En Isère, les ouvriers de FerroPem veulent sauver leur usine

En Isère, les ouvriers de FerroPem veulent sauver leur usine

Devant l’usine FerroPem des Clavaux, à Livet-et-Gavet (Isère), le 19 avril 2021.

Lorsque Xavier Millan a découvert, à la fin du mois de mars, son licenciement et celui de l’ensemble des 128 autres ouvriers de l’usine FerroPem des Clavaux, située à Livet-et-Gavet (Isère), au sud de Grenoble, l’agent de fabrication assure être « tombé de très haut ». Aux yeux de ce père de famille de 39 ans, qui a grandi et travaille au pied des pentes abruptes de la vallée de la Romanche, sur cet immense site de production de silicium chimique, les arguments avancés par le groupe hispano-américain Ferroglobe – la maison mère de FerroPem – pour justifier leur éviction ne passent pas. C’est un « coup monté », s’indigne-t-il. « Ils veulent nous faire croire qu’elle est à genoux. C’est inadmissible. »

Pour expliquer la mise en sommeil de son usine iséroise et de celle de Château-Feuillet, en Savoie, ainsi que le licenciement de 350 ouvriers sur un total d’un millier d’employés en France, Ferroglobe, qui a perdu près de 74 millions d’euros en deux ans, s’appuie sur le défaut de compétitivité de ses sites. Mardi 13 avril, la direction a enclenché la procédure de licenciement, ouvrant la voie à de premières négociations avec les syndicats début mai.

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Comme Xavier Millan, ouvriers et responsables syndicaux des Clavaux soutiennent que la rentabilité de cette usine centenaire, nichée au cœur d’une vallée en pleine désindustrialisation, n’a pas été jugée équitablement. Ils affirment que l’examen de sa compétitivité, effectué sur les trois derniers exercices, a été faussé par la prise en compte de la production réalisée chaque année de janvier à mars – lorsque le prix de l’énergie est le plus élevé –, alors que les autres usines de FerroPem étaient temporairement à l’arrêt.

« On est les dindons de la farce »

« La conséquence, ce sont des coûts de revient supérieurs de 200 euros », analyse Sébastien Manca, le responsable des produits finis. Le quadragénaire explique que les fours des Clavaux ont été les seuls à fonctionner sans interruption durant cette période pour absorber les commandes. « On a joué les élastiques pour entretenir les relations du groupe avec ses clients. Aujourd’hui, on est les dindons de la farce », peste-t-il, évoquant l’objectif dissimulé de la direction « d’embaucher de la main-d’œuvre à moindre coût ».

« Le problème n’est pas structurel, mais conjoncturel. On est un dommage collatéral du Covid », s’indigne de son côté Mourad Moussaoui, le délégué syndical central FO de FerroPem. Le responsable syndical déplore que « l’usine ait été jugée sur ses faiblesses à un instant T » et enjoint à sa direction d’instaurer le chômage partiel de longue durée ou d’ouvrir la porte à une reprise. « Si on est si peu compétitifs, quel risque prend-elle à nous vendre ? », s’interroge-t-il.

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LJD

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