« Le chômage partiel n’est efficace que si le choc économique ne change pas la structure de production »

« Le chômage partiel n’est efficace que si le choc économique ne change pas la structure de production »

Tribune. Il est difficile aujourd’hui de savoir quelle sera la meilleure réponse économique à apporter à moyen terme à la crise sanitaire. L’incertitude reste forte. Dans le très court terme, la réponse des Européens, consistant à massivement subventionner le chômage partiel, a été une excellente réponse : en confinant les salariés mais en les payant entre 60 % et 84 % de leurs salaires selon les pays, on évite une perte brutale de revenus et on limite la propagation du virus.

Le succès du mécanisme – au 28 avril, la Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques) comptabilisait des demandes pour 11,3 millions de salariés, soit un salarié sur deux, et 4,8 milliards d’heures pour des durées de douze semaines à 35 heures par salarié en moyenne – est à la fois rassurant et inquiétant. Rassurant, car cet amortisseur social fonctionne. Inquiétant, car son ampleur – entre 8 et 10 milliards d’euros par mois – et la durée prévue sont importantes.

A titre de comparaison, la crise de 2007 aura vu les entreprises consommer 130 millions d’heures de chômage partiel sur l’ensemble de la période 2007-2010. Certes, ce ne sont que les demandes initiales potentielles, et elles seront peut-être moindres, mais on sent bien que le recours sera in fine massif.

Eviter la pénurie de main-d’œuvre

Or le chômage partiel est très contraignant et exclut de travailler, pour éviter les effets d’aubaines. Sauf qu’il faut bien assurer les chaînes de production si une demande réduite reste présente. Les trois premiers secteurs en volume de recours au chômage partiel sont les commerces, l’hébergement et la restauration, et un secteur de « services divers » (« MN » dans la nomenclature officielle) qui contient notamment le commerce automobile, les agences de voyages et les agences de location diverses.

La question à se poser est double : peut-on assouplir les règles du chômage partiel pour éviter la situation de pénurie de main-d’œuvre dès que le confinement sera partiellement levé le 11 mai, certaines entreprises maximisant le recours au chômage partiel ? Et, question plus prospective mais à moyen terme : le monde d’après sera-t-il identique à celui d’avant au niveau des secteurs ?

Si de nombreuses études (Cahuc 2019, Boeri 2011) ont mis en avant les bienfaits de l’activité partielle – en particulier en Allemagne – pour contenir la hausse du chômage en 2008, ces mêmes études n’oublient pas de souligner que l’activité partielle n’est efficace que lorsque le choc économique ne change pas la structure de production. Le chômage partiel a, dans ce cas, vocation à donner de l’air aux entreprises.

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LJD

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