Hausse de 4 % du coût moyen par poste de travail

C’est la hausse du coût moyen par poste de travail en 2023 sur toute la France. Après une progression marquée et continue du coût de l’environnement de travail depuis 2020, la tendance haussière semble ainsi doucement ralentir avec un coût de 11 051 euros par poste de travail en 2023, contre 10 668 euros l’année précédente, a révélé l’IDET, l’association des professionnels des environnements de travail, lundi 2 décembre. « Mais la hausse du coût de l’environnement de travail serait bien supérieure s’il n’y avait pas eu le “flex office”. Pour cet exercice, on a eu moins de postes de travail – (105 000) que de collaborateurs (126 000) – », commente Hubert Labouche, secrétaire général adjoint, chargé des études de l’IDET.

Cette association professionnelle représentant la filière des environnements de travail analyse chaque année les dépenses des entreprises consacrées à l’environnement de travail (postes de travail, services aux collaborateurs, sécurité, consommables, performance environnementale…) pour établir les « Buzzy Ratios ». Déterminés à partir des budgets des services généraux, ils intègrent les coûts directs (loyers, maintenance, fourniture de services, etc.) et les coûts indirects (fournitures, téléphonie, flotte de véhicules, etc.).

Ce qui permet de suivre l’évolution du coût de l’environnement de travail par poste et d’en comprendre les causes. « Les trois tendances importantes de l’année sont l’inflation, qui a réévalué les coûts des contrats de location, le “green building”, qui nécessite des investissements, et la qualité de vie au travail, qui exige de nouveaux espaces pour le travail hybride », explique M. Labouche. « En surveillant de près les fluctuations des besoins en espace, ces professionnels ont réussi à minimiser la hausse des dépenses immobilières dans les entreprises », commente l’IDET. C’est ainsi que la moindre hausse de 4 % en 2024 recouvre, en fait, une hausse du prix de l’immobilier qui a été compensée par l’usage flexible des bureaux.

La révision des suppressions de postes d’enseignants, un enjeu suspendu à l’instabilité politique

La situation n’a rien de banale pour l’éducation nationale. Alors que le ministère doit présenter, à la mi-décembre, la répartition des moyens humains par académie afin que la rentrée 2025 puisse être préparée au mois de janvier comme il est de rigueur, le nombre de postes prévus dans le projet de loi de finances (PLF) 2025 n’est toujours pas arrêté. Dans son projet initial, le gouvernement a programmé la suppression de 4 000 emplois d’enseignants, faisant supporter à l’éducation nationale 90 % des baisses d’emploi de fonctionnaires. Ce choix suscite cependant une opposition unanimement partagée sur les bancs parlementaires… y compris parmi les composantes du « socle commun », qui soutient le gouvernement.

Lundi 2 décembre, au Sénat, le seul débat en séance publique sur la mission « enseignement scolaire » – après le rejet de la partie recettes du PLF à l’Assemblée nationale, la partie dépenses n’a pas été discutée – a abouti à un vote unanime (340 voix pour, sur 340 votants) des élus pour réduire ces suppressions de postes à 2 000. Cette réévaluation du « schéma d’emploi », selon l’expression budgétaire, ne concerne que le premier degré, pour lequel le PLF prévoit 3 815 enseignants en moins.

Le rapporteur spécial des crédits de la mission, le sénateur de l’Oise Olivier Paccaud (divers droite) avait déposé un amendement en ce sens au nom de la commission des finances. « Cette baisse du nombre d’enseignants du premier degré représente un risque, notamment pour les écoles situées en territoire rural, probablement plus soumises à des enjeux de fermeture de classe », avait-il fait valoir dans son rapport. A l’argument démographique avancé par le gouvernement pour justifier la réduction du nombre d’enseignants, le rapporteur a opposé que « la politique ne saurait se résumer à un exercice purement comptable », rappelé les taux d’encadrement de la France, bien moins bons que dans le reste de l’Union européenne, et fait valoir le risque de « désaménagement du territoire » pour plaider pour « une baisse plus mesurée ».

La ministre « ouverte » à la discussion

Si tous les groupes ont soutenu cette position, il s’agit d’une solution minimale pour les groupes de la gauche de l’Hémicycle (écologistes, socialistes, communistes). Tous avaient déposé des amendements pour rétablir intégralement les postes supprimés, au nom du même argument appelant à faire de la baisse démographique une « opportunité » pour améliorer les conditions d’enseignement. La sénatrice écologiste de Gironde Monique de Marco a également défendu des créations de postes pour compenser les 8 865 suppressions d’emplois décidées dans le second degré depuis 2017, en dépit d’une hausse du nombre d’élèves. Tous ont été rejetés.

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Les facteurs en première ligne face aux mutations de La Poste : « On n’a plus le temps du contact avec les gens, faut faire du chiffre »

C’est une plainte qu’on n’entend pas. Qui prête attention à la grève de quinze facteurs par ci, dix-huit postiers là ? Pourtant la lecture de la presse quotidienne régionale, qui recense cette litanie de conflits de quelques jours, partout sur le territoire, finit par interroger.

Citons, dans le désordre depuis un an, la grève à Saint-Malo et Dinard (Ille-et-Vilaine), celle à Evreux (Eure), à Mirande (Gers), à Bétheny (Marne), à Bastillac (Haute-Pyrénées), à Bayonne (Pyrénées-Atlantique), à Saint-Junien (Haute-Vienne) ou Chelles (Seine-et-Marne) et encore, ce mercredi 27 novembre, à Audierne (Finistère). Il en est presque un nouveau chaque semaine.

Le motif du mécontentement ? Toujours le même. « Les personnels dénoncent la suppression de deux tournées de distribution, dans le cadre d’une nouvelle organisation en place depuis octobre », nous apprend ainsi Le Télégramme cette semaine. A Mirande ? Ils soulignaient « des réductions de postes et l’alourdissement de la tâche de travail dans le cadre d’un plan de réorganisation ». A Saint-Malo ? A Saint-Junien ? « Une réorganisation », encore.

Diversification de l’activité

C’est que les facteurs vivent un grand moment de mutation. Les colis remplacent les cartes postales. En 1990, « 70 % du chiffre d’affaires de La Poste » était porté par le courrier, un taux qui tombera « à 15 % à la fin de l’année » 2024, rappelait en avril son PDG, Philippe Wahl, devant des sénateurs. Cette baisse continue des volumes oblige le groupe à se réinventer et à diversifier son activité en proposant de nouvelles prestations. La Poste projette, par exemple, que sa livraison de repas aux personnes âgées, en plein essor, devienne la première activité des facteurs en 2035. Ces derniers ne contestent pas la nécessité d’une évolution du modèle et du métier. Mais celle-ci n’est pas indolore.

Lire le portrait : Article réservé à nos abonnés Philippe Wahl, l’homme qui veut sauver La Poste

« Chaque bureau est réorganisé tous les deux ans, ce qui est surtout une façon de supprimer des tournées et des emplois de façon régulière. Voilà pourquoi il y a des conflits partout », résume Pascal Frémont, secrétaire fédéral de SUD-PTT pour les Pays de la Loire. Une tournée supprimée, ce sont autant de rues réattribuées aux autres.

La Poste souligne que le nombre de journées de grève est en recul constant ces dernières années – 15 100 en 2023 et 13 600 en 2024. Et pourtant. « A Saint-Junien, c’est 90 % des collègues qui se sont mis en grève. Ils n’arrivent déjà pas à finir dans les temps les tournées décidées par la dernière réorganisation qu’on leur en sort une nouvelle. Il y a une fatigue générale, une vraie souffrance au travail », relate Laurent Madore, secrétaire général de la CGT-FAPT Haute-Vienne.

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Défaillances d’entreprises, plans sociaux, restructurations : une marée montante

ArcelorMittal qui annonce la fermeture de ses sites à Reims et à Denain (135 salariés) le 25 novembre, Le Coq sportif (330 salariés) placé en redressement judiciaire deux jours plus tôt, le sort des 450 salariés de l’usine chimique Vencorex suspendu jusqu’en mars, et, dernier en date, mercredi 27 novembre, 868 suppressions de postes chez l’équipementier automobile Valeo… L’annonce de la fermeture de deux sites Michelin et d’un plan de restructuration chez Auchan, actant le licenciement de près de 4 000 salariés en une seule journée mardi 5 novembre, a fait figure d’électrochoc. Le moral des Francais s’en ressent : leurs craintes face au chômage sont au plus haut depuis mai 2021, indique l’Insee, mercredi 27 novembre.

Annoncée depuis plusieurs mois, la vague de défaillances d’entreprises est bel et bien là. Le nombre de procédures collectives ouvertes − incluant donc les procédures de sauvegarde, lancées dès qu’il y a cessation de paiements, les redressements et liquidations judiciaires − est au plus haut depuis quinze ans. « Nous devrions atteindre environ 65 000 procédures au total à fin 2024 », estime François-Charles Desprat, président du Conseil national des administrateurs judiciaires et des mandataires judiciaires.

« Sur les dix premiers mois de l’année, ce volume exceptionnel de défaillances − on compte en rythme de croisière environ 55 000 faillites par an − touche directement plus de 160 000 emplois. » Un chiffre spectaculaire, mais qui a augmenté moins vite que le nombre de faillites, en hausse de 20 % par rapport à 2023. Explication : « On observe un flot important de toutes petites entreprises, sans salariés et parfois sans activité », explique M. Desprat. Côté sectoriel, l’immobilier, très éprouvé sur les huit premiers mois de l’année, semble connaître un répit. En revanche, parmi les dossiers qui arrivent dans les études des administrateurs et mandataires judiciaires : des entreprises de la construction, du commerce, du secteur de l’hébergement et restauration…

A l’accumulation des faillites s’ajoutent les annonces de restructurations en dehors de toute procédure judiciaire. Mercredi 27 novembre, la CGT a indiqué avoir recensé 286 plans de suppressions d’emplois depuis septembre 2023, estimant qu’entre 128 250 et 200 330 emplois directs, indirects et induits sont supprimés ou menacés. Sa secrétaire générale, Sophie Binet, a appelé les salariés à « se mettre en grève et occuper leurs usines » face à cette « saignée ».

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Filière du luxe : les salaires restent bas chez les sous-traitants français

Une artisane travaille sur un sac en cuir, dans l’atelier de maroquinerie Hermès, à Louviers (Eure), le 6 avril 2023.

Combien un maroquinier est-il rémunéré ? Une couturière ? A cette question, aucune marque de luxe ne répond avec précision. Ni Chanel. Ni Longchamp. Hermès évoque « un salaire d’entrée largement au-dessus du smic ». LVMH avance qu’un artisan du cuir touche « une rémunération de 30 % supérieure au salaire moyen d’un maroquinier en France ». Sans plus de détails. Mais chacun fait valoir combien ces revenus sont majorés par le versement de primes, d’intéressements et de participations.

« Chez LVMH, un artisan salarié peut [ainsi] toucher jusqu’à l’équivalent de six mois de salaire en plus », assure Alexandre Boquel, directeur des métiers d’excellence. La rémunération des salariés Hermès peut « atteindre jusqu’à l’équivalent de dix-sept mois de salaire », en cumulant treizième mois, participation, intéressement et prime exceptionnelle (4 000 euros en 2023 et en 2024, après 3 000 euros en 2022), précise la marque, qui dit n’éprouver aucune difficulté à recruter.

Les sous-traitants sont, eux, plus nuancés. Car, à l’évidence, ces derniers peinent à embaucher. « Le salaire, c’est fondamental, évidemment. On ne peut pas juste pleurer que personne ne veut venir travailler chez nous ! », reconnaît Amedi Nacer, PDG de Thierry-Fonlupt, PME de prêt-à-porter de luxe. Or, les salaires des ouvriers œuvrant chez les partenaires de Chanel, d’Hermès et autres Louis Vuitton sont inférieurs à ceux, précisément, pratiqués dans les usines que ces marques détiennent.

Et ces salariés sont une main-d’œuvre-clé. « La sous-traitance, c’est la moitié des 40 000 employés de la maroquinerie », selon la CGT. « Le salaire moyen d’un maroquinier est alors de 100 euros environ au-dessus du smic [1 801 euros brut] », rapporte un responsable du syndicat, en requérant l’anonymat par « crainte de mesures de rétorsion ». Et il est courant qu’après « treize ans d’expérience une opératrice touche 1 520 euros net », selon une employée d’un fabricant de sacs, toujours sous le couvert d’anonymat.

« Obligés d’être compétitifs »

Dans la confection, en sous-traitance, le premier bulletin de paie est aussi « de l’ordre du smic », d’après Sylvie Chailloux, dirigeante de Textile du Maine. Mais après « cinq ans d’expérience », une opératrice peut devenir « prototypiste pour un salaire de 2 000 à 2 500 euros », dit-elle.

Dans cette industrie ultra-rentable, la disproportion entre les prix stratosphériques des biens vendus et les salaires au smic heurte. D’autant que la plupart de ces ouvriers disposent d’un savoir-faire hors du commun. « Non, ce n’est pas normal, reconnaît M. Nacer. Avec quinze ans d’expérience, une couturière devrait être rémunérée à la hauteur de ce qu’elle mérite, c’est-à-dire plus de 2 200 euros net, contre 1 950 euros actuellement. »

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Retraites : le gouvernement prêt à « aménager » la réforme Macron

La ministre du travail et de l’emploi, Astrid Panosyan-Bouvet, à l’issue du conseil des ministres, à l’Elysée, le 6 novembre 2024.

Le contenu de la lettre est aussi chargé de sens que le moment où elle est envoyée. Lundi 25 novembre, la ministre du travail et de l’emploi, Astrid Panosyan-Bouvet, a écrit aux partenaires sociaux pour leur proposer d’ouvrir des « discussions », durant « les prochaines semaines », au sujet des retraites.

Cette initiative s’inscrit dans le prolongement d’un engagement pris par le premier ministre, Michel Barnier, peu après sa nomination à Matignon, le 5 septembre. Il avait exprimé son intention de « reprendre le dialogue » afin d’« améliorer » la réforme promulguée le 14 avril 2023, qui a repoussé de 62 ans à 64 ans l’âge d’ouverture des droits à une pension.

La date à laquelle Mme Panosyan-Bouvet concrétise cette promesse du premier ministre n’est pas anodine : le courrier est adressé aux syndicats et au patronat trois jours avant les débats à l’Assemblée nationale sur une proposition de loi défendue par La France insoumise (LFI), qui abroge la règle des 64 ans.

Des « aménagements justes »

Les thèmes sur lesquels Mme Panosyan-Bouvet veut échanger avaient déjà été mentionnés : prévention de l’« usure professionnelle », « prise en compte de l’égalité entre les femmes et les hommes », meilleure « lisibilité » du système pour les personnes affiliées à plusieurs régimes de retraite… Mais cette liste n’est pas limitative. D’autres problématiques pourront être abordées, comme l’indique la ministre du travail dans sa lettre, en fonction des suggestions émises par les parties en présence, lors d’une « réunion multilatérale », c’est-à-dire avec l’ensemble des organisations de salariés et d’employeurs.

Cette rencontre pourrait se tenir avant Noël ou, plus probablement, au début de l’année 2025, selon une source syndicale – sous réserve, évidemment que l’équipe de M. Barnier n’ait pas été renversée par une motion de censure, dans l’intervalle.

Mme Panosyan-Bouvet confirme ainsi la volonté du pouvoir en place d’apporter des « aménagements justes » à la réforme de 2023. Elle prend soin de mentionner que de tels « ajustements » ne pourront s’effectuer qu’en veillant à « préserver [l’]équilibre financier » de notre système par répartition. Une précision qui laisse entendre, de façon discrète, que le gouvernement n’est pas favorable à une remise en cause du décalage de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans.

Le secrétaire général de Force ouvrière, Frédéric Souillot, ironise sur le fait que la ministre du travail se manifeste auprès des acteurs sociaux trois jours avant l’examen de la proposition de loi de LFI au Palais-Bourbon : « Ce texte, c’est l’éléphant au milieu de la pièce, que le gouvernement cherche à contrecarrer en prenant l’initiative sur le dossier des retraites », estime-t-il. Sur le fond, la lettre de Mme Panosyan-Bouvet le conforte dans l’idée que la réforme de 2023 « avait pris le problème à l’envers » : « On nous propose aujourd’hui de réfléchir à l’usure professionnelle ou à l’égalité femmes-hommes, mais ces sujets auraient dû être traités avant de nous imposer un report de l’âge légal et un allongement de la durée de cotisation », confie-t-il. Dans son esprit, les tractations à venir avec le gouvernement constituent une excellente opportunité pour remettre sur le tapis l’abrogation de la règle des 64 ans.

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La saignée chez ThyssenKrupp, nouvel exemple de la crise industrielle allemande

Devant l’entrée du site de Thyssenkrupp Steel Europe à Duisbourg (Rhénanie-du-Nord-Westphalie), le 25 novembre 2024.

La série noire continue dans l’industrie allemande. Lundi 25 novembre, la branche sidérurgique de ThyssenKrupp a annoncé la suppression de 11 000 emplois d’ici à 2030, sur les 27 000 que compte l’aciériste de la Ruhr, emblématique de la sidérurgie allemande depuis ses origines. Ce plan social majeur intervient dans un contexte de grande vague de destructions d’emplois industriels outre-Rhin, qui touche particulièrement l’automobile, spécialité centrale du « made in Germany ».

ThyssenKrupp Steel Europe (TKSE), en crise depuis une décennie, était jusqu’ici parvenu à limiter l’ampleur des baisses d’effectifs. Le plan présenté lundi par la direction représente une rupture fondamentale dans l’histoire du groupe à forte tradition sociale : 5 000 emplois vont disparaître dans la production et les services administratifs d’ici à 2030, un site de production doit fermer. Et 6 000 autres postes seront « transférés » hors de l’entreprise par des mesures d’externalisation de services ou de vente d’activités, précise le communiqué.

Ces chiffres, proposés à la discussion avec le syndicat IG Metall, sont encore susceptibles d’évoluer. Mais tout porte à croire que 40 % des effectifs d’une des entreprises les plus traditionnelles du « made in Germany » vont disparaître. TKSE prévoit une réduction massive des quantités d’acier produites, qui devraient passer de 11,5 millions de tonnes actuellement à 8,7 millions à 9 millions de tonnes par an d’ici à la fin de la décennie.

Déclin de la demande européenne

La direction précise réagir aux « changements fondamentaux et structurels sur le marché européen de l’acier », confronté à des surcapacités et à la « hausse des importations d’acier bon marché » en provenance d’Asie. Ce plan radical survient quelques mois après l’arrivée controversée du milliardaire Daniel Kretinsky, entré au capital du sidérurgiste au printemps 2024 à hauteur de 20 % des parts, par le biais de sa société EP Group, et qui devrait grimper à 50 % du capital.

Cette montée en puissance de l’homme d’affaires tchèque au sein de l’aciériste avait conduit à des démissions en série au sein de la direction au mois d’août. Avec l’appui du milliardaire, le groupe a, en tout cas, confirmé ses engagements dans la transition énergétique. ThyssenKrupp, véritable mythe industriel, a reçu, fin 2022, 2 milliards d’euros de subvention issus de fonds fédéraux et régionaux pour faire passer ses hauts-fourneaux à l’hydrogène.

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Le Coq sportif placé en redressement judiciaire

Pour Le Coq Sportif, l’effet Jeux olympiques s’est dissipé. Airesis, la maison mère qui détient 75 % de l’équipementier sportif, a annoncé, vendredi 22 novembre, que le sponsor de l’équipe de France olympique a été placé en redressement judiciaire.

« Le Coq sportif s’appuie sur cette procédure pour répondre aux défis auxquels la marque est confrontée, tout en voulant protéger ses 330 employés et les centaines d’emplois indirects », déclare Airesis dans un communiqué. La société, en difficulté, avait annoncé à la fin du mois d’octobre chercher des « solutions de financement ».

Airesis précise que l’équipementier avait « sollicité l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire auprès du tribunal de commerce de Paris ». « Cette requête a été examinée par le tribunal lors d’une audience qui a confirmé le redressement judiciaire avec période d’observation de six mois sur le principe d’une continuité d’exploitation », ajoute le communiqué.

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« Cette période de redressement est aussi une opportunité pour l’entreprise de pouvoir engager et finaliser les discussions avec de nouveaux investisseurs et partenaires stratégiques afin de pérenniser son activité et de renforcer son modèle économique », détaille la société.

Airesis souligne que « l’objectif est clair : capitaliser sur le succès des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, qui a déjà démontré la capacité du Coq sportif à se comporter comme une marque globale, tout en conservant et en valorisant les savoir-faire industriels français, véritables piliers de l’identité de la marque ».

L’équipementier de la délégation française lors des JO

Selon ses résultats financiers du premier semestre publiés fin septembre, le groupe affichait une perte de 18,2 millions d’euros contre une perte de 10,5 millions au premier semestre 2023, et de 28,2 millions sur l’ensemble de l’année passée.

Le Coq sportif, qui a équipé la délégation française lors des JO, a par ailleurs obtenu en mai 2024 un prêt de 2,9 millions d’euros de la part du Comité d’organisation de Paris 2024, dont il restait au 30 septembre 150 000 euros à rembourser. Le groupe avait aussi obtenu un prêt de 12,5 millions d’euros en juillet de l’Etat Français, par l’intermédiaire de la BPI France Assurance Export.

L’entreprise est en outre en plein litige avec la Fédération française de rugby, qui réclame 5,3 millions d’euros d’impayés à son ancien fournisseur.

Le Monde avec AFP

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ArcelorMittal confirme la fermeture des sites de Reims et de Denain

Des palettes en feu devant le site d’ArcelorMittal à Saint-Brice-Courcelles, près de Reims (Marne), le 25 novembre 2024.

ArcelorMittal a confirmé, lundi 25 novembre, la fermeture de ses centres de services de Reims et de Denain, qui emploient 135 personnes, à l’issue d’un comité social et économique (CSE).

« Le projet soumis au CSE inclut la fermeture des sites d’ArcelorMittal centres de services à Reims (Marne) et Denain (Nord) et la suppression de 135 emplois, dont 113 à Reims, 21 à Denain et un à Ottmarsheim », précise le groupe dans un communiqué. Cela représente plus d’un quart des effectifs en France d’ArcelorMittal Centres de services, filiale spécialisée dans la transformation et la distribution de l’acier.

Le sidérurgiste souligne que ce projet prévoit également « la création de 19 emplois dans d’autres sites » et assure mettre « tout en œuvre pour limiter l’impact sur l’emploi ». La direction explique ces suppressions de postes par « un marché en baisse de 30 % depuis 2019 » et « les importations extra-européennes à bas prix [qui] déséquilibrent les conditions de concurrence ».

« L’arrêt de la production est prévu en juin », annonce, quant à elle, l’intersyndicale (CGT, FO, CFDT, CFE-CGC) dans un communiqué, précisant que « pour certaines fonctions support, les départs sont prévus dès avril ». « Le chagrin est vraiment pour le site de Denain », a regretté Benoît Jean-Leroy, délégué syndical CFDT d’ArcelorMittal Reims. « La direction nous a reconfirmé aujourd’hui que le site est rentable. il gagne de l’argent, donc il y a un moyen de le sauver, mais ils refusent toute offre d’achat. » Le groupe veut, selon lui, « se barrer d’Europe au profit des Etats-Unis, de l’Inde et du Brésil ».

Inquiétude à Dunkerque

ArcelorMittal avait annoncé la semaine dernière que les centres de Reims et de Denain souffraient d’une « forte baisse d’activité » dans l’industrie et l’automobile, « qui s’est accélérée ces derniers mois ».

Une centaine de salariés se sont mobilisés lundi à la mi-journée devant le site de Reims, avant la réunion du CSE, a constaté une correspondante de l’Agence France-Presse (AFP). Des salariés en tenues de travail ont allumé un feu de palettes, tandis qu’une locomotive ArcelorMittal, avertisseur bloqué, a été placée en travers de la route, perturbant la circulation.

L’intersyndicale appelle les salariés des huit sites français d’ArcelorMittal Centres de services à se mobiliser mardi. A Denain, ils doivent être rejoints par une cinquantaine de membres de la CGT d’ArcelorMittal Dunkerque, où l’inquiétude s’accroît, après les annonces faites ces derniers jours par le groupe et le gouvernement.

Le groupe y emploie « 3 200 CDI directs, entre 8 000 et 9 000 en comptant les emplois indirects », selon Gaëtan Lecocq, secrétaire général de la CGT à ArcelorMittal Dunkerque.

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ArcelorMittal a demandé lundi à l’Union européenne de protéger la compétitivité de l’acier européen, mettant dans la balance ses projets de décarbonation sur le continent, qui impliquent plusieurs milliards d’euros d’investissements. Cela inclut notamment Dunkerque, où ArcelorMittal a décidé « de reporter son investissement dans la décarbonation du site », selon le ministre délégué chargé de l’industrie, Marc Ferracci.

Le Monde avec AFP

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Le sidérurgiste allemand ThyssenKrupp va supprimer 11 000 postes

La branche acier du conglomérat allemand ThyssenKrupp a annoncé, lundi 25 novembre, une réduction de 11 000 emplois d’ici à 2030 et des économies salariales, illustrant les difficultés auxquelles sont confrontés les sidérurgistes européens en raison de la concurrence chinoise.

Quelque 5 000 emplois dans la production et les services administratifs seront supprimés tandis que 6 000 seront externalisés, c’est-à-dire plus de 11 % des effectifs totaux, a annoncé le premier sidérurgiste allemand dans un communiqué. ThyssenKrupp Steel, qui accumule les pertes depuis plusieurs années, veut également réduire les coûts salariaux de 10 % en moyenne « dans les prochaines années ». Ces mesures sont « nécessaires pour améliorer la productivité et l’efficacité opérationnelle de ThyssenKrupp Steel, et pour atteindre un niveau de coûts compétitif », précise le groupe.

Ce projet est une « catastrophe pour les salariés et l’industrie de Rhénanie-du-Nord-Westphalie », berceau du groupe dans l’ouest de l’Allemagne, s’est indigné le syndicat IG Metall.

Les objectifs de transition écologique « inchangés »

En avril, le conglomérat industriel avait annoncé une restructuration de sa filiale sidérurgique, son cœur de métier, en raison la hausse des coûts de l’énergie et de la concurrence chinoise, dans le contexte d’une complexe et coûteuse transition énergétique. Selon le plan présenté lundi, les capacités de production d’acier seront ramenées entre 8,7 et 9 millions de tonnes, contre 11,5 millions aujourd’hui.

En outre, le site de Kreuztal-Eichen (ouest de l’Allemagne), qui emploie 1 000 personnes, selon la presse locale, sera fermé. En parallèle, le groupe entend toujours se séparer progressivement de ThyssenKrupp Steel, un processus accéléré en mai avec l’acquisition de 20 % des parts par Daniel Kretinsky, avec sa holding EPCG. Des discussions sont en cours sur une participation supplémentaire de 30 % pour EPCG, avec l’objectif de créer une société commune détenue à parts égales.

Le conglomérat s’était engagé un peu plus tôt, lundi, à financer sa branche acier pendant les deux prochaines années. Quant à ses projets de transition écologique, ils restent « inchangés », précise la filiale, qui souhaite démarrer en 2027 sa production d’« acier vert ».

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Le Monde avec AFP

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