Les patrons américains reconnaissent leurs responsabilités sociales, après la vague des critiques

Les patrons américains reconnaissent leurs responsabilités sociales, après la vague des critiques

La campagne démocrate pour la présidentielle de 2020 tourne à la remise en cause fondamentale des grandes entreprises.
La campagne démocrate pour la présidentielle de 2020 tourne à la remise en cause fondamentale des grandes entreprises. JOE RAEDLE / AFP

La Business Roundtable, qui réunit 188 PDG, a approuvé, lundi, une récente définition de l’objet de l’entreprise, qui ne se défini plus au profit et aux actionnaires. Stratégie politique ou transformation culturel ?

Les PDG américains ont « tué le père », lundi 19 août. Ou plutôt Milton Friedman (1912-2006), lauréat Nobel d’économie 1976, patron de l’école économique de Chicago, qui avait établi, dès 1970, le cap de la révolution reaganienne à venir. « La responsabilité d’une entreprise, c’est d’augmenter ses profits », avait mentionné Milton Friedman dans un article célèbre édité le 13 septembre 1970, en une période inflationniste où les manageurs avaient oublié d’avoir des affaires avantageux et spécifiaient leurs vastes bureaux à la rémunération de l’actionnaire. Fin de partie, un demi-siècle plus tard, sifflée sous l’égide du patron de JP Morgan, Jamie Dimon, patron de la Business Roundtable (BRT), qui rassemble 188 PDG américains. La définition de l’objet de l’entreprise a été fortement modifiée par la BRT.

« Nous nous engageons à : apporter de la valeur à nos clients (…) ; investir dans nos salariés. Cela commence avec une rétribution équitable et des prestations importantes [par exemple, de santé ou de formation] ; traiter de manière appropriée et éthique nos fournisseurs (…) ; soutenir les communautés dans lesquelles nous travaillons. Nous estimons les gens de nos communautés et protégeons l’environnement en choisissant des pratiques durables ; générer de la valeur à long terme pour nos actionnaires, qui fournissent le capital qui permet aux entreprises d’investir, de croître et d’innover », détaille le communiqué publié lundi, qui conclut : « Chacune de nos parties prenantes [stakeholders] est décisive. »

Rupture majeure

La séparation est majeure. La dernière version de la « bible patronale » avait été consignée en 1997 sous Bill Clinton, en plein triomphe des actionnaires, des introductions en Bourse et de l’universalisation heureuse. « Selon la BRT, le devoir suprême du management et du conseil d’administration est envers les actionnaires de l’entreprise. L’intérêt des autres parties prenantes est pertinent, mais elle découle du devoir envers les actionnaires. L’idée que le conseil doit équilibrer le rôle des autres parties prenantes est une exposition essentiellement fausse du rôle du conseil d’administration. Il s’agit, d’ailleurs, d’un concept inabordable car il laisserait le conseil sans outil pour régler les conflits d’intérêts entre les différentes parties prenantes », écrivait alors le patronat.

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LJD

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