Retraites : Une « promesse de pension minimale » qui « anticipe la réduction massive des droits à pension »

Retraites : Une « promesse de pension minimale » qui « anticipe la réduction massive des droits à pension »

« Qu’est-ce que cette promesse de 1 000 euros quand le minimum vieillesse au 1er janvier 2020 est déjà de 903 euros et qu’il ne sera pas loin de quatre chiffres en 2022 ? »
« Qu’est-ce que cette promesse de 1 000 euros quand le minimum vieillesse au 1er janvier 2020 est déjà de 903 euros et qu’il ne sera pas loin de quatre chiffres en 2022 ? » Roman Märzinger/Westend61 / Photononstop

Tribune. L’ex-haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, a proposé dans son rapport paru en juillet (« Pour un système universel de retraite », voir PDF) d’intégrer dans un système universel en points un dispositif unique de minimum de retraite par annuités (600 smic horaire permettant de valider une année civile, comme dans les régimes général et alignés).

A compter du 1er janvier 2025, les assurés ayant eu de faibles revenus pourraient disposer d’un niveau de retraite égal à 85 % du smic net pour une carrière complète de quarante-trois ans et plus par la suite. D’ici là, dès 2022 annonce le gouvernement, le minimum contributif – c’est-à-dire la garantie d’un minimum de pension dès lors que l’assuré a une pension de retraite de base au taux plein – sera porté à 1 000 euros.

M. Delevoye promet là ce qu’il avait promis en mai 2003 lorsqu’il était ministre de la fonction publique et qu’avec François Fillon, alors ministre du travail et des affaires sociales, ils avaient su donner à la Nation cet objectif de 85 % du smic net pour 2008. Tout en n’engageant rien – et surtout pas les gestionnaires des régimes complémentaires –, cela permit d’acheter le soutien à la réforme des retraites de 2003 du secrétaire général de la CFDT de l’époque, François Chérèque.

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Conscient qu’environ un retraité sur cinq ayant une carrière complète ne bénéficie pas d’une retraite supérieure à 1 000 euros, c’est-à-dire 85 % du smic net de 2018, le premier ministre, Edouard Philippe a, le 11 décembre lors de son intervention au Conseil économique, social et environnemental (CESE), réitéré cette promesse non tenue de 2003, n’hésitant pas à qualifier cette pension minimale de « révolution sociale ».

Qu’est-ce que cette promesse ?

Il va sans dire que pour une carrière complète au smic, un semblant de justice sociale ou, disons-le plus prosaïquement, le minimum syndical, eût été de proposer une pension au moins égale au smic net comme cela fut majoritairement le cas pour toutes les générations nées entre 1920 et 1930, c’est-à-dire celles pas ou peu impactées par la réforme Veil-Balladur de 1993.

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Avec cette promesse de pension minimale, le gouvernement anticipe la réduction massive des droits à pension que la mise en place d’un système universel en points va immanquablement entraîner. Par ailleurs, ces 1 000 euros pour 2022 en attente des 85 % de 2025 sont un engagement qu’il n’aura aucun mal à tenir et que M. Macron pourra opportunément mettre à son bilan en vue des prochaines présidentielles. En effet, qu’est-ce que cette promesse de 1 000 euros quand le minimum vieillesse au 1er janvier 2020 est déjà de 903 euros et qu’il ne sera pas loin de quatre chiffres en 2022 ?

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LJD

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