La potion-choc de Jean-Dominique Senard pour Renault

La potion-choc de Jean-Dominique Senard pour Renault

Capture d’écran de la visioconférence de presse du patron de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, Jean-Dominique Senard, mercredi 27 mai.
Capture d’écran de la visioconférence de presse du patron de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, Jean-Dominique Senard, mercredi 27 mai. Renault-Nissan-Mitsubishi via AP

C’était le point d’orgue de la folle semaine de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi. Le constructeur français a présenté, vendredi 29 mai, son très attendu plan de réduction des coûts après l’annonce, la veille, des résultats de Nissan et, l’avant-veille, de la réorganisation de l’Alliance. Le partenariat automobile franco-japonais est en difficulté depuis la fin 2018, et la chute de son patron historique, Carlos Ghosn – un handicap accru par la crise brutale et profonde due au Covid-19.

Lire l’entretien : Jean-Dominique Senard : « Il s’agit de la survie de Renault »

Vu de France, le troisième volet de cette trilogie est évidemment le plus chargé en annonces émotionnelles avec son lot de fermetures d’usines, de « dégraissage » ou de transferts de sites. Il faut reconnaître que la potion concoctée par Jean-Dominique Senard, président de Renault et patron de l’Alliance, est puissante, voire amère pour certains. Le plan, présenté jeudi 28 mai au soir aux syndicats, lors d’un comité central social et économique du groupe, est censé faire économiser 2,15 milliards d’euros sur trois ans et supprime, d’ici à 2023, 15 000 emplois dans le monde (soit plus de 8 % des effectifs totaux de 180 000 salariés), dont 4 600 postes qui disparaissent en France.

Dans le monde, la fin de l’ère Ghosn

« Pour Renault, comme pour Nissan et Mitsubishi, c’est l’année de la remise des compteurs à zéro, explique M. Senard. C’est la fin d’une certaine ère, l’époque de la course à la taille et aux volumes. » La stratégie chère à Carlos Ghosn a échoué, assurent les nouveaux dirigeants. De fait, Nissan a été conçu pour fabriquer 7 millions de véhicules par an et en produit 5. Quant au Groupe Renault, il est bâti pour cracher ses 5,5 millions de voitures et n’en a fabriqué que 3,8 millions en 2019. « C’est le retour d’une méthodologie rigoureuse appliquée à nos investissements, ajoute le patron du losange et de l’Alliance. C’est la compétitivité retrouvée. »

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Finie donc l’expansion tous azimuts. Terminée l’aventure au grand large quoi qu’il en coûte. Et le plan s’en ressent : plus de 10 000 emplois disparaissent hors de France. Des projets sont abandonnés au Maroc et en Roumanie, des activités ferment ou se rationalisent en Corée et en Russie. Le départ de la marque Renault de Chine est définitivement confirmé. Et quelques éléments de ligne sur des pièces en Turquie et en Slovénie (boîtes de vitesses) seront même relocalisés en France.

Peau de chagrin pour les usines françaises

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