L’apprentissage est en nette hausse mais rate sa cible initiale

L’apprentissage est en nette hausse mais rate sa cible initiale

Des apprentis dans l’établissement des Compagnons du tour de France, à Saint-Thibault-des-Vignes, près de Paris, le 18 avril.
Des apprentis dans l’établissement des Compagnons du tour de France, à Saint-Thibault-des-Vignes, près de Paris, le 18 avril. STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

La France s’est elle – enfin – convertie à l’apprentissage ? Longtemps boudé dans l’Hexagone, ce mode de formation, où alternent périodes de cours et d’autres en entreprise, séduit de plus en plus. En juin, 458 000 jeunes étaient en apprentissage, un record. Au premier semestre 2019, le nombre de contrats de ce type a augmenté de 8,4 % par rapport à 2018, qui était déjà une excellente année, selon les chiffres du ministère du travail.

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« Nous pouvons espérer battre d’autres records cette année », affirmait le ministère, lors d’un bilan de mi-parcours rendu public en septembre. A cette date, 172 540 nouveaux contrats avaient été signés depuis le 1er janvier, le chiffre le plus élevé depuis 1993. Un signal positif, alors que la réforme contenue dans la loi du 5 septembre 2018, dite « pour la liberté de choisir son avenir professionnel », qui modifie profondément l’organisation de l’apprentissage en France, va entrer pleinement en vigueur au 1er janvier 2020.

Dans les grandes écoles

A quoi est dû ce succès inédit des formations en alternance ? Les campagnes de communication menées ces dernières années à l’initiative du gouvernement ont, sans aucun doute, porté leurs fruits. Le volontarisme politique de certaines régions, qui tiennent – encore pour quelques jours, jusqu’au 1er janvier, date à laquelle les branches professionnelles prendront le relais – les cordons de la bourse, également. Mais, selon l’économiste Bertrand Martinot, expert des questions d’emploi, c’est surtout à la croissance économique et aux tensions sur le marché du travail que l’on doit cet engouement. « Les entreprises ont d’énormes problèmes de recrutement, rappelle-t-il, et voient dans l’apprentissage une option intéressante pour trouver de la main-d’œuvre. »

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Mais derrière cet engouement, l’apprentissage semble de plus en plus éloigné de sa cible initiale, celle des jeunes les moins qualifiés, dont les difficultés d’accès au marché du travail sont les plus grandes. « La hausse globale du nombre de contrats cache de fortes disparités : on va se rendre compte que la progression est de 15 % pour les étudiants du supérieur… mais de 0 % pour les jeunes de niveau bac ou en dessous », poursuit M. Martinot.

Les étudiants y voient une excellente formule pour se former en finançant leurs études

De fait, on constate un très fort intérêt pour ce type de formation dans les grandes écoles de commerce ou d’ingénieurs, particulièrement au niveau master. Les étudiants y voient, en effet, une excellente formule pour se former en finançant leurs études, tout en faisant leur entrée dans la vie professionnelle : plus d’un étudiant sur trois est embauché à l’issue de son contrat d’apprentissage, et pour 84 % d’entre eux, il s’agit d’un CDI. « Un vrai passeport pour l’emploi », selon l’expression d’Anne-Lucie Wack, présidente de la Conférence des grandes écoles (CGE). Il n’est donc pas étonnant que les effectifs augmentent : les établissements affiliés à la CGE comptent plus de 31 000 étudiants en apprentissage en 2018-2019, contre 24 823 en 2016-2017.

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LJD

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