Auparavant la proximité géographique était un critère très important dans le choix de ses études…mais maintenant s’inscrire dans une fac à l’autre bout de l’hexagone, une démarche de plus en plus courante chez les bacheliers, y compris chez les Parisiens, séduits par la province.
De nombreux jeunes bacheliers s’apprêtent à commencer leur vie d’étudiant loin de papa et maman. À en croire les rares chiffres qu’est en mesure de transmettre le ministère de l’Enseignement supérieur, les bacheliers semblent plus que jamais prêts à s’installer à l’autre bout de la France pour se ménager sinon une place au soleil, au moins un siège dans un amphi correspondant un tant soit peu à leur rêve de cursus post-bac.
Une concurrence moins forte
Le chiffre est d’autant plus saisissant que la région parisienne est de loin la plus dense en matière de formations prestigieuses ou valorisantes sur un futur CV. Il atteste que, dans un contexte de pression démographique où les baby-boomers des années 2000 investissent en masse le monde universitaire, certains peuvent tenter leur chance « en province » avec l’espoir que la concurrence y sera moins forte.
Un pari pas toujours juste : la cohue n’épargne en fait aucune grande ville universitaire.
À Lyon,par exemple où la population étudiante croît de 2,5 % par an, contre 1 % en moyenne ailleurs, le rectorat vient d’enregistrer 152 064 souhaits d’inscriptions de lycéens pour ses universités, IUT, BTS ou autres écoles post-bac. Les trois quarts (111 190) provenaient de jeunes non domiciliés dans la région lyonnaise !
Certes, une partie de ces candidatures « hors secteur » sont le fait d’habitants d’académies voisines, pour qui la capitale des Gaules est bien plus proche en temps que Grenoble ou Clermont-Ferrand. Mais cela ne suffit pas à expliquer l’impressionnante capacité de mobilité des générations de l’an 2000.
Des filières mieux connues
« Ils sont tout simplement très habitués à bouger, en tout cas pour ceux qui ont grandi dans des milieux plutôt favorisés », remarque Laurent Champaney, directeur général du réseau d’écoles d’ingénieurs Arts et métiers, qui avoue n’avoir « aucun mal » à remplir les programmes bachelors de ses campus d’Angers ou Châlons-en-Champagne, villes pourtant peu connues pour leur effervescence universitaire. Les bacheliers qui y débutent ont 18 ans et viennent de toute la France.
De fait, c’est l’offre pédagogique et les issues professionnels des établissements, bien avant tout le reste, qui attirent les nouveaux Rastignac. À La Rochelle, qui s’est fait un nom avec ses masters spécialisés dans l’environnement et le monde portuaire, un tiers des effectifs en 2016-2017 n’étaient pas originaire de Poitou-Charentes « sans qu’on ait fait la moindre campagne pour attirer à l’extérieur », précise la communication de l’université.
En tout cas, « l’existence de plateformes numériques, comme Parcoursup, permet aux jeunes d’avoir beaucoup plus de lisibilité sur l’offre de formation au niveau national et, par ce fait, de candidater partout où existe la filière qui les intéresse », remarque Anne Giroir-Fendler, vice-présidente de l’université Lyon-1 en charge de la vie étudiante. Elle en est sûre : « Nous allons avoir de plus en plus d’étudiants qui viennent d’ailleurs dans les années à venir. »