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Budget des ménages : ce qui change le 1er janvier 2020

SEVERIN MILLET

C’est aussi une tradition du 1er janvier, de nombreuses nouveautés affectant le pouvoir d’achat à la hausse comme à la baisse entrent en vigueur. Prélèvement à la source, crédit d’impôt pour les rénovations énergétiques, timbres, médicaments génériques, « prime Macron » : tour d’horizon des principales règles qui évoluent en matière de finances personnelles et de démarches.

Le nombre s’affichant sur la balance a gonflé avec les fêtes ? Connectez-vous au site des impôts pour vous remonter le moral ! Beaucoup devraient constater que leur taux de prélèvement à la source a, lui, quelque peu fondu grâce au nouveau barème de l’impôt sur le revenu. Economie moyenne attendue, selon le gouvernement : environ 300 euros pour 16,9 millions de foyers. Vous en bénéficierez si vous êtes taxé à la deuxième tranche marginale d’imposition (son taux passe de 14 % à 11 %), ou à la troisième (30 %).

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Appliqué pour l’essentiel des contribuables depuis un an, le prélèvement à la source touchera aussi, désormais, les employés à domicile. Leur impôt sur le revenu sera directement déduit de leur salaire par les particuliers employeurs, qui devront suivre cette procédure : fin janvier, lorsqu’ils déclareront leur salarié sur les sites du CESU (chèque emploi-service universel) ou de Pajemploi, on leur indiquera le montant net à lui verser, impôt déduit. Celui-ci sera prélevé sur leur compte avec les cotisations sociales. S’ils ont opté pour les services tout-en-un « CESU + » ou « Pajemploi + », le salaire sera directement ponctionné sur leur compte.

Autre nouveauté fiscale : jusqu’ici exonérées d’impôt sur le revenu, les vieilles assurances vie, souscrites avant 1983, seront désormais taxées comme les autres en cas de retrait total ou partiel. Seuls les revenus associés aux versements effectués à partir de janvier sont visés. L’année 2020 voit aussi disparaître la possibilité d’étaler certains revenus sur plusieurs années fiscales, notamment les indemnités de départ à la retraite. Bonne nouvelle toutefois pour les aidants : les dédommagements touchés dans le cadre de la prestation de compensation du handicap échapperont désormais à l’impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux.

Clap de fin pour le régime social des indépendants : ce 1er janvier 2020 marque la dernière étape de la suppression du fameux RSI et de l’intégration progressive de ses affiliés au régime général de sécurité sociale. Dès ce 1er janvier, tous les artisans et commerçants ont pour interlocutrices les caisses de l’assurance retraite pour leurs pensions (les libéraux conservent leurs régimes). Et tous les indépendants, libéraux compris, dépendront de l’assurance-maladie pour leur santé à partir de janvier ou février (date de rattachement transmise individuellement). Aucune démarche à réaliser. Quant aux indépendantes, elles bénéficieront, dans le cadre d’une expérimentation de trois ans, d’un congé maternité plus souple, avec possibilité de reprendre leur activité à temps partiel.

Retraites : Une « promesse de pension minimale » qui « anticipe la réduction massive des droits à pension »

« Qu’est-ce que cette promesse de 1 000 euros quand le minimum vieillesse au 1er janvier 2020 est déjà de 903 euros et qu’il ne sera pas loin de quatre chiffres en 2022 ? »
« Qu’est-ce que cette promesse de 1 000 euros quand le minimum vieillesse au 1er janvier 2020 est déjà de 903 euros et qu’il ne sera pas loin de quatre chiffres en 2022 ? » Roman Märzinger/Westend61 / Photononstop

Tribune. L’ex-haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, a proposé dans son rapport paru en juillet (« Pour un système universel de retraite », voir PDF) d’intégrer dans un système universel en points un dispositif unique de minimum de retraite par annuités (600 smic horaire permettant de valider une année civile, comme dans les régimes général et alignés).

A compter du 1er janvier 2025, les assurés ayant eu de faibles revenus pourraient disposer d’un niveau de retraite égal à 85 % du smic net pour une carrière complète de quarante-trois ans et plus par la suite. D’ici là, dès 2022 annonce le gouvernement, le minimum contributif – c’est-à-dire la garantie d’un minimum de pension dès lors que l’assuré a une pension de retraite de base au taux plein – sera porté à 1 000 euros.

M. Delevoye promet là ce qu’il avait promis en mai 2003 lorsqu’il était ministre de la fonction publique et qu’avec François Fillon, alors ministre du travail et des affaires sociales, ils avaient su donner à la Nation cet objectif de 85 % du smic net pour 2008. Tout en n’engageant rien – et surtout pas les gestionnaires des régimes complémentaires –, cela permit d’acheter le soutien à la réforme des retraites de 2003 du secrétaire général de la CFDT de l’époque, François Chérèque.

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Conscient qu’environ un retraité sur cinq ayant une carrière complète ne bénéficie pas d’une retraite supérieure à 1 000 euros, c’est-à-dire 85 % du smic net de 2018, le premier ministre, Edouard Philippe a, le 11 décembre lors de son intervention au Conseil économique, social et environnemental (CESE), réitéré cette promesse non tenue de 2003, n’hésitant pas à qualifier cette pension minimale de « révolution sociale ».

Qu’est-ce que cette promesse ?

Il va sans dire que pour une carrière complète au smic, un semblant de justice sociale ou, disons-le plus prosaïquement, le minimum syndical, eût été de proposer une pension au moins égale au smic net comme cela fut majoritairement le cas pour toutes les générations nées entre 1920 et 1930, c’est-à-dire celles pas ou peu impactées par la réforme Veil-Balladur de 1993.

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Avec cette promesse de pension minimale, le gouvernement anticipe la réduction massive des droits à pension que la mise en place d’un système universel en points va immanquablement entraîner. Par ailleurs, ces 1 000 euros pour 2022 en attente des 85 % de 2025 sont un engagement qu’il n’aura aucun mal à tenir et que M. Macron pourra opportunément mettre à son bilan en vue des prochaines présidentielles. En effet, qu’est-ce que cette promesse de 1 000 euros quand le minimum vieillesse au 1er janvier 2020 est déjà de 903 euros et qu’il ne sera pas loin de quatre chiffres en 2022 ?

Un podcast pour une reconversion heureuse

Élodie Contino chez elle, à Strasbourg, le 19 décembre.
Élodie Contino chez elle, à Strasbourg, le 19 décembre. GUILLAUME CHAUVIN / HANS LUCAS

Prendre sa vie en main, changer de boulot, lancer sa boîte, faire le tour du monde… La fin d’année est le rendez-vous incontournable des bonnes résolutions. Confrontée à la liquidation de la société familiale dans laquelle elle avait trouvé sa place, Élodie Contino a cherché le courage et l’inspiration auprès de personnes ayant osé changer de vie, ou qui n’ont pas peur d’en mener plusieurs à la fois.

Le résultat : un podcast décontracté, en guise de carnet de bord d’une reconversion heureuse, sur le dépassement de soi et de ses peurs, qui dédramatise l’échec et donne à ses auditeurs l’audace de se lancer dans une nouvelle vie professionnelle.

Un long cheminement

Des changements de parcours, la jeune femme de 28 ans en a déjà connu. Si elle lance aujourd’hui sa propre marque de mobilier, Roses et aléas – des meubles fabriqués à partir de matériaux recyclés –, c’est à la suite d’un long cheminement, qui a nourri son podcast et s’est aussi enrichi des rencontres réalisées grâce à lui. Elle rêvait, à la sortie de ses études, de créer une maison de retraite participative, où les pensionnaires pourraient eux-mêmes décider des modalités de leur prise en charge.

« Je ne pouvais pas parler de mon ressenti à mes proches, et je n’avais pas de réseau. Alors je me suis raccrochée à cette idée de podcast. » Élodie Contino

Mais un stage dans ce domaine l’a fait redescendre sur terre. « J’ai compris que ce milieu n’était pas fait pour moi », se souvient-elle. Contre toute attente, Élodie Contino rejoint la société de confection rachetée par son père une douzaine d’années auparavant, dans les Vosges, et spécialisée dans la fabrication de fauteuils de maintien à domicile. Elle se prend au jeu, en diversifie l’activité, avec le lancement d’une marque de jeans. Mais alors que la société ouvre sa première boutique, fin 2017, la décision tombe : la Sécurité sociale ne prend plus en charge les fauteuils de maintien à domicile. La production de la société dégringole et, en quelques mois, la liquidation est prononcée.

Élodie Contino rentre auprès de sa famille en Alsace, en laissant son réseau professionnel derrière elle : « N’avoir que deux mois pour fermer, c’était difficile à accepter. Entre colère et déception, cela a été très compliqué. Je ne pouvais pas parler de mon ressenti à mes proches, et je n’avais pas de réseau. Alors je me suis raccrochée à cette idée de podcast. »

L’intérêt de s’ouvrir aux expériences des autres

La rencontre avec une chroniqueuse radio également coach de développement personnel rend la création de son podcast évidente, de même que son nom : « Le rebond ». La consultante ouvrira le bal des témoignages qui, depuis le printemps 2019, se succèdent pratiquement toutes les semaines. Très vite, elle perçoit le pouvoir curatif de la parole et l’intérêt de s’ouvrir aux expériences des autres.

« Aujourd’hui encore, le podcast me permet d’échanger sur des sujets que je n’imaginais pas. Cette liberté d’esprit m’a incitée à faire appel à d’autres métiers, comme m’inspirer du théâtre pour la conception de mes meubles. » Élodie Contino

On y parle de bienveillance avec Caroline Jund, directrice de clinique et fondatrice du site de vente en ligne FrenchOui ; de liberté, avec Manon Vergé, professeure de SVT et championne de bodybuilding ; ou encore de capacité à se fixer des objectifs, avec Gauthier Klauss, médaillé olympique de canoë biplace, contraint à une « retraite » anticipée lorsque la discipline a été retirée des Jeux olympiques. Trente et un épisodes au total (sans compter ceux en préparation), faits de discussions à bâtons rompus, d’analyses personnelles et de contributions extérieures.

Le dernier en date : le récit de la blogueuse environnementaliste Kel Dechet, venue parler, le 16 décembre, de sa timidité maladive et de la façon de la dépasser. « Au départ, ma seule ambition était de me faire du bien, en rencontrant des gens qui, à un moment de leur vie, ont pris une décision qui a tout changé dans leur parcours, et en partageant cette expérience avec des personnes se trouvant dans la même situation que moi », indique Élodie Contino.

« J’ai compris que pour mener son projet à bien, il faut toujours se remettre en question. Aujourd’hui encore, le podcast me permet d’échanger sur des sujets que je n’imaginais pas. Cette liberté d’esprit m’a incitée à faire appel à d’autres métiers que le mien, comme de m’inspirer du théâtre pour la conception de mes meubles. »

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« Le rebond » est aujourd’hui hébergé sur Ausha et diffusé gratuitement sur de nombreuses plates-formes et réseaux sociaux. Le ton dédramatisé employé au fil des entretiens procède de son petit succès. Le site enregistre entre 400 et 800 écoutes chaque semaine, une audience qu’Élodie Contino songe à démultiplier en diffusant son podcast sur YouTube ou sur une chaîne radio. Pas question pour autant d’en faire son métier ni d’en tirer des revenus. Son projet professionnel reste le lancement de cette marque de mobilier recyclable qui lui tient à cœur, et dont la première déclinaison devrait sortir en mars 2020. « Le rebond » a vocation à vivre comme elle, en se laissant porter par les circonstances.

Uber France porte plainte contre des chauffeurs VTC pour des opérations de blocage de ses locaux

Manifestation de chauffeurs VTC en décembre 2016 à Paris.
Manifestation de chauffeurs VTC en décembre 2016 à Paris. LIONEL BONAVENTURE / AFP

Uber France a déposé plainte pour des actes d’intimidation et de vandalisme contre des chauffeurs VTC, at-on appris dimanche 29 décembre par l’Agence-France Presse. Ces dernières semaines, plusieurs centres logistiques de la plateforme avaient été bloqués par des conducteurs pour exprimer leur mécontentement à la suite de modifications opérées dans leurs conditions de travail.

« Nous menons des discussions en continu avec les chauffeurs qui utilisent l’application afin de toujours mieux prendre en compte leurs attentes. Notre démarche est celle de la concertation et du dialogue et nous ne pouvons tolérer les actes de violence répétés à l’encontre de nos équipes et de nos locaux », a commenté dimanche un porte-parole d’Uber.

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25 % de commission

A l’origine de ce conflit, on trouve un changement des procédures qui suspend un chauffeur en cas de refus répétés d’une course, le privant de travail. Les chauffeurs dénoncent également le niveau de commission prélevé par Uber (25 %) et la présence de « faux chauffeurs », qui utilisent des cartes VTC usurpées et leur font concurrence.

En réation, plusieurs centaines de chauffeurs français d’Uber ont mené depuis la mi-novembre des opérations de blocage de centres logistiques de la plateforme, dont celui d’Aubervilliers en Seine-Saint-Denis et le siège d’Uber France à Paris. L’un des leaders du mouvement, Brahim Ben Ali, a récemment vu son contrat de prestation de service résilié par Uber. La plateforme accuse notamment ce chauffeur de menaces, d’injures et de dégradation de locaux. De son côté, M. Ben Ali voit dans sa « déconnexion » de la plateforme une « vengeance personnelle » et estime que « le droit à la manifestation a été bafoué ».

« Nous menons des discussions en continu avec les chauffeurs qui utilisent l’application afin de toujours mieux prendre en compte leurs attentes. Notre démarche est celle de la concertation et du dialogue et nous ne pouvons tolérer les actes de violence répétés à l’encontre de nos équipes et de nos locaux », a commenté dimanche un porte-parole d’Uber.

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Le paradoxe de l’amélioration de l’emploi

Editorial du « Monde ». Deux bons chiffres, émanant de l’Insee, témoignent de la bonne résistance de l’économie française : les créations d’emplois ont sensiblement augmenté, passant de 188 000 en 2018 à plus de 260 000 cette année. La cuvée 2019 est en outre marquée par un record historique de créations d’entreprises. Leur nombre a atteint 750 000 sur les onze premiers mois, loin du précédent record enregistré un an plus tôt (691 000).

Le chômage, qui était devenu le boulet du précédent quinquennat, recule de trimestre en trimestre, atténuant le sentiment d’un pays enkysté. Avec un taux de chômage de 8,5 %, la France reste, certes, au-dessus de la moyenne européenne, mais de grande malade elle est passée au stade de convalescente.

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Cette amélioration est d’abord due à la croissance, qui résiste mieux dans l’Hexagone que dans le reste de la zone euro. Elle résulte aussi des effets de la politique de l’offre. François Hollande s’y était rallié dans la douleur fin 2012. Emmanuel Macron l’a amplifiée depuis sans états d’âme. Il en récolte les fruits : le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), transformé cette année en baisse de cotisations sociales, serait à l’origine de 30 000 créations d’emplois, selon Eric Heyer, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Le volume n’est pas négligeable. Il apparaîtra cependant encore faible à ceux qui, contestant le rapport coût/efficacité de l’allègement du coût du travail, dénoncent inlassablement le « cadeau » fait aux entreprises.

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Loin d’être vidée par l’élection d’Emmanuel Macron, la querelle reste en effet vive autour du modèle social à promouvoir. Si le marché du travail reprend peu à peu des couleurs, il ne ressemble en rien à celui qui avait marqué les « trente glorieuses » et qui entretient, en France, une indéfectible nostalgie.

Le nombre de contrats à durée indéterminée a beau légèrement progresser, les CDD restent la règle. Tandis que la probabilité de conduire sa carrière dans la même entreprise diminue, la prise de risque augmente. En témoigne l’engouement pour la création d’entreprise, qui se paie d’une proportion importante d’échecs : trois ans après leur naissance, un tiers seulement des microentreprises sont encore en activité. Après cinq ans, près de la moitié des entreprises créées ont fait faillite. A côté de quelques spectaculaires réussites, les revenus tirés de l’autoentrepreneuriat restent souvent dérisoires.

Un marché de plus en plus polarisé

Transformer le risque en opportunité est le pari d’Emmanuel Macron. Depuis qu’il est à l’Elysée, l’ancien banquier d’affaires a assoupli le marché du travail, réajusté les droits des chômeurs, renforcé la formation dans le but de favoriser le retour à l’emploi. La réforme des retraites, qu’il mène au forceps, participe de la même philosophie : sécuriser le parcours des plus mobiles, à commencer par les jeunes. Libéral convaincu, le président de la République a la particularité d’être plus constant, plus déterminé et plus anticipateur que ses prédécesseurs.

Là où le bât blesse, c’est que le modèle qu’il défend ne fait pas rêver. Une partie des salariés en place craint de perdre les avantages obtenus avec le temps. Une autre redoute de ne pas être géographiquement ou socialement armée pour trouver la bonne place sur le marché du travail. Or celui-ci devient de plus en plus polarisé, avec d’un côté des emplois hautement qualifiés, de l’autre des postes de travail très peu qualifiés. En sous-estimant ces deux peurs, Emmanuel Macron a contribué à accroître le niveau de la défiance, alors même que le recul du chômage aurait dû le faire baisser.

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Le Monde

Le théâtre a mal à ses ressources humaines

BORIS SÉMÉNIAKO

Cela vient comme un cri du cœur : « On a été et on est toujours naïfs et romantiques. On pensait qu’une direction du théâtre devait être une direction artistique. » Marie-José Malis, nommée en 2014 à la tête du Théâtre La Commune, à Aubervilliers, déchante. Le combat qui l’oppose depuis plus d’un an à la chef de la billetterie, déléguée syndicale, et une partie de l’équipe nommée par son prédécesseur, Didier Bezace, n’en finit pas de plomber l’ambiance. « Là-dessus, il faut le dire, on n’a pas été très bons. On vient des compagnies. Habitués au bricolage, on s’est pris un effet de réel », convient la metteuse en scène.

De Béthune à Dijon, metteurs en scène remarqués, ils ont débarqué dans les Centres dramatiques nationaux – consacrés à la création théâtrale –, en pensant toucher le Graal : un lieu et des moyens pour faire exister leur travail à grande échelle au service du plus grand nombre ! Ils ont découvert des entreprises lourdes à manœuvrer, à l’outil souvent obsolète ou à rénover, et aux subventions en berne. Après Rodrigo Garcia à Montpellier, c’est Philippe Quesne qui a jeté l’éponge, annonçant en juillet son départ de Nanterre pour la fin de l’an prochain.

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Résultat, à Aubervilliers comme partout, les avocats en droit du travail, les consultants en ressources humaines et les maisons d’audit (Technologia, La Belle Ouvrage, PK Consultants) sont désormais sur le devant de la scène… Un marché qu’on n’imaginait pas hier. Psychologues, médiateurs, cursus et plates-formes de formation font désormais partie du paysage. « En bout de chaîne, c’est autant d’argent que les artistes n’auront pas », soupire la directrice de théâtre épuisée. La formule est dans l’air du temps : « souffrance au travail » à tous les étages.

Micha Ferrier-Barbut est consultante en management. Présidente de l’association Le Pacifique, le centre de développement chorégraphique national de Grenoble, elle a codirigé en 2017 un petit opus qui a fait débat dans le milieu, La Gestion des ressources humaines dans le secteur culturel (Territorial éditions). « C’est un secteur pour qui le capital humain est longtemps resté un impensé, explique-t-elle. Ces structures se sont construites sur une sorte de militance – laquelle est de moins en moins vraie –, avec des formes d’organisation très hiérarchisées. Pas toujours nommées d’ailleurs, mais des hiérarchies symboliques très élevées. »

Lire le focus : Micmac autour du fonds de soutien aux théâtres privés

Se livre ainsi en coulisse un combat à couteaux tirés entre la liberté de création et le droit du travail. D’un côté, des artistes patrons défendant la révolution permanente sur le plateau, apanage de l’art, dont la mission est de faire bouger les lignes et d’interroger les marges. De l’autre, des salariés, politisés, cultivés – plus que la moyenne des actifs –, aspirant à une forme de réalisation personnelle, où l’attachement à ces structures implique « une gestion particulière, comme le suggère un consultant. Au risque de voir l’émotivité transformer le conflit social en des clivages de personnes ». Et, pour couronner le tout, derrière l’ensemble, les fantômes très actifs des « hiérarchies symboliques » antérieures – qui, aux temps bénis des vaches grasses, ont pu acheter la paix sociale facilement.

A Alfortville, la lutte des sans-papiers d’un sous-traitant de Chronopost

Après six mois et six jours sur le piquet de grève devant l’agence Chronopost d’Alfortville, Sekou, Demba et sept autres travailleurs sans-papiers, qui déchargeaient les camions de colis de l’opérateur, sont soulagés. Ils ont obtenu, le 17 décembre, leur « admission exceptionnelle au séjour » en France, indique la préfecture du Val-de-Marne. Ils sont donc régularisés. Venus d’Afrique, ces travailleurs avaient été recrutés, racontent-ils, en présentant les papiers d’un ami ou d’un cousin en règle, un « alias », par Mission intérim, une société de travail temporaire à Créteil, pour le compte d’un sous-traitant de Chronopost, Derichebourg.

Un montage en cascade « qui dilue les responsabilités et permet d’exploiter les sans-papiers », estime Christian Schweyer, animateur du collectif des sans-papiers de Vitry (Seine-et-Marne), une ville voisine, qui soutient ce combat. Ces neuf régularisations viennent s’ajouter à celles obtenues par cinq de leurs collègues début décembre. « Je suis content, sourit Demba, un travailleur sénégalais régularisé, mais pas à 100 %. » Car 13 autres travailleurs sont encore dans l’attente. Alors la lutte continue.

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Une lutte très visible à Alfortville. De part et d’autre du trottoir qui longe le site de Chronopost, la filiale de La Poste qui livre des colis express, des dizaines de tentes vertes sont alignées, recouvertes de bâches bleues. A un bout du camp se trouvent quatre Sanisettes, financées par la mairie d’Alfortville (PS). A l’autre bout, un barnum chauffé en cas de besoin, fourni par le conseil départemental (PCF). Ils sont environ 120 sans-papiers à vivre sur place, dont 27 qui affirment avoir travaillé sur le site de Chronopost.

« Toutes les heures n’étaient pas payées »

Même régularisé, Sekou, un Malien de 29 ans qui a travaillé vingt mois chez Chronopost entre 2016 et 2018, « ne veu[t] pas quitter le camp tant que la situation des 13 autres n’est pas débloquée. Il est plus important d’obtenir des papiers que d’avoir un travail sans papiers », estime-t-il.

A partir de 3 heures 30 ou 4 heures 30 du matin, jusqu’à 7 heures 30, ils déchargeaient les camions chez le logisticien. « Il fallait aller le plus vite possible », raconte l’un d’eux. Mais le 11 juin 2019, ils ont dit stop. Stop à leur précarité, qui permettait aux chefs d’équipe de « leur mettre la pression en permanence, sous la menace de les remplacer par d’autres sans-papiers », ajoute M. Schweyer. « Toutes les heures n’étaient pas payées, raconte Demba. Mais si tu réclames, tu es viré. »

L’apprentissage est en nette hausse mais rate sa cible initiale

Des apprentis dans l’établissement des Compagnons du tour de France, à Saint-Thibault-des-Vignes, près de Paris, le 18 avril.
Des apprentis dans l’établissement des Compagnons du tour de France, à Saint-Thibault-des-Vignes, près de Paris, le 18 avril. STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

La France s’est elle – enfin – convertie à l’apprentissage ? Longtemps boudé dans l’Hexagone, ce mode de formation, où alternent périodes de cours et d’autres en entreprise, séduit de plus en plus. En juin, 458 000 jeunes étaient en apprentissage, un record. Au premier semestre 2019, le nombre de contrats de ce type a augmenté de 8,4 % par rapport à 2018, qui était déjà une excellente année, selon les chiffres du ministère du travail.

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« Nous pouvons espérer battre d’autres records cette année », affirmait le ministère, lors d’un bilan de mi-parcours rendu public en septembre. A cette date, 172 540 nouveaux contrats avaient été signés depuis le 1er janvier, le chiffre le plus élevé depuis 1993. Un signal positif, alors que la réforme contenue dans la loi du 5 septembre 2018, dite « pour la liberté de choisir son avenir professionnel », qui modifie profondément l’organisation de l’apprentissage en France, va entrer pleinement en vigueur au 1er janvier 2020.

Dans les grandes écoles

A quoi est dû ce succès inédit des formations en alternance ? Les campagnes de communication menées ces dernières années à l’initiative du gouvernement ont, sans aucun doute, porté leurs fruits. Le volontarisme politique de certaines régions, qui tiennent – encore pour quelques jours, jusqu’au 1er janvier, date à laquelle les branches professionnelles prendront le relais – les cordons de la bourse, également. Mais, selon l’économiste Bertrand Martinot, expert des questions d’emploi, c’est surtout à la croissance économique et aux tensions sur le marché du travail que l’on doit cet engouement. « Les entreprises ont d’énormes problèmes de recrutement, rappelle-t-il, et voient dans l’apprentissage une option intéressante pour trouver de la main-d’œuvre. »

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Mais derrière cet engouement, l’apprentissage semble de plus en plus éloigné de sa cible initiale, celle des jeunes les moins qualifiés, dont les difficultés d’accès au marché du travail sont les plus grandes. « La hausse globale du nombre de contrats cache de fortes disparités : on va se rendre compte que la progression est de 15 % pour les étudiants du supérieur… mais de 0 % pour les jeunes de niveau bac ou en dessous », poursuit M. Martinot.

Les étudiants y voient une excellente formule pour se former en finançant leurs études

De fait, on constate un très fort intérêt pour ce type de formation dans les grandes écoles de commerce ou d’ingénieurs, particulièrement au niveau master. Les étudiants y voient, en effet, une excellente formule pour se former en finançant leurs études, tout en faisant leur entrée dans la vie professionnelle : plus d’un étudiant sur trois est embauché à l’issue de son contrat d’apprentissage, et pour 84 % d’entre eux, il s’agit d’un CDI. « Un vrai passeport pour l’emploi », selon l’expression d’Anne-Lucie Wack, présidente de la Conférence des grandes écoles (CGE). Il n’est donc pas étonnant que les effectifs augmentent : les établissements affiliés à la CGE comptent plus de 31 000 étudiants en apprentissage en 2018-2019, contre 24 823 en 2016-2017.

En 2019, les créations d’emplois en France repartent à la hausse

Avec plus de 260 000 créations d’emplois cette année (à comparer aux 188 000 enregistrées en 2018), un taux de chômage qui a atteint en milieu d’année 2019 son point le plus bas depuis 2009, à 8,5 % de la population active, la France est sans conteste dans une trajectoire positive.

Sauf retournement de situation – dû par exemple au conflit social autour des retraites –, les entreprises devraient continuer à embaucher début 2020, et le taux de chômage pourrait continuer à baisser de 0,1 % par trimestre l’année prochaine, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

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Ces bons chiffres s’expliquent, en grande partie, par la croissance économique, dont l’atterrissage en fin d’année est fixé à 1,3 % par l’Insee. « La totalité de la croissance passe en emplois », observe ainsi Patrick Artus, chef économiste chez Natixis. Faute de gains de productivité suffisants, les entreprises n’ont d’autre solution que d’embaucher pour faire face à l’accroissement de l’activité.

Infographie Le Monde

Un autre facteur a également joué un rôle, selon Eric Heyer : les transformations du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en baisse de cotisations sociales. Même si le résultat comptable est le même, l’effet psychologique sur les chefs entreprises ne l’est pas, explique cet économiste à l’OFCE. « Si vous baissez l’impôt – ce qui était le cas dans la première version du CICE –, vous n’obtenez pas le même résultat que si vous baissez le coût du travail, qui incite davantage à embaucher. » L’Insee estime à 30 000 le nombre d’emplois créés en 2019 grâce à cette transformation du CICE. Un impact qui sera nettement plus faible l’an prochain.

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Le tertiaire, principale locomotive

Tous les secteurs ont bénéficié de l’embellie. Fait notable, l’industrie recrute à nouveau depuis 2018, après une quinzaine d’années de décrue quasi ininterrompue. En 2019, comme en 2018, environ 12 000 emplois ont été créés dans les entreprises industrielles, notamment dans le secteur agroalimentaire.

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Même orientation positive dans la construction, une activité qui avait, elle aussi, perdu massivement des emplois entre 2009 et 2016. L’approche des élections municipales de mars 2020, ainsi que les grands projets, comme le Grand Paris Express, ne seraient pas étrangers au dynamisme du secteur qui a créé 41 000 emplois en 2019.

La locomotive reste cependant le tertiaire, et tout particulièrement les services marchands aux entreprises – conseil, services informatiques, ingénierie, juridique… – avec 167 500 emplois nouveaux cette année. Du côté de l’emploi non marchand, la baisse du nombre de bénéficiaires de contrats aidés se traduit par seulement 14 000 postes supplémentaires sur l’ensemble de l’année. Jugeant ce type de contrats peu efficaces pour un coût budgétaire élevé, le gouvernement d’Edouard Philippe a, en effet, revu drastiquement les dispositifs de financement. Au lieu de 320 000 contrats en 2017, ils ont été réduits avec l’objectif d’en financer 100 000 nouveaux par an.