Emploi handicapé : la donne a changé

Peu à peu les emplois handicapés s’imposent dans les entreprises. Cependant, ils restent encore de nombreux obstacles, comme la prise en compte réelle du handicap et de son adaptation pour une intégration pérenne des handicapés dans les entreprises.

Publié aujourd’hui à 06h45 Temps de Lecture 2 min.

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« Après avoir mis le pied dans la porte de l’entreprise, la clé du maintien en emploi, c’est l’adaptation au poste. »
« Après avoir mis le pied dans la porte de l’entreprise, la clé du maintien en emploi, c’est l’adaptation au poste. » DPA / Photononstop

Chronique « Carnet de bureau ». A quelques jours de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, qui s’ouvrira le 18 novembre, le taux de chômage 2019 des personnes en situation de handicap est en très légère baisse annuelle de 1 point, à 18 % ! Une pincée de contrats courts (grâce aux « CDD tremplin » de la loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel »), une autre d’apprentissage, une dernière pincée de créations d’entreprises et… quelque 5 900 personnes ont retrouvé le chemin de l’entreprise.

De façon précaire ? Probablement. Le CDD tremplin, mis en place pour faciliter le retour à l’emploi dans le milieu ordinaire, a fait des heureux : « Ça nous permet de prendre des risques en recrutement, en embauchant des candidats inexpérimentés, ou peu formés », explique Claire Sala-Angeli, la responsable du recrutement de l’agence de communication Les Papillons de jour, qui en a signé cinq cette année. Les contrats courts sont en hausse. Mais les contrats durables sont en baisse, et le chômage de longue durée continue de progresser.

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La donne a changé. Le mot d’ordre est double : retour à l’emploi et intégration dans le « milieu ordinaire ». « Avant on nous demandait de créer de l’emploi durable, désormais la demande est de réduire le chômage en concrétisant 40 000 mises en emploi d’ici à 2022, en échange de la pérennité de notre modèle d’entreprises adaptées », explique Sylvain Couthier, président du groupe ATF. Ces entreprises sont subventionnées pour embaucher majoritairement des personnes en situation de handicap et les former pour les ramener vers les entreprises « ordinaires ».

L’importance de l’adaptation au poste

Le donneur d’ordre demande un profil – technicien informatique, administrateur paie –, et l’entreprise adaptée forme le candidat. « Cela ouvre de nouvelles perspectives. Mais le vrai changement est que, dans la formation à mettre en place, on précise la fiche de poste tâche par tâche pour s’adapter à la personne », explique M. Couthier.

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Car, après avoir mis le pied dans la porte de l’entreprise, la clé du maintien en emploi, c’est l’adaptation au poste. Les tâches impossibles à un aveugle ne posent pas de problème à un sourd, et pour un handicap évolutif l’adaptation est permanente.

Le rôle de l’accompagnement au sein de l’entreprise est donc essentiel. C’est grâce à un dispositif expérimental d’« emploi accompagné » lancé dans le cadre de la loi travail de 2016, que Victoria Lahouel, hypersomniaque, a trouvé une place stable. Après des tests neuropsychologiques et accompagnée dans l’entreprise par un référent handicap, elle est enfin en CDI en horaires aménagés à vingt-cinq heures par semaine. « Avant, je me débrouillais toute seule, mais l’hypersomnie, c’était compliqué à expliquer aux employeurs. “Ce sont des grosses conneries”, m’a-t-on dit. Les employeurs ne me gardaient pas. Pourtant je peux travailler normalement », souligne-t-elle. En 2019, le dispositif « emploi accompagné » n’a profité qu’à quelque 2 000 élus sur quelque 507 600 demandeurs d’emploi.

Le but de l’entreprise n’est pas de faire des profits

Dans sa chronique, Pierre-Yves Gomez considère que « le but d’une entreprise est de réaliser un projet productif, avec ses dimensions économiques et sociétales, qui soit durable dans un environnement concurrentiel ; le profit est un des moyens de rendre pérenne un tel projet ».

Publié aujourd’hui à 06h30 Temps de Lecture 2 min.

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« Il existera toujours une tension entre le projet productif de l’entreprise et le niveau de profit nécessaire à sa reproduction, qu’on peut appeler le « juste profit »
« Il existera toujours une tension entre le projet productif de l’entreprise et le niveau de profit nécessaire à sa reproduction, qu’on peut appeler le « juste profit » Wavebreak Media / Photononstop

Chronique Gouvernance. « Le but de l’entreprise est de faire des profits » est un lieu commun, qui possède une force quasi mystique. Certes, dans un système capitaliste, l’entreprise doit réaliser des profits pour subsister. C’est une nécessité qu’on peut discuter et critiquer, mais il est clair que, dès lors qu’une unité de production est autonome et qu’elle ne peut compter que sur sa propre activité pour se pérenniser, elle doit dégager des résultats suffisants pour investir et rémunérer les détenteurs de capital qui sont une de ses nombreuses parties prenantes. Si tel n’était pas le cas, il faudrait trouver d’autres modalités pour assurer ces opérations.

Le profit est donc nécessaire. Mais on ne peut en déduire que le but de l’entreprise est de faire des profits. Contrairement à une idée souvent avancée, on ne trouve pas de textes juridiques soutenant une telle affirmation pour la raison décisive que l’entreprise n’a pas d’existence juridique. Seule la société en a une et même alors, le droit exige qu’elle déclare, dès sa constitution, sa raison sociale, c’est-à-dire la raison d’exister qui la rend acceptable pour la société. On ne connaît aucune entreprise qui se donnerait pour raison sociale de faire des profits…

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Le but d’une entreprise est de réaliser un projet productif, avec ses dimensions économiques et sociétales, qui soit durable dans un environnement concurrentiel ; le profit est un des moyens de rendre pérenne un tel projet. L’opposition tranchée entre les entreprises orientées par les profits, et celles, plus vertueuses, dotées d’une mission sociale est donc caricaturale. On peut même soupçonner qu’elle alimente des postures et des débats qui n’existeraient pas sans ce préalable. C’est de bonne guerre, mais ce n’est pas de bonne science.

Objectifs et résultats

Car on occulte le vrai sujet. Qu’elle soit dotée ou non de mission sociale spécifique, il existera toujours une tension entre le projet productif de l’entreprise et le niveau de profit nécessaire à sa reproduction, qu’on peut appeler le « juste profit ». Or il existe un point de dérapage au-delà duquel la réalisation d’un niveau de résultat final déterminé l’emporte sur le projet productif. C’est le point de financiarisation : le juste profit fait place au plus grand profit possible comme moyen d’évaluer le projet productif à toutes ses étapes.

Un tel basculement se produit lors d’un changement de gouvernance donnant un poids important à un actionnaire qui n’a pas de connaissance ou d’intérêt pour le projet de l’entreprise. Par paresse ou par incompétence, il réduit celui-ci au retour financier qu’il lui procure. C’est la financiarisation par l’externe.

Le travail a rendez-vous avec l’histoire

Cet ouvrage collectif dirigé par le juriste Alain Supiot examine et éclaire les défis du travail au XXIe siècle. Cent ans après la création de l’Organisation internationale du travail (OIT), les questions écologiques, technologiques et juridiques sont désormais au cœur des réflexions sur le monde du travail.

Par Publié aujourd’hui à 06h00

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« Le Travail au XXIe siècle », sous la direction d’Alain Supiot, éd. de l’Atelier, 384 pages, 24,90 euros.
« Le Travail au XXIe siècle », sous la direction d’Alain Supiot, éd. de l’Atelier, 384 pages, 24,90 euros.

Le Livre. En 1919, l’Organisation internationale du travail (OIT), créée par le traité de Versailles, inscrivait dans sa Constitution la nécessité d’un « régime de travail réellement humain ». Cent ans plus tard, cette mission est toujours d’actualité : la « déclaration du centenaire », adoptée lors de la Conférence internationale du travail de juin 2019, recommande de poursuivre une approche des questions du travail « centrée sur l’humain ».

Le Travail au XXI e siècle est un ouvrage collectif qui fait ressortir l’héritage le plus précieux légué par cette histoire centenaire : « L’idée qu’il n’existe pas de paix durable sans justice sociale, que cette justice sociale ne peut être poursuivie avec succès au niveau d’un seul pays, qu’elle requiert une coopération entre les nations. Les normes internationales du travail restent aujourd’hui le principal instrument à disposition de l’OIT pour promouvoir des conditions de travail décentes pour tous », résume le directeur du bureau de l’OIT pour la France, Cyril Cosme.

Sous la direction du spécialiste du droit du travail et professeur émérite au Collège de France Alain Supiot, l’ouvrage est le fruit d’une discussion entre vingt et un auteurs venus d’horizons disciplinaires et de pays très divers, réunis lors d’un colloque international organisé au Collège de France en février 2019, quelques mois avant le discours de clôture d’Alain Supiot.

L’émergence des questions écologiques et sociétales

Ce n’est pas la première fois que le travail se transforme sous l’effet des changements techniques affectant les modes de production. Cependant, la vitesse avec laquelle les technologies numériques bouleversent aussi bien l’organisation de la production des biens et des services que le rapport entre producteurs et consommateurs est singulière. Deux auteurs se penchent ainsi sur l’intelligence artificielle, qui renouvelle le rapport entre l’homme et la machine : Giuseppe Longo rappelle les propriétés si caractéristiques du travail humain, et Stéphane Mallat souligne les ressorts différents de l’intelligence artificielle et de l’intelligence humaine.

Le livre souligne un autre enjeu essentiel des années à venir : l’articulation entre la question écologique et la question sociale. Les fondateurs de l’OIT restaient éloignés des préoccupations liées à l’environnement, aux risques de surexploitation des ressources naturelles et au dérèglement climatique. « L’époque était au productivisme, à partir d’une organisation scientifique du travail industriel qui allait connaître son apogée dans les années suivant la création de l’Organisation », rappelle Cyril Cosme.

Etre indépendant et maître de son emploi du temps, un rêve de jeune diplômé

Si le salariat reste la norme pour les étudiants qui sortent des écoles de commerce, de nouvelles formes d’emploi et d’organisations du travail offrant flexibilité et autonomie séduisent cette génération.

Par Publié aujourd’hui à 05h57

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NASTASIC / GETTY IMAGES

Une semaine de congés par-ci, un week-end prolongé par-là, une journée de télétravail annoncée au dernier moment, deux semaines de pause à Noël et tout le mois d’août en vacances. Maxime Vaudin, 26 ans, n’arrive plus à faire le décompte de ses jours « off » l’année dernière. Ce dont il est sûr, en revanche, c’est qu’il en a suffisamment pour ne pas penser aux prochains avec anxiété. Ce jeune diplômé de l’école de commerce Skema travaille depuis deux ans pour l’entreprise américaine Indeed, un moteur de recherche d’emploi créé en 2004, et qui a depuis janvier 2016, à grand renfort de communication, mis en place les « congés illimités » pour ses 8 900 employés dans le monde.

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Sur le papier, les salariés peuvent prendre autant de vacances qu’ils le souhaitent tant qu’ils sont « performants » et « atteignent leurs résultats », explique Charles Champala, directeur commercial chez Indeed France, qui a lui-même pris trois semaines de congés lors de la naissance de son enfant, en plus du congé de paternité légal de onze jours. Né dans la Silicon Valley au début des années 2000, le concept est encore assez peu exporté en France (où la durée légale des congés payés est bien supérieure à celle d’outre-Atlantique). Chez Indeed France (60 employés), les salariés ont pris en 2018 en moyenne sept jours de congés en plus des congés légaux et des RTT.

« Si j’ai envie d’arriver tôt et de prendre une grosse pause déjeuner pour faire du sport, ou de travailler de manière très intensive pour prendre une semaine après, je suis libre de le faire. » Maxime, salarié chez Indeed

« Les congés payés illimités, de même que le télétravail ou la flexibilité des horaires, répondent aux attentes d’un grand nombre de salariés », poursuit Charles Champala. Les entreprises qui ont mis en place cette organisation ne sont pas pour autant des philanthropes : l’objectif reste la performance, et le salarié heureux est toujours un salarié moins malade, moins absent, plus créatif et… plus productif.

Surtout, il s’agit de fidéliser, de « retenir » les collaborateurs les plus jeunes, comme Maxime Vaudin. Chez Indeed, ce dernier apprécie de pouvoir travailler comme il l’entend. « Si j’ai envie d’arriver tôt le matin et de prendre une grosse pause déjeuner pour faire du sport, ou de travailler de manière très intensive pendant plusieurs jours pour prendre une semaine après, je suis libre de le faire. Ça me met dans un bon “mood” pour travailler. Le fait d’être libre évite toute frustration, et je n’ai plus le blues du dimanche soir. »

L’exécutif renvoie à une concertation sur le travail de nuit dans le commerce alimentaire

Le gouvernement envisageait initialement de modifier le dispositif dans un projet de loi sur « diverses mesures d’ordre social », présenté mercredi en conseil des ministres.

Le Monde avec AFP Publié aujourd’hui à 16h53

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Dans un supermarché Casino à Nice, en janvier.
Dans un supermarché Casino à Nice, en janvier. Eric Gaillard / REUTERS

Le gouvernement va ouvrir une concertation de six mois sur la question du travail de nuit dans le commerce alimentaire, a appris l’Agence France-presse (AFP) mardi 12 novembre auprès du ministère du travail.

L’exécutif envisageait initialement de modifier le dispositif dans un projet de loi sur « diverses mesures d’ordre social », qui sera présenté mercredi en conseil des ministres. Ce texte proposait d’ajouter aux secteurs dérogatoires les commerces alimentaires, leur permettant ainsi de rester ouverts jusque minuit, sans avoir recours au travail de nuit, à la condition de ne pas ouvrir avant 7 heures le lendemain matin.

Selon la législation actuelle, le recours au travail de nuit doit être justifié par la nécessité d’assurer la continuité de l’activité économique ou des services d’utilité sociale. Dans les autres cas, il est interdit. La nouvelle version du texte prévoit que le gouvernement puisse prendre une ordonnance sur le sujet « dans un délai de dix-huit mois », à l’issue de la concertation donc.

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Seraient concernés par la dérogation les commerces alimentaires qui ne sont pas situés dans des zones touristiques internationales – comme les Champs-Elysées –, qui peuvent déjà ouvrir jusqu’à minuit.

Conditions requises

Récemment, le ministère du travail avait précisé que le régime choisi serait aligné sur celui des zones touristiques. Parmi les conditions requises figurent la nécessité d’un accord collectif ou de branche avec les syndicats, le volontariat du salarié, un doublement de sa rémunération, un repos compensateur équivalent en temps…

Le code du travail considère comme travail de nuit une période d’au moins neuf heures consécutives entre 21 heures et 7 heures. Mais cette période est ramenée par dérogation à sept heures dans les médias, le cinéma, les spectacles vivants ou les discothèques.

Cette modification du régime du travail de nuit avait été introduite dans la loi Pacte mais le Conseil constitutionnel l’avait censurée pour des raisons de forme, jugeant qu’il s’agissait d’un cavalier législatif – c’est-à-dire un article de loi qui introduit des dispositions qui n’ont rien à voir avec le sujet traité par le projet de loi.

Le projet de loi portant « diverses mesures d’ordre social » comprend des ajustements et correctifs à des lois adoptées depuis le début du quinquennat (ordonnances travail, formation professionnelle) et précise certaines mesures (insertion par l’activité économique et CDD de multiremplacement, notamment).

El Mouhoub Mouhoud : « Six propositions pour une politique d’immigration économique juste et efficace »

Edouard Philippe a présenté le 6 novembre les contours de la politique migratoire qu’il entend mettre en place. L’économiste estime, dans une tribune au « Monde », que les annonces manquent encore de clarté. Il prône notamment la création d’une haute autorité de l’immigration indépendante.

Publié aujourd’hui à 14h23, mis à jour à 16h55 Temps de Lecture 5 min.

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Le premier ministre Edouard Philippe et le ministre de l’intérieur Christophe Castaner le 6 novembre à l’Hôtel Matignon, lors de la conférence de presse sur l’immigration.
Le premier ministre Edouard Philippe et le ministre de l’intérieur Christophe Castaner le 6 novembre à l’Hôtel Matignon, lors de la conférence de presse sur l’immigration. CHARLES PLATIAU / AFP

Tribune. Le débat tel qu’il a été engagé par le gouvernement depuis l’annonce de ses mesures sur l’immigration pose quatre problèmes. Un problème de méthode, un problème de fond, un problème d’objectifs et un problème d’efficacité des propositions avancées. D’où la nécessité de propositions alternatives.

Méthodologiquement : c’est le règne de la cacophonie et de l’ambiguïté. Veut-on établir – comme le gouvernement semble l’annoncer – des « quotas non limitatifs » (sic) avec pour objectif de piloter l’immigration à des fins d’emplois en fonction des besoins de l’économie ? Cela ouvrirait à un nombre plus élevé de métiers que la liste actuelle n’en propose. Ou bien veut-on annoncer que l’immigration sera contrôlée par des quotas pour restreindre les flux actuels pourtant extrêmement faibles ? Les clarifications attendues seront les bienvenues.

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Car il y a un problème de fond : nous savons que la liste des métiers instaurée depuis 2008, révisée en 2011 et 2013, est d’une efficacité limitée. Les listes de métiers dits en tension ne couvrent qu’une faible partie des emplois occupés par les migrants primo-arrivants. En 2013, à peine plus de la moitié des migrants accueillis à titre professionnel répondent à des besoins identifiés par cette fameuse liste.

De même, quand le gouvernement préconise de négocier avec les pays d’origine pour réguler l’immigration à des fins d’emplois, pourquoi n’évoque-t-on pas ce qui existe déjà ? A-t-on seulement évalué les accords de gestion concertée (AGC) de l’immigration signés entre la France et certains pays d’Afrique qui combinent à la fois le critère de nationalité et des métiers en tension ?

Notre évaluation, dans un rapport de l’OCDE de 2017, révèle d’abord que le nombre de migrants admis dans le cadre des AGC est extrêmement marginal pour combler les besoins de recrutement (moins de 2 % de l’ensemble des primo-arrivants ressortissants de pays tiers).

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Pourtant, l’immigration devra bien répondre à des besoins de main-d’œuvre. Si à long terme, ce sont les politiques structurelles du marché du travail qui permettront de réduire les tensions sur le marché du travail, à court ou moyen terme, un recours à l’immigration peut être justifié.

Selon les données de l’OCDE, entre 2005 et 2015 les immigrés ont contribué à 91 % de l’accroissement de la force de travail en Europe (65 % aux Etats-Unis et 57 % en France) et 16 % de l’accroissement de la force de travail hautement qualifiée (23 % aux USA et 10 % en France). Les besoins se font sentir pour les qualifiés comme pour les non-qualifiés dans des secteurs en croissance et en déclin.

Quand le BTP crée des emplois par milliers

Le groupe NGE annonce, mardi, 10 000 embauches d’ici à 2024, sur fond de tensions sur le recrutement dans le bâtiment comme pour les travaux publics.

Par Publié aujourd’hui à 11h12

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Construction à Paris, le 24 avril.
Construction à Paris, le 24 avril. LIONEL BONAVENTURE / AFP

Le secteur du BTP embauche à tour de bras. Illustration avec le groupe NGE, qui annonce mardi 12 novembre son intention d’attirer 10 000 nouveaux collaborateurs d’ici à 2024. Et lance une campagne de communication pour séduire les candidats et réussir ce recrutement massif. « Nous affichons notre optimisme dans l’avenir, avec des recrutements à 95 % en CDI et la volonté de féminiser l’entreprise », revendique Antoine Metzger, le président de NGE.

Depuis septembre, le secteur de la construction a lui aussi lancé sa campagne d’affichage et un film publicitaire diffusé au cinéma, à la télévision et sur Internet, autour du slogan « Demain s’invente avec vous », pour susciter des vocations. Car sur un marché du bâtiment et des travaux publics en surchauffe, l’emploi se porte très bien et les compétences se font rares, aiguisant les enjeux de formation et d’apprentissage.

Affichant la plus forte progression de chiffre d’affaires du BTP sur quatre ans (+ 60 %), le « petit » NGE, avec ses 12 000 salariés et 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires, vient de plus en plus chatouiller les majors, Vinci, Bouygues et Eiffage. L’entreprise originaire de Provence a raflé pour 1 milliard d’euros de contrats rien que sur les nouveaux métros du Grand Paris. Elle a procédé à 2 000 embauches en 2019, comme en 2018, et veut inscrire ce rythme dans la durée.

Difficulté à trouver du personnel qualifié

« Recruter est affreusement difficile, ça demande beaucoup d’efforts : il y a encore beaucoup d’a priori sur un métier réputé difficile », déplore M. Metzger. Partout on manque d’ingénieurs, de conducteurs de travaux, de grutiers, d’électromécaniciens, de dessinateurs-projeteurs… Dans le Grand Paris, où les travaux souterrains atteignent une ampleur jamais vue, les compétences rares – mineur-boiseur, opérateur de tunnelier… – deviennent précieuses.

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Le bâtiment comme les travaux publics connaissent une année exceptionnelle. Selon les estimations de la Fédération française du bâtiment (FFB), 2019 se soldera par 25 000 embauches supplémentaires par rapport à 2018. Un résultat bien meilleur qu’attendu. Côté travaux publics, entre les chantiers du Grand Paris et la décision de nombreuses communes de rattraper leur retard d’investissement sur leur réseau routier, le secteur aura créé 10 000 emplois nets en 2019, comme en 2018.

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Conséquence : « Des tensions sur l’appareil de production, probablement encore plus importantes que nous ne le pensions en 2018 », relève la FFB. Dans les sociétés de plus de dix salariés, près de trois chefs d’entreprise sur quatre rencontrent des difficultés de recrutement. C’est aussi le cas pour plus de la moitié des artisans. Et la hausse des salaires s’accélère, indique la fédération, qui l’estime à 3,5 % au premier trimestre 2019.

« La difficulté à trouver du personnel qualifié arrive très largement en tête des contraintes pesant sur nos entreprises pour tenir un rythme d’activité élevé », souligne également la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) : en octobre, 46 % des sociétés déclaraient ne pas pouvoir augmenter leur carnet de commandes faute de main-d’œuvre.

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