La semaine de quatre jours pour travailler plus

La semaine de quatre jours pour travailler plus

Analyse. Il peut sembler étrange de s’interroger sur l’avenir de la semaine de quatre jours, à l’heure où le travail s’étale de plus en plus sur les plages horaires consacrées au week-end ou aux congés. « Travailler moins pour vivre mieux » n’est pas non plus vraiment à l’ordre du jour, puisque le gouvernement propose de soutenir le pouvoir d’achat par la défiscalisation des heures supplémentaires et la monétisation des RTT. Mais la semaine de quatre jours, en abordant le temps de travail en jours plutôt qu’en heures, ouvre de nouvelles perspectives : d’équilibre vie privée-vie professionnelle pour les salariés, d’augmentation de la production et d’attractivité pour les employeurs. De quoi réconcilier des intérêts contraires.

Les salariés sont peu nombreux à l’avoir testée. Vu du ministère du travail, le bilan de la semaine de quatre jours est faible, mais ne recouvre qu’une partie des effectifs concernés, puisque les statistiques officielles ne mesurent la durée du travail qu’en heures et non en jours. Seulement 2,3 % des salariés ont travaillé entre 32 et 35 heures par semaine au premier trimestre.

En revanche, tous les secteurs d’activité sont concernés : des entreprises l’ont expérimentée dans l’industrie, d’autres dans les services, le conseil, et même récemment dans l’hôtellerie-restauration, avec des objectifs et des implications diverses (innover, produire plus, recruter).

« Une question de génération »

Ce mode d’organisation du travail est un réel facteur d’attractivité des salariés qui retrouvent du temps pour leur famille, font des économies sur le transport ou la garde d’enfant. Pour faire face à la pénurie de personnel, le jeune patron du bar-restaurant Le Bastion à Lectoure (Gers), Julien Leclercq (40 ans), l’a ainsi proposé cet été à ses salariés et à ses saisonniers : quatre jours de travail et trois jours de repos consécutifs. Dans le Nord, à Lille, le chef étoilé Florent Ladeyn (38 ans), qui l’avait instauré dès 2020, en était toujours satisfait en 2022. « Comme tu le sais, on a mis en place la semaine de quatre jours de travail par semaine. Ce qui implique d’être à 110 % pendant ces quatre jours plutôt que 80 % pendant cinq », énonçait-il dans l’offre d’emploi publiée sur son compte Instagram avant la saison touristique.

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« Pour l’instant, le phénomène est encore marginal dans l’hôtellerie-restauration. Les entreprises cherchent la martingale pour trouver des salariés et les garder sans augmenter la masse salariale. C’est aussi une question de génération, explique Jean-Eudes du Mesnil, le secrétaire général de la Confédération générale du patronat des petites et moyennes entreprises. Les jeunes entrepreneurs y pensent plus naturellement que les plus anciens. » Mais attention à la charge de travail. « Elle est plus lourde, c’est compliqué pour les salariés », prévient-il.

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LJD

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