L’Etat chinois entre au capital de Norwegian

L’Etat chinois entre au capital de Norwegian

Un avion de la compagnie Norwegian atterrit à Stockholm, le 16 mars.
Un avion de la compagnie Norwegian atterrit à Stockholm, le 16 mars. JONATHAN NACKSTRAND / AFP

L’information principale aurait dû être que la compagnie aérienne à bas coûts Norwegian Air Shuttle, en cours de reconstruction, répondait enfin aux conditions posées par l’Etat norvégien, lui permettant d’obtenir les 2,7 milliards de couronnes (248 millions d’euros) de garanties promises, en plus des 300 millions déjà accordés. Mais c’est d’abord l’entrée de l’Etat chinois au capital de Norwegian qui a retenu l’attention des médias nordiques.

Mercredi 20 mai au matin, la compagnie aérienne – huitième d’Europe et troisième du secteur « low cost » derrière Ryanair et easyJet en termes de passagers transportés – a confirmé que BOC Aviation, la société de leasing d’avions commerciaux, contrôlée par l’Etat chinois, allait devenir un de ses plus gros actionnaires.

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Selon le communiqué de presse, « Boc Aviation est une compagnie contrôlée par Sky Splendor Limited, qui est contrôlé par la Bank of China Limited, qui est contrôlé par Central Huijin Investment Ltd, qui est contrôlé par Kina Investment Corporation, qui appartient à la République de Chine ».

Très endettée avant le début de la pandémie

Déjà très endettée avant le début de la pandémie de Covid-19, Norwegian s’est retrouvée dans une situation critique, après l’effondrement du trafic aérien. Le 8 avril, la compagnie avait présenté un plan de crise. Il prévoyait de convertir en actions une partie de sa dette auprès des sociétés de leasing, des banques et de ses autres créanciers.

L’objectif, rappelait alors le PDG, Jacob Schram, était « de remplir les conditions fixées par les autorités pour obtenir des garanties d’une valeur totale de 3 milliards de couronnes », qui devaient lui permettre de se consolider.

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Avec 15,9 % du capital et des obligations convertibles représentant 7,2 % supplémentaires, la société irlandaise AerCap Holdings, qui loue onze de ses vingt-six avions Dreamliner à Norwegian, devient son principal actionnaire. En deuxième position : la compagnie chinoise BOC aviation, qui lui a fourni quatre appareillés entre 2018 et 2019, récupère 12,6 % de son capital.

« Plus de valeur vivante qu’en faillite »

Interrogé par le quotidien suédois Dagens Nyheter, Jacob Pedersen, chef analyste auprès de la Sydbank, minimise l’aspect stratégique de l’opération : « C’est une mesure défensive. Je ne pense pas qu’une de ces sociétés de leasing le désirait vraiment. Elles vivent de la location d’avions, pas de l’actionnariat dans une compagnie aérienne. » Pour lui, les créanciers de Norwegian ont dû faire un choix : laisser la compagnie couler, ou bien lui jeter une bouée de sauvetage. « Ils ont décidé que Norwegian avait plus de valeur vivante qu’en faillite. »

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Tout en se félicitant de l’opération, le PDG de Norwegian a averti que « les mois à venir demeureront difficiles, avec un degré d’incertitude élevé pour le secteur ». Il a rappelé que la compagnie devrait « encore collaborer étroitement avec un certain nombre de créanciers, dans la mesure où les revenus de la compagnie sont actuellement limités ».

1 571 pilotes et 3 134 membres d’équipage licenciés

Le 20 avril, Norwegian avait déclaré la faillite de quatre de ses filiales, en Suède et au Danemark, entraînant le licenciement de 1 571 pilotes et 3 134 membres d’équipage, dans les deux pays scandinaves, ainsi qu’en Finlande, en Espagne, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis. Jacob Schram avait mis en cause l’absence de dispositifs efficaces de chômage partiel en Suède et au Danemark. Les 700 pilotes et 1 300 membres d’équipage situés en France, en Italie et en Norvège sont pour le moment épargnés.

En 2019, la compagnie a terminé dans le rouge pour la troisième année d’affilée. Elle imputait alors ses mauvais résultats à la crise du Boeing 737 MAX – elle avait reçu 18 appareils juste avant leur immobilisation forcée – et aux moteurs Rolls-Royce défectueux de ses Dreamliner, ainsi qu’à une stratégie d’expansion à marche forcée qui n’a pas apporté les résultats escomptés.

En début d’année, Norwegian avait annoncé une réduction de son offre de 13 % à 15 % pour 2020. Mercredi, le titre de la compagnie a dévissé de 31,2 % à la Bourse d’Oslo, après un afflux de 400 millions de nouvelles actions, soit un recul de plus de 90 % depuis le début de l’année.

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LJD

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