Plan de relance : « Un plan de sauvegarde d’emplois et un patchwork de promesses présidentielles »

Chronique. Alors que l’incertitude sanitaire se prolonge, le gouvernement a annoncé son « plan de relance ». Un chiffre claque : 100 milliards d’euros, semblant confirmer la flexibilité de Bruxelles et une inflexion profonde pour une majorité qui n’avait cessé de louer la discipline budgétaire. Mais peut-on vraiment parler de plan de « relance » ?

En premier lieu, les 100 milliards doivent être relativisés. Il s’agit d’une somme pluriannuelle s’étendant au-delà du quinquennat. La lecture détaillée révèle, en outre, une longue liste d’investissements et de dépenses déjà partiellement ou totalement mobilisés, programmés ou inexorables : restauration du château de Villers-Cotterêts, projet-phare du candidat Macron en 2017 ; construction d’une usine de pales d’éolienne au Havre, déjà confirmée en 2019 ; plan protéines végétales, promis en 2019 ; projet de petit réacteur nucléaire Nuward, annoncé en 2019 ; création à Capesterre en Guadeloupe d’une station d’épuration « afin de répondre aux exigences de la réglementation » ; « reprise de désordres importants et visibles sur l’évacuateur de crues » du barrage du Gouffre d’Enfer dans la Loire ; aide à l’embauche d’apprentis « en substitution à l’aide unique »… déjà existante, etc.

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En deuxième lieu, le plan du gouvernement prolonge la stratégie de sauvetage de l’économie française mis en place au début de la crise sanitaire, qui a permis jusqu’à présent d’amortir l’impact de la crise, essentiellement pour les salariés en CDI. L’élément-clé du plan, calibré à plus de six milliards d’euros pour 2021, est l’activité partielle de droit commun ou de longue durée. S’y ajoute le renforcement d’une myriade de dispositifs existants (Garantie jeunes, Sésame vers l’emploi pour le sport et l’animation dans les métiers de l’encadrement…) pour accompagner les jeunes, premières victimes de la dégradation de l’emploi en cette rentrée.

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En troisième lieu, ce plan réalise la promesse faite en octobre 2019 par le président devant un parterre de patrons : une réduction drastique mais progressive des impôts de production. La crise offre une fenêtre d’opportunité pour accélérer la marche en s’affranchissant des résistances des collectivités locales bénéficiaires de ces impôts. Et c’est là que se loge l’effort financier permanent le plus important du plan : 10 milliards d’euros, par an !

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Les leçons de management profitent aux ONG

« Le Management des ONG »,de Bruno Cazenave, Emmanuelle Garbe et Jérémy Morales (La découverte, 128 pages, 10 euros).

Le Livre. Comment les méthodes issues de la gestion des entreprises entrent-elles progressivement dans les organisations non gouvernementales (ONG) ? S’opposent-elle à une vision fondée sur l’engagement, la vocation et le militantisme ? Les ONG sont très peu étudiées par les chercheurs en sciences de gestion, et la littérature croisant le thème des ONG et celui du management reste largement à écrire.

« Pourtant, ces deux champs académiques ont beaucoup à offrir l’un à l’autre : les sciences de gestion ont quelque chose à dire sur les ONG, mais aussi quelque chose à en apprendre. » C’est l’argument central de l’essai Le Management des ONG (La Découverte), de Bruno Cazenave, Emmanuelle Garbe et Jérémy Morales.

Depuis l’émergence des premières organisations, le monde des ONG a connu de profondes mutations. Longtemps mobilisées autour de causes plus que pour la rémunération, elles se sont montrées peu sensibilisées aux techniques de gestion utilisées dans les entreprises. Elles ont proposé des solutions originales aux questions de la gestion de ressources, de projets et de personnes à déployer dans l’urgence, dans des terrains distants et parfois mal connus.

La gestion du personnel, le financement, l’utilisation des techniques de communication ou les stratégies concurrentielles des ONG sont très spécifiques et soulèvent des questions que les sciences des gestions ont peu abordées. L’ouvrage pointe également les tensions entre une orientation croissante vers la performance et une vision fondée sur l’engagement, la vocation et le militantisme.

Proximité risquée

Pour faire face à la technicité croissante de leurs missions, les ONG cherchent à stabiliser leur main-d’œuvre et à recruter des personnels de plus en plus qualifiés. La salarisation exponentielle des personnels ne risque-t-elle pas de faire diminuer la motivation intrinsèque de leurs membres ou leur attachement à la cause ?

Le professeur à l’ESC International Business School Bruno Cazenave, la maîtresse de conférences en sciences de gestion à l’IAE de Paris Emmanuelle Garbe et le « reader » au King’s College London Jérémy Morales fournissent un panorama des pratiques de gestion et de management spécifiques au monde des ONG, organisé en quatre chapitres : gérer les compétences, financer et évaluer la performance, vendre de manière désintéressée, organiser et structurer. « Les “lunettes” des sciences de gestion offrent un regard inédit sur certaines pratiques à propos desquelles les ONG communiquent peu, alors même qu’elles deviennent omniprésentes et permettent souvent d’assurer la légitimité et la soutenabilité de ces organisations. »

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En Seine-Saint-Denis, « créer son emploi pour échapper au chômage »

A la boulangerie

A 4 h 30, chaque matin, Nasser Ihtahajja embarque à bord de sa berline, quitte Aubervilliers et file sur l’A1, direction Roissy-Charles-de-Gaulle, à la recherche de courses aux tarifs majorés sur l’application Uber. Pendant le confinement, le chauffeur VTC a vu son chiffre d’affaires fondre de 70 %. Pour compenser ces pertes, le père de quatre enfants passe encore plus de temps sur les routes. « Je ne voulais pas m’arrêter. Je devais gagner de l’argent pour continuer à faire vivre ma famille. » M. Ihtahajja est allé jusqu’à dormir sur le parking de l’aéroport pour embarquer les voyageurs rapatriés de l’étranger. Depuis le déconfinement, il arrive difficilement à gagner 1 000 euros par mois.

En Seine-Saint-Denis, en plus de faire bondir le taux de surmortalité de 130 % entre le 1er mars et le 27 avril par rapport à la même période de 2019, la crise sanitaire a plongé nombre d’habitants dans une détresse sociale aiguë.

A La Courneuve, où 27 % de la population est au chômage (les derniers chiffres datent de 2017) et 43 % vit sous le seuil de pauvreté (en 2015, selon l’Insee), la municipalité a déjà distribué 50 tonnes de nourriture à 5 500 familles depuis le début de la crise. « Des publics que l’on n’avait jamais vus auparavant sollicitent notre aide. Beaucoup de jeunes, souligne le maire communiste, Gilles Poux. Aujourd’hui, notre crainte est que la crise les éloigne encore plus durablement du marché de l’emploi. La situation des microentrepreneurs, qui sont peu protégés, m’inquiète aussi beaucoup. »

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Et pour cause. Si la simplicité des démarches administratives et la faible fiscalité font le succès de ce statut, celui-ci n’accorde pas de protection en cas de chômage. Or, dans la Seine-Saint-Denis, 49,2 % des entreprises sont créées sous ce régime contre 44 % en moyenne en France. « Venir d’un quartier populaire, c’est être plus pénalisé que les autres pour accéder à l’emploi, note Moudou Saadi, conseiller délégué à la reconquête de l’emploi à La Courneuve. Lorsqu’ils postulent, les banlieusards se heurtent à la discrimination sur leur adresse, leur origine ou leur culture. La solution est alors de créer son job et de devenir microentrepreneur. »

« Les grands oubliés du plan de relance »

Mais la pandémie a accentué la précarité de ces travailleurs peu protégés. Dans le pays, cinq microentrepreneurs sur six ont cessé leur activité pendant le confinement. « Ils sont les grands oubliés du plan de relance. L’aide proposée pendant le confinement n’excédait pas les 1 500 euros. C’est insuffisant », estime François Hurel, président de l’Union des autoentrepreneurs. « Je paie déjà 1 000 euros par mois pour rembourser ma voiture. Résultat, on doit passer toute notre vie à rouler pour survivre, soupire Nasser Ihtahajja. Je ne pensais pas en arriver là lorsque j’ai commencé. »

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Territoires zéro chômeur de longue durée : 50 nouvelles expérimentations bientôt autorisées

Des bénéficiaires de l’expérimentation « territoire zéro chômeur de longue durée » travaillent dans un jardin potager à Loos, près de Lille, en septembre 2018.

L’expérimentation « territoire zéro chômeur de longue durée », lancée début 2017, pourra être étendue à 50 nouveaux territoires dans les mois qui viennent, selon des amendements de la majorité et du gouvernement à une proposition de loi que l’Assemblée nationale doit voter mercredi 16 septembre.

Le texte proposait initialement d’étendre le dispositif à 30 nouveaux territoires volontaires : des communes ou des quartiers de 5 000 à 10 000 habitants. Mais des députés, dont la rapporteure LRM Marie-Christine Verdier-Jouclas, ont poussé pour aller au-delà, surtout dans un contexte de crise et de hausse du chômage.

« 50 nouveaux territoires », en plus des 10 existants, « c’est un nombre et une durée adaptés car le temps est aujourd’hui à l’évaluation et à l’optimisation », a estimé la ministre du travail, Elisabeth Borne, devant les députés. A gauche, plusieurs parlementaires ont regretté un texte qui « ne va pas assez loin » et réclamé d’enlever tout plafond.

Lire aussi (2019) : Querelle autour du dispositif « Territoires zéro chômeur de longue durée »

Déjà plus de 1000 bénéficiaires

Portée initialement par ATD Quart-Monde, puis par l’ex-député PS Laurent Grandguillaume, cette expérience est actuellement menée dans dix territoires, mêlant communes rurales et quartiers de la politique de la ville, de Colombelles (Calvados) à Villeurbanne (Rhône).

Depuis 2017, 1 112 personnes « sont sorties de la privation d’emploi, soit directement (770), soit de manière indirecte », selon la proposition de loi LRM. De nouvelles villes voudraient tenter l’expérience comme Bordeaux, pour le quartier Grand Parc, une zone de logements sociaux durement touchée par le chômage.

Pour comprendre : Les entreprises à but d’emploi : une alternative pour ceux qui n’en ont pas

La philosophie générale est d’affirmer que personne n’est inemployable et qu’en subventionnant la reprise d’emploi, l’Etat économisera autant en prestations sociales et coûts indirects du chômage. Ont ainsi été créées 13 entreprises à but d’emploi (EBE), qui embauchent, sur la base d’un smic en CDI et sans sélection, des personnes privées d’emploi depuis plus d’un an, pour des activités utiles à la société mais censées ne pas concurrencer le secteur privé.

L’Etat contribue à hauteur de 18 000 euros par an et par emploi, ce qui correspond aux économies attendues pour les finances publiques (arrêt du versement du RSA ou des indemnités chômage…). Le reste du budget doit venir de la croissance de leur chiffre d’affaires, de subventions ou de concours bancaires.

Mais le coût et le ciblage du dispositif font débat, la plupart des entreprises à but d’emploi restant déficitaires. En novembre 2019, un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales et de celle des finances soulignait que le « modèle économique des EBE n’est pas stabilisé » et que les publics visés sont moins éloignés de l’emploi qu’attendu, puisque certains touchaient déjà auparavant un revenu d’activité.

Lire aussi la critique : Un documentaire de Marie-Monique Robin raconte l’une de ces expérimentations

Le Monde avec AFP

Licencié durant la crise due au coronavirus, vous peinez à retrouver un emploi ? Racontez-nous

Airbus, Renault, Sanofi, General Electric… Depuis la crise liée à l’épidémie de Covid-19, la liste des entreprises ayant annoncé des plans de licenciements s’allonge au fil des mois. Au premier semestre, près de 600 000 emplois ont été détruits en France, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

L’aggravation de la crise économique et sociale sera « beaucoup plus dangereuse que la crise sanitaire », a prévenu le premier ministre, Jean Castex, alors que le gouvernement a présenté début septembre son plan de relance de 100 milliards d’euros, jugé insuffisant par les syndicats.

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Vous avez été licencié en raison de la crise due au coronavirus et rencontrez des difficultés à retrouver un emploi ? Racontez-nous. Dans quel secteur travaillez-vous ? Comment avez-vous vécu ce licenciement ? Avez-vous amorcé une reconversion ou changé de projet professionnel ? La crise liée au Covid-19 rend-elle plus difficile la recherche d’emploi ? Comment vous projetez-vous dans l’avenir ? Quelles sont les répercussions financières de ce licenciement ? En quoi cela impacte-t-il votre quotidien ?

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Au chômage partiel depuis le début de l’épidémie, vous n’avez pas repris le travail ? Racontez-nous

Un homme, portant un masque de protection, se rend dans une agence de Pôle emploi, à Antibes, le 29 juin 2020.

Six mois après le début de la crise liée à l’épidémie de Covid-19, certains salariés n’ont pas retrouvé le chemin du travail. Déclenché en avril par l’Etat pour aider les entreprises à affronter la baisse d’activité, le chômage partiel permet aux salariés de percevoir 84 % de leur salaire net.

Alors que le chômage partiel classique est limité à six mois, la ministre du travail, Elisabeth Borne, a enjoint jeudi 10 septembre aux entreprises de conclure des accords d’activité partielle de longue durée, allant jusqu’à vingt-quatre mois. Ces accords, ouverts jusqu’à l’été 2022, laissent ainsi présager une poursuite sur le long terme du chômage partiel.

Au chômage partiel depuis le début de la crise, vous n’avez pas repris le travail ? Racontez-nous. Comment vivez-vous cette longue période sans travailler ? Comment avez-vous occupé votre temps ? Rencontrez-vous des difficultés financières liées au chômage partiel ? Comment anticipez-vous un éventuel retour au travail après plusieurs mois sans activité ? Cette période a-t-elle modifié votre vision du travail ou votre projet professionnel ? En chômage partiel, vous avez repris votre activité de façon réduite, comment le vivez-vous ?

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Le Coq sportif chante les vertus du véganisme

Devant l’usine Le Coq sportif de Romilly-sur-Seine (Aube) , en mai 2019.

Lacer une chaussure coûte 4 euros de main-d’œuvre en Europe, lors de la phase finale de sa fabrication. « Ce coût est marginal en Asie », observe Sébastien Dahan, directeur du Coq sportif. Pour le lancement de sa nouvelle ligne de chaussures « végétales à faible empreinte écologique », fabriquée au Portugal, cet automne, la marque française de sport a entièrement revu ses méthodes et ses modes d’approvisionnement. La semelle est en caoutchouc naturel. La semelle intérieure est fabriquée en liège et latex. Et la tige est en coton bio ou en cuir d’origine végétal. La marque a choisi notamment une toile sur laquelle est laminée une patte issue de déchets viticoles. L’aspect et le toucher de ce matériau fabriqué en Italie et utilisé par la marque britannique Bentley pour gainer les sièges de ses limousines s’apparentent à ceux d’un cuir souple. Cette paire ne comprend « ni nylon, ni plastique, ni polyuréthane, ni cuir », vante M. Dahan.

L’ensemble est cousu dans l’usine d’un sous-traitant située à Porto pour un « prix de revient analogue » à celui induit par une fabrication en Asie, assure la marque. Le coût de la main-d’œuvre atteint alors 35 % pour une fabrication européenne, contre moins de 10 % en Asie. Le Coq sportif vendra ces paires de chaussures entre 115 et 130 euros, contre environ 100 euros pour son modèle d’entrée de gamme fabriquée chez un sous-traitant en Thaïlande.

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La marque française de sport détenue par le fonds suisse Airesis depuis 2005 s’inscrit ainsi dans le droit-fil de sa concurrente Veja et de toutes les marques de sport décidées à proposer aux consommateurs une alternative au made in China et au tout-plastique de Nike ou Adidas. « Les consommateurs ont envie de produits laissant une empreinte écologique la plus faible possible », explique une porte-parole de la marque. Depuis la crise due au Covid-19, les Français seraient très sensibles à cette problématique : d’après un sondage réalisé par l’Institut français de la mode pour le Salon Première Vision, 66 % d’entre eux souhaitent consommer des articles fabriqués avec des matériaux écoresponsables.

330 salariés dans l’Hexagone

Prés de 40 000 exemplaires seront produits, pour une diffusion en France, Espagne, Belgique et Suisse ; 100 000 sont prévus en 2021 pour alimenter davantage de marchés à l’étranger. Au passage, Le Coq sportif entend démontrer qu’il est possible de fabriquer en Europe sans frôler les prix d’un « produit de luxe ».

Le fabricant a déjà œuvré pour rapatrier une partie de sa production en France, notamment de chaussures à Angers et à Champigneulles (Meurthe-et-Moselle). En 2010, elle a réinvesti les locaux de l’ancienne usine de Romilly-sur-Seine (Aube) ; la société confectionne ses lignes de vêtements de sport et ses maillots, tandis qu’elle assemble ses tee-shirts et sweat-shirts au Maroc. La marque s’apprête à doubler la surface de son usine auboise en réhabilitant des bâtiments à l’abandon depuis la fermeture de ce site par Adidas, son ancien actionnaire, en 1988. Cet investissement doit notamment permettre d’honorer le contrat des Jeux olympiques 2024, qui se tiendront à Paris.

A la barbe d’Adidas et de Lacoste, Le Coq Sportif a décroché, en mars, le contrat d’équipement des athlètes de l’équipe de France. La marque, qui emploie 330 personnes dans l’Hexagone, devrait alors embaucher. « En formant des jeunes à la confection », précise David Pécard, directeur du textile du Coq sportif, sans en dissimuler la difficulté. Ce nouvel atelier devrait être inauguré début 2021. Reste à relancer la machine Le Coq sportif, dont les ventes ont été grevées par la fermeture des magasins lors des périodes de confinement adoptés dans les différents pays où la marque est présente. La société devrait signer un exercice 2020 dans le rouge, après une chute de ses ventes de l’ordre de 25 %, à 100 millions d’euros.

La crise est propice à la relance de la formation

« Le gouvernement a décidé de consacrer [à l’emploi] 15,5 milliards d’euros dans le plan de relance, avec un volet « compétences » qui vient renforcer le nouveau cadre législatif fixé en 2018 par la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel »  (Jean Castex et Bruno Le Maire le 3 septembre).

Comment maintenir l’emploi et les compétences des salariés en temps de crise grâce à la formation ? Le gouvernement a décidé d’y consacrer 15,5 milliards d’euros dans le plan de relance annoncé le 3 septembre, avec un volet « compétences » qui vient renforcer le nouveau cadre législatif fixé en 2018 par la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel.

La mission est difficile : les entreprises (en particulier de petite taille) forment beaucoup moins en temps de crise, alors même que la formation continue se révèle déterminante pour anticiper la reprise de l’économie, selon une enquête du Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Céreq) de juillet 2020.

Dans leur « Bulletin de recherches emploi formation » (Bref), Agnès Checcaglini et Isabelle Marion-Vernoux observent les trajectoires des pays européens en termes de formation entre 2005 et 2015, et en particulier la France. Si les entreprises hexagonales ont toujours beaucoup formé, par des cours et des stages (50 % des salariés suivent au moins une formation chaque année), l’enquête met en évidence l’effet négatif de la conjoncture économique sur l’investissement financier des employeurs dans la formation.

Pour faire face aux coupes dans les budgets des entreprises en période de crise, les chercheuses utilisent les exemples de pays comme l’Allemagne ou le Danemark pour montrer qu’une diversification des manières de développer les compétences serait bénéfique à la France.

Comment inciter les entreprises à former autrement dans ce contexte particulier ? « Il faut des nouveaux dispositifs, des accords entre Etat et partenaires sociaux, des obligations de formation », répond Isabelle Marion-Vernoux : en s’aidant des dispositifs actuels et en en imaginant d’autres, la situation est l’occasion pour les salariés de maintenir leur employabilité et leurs compétences. « Il faut se former maintenant pour préparer la période de reprise », défend la chercheuse.

Pendant l’activité partielle

Le principal outil conjoncturel déployé par le gouvernement pour maintenir les compétences est le dispositif d’aide à la formation du Fonds national de l’emploi, le FNE-Formation. Créé à l’origine pour accompagner les restructurations, dans le nouveau contexte Covid, il est dévolu à la formation des salariés placés en activité partielle, sous forme de prise en charge par l’Etat d’une partie des coûts de formation. Le FNE-Formation veut favoriser « l’adaptation à de nouveaux emplois en cas de changements professionnels dus à l’évolution technique ou à la modification des conditions de production ». Ainsi, 250 000 personnes auront été formées en 2021 grâce à ce dispositif, pour un budget d’un milliard d’euros, estime le gouvernement.

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François Villeroy de Galhau : « La reprise se passe un peu mieux que prévu »

François Villeroy de Galhau en 2015.

En raison de la pandémie, l’économie tricolore a enregistré le plongeon le plus violent depuis la seconde guerre mondiale entre avril et juin, mais elle devrait rebondir de 16 % au troisième trimestre, estime la Banque de France, dans ses nouvelles prévisions publiées lundi 14 septembre. François Villeroy de Galhau, son gouverneur, juge le plan de relance du gouvernement équilibré et bienvenu pour soutenir l’investissement des entreprises. Après la phase d’urgence, il appelle néanmoins à se montrer plus sélectif dans la reconstruction de l’économie.

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Après le choc inédit du premier semestre, où en est-on de la reprise ?

Selon notre enquête mensuelle de conjoncture, auprès de milliers d’entreprises, la reprise se passe un peu mieux que prévu. A la fin août, la perte moyenne d’activité constatée était de − 5 % par rapport à la normale, un peu au-dessus des anticipations des chefs d’entreprise, contre − 9 % à fin juin et − 7 % à fin juillet. Trois secteurs en particulier ont été mieux orientés que prévu : l’automobile, en amélioration très sensible, l’hébergement-restauration − certes à un niveau encore bas −, et le bâtiment. Ce secteur est à 100 % de la normale en août, avec un certain nombre d’acteurs qui sont même au-dessus du niveau d’activité d’avant-crise.

Quelles sont vos prévisions pour la fin de l’année ?

Les anticipations des chefs d’entreprise sont, pour septembre, approximativement au même niveau qu’en août, ce qui nous conduit à faire une prévision de croissance pour le troisième trimestre de + 16 % : il s’agit d’un fort rebond par rapport au deuxième trimestre où la baisse du PIB a été de − 13,8 %. Pour l’ensemble de 2020, la récession serait donc de − 8,7 %, une amélioration par rapport à la prévision de − 10,3 % que nous avions faite en juin. Le redressement d’abord rapide sera ensuite plus progressif, selon un profil « en aile d’oiseau ».

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Pour 2021, nous prévoyons + 7,4 %, un peu au-dessus d’il y a trois mois, puis un ralentissement à + 3 % en 2022. Nous devrions retrouver en moyenne le niveau d’activité pré-Covid au premier trimestre 2022. Au mois de juin nous tablions plutôt sur mi-2022 : on gagne donc un à deux trimestres sur le rythme de la reprise, et la France rejoindrait le niveau pré-Covid un peu avant la moyenne européenne. Notre économie avait plongé davantage que la moyenne pendant le confinement, et remonte plus fort aujourd’hui : mais il reste naturellement beaucoup d’incertitudes devant nous.

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A Gardanne, la reprise d’Alteo fait face à de nouveaux écueils

La nouvelle unité de traitement de l’usine de Gardanne (Bouches-du-Rhône) d’Alteo, le 4 septembre 2020.

Industriels chinois et américains, investisseurs financiers français ou britanniques, tous défilent à Gardanne (Bouches-du-Rhône) pour visiter l’usine Alteo qu’ils proposent d’acquérir. La raffinerie d’alumines de spécialité est en redressement judiciaire depuis décembre et, à l’issue d’une audience fixée au 15 octobre, le tribunal de commerce de Marseille aura à trancher entre les huit offres de reprise reçues par les administrateurs judiciaires. Fin juillet, le nombre de candidats au rachat – parmi lesquels des majors de l’industrie mondiale de l’aluminium – a pu rassurer les 500 salariés sur la survie de l’entreprise, mais les organisations syndicales redoutent néanmoins « une casse sociale ».

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Six de ces huit offres envisagent, en effet, un démantèlement de cette usine implantée depuis 1894 dans la cité minière provençale mais qui s’est érigée au rang de leader mondial dans les alumines de spécialité entrant dans de nombreux produits de haute technologie : écrans de smartphone, prothèses de hanche, batteries au lithium-ion… De l’américain New Day Aluminium au britannique Tiger Hill en passant par le conseiller en investissements financiers Capza Transition, le fonds d’investissement Hivest, le groupe United Mining Supply, spécialisé dans la logistique des sociétés minières, ou encore Chalco, numéro 1 chinois de l’aluminium, tous ces candidats privilégient l’abandon du procédé Bayer, une étape en « amont » qui consiste à traiter la bauxite pour en extraire des hydrates d’alumine.

Dépollution des sols

Ils proposent de ne conserver que « l’aval », la transformation de ces hydrates en alumines de spécialité. En abandonnant la bauxite, les repreneurs se débarrassent de ses résidus, les célèbres boues rouges qui ont pollué la Méditerranée de 1966 à 2015. Dans ce scénario, la matière première serait importée, mais cela se solderait par la suppression d’environ la moitié des emplois.

Sauf que cette partition industrielle pourrait ne jamais intervenir. La société Rio Tinto, qui avait cédé en 2012 l’usine à son actuel propriétaire, le fonds d’investissement américain HIG Capital, vient de faire savoir aux administrateurs judiciaires qu’en cas de démantèlement d’Alteo du fait de la procédure de redressement, elle ne serait plus tenue par la garantie environnementale sur la dépollution des sols et la remise en état des lieux, garantie qu’elle avait accordée à son successeur.

Le propriétaire actuel, HIG Capital, pourrait, selon certaines sources, proposer un plan de continuation et d’apurement

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