Comment la réindustrialisation est perçue par les Français en matière de territoires, d’emploi ou encore d’écologie

Comment la réindustrialisation est perçue par les Français en matière de territoires, d’emploi ou encore d’écologie

Le ministre français de l’économie, Bruno Le Maire (à droite), la directrice générale d’Engie, Catherine MacGregor (au centre), et le ministre délégué à l’industrie, Roland Lescure, inaugurent la centrale électrique du parc éolien offshore de Noirmoutier et de l’île d’Yeu, à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), le 2 mai 2024.

Qu’entend-on précisément par réindustrialisation ? Quel regard la société porte-t-elle sur le monde industriel et ses réalités d’aujourd’hui ? C’est à ces questions plus complexes qu’il n’y paraît que Bpifrance, la banque publique d’investissement chargée par l’Etat de financer en partie la réindustrialisation dans le pays, tente de répondre dans une enquête sur « l’industrie et les territoires », rendue publique mercredi 15 mai. Réalisée de décembre 2023 à mars 2024, cette étude, que Le Monde a pu consulter, a interrogé cinq mille citoyens et 2 828 dirigeants d’entreprises industrielles, mêlant patrons de PME, d’ETI (entreprises de taille intermédiaire) et de start-up.

Comment cette politique vantée par le gouvernement pénètre-t-elle les esprits ? A la lecture des résultats, 40 % des Français perçoivent une réindustrialisation qui serait en cours dans le pays. Mais le score est plus faible chez les dirigeants industriels, avec 35 % seulement des 2 828 patrons d’entreprises industrielles qui estiment que la France connaît une telle période. Un « scepticisme », selon Bpifrance, qui peut s’expliquer en partie par les difficultés de nombreux patrons ces dernières années liées à la crise énergétique.

Cette perception relative ne recouvre pas pour autant un rejet de l’industrie, puisque 82 % des personnes interrogées se disent « favorables à la réindustrialisation », en particulier chez les CSP+ et chez les plus de 55 ans. Mais pas à n’importe quel prix : 56 % des sondés sont également préoccupés par les impacts jugés « négatifs », plaçant en tête la pollution et l’atteinte à l’environnement. « Il y a un enjeu de communication pour l’industrie, qui doit changer son image auprès des Français qui la voient trop encore comme l’industrie à l’ancienne, avec la cheminée qui fume, que comme l’industrie innovante du XXIe siècle », estime Philippe Mutricy, directeur des études chez Bpifrance.

Un possible malentendu

Dans le détail, elle doit surtout être « porteuse d’emplois » pour la majorité des sondés (44 %), une finalité bien plus importante à leurs yeux que la souveraineté et l’indépendance stratégique de la France (31 %) ou que la stimulation de la croissance économique (26 %). La priorité donnée à la création d’emplois est plus forte encore chez les personnes interrogées habitant des régions qui ont été fortement touchées par la désindustrialisation au cours des dernières décennies – comme les Hauts-de-France et le Grand-Est.

Un possible malentendu émerge sur le sens donné à la réindustrialisation dans la société civile et parmi la classe dirigeante. Pour la grande majorité des Français interrogés (72 %), réindustrialiser le pays signifie « relocaliser des sites de production qui étaient partis à l’étranger », alors que cela ne représente que 3 % des intentions chez les dirigeants d’entreprise. Pour les patrons, relancer l’industrie en France se traduit davantage par « l’extension d’un site industriel » déjà existant (38 %) et éventuellement la « création d’une nouvelle installation » (14 %).

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LJD

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