La rédaction de « Paris Match » connaît une vague de départs inédite

La rédaction de « Paris Match » connaît une vague de départs inédite

A quoi ressemblera la rédaction de Paris Match dans trois semaines ? Depuis mercredi 22 février au soir, les journalistes de l’hebdomadaire, à l’instar de leurs collègues du Journal du dimanche, autre titre du groupe Lagardère, ont été mis en télétravail, le temps que des travaux soient menés dans leur immeuble commun – CNews, principale chaîne d’information du groupe de Vincent Bolloré, murmure-t-on dans les couloirs, pourrait bientôt les y rejoindre. « On se demande qui reviendra et qui l’on ne reverra plus », raconte une journaliste qui, comme beaucoup, requiert l’anonymat.

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Il faut dire que, ces derniers temps, à Match, qu’ils soient choisis ou négociés, les départs s’enchaînent à une allure inédite. Après les journalistes Sophie des Déserts, Aurélie Raya et Emilie Lanez, le « rewriter » Jean-Pierre Bouyxou, le directeur artistique, Cyril Clément, le chef de la photographie, Guillaume Clavières, ou encore le secrétaire général de la rédaction, Alain Dorange, c’est la rédactrice en chef des pages « Vivre Match », Elisabeth Lazaroo, qui est partie définitivement cette semaine. Et ce, après que le site Internet de Franceinfo a révélé que la reporter Emilie Blachère avait déposé une requête aux prud’hommes afin de faire valoir sa clause de conscience. Ce dispositif permet à un journaliste de quitter son emploi avec des indemnités en cas de cession de son journal ou de changement de sa ligne éditoriale.

« Ma voix n’a pas du tout compté »

Or, il y a un an, le groupe Vivendi de Vincent Bolloré a lancé une OPA sur le groupe Lagardère. S’il en détient 57 % du capital, il n’est pas censé le contrôler tant que Bruxelles n’a pas donné son aval. Pourtant, et comme elle l’a longuement expliqué au site Les Jours, « Paris Match est en train de perdre la neutralité politique qui le caractérisait. Continuer d’y travailler était de nature à porter atteinte à mon travail et à ma réputation », défend-elle.

Le 31 mars, ce sera au tour de l’auteur de la chronique « L’air du temps », Gilles Martin-Chauffier, 68 ans, dont 43 de maison, de s’effacer

Les noms qui s’affichent dans l’ours, cette sorte de carte d’identité qui figure dans tous les journaux, ne cessent de changer. Trop vite, parfois. Celui de la spécialiste du Vatican, Caroline Pigozzi, véritable personnage d’un journal pour lequel elle écrit depuis trente ans, a disparu dès le numéro du 9 février. Désormais septuagénaire, elle est pourtant censée ne le quitter que le mardi 28 février.

Le 31 mars, ce sera au tour de Gilles Martin-Chauffier, auteur de la chronique « L’air du temps », de s’effacer. A 68 ans, dont 43 de maison, lui aussi fait figure de pilier. « Si la motion de défiance de l’été [2022] a été signée par 93 % des votants, souffle une plume, c’est en partie parce qu’il avait pris la parole » pour fustiger les conditions du départ de Bruno Jeudy, le chef du service politique, aujourd’hui remplacé par Laurence Ferrari, présentatrice sur CNews et Europe 1 – le journaliste avait assumé de contester la « une » consacrée au cardinal Robert Sarah, ultraconservateur et homophobe. « Ma voix n’a pas du tout compté, et je pars de mon plein gré », réfute pourtant le rédacteur en chef de l’« editing », qui espère poursuivre sa collaboration par quelques piges.

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LJD

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