à l’embauche et sur des salariés déjà en poste désireux de changer d’affectation ou dont le comportement inquiète. Ces opérations dites de « criblage » visent à déterminer si l’attitude de la personne « donne des raisons sérieuses de penser qu’elle est susceptible, à l’occasion de ses fonctions, de commettre un acte portant gravement atteinte à la sécurité ou à l’ordre publics ».

Les recherches sont conduites par le Service national des enquêtes administratives de sécurité (Sneas), qui s’appuie – entre autres – sur divers fichiers relatifs « à la prévention du terrorisme ou des atteintes à la sécurité et à l’ordre publics ». Dans ces listings figurent les noms d’individus soupçonnés de radicalisation religieuse ou engagés dans des mouvements situés aux deux extrémités de l’échiquier politique. Votées après les attentats de 2015, de telles dispositions ne peuvent s’appliquer qu’à une gamme restreinte de métiers, jugés sensibles (conducteurs de bus ou de rame de métro, vigiles…).