Faute de repreneurs, la maison Sonia Rykiel est mise en liquidation judiciaire

Faute de repreneurs, la maison Sonia Rykiel est mise en liquidation judiciaire

Le tribunal de commerce de Paris a statué, jeudi, sur le sort de la marque de mode fondée en 1968. L’entreprise était détenue depuis 2012 par le groupe First Heritage Brands.

Par Publié hier à 11h08, mis à jour hier à 17h07

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Une mannequin défile avec une création de la collection printemps-été de la marque Sonia Rykiel, à Paris, le 29 septembre 2018.
Une mannequin défile avec une création de la collection printemps-été de la marque Sonia Rykiel, à Paris, le 29 septembre 2018. ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

Le tribunal de commerce de Paris a prononcé, jeudi 25 juillet, la liquidation judiciaire immédiate de la marque de mode Sonia Rykiel, placée en redressement judiciaire depuis le 18 avril. Depuis plusieurs jours, ses 135 salariés craignaient la disparition de la société que détient, depuis 2012, le groupe First Heritage Brands, holding de la famille Fung, originaire de Hongkong.

La société peinait à trouver preneurs. Les pertes nettes de la marque s’élevaient à 30 millions d’euros, fin 2018, pour un chiffre d’affaires de 35 millions d’euros, d’après les proches du dossier. Les cabinets d’administration judiciaire avaient lancé un appel d’offres dont la date limite, d’abord fixée au 31 mai, avait été repoussée au 12 juin, puis au 18 juillet. Début juillet, la presse avait évoqué une dizaine de marques d’intérêt pour l’entreprise fondée en 1968 à Paris.

Emmanuel Diemoz, un ancien dirigeant de Balmain qui s’était aussi porté candidat à la reprise de la marque Carven il y a un an, avait ainsi rencontré les représentants du personnel. Faute d’accord avec la famille Rykiel, propriétaire de l’immeuble du boulevard Saint-Germain à Paris dans le 6e arrondissement où la marque a son siège historique, il a finalement jeté l’éponge. Seul un seul dossier de reprise était parvenu aux administrateurs judiciaires. Il s’agissait de celui porté par Nicole Lévy et son fils, Julien Sedbon. Ces entrepreneurs du secteur immobilier proposaient de reprendre l’entreprise et 39 de ses salariés, selon nos informations, et de la relancer sur Internet.

Peu avant l’audience qui se tenait à Paris, quai de Corse, au tribunal de commerce, ces derniers ont finalement décidé de ne pas défendre leur dossier, en évoquant l’avis défavorable que les administrateurs judiciaires avaient décidé d’émettre à son encontre.

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Un montant de reprise jugé faible

Les candidats repreneurs, Mme Lévy et M. Sedbon, se disaient prêts à relancer sur Internet la marque, dont le chiffre d’affaires s’est effondré depuis la mort de la créatrice parisienne en 2016. Or, faute de garanties financières, leur dossier de reprise n’avait ni le soutien des deux administrateurs judiciaires, le cabinet Abitbol & Rousselet et FHB, celui d’Hélène Bourbouloux, figure de la profession, ni celui des représentants du personnel de la société Sonia Rykiel, d’après nos informations. Ces candidats avaient envisagé de proposer 200 000 euros pour reprendre l’entreprise, ses fonds de commerce et ses stocks. Un montant jugé faible. Le projet de relance de la marque sur Internet grâce à la blockchain n’aurait pas non plus convaincu.

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30 millions d’euros de pertes nettes

Dès lors, faute de repreneurs, les juges ont prononcé la liquidation judiciaire immédiate de la société. Cette décision entraîne le licenciement de l’ensemble des salariés. Le tribunal a nommé deux mandataires liquidateurs, Bernard Corre et Yohann Yang-Ting.
Lors de la mise en redressement judiciaire de la société, le comité d’entreprise de Sonia Rykiel avait souligné « la gestion hasardeuse et dispendieuse » de son actionnaire. Les représentants de First Heritage Brands assuraient pourtant avoir injecté « 200 millions d’euros en sept ans » dans l’entreprise pour relancer ses ventes.

La liquidation judiciaire immédiate de Sonia Rykiel va accélérer les négociations entre les salariés et les actionnaires hongkongais de l’entreprise pour que ces derniers financent le plan social et les mesures d’accompagnement des licenciés. En 2017, ils avaient procédé à un premier plan social, portant sur 40 % des effectifs. Thomas Hollande, avocat des salariés, « veut trouver un accord dans les prochains jours pour dégager une enveloppe financière » au bénéfice des licenciés.

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