Le Coq sportif chante les vertus du véganisme

Le Coq sportif chante les vertus du véganisme

Devant l’usine Le Coq sportif de Romilly-sur-Seine (Aube) , en mai 2019.

Lacer une chaussure coûte 4 euros de main-d’œuvre en Europe, lors de la phase finale de sa fabrication. « Ce coût est marginal en Asie », observe Sébastien Dahan, directeur du Coq sportif. Pour le lancement de sa nouvelle ligne de chaussures « végétales à faible empreinte écologique », fabriquée au Portugal, cet automne, la marque française de sport a entièrement revu ses méthodes et ses modes d’approvisionnement. La semelle est en caoutchouc naturel. La semelle intérieure est fabriquée en liège et latex. Et la tige est en coton bio ou en cuir d’origine végétal. La marque a choisi notamment une toile sur laquelle est laminée une patte issue de déchets viticoles. L’aspect et le toucher de ce matériau fabriqué en Italie et utilisé par la marque britannique Bentley pour gainer les sièges de ses limousines s’apparentent à ceux d’un cuir souple. Cette paire ne comprend « ni nylon, ni plastique, ni polyuréthane, ni cuir », vante M. Dahan.

L’ensemble est cousu dans l’usine d’un sous-traitant située à Porto pour un « prix de revient analogue » à celui induit par une fabrication en Asie, assure la marque. Le coût de la main-d’œuvre atteint alors 35 % pour une fabrication européenne, contre moins de 10 % en Asie. Le Coq sportif vendra ces paires de chaussures entre 115 et 130 euros, contre environ 100 euros pour son modèle d’entrée de gamme fabriquée chez un sous-traitant en Thaïlande.

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La marque française de sport détenue par le fonds suisse Airesis depuis 2005 s’inscrit ainsi dans le droit-fil de sa concurrente Veja et de toutes les marques de sport décidées à proposer aux consommateurs une alternative au made in China et au tout-plastique de Nike ou Adidas. « Les consommateurs ont envie de produits laissant une empreinte écologique la plus faible possible », explique une porte-parole de la marque. Depuis la crise due au Covid-19, les Français seraient très sensibles à cette problématique : d’après un sondage réalisé par l’Institut français de la mode pour le Salon Première Vision, 66 % d’entre eux souhaitent consommer des articles fabriqués avec des matériaux écoresponsables.

330 salariés dans l’Hexagone

Prés de 40 000 exemplaires seront produits, pour une diffusion en France, Espagne, Belgique et Suisse ; 100 000 sont prévus en 2021 pour alimenter davantage de marchés à l’étranger. Au passage, Le Coq sportif entend démontrer qu’il est possible de fabriquer en Europe sans frôler les prix d’un « produit de luxe ».

Le fabricant a déjà œuvré pour rapatrier une partie de sa production en France, notamment de chaussures à Angers et à Champigneulles (Meurthe-et-Moselle). En 2010, elle a réinvesti les locaux de l’ancienne usine de Romilly-sur-Seine (Aube) ; la société confectionne ses lignes de vêtements de sport et ses maillots, tandis qu’elle assemble ses tee-shirts et sweat-shirts au Maroc. La marque s’apprête à doubler la surface de son usine auboise en réhabilitant des bâtiments à l’abandon depuis la fermeture de ce site par Adidas, son ancien actionnaire, en 1988. Cet investissement doit notamment permettre d’honorer le contrat des Jeux olympiques 2024, qui se tiendront à Paris.

A la barbe d’Adidas et de Lacoste, Le Coq Sportif a décroché, en mars, le contrat d’équipement des athlètes de l’équipe de France. La marque, qui emploie 330 personnes dans l’Hexagone, devrait alors embaucher. « En formant des jeunes à la confection », précise David Pécard, directeur du textile du Coq sportif, sans en dissimuler la difficulté. Ce nouvel atelier devrait être inauguré début 2021. Reste à relancer la machine Le Coq sportif, dont les ventes ont été grevées par la fermeture des magasins lors des périodes de confinement adoptés dans les différents pays où la marque est présente. La société devrait signer un exercice 2020 dans le rouge, après une chute de ses ventes de l’ordre de 25 %, à 100 millions d’euros.

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LJD

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