Télétravail : « L’enjeu majeur est celui de la renégociation du rapport au travail »

Télétravail : « L’enjeu majeur est celui de la renégociation du rapport au travail »

Tribune. D’aucuns se réjouissent aujourd’hui du développement forcé du télétravail et esquissent déjà les contours d’un futur monde du travail davantage en réseau, nécessitant moins de déplacements et offrant davantage de conciliation entre travail et hors-travail. Le réveil pourrait être douloureux.

Ce qui se joue aujourd’hui, c’est la reconfiguration profonde du rapport au travail avec le risque que cette expérience du travail à distance ne mette définitivement les salariés à distance de leur travail. Un enjeu fondamental pour les organisations, qui dépasse de loin les conjectures sur le développement du télétravail.

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« On a besoin de retrouver nos bureaux », « La machine à café nous manque » ou encore « Je veux revoir mes collègues en vrai, pas sur mon écran »… les témoignages des salariés contraints de télétravailler de manière permanente et souhaitant retrouver une « vraie » vie de travail se multiplient. Ils corroborent les résultats « à chaud » des quelques études sérieuses portant sur l’expérience du confinement qui nuancent les sondages plébiscitant la pratique du télétravail.

Le télétravail isole socialement

Car c’est une évidence : le télétravail à domicile est appelé à se développer davantage à l’avenir. Mais à quel prix ? L’enjeu majeur qui se révèle aujourd’hui est celui de la renégociation du rapport au travail. L’expérience vécue par les salariés en ce moment soulève des questions nouvelles et amène déjà l’ajustement de certains comportements.

Notre rapport au travail est défini par une multitude d’éléments (centralité et finalité du travail, identification à des collectifs et à son travail, implication et appropriation) que la distance nous amène à percevoir et à vivre autrement. Deux cas de figure problématiques apparaissent : le sentiment d’abandon et le sentiment de déshumanisation. Ils ont en commun de pouvoir modifier la nature de notre futur rapport au travail.

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Le sentiment d’abandon est l’écueil traditionnel associé au travail à distance – il est largement documenté dans la recherche en sciences sociales. Même pratiqué à une fréquence limitée (un ou deux jours par semaine), le télétravail a la capacité d’isoler socialement.

Le sentiment de déshumanisation

En situation de confinement, et singulièrement pour les salariés dont c’est la première expérience de télétravail, cette expérience est décuplée. Pour peu que les attentes liées au travail et aux modalités d’interactions soient floues et que les outils ne soient pas performants, l’isolement se transforme en invisibilité et le travailleur se sent oublié, inexistant.

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LJD

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