Presstalis : la colère monte chez les petits éditeurs

Presstalis : la colère monte chez les petits éditeurs

Un kiosque à journaux à Paris, le 19 mars 2020.
Un kiosque à journaux à Paris, le 19 mars 2020. THOMAS SAMSON / AFP

Plus le précipice se rapproche, plus l’inquiétude s’intensifie chez les éditeurs indépendants. Le 12 mai, le tribunal de commerce de Paris pourrait décider du redressement judiciaire du premier distributeur de la presse française, gelant mécaniquement une créance de 120 millions d’euros, représentant les sommes issues des dernières ventes réalisées par les journaux dans les kiosques et autres maisons de la presse.

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Presstalis doit donc être restructuré. Pour y faire face, l’Etat propose aux groupes de presse une aide financière soumise à conditions : il pourrait injecter 83 % de la fameuse créance éditeurs, soit 100 millions d’euros, la moitié sous forme de subventions, l’autre sous forme d’un prêt remboursable en six ans. En échange, 70 % de la somme doit être réinvestie dans la restructuration de Presstalis.

Une somme conséquente

Si le président de Presstalis, Cédric Dugardin, a affirmé dans nos colonnes que la plupart des éditeurs étaient favorables à ce plan, ce n’est pas le cas des petits groupes de presse indépendants. « C’est une créance qui devient une dette. On me doit un million d’euros, et à la fin je dois payer 160 000 euros. C’est comme si vous me voliez ma montre, et qu’après, je doive vous payer pour avoir l’heure », s’insurge l’ancien directeur du Monde Eric Fottorino, fondateur de l’hebdomadaire Le 1, et des trimestriels Zadig et America.

« C’est notre argent, nos vies, notre indépendance. On ne veut pas de ce chantage » Thomas Aïdan, à la tête d’une revue de cinéma

Presstalis lui doit 800 000 euros, sans compter 200 000 euros supplémentaires liés à une surtaxe sur les ventes mise en place en 2018 lors d’un précédent plan, et que les messageries s’étaient engagées à rembourser. Une somme conséquente pour le petit groupe de presse, qui génère 4,5 millions d’euros de chiffre d’affaires.

« C’est notre argent, nos vies, notre indépendance. On ne veut pas de ce chantage », corrobore Thomas Aïdan, à la tête de La Septième Obsession, une revue consacrée au cinéma. D’autant que, selon lui, Presstalis tarde à payer. « On a mis un numéro en kiosque début mars. Normalement, on aurait dû recevoir une avance de 30 à 40 % des ventes finales 17 jours après. On vient à peine de recevoir un billet à ordre qui permet à la banque de nous verser l’argent. Ils avaient prétendument oublié de l’envoyer », se plaint l’éditeur, qui n’a qu’une idée en tête, celle de quitter Presstalis, pour rejoindre son concurrent, les Messageries lyonnaises de presse (MLP).

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