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Une nouvelle education sentimentale à l’université

Le temps des études supérieures est un moment favorable à la découverte et l’expérimentation amoureuse, entre prise d’indépendance familiale et découverte d’un nouveau monde social. Reportage à l’université deBordeaux.

« J’ai rencontré une fille il y a un mois, à l’association ciné. On a commencé à se voir un peu. Et puis, je lui ai demandé si je pouvais l’embrasser, parce que je n’étais pas sûr qu’elle voudrait bien. » Pour le moment, Valentin (tous les prénoms ont été modifiés), 19 ans, étudiant à l’Institut d’études politiques (IEP) de Bordeaux, ne veut pas juger trop vite cette relation débutante. Il préfère rester dans cette zone grise où l’on se voit en taisant ses sentiments. « Je suis amoureux, mais je ne le dis pas, j’ai l’impression qu’il y a des choses à ne pas faire, à ne pas dire », confie-t-il avec pudeur. Pour cet étudiant venu de l’est de la France, qui a sciemment choisi l’IEP de Bordeaux car il est « le plus éloigné de chez [s]es parents », la décohabitation juste après le bac a insufflé un vent de liberté.

Pour éviter d’alimenter sa jalousie et son imagination, lui doit « raconter ses aventures » et elle, en retour, ne doit rien dire « pour ne pas blesser son ego ».

Comme lui, une poignée de jeunes étudiants de l’université de Bordeaux ont accepté de parler leurs expériences amoureuses. C’est dans l’espace confiné d’une salle de l’espace santé du campus que ces étudiants en sciences politiques, en droit, en sciences, en communication ou en lettres font le récit de leur jeunesse amoureuse. Plusieurs évoquent la période compliquée, parce qu’indéfinie, des débuts d’une liaison, la difficulté de tenir dans une relation à distance, ou l’envie d’expérimenter sans être défini ni étiqueté. Pour tous, l’idée d’un « partenaire qui serait le centre de la vie amoureuse » fait encore rêver. Mais les aventures sont valorisées, car il faut aussi « savoir profiter de sa jeunesse ».

Sacha, étudiante de 21 ans en sciences politiques, évoque du « malentendu » causé par cette zone grise, lorsqu’elle est tombée amoureuse pour la première fois. « Je venais d’arriver en Israël pour une année d’échange. Je l’ai rencontré à un cours de danse, puis nous nous sommes revus plusieurs fois. Lorsque nous avons commencé à sortir ensemble, nous n’avons pas évoqué la question de l’exclusivité parce que, pour moi, elle allait de soi. » Pour son amoureux, en revanche, la fidélité n’avait pas été mentionnée dans le « deal ». Après les vacances où les deux amants sont séparés, Sacha, prise d’un doute, fouille dans le portable de son amant et découvre qu’il l’a trompée. Pour la jeune fille c’est un « drame » – mais pour son amoureux, il s’agit clairement d’un « malentendu ».

Le décès de Lucien Sfez, Enseignant de droit public et de sciences politiques

Professeur reconnu et apprécié, spécialiste des questions de communcation et auteur de nombreux ouvrages de référence, Lucien Sfez est décédé le 30 décembre 2018 à l’âge de 81 ans.

Questionneur des mythologies de notre temps, artisan de concepts nouveaux et décrypteur visionnaire des utopies émergentes, Lucien Sfez, enseignant émérite à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne, nous laisse une œuvre importante composée d’une vingtaine d’ouvrages, pour beaucoup devenus des classiques de philosophie politique. Cette œuvre multidisciplinaire à la fois épistémologique, polémique et prospective, est une déconstruction permanente et une traque acharnée des idéologies saisies à leur naissance.

Lucien Sfez, mort le 30 décembre 2018, à Paris, à l’âge de 81 ans, commence sa carrière universitaire à 25 ans comme assistant à l’université de droit de Paris où il soutient son doctorat d’Etat en 1964, sous la direction de Jean Rivero. Il est ensuite durant deux années, chargé de cours à la faculté de droit de Strasbourg. En 1966, il obtient son agrégation de droit public et de science politique, et publie sa thèse sous le titre Essai sur la contribution du doyen Hauriou au droit administratif français.

Désigné maître de conférences agrégé à la faculté de droit de Lille en 1967, il rejoint l’université Paris-Dauphine en 1968. Deux ans plus tard, il y est nommé professeur titulaire de science politique ; il y enseignera jusqu’en 1989. Il critique l’idéologie managériale qui s’empare de l’Etat dans L’Administration prospective (Armand Colin, 1970). Puis il ouvre un nouveau front qui va marquer, avec la critique de l’idéologie de la décision dans Critique de la décision(FNSP, 1973), et voit advenir la crise profonde de la représentation politique dans la Symbolique politique (PUF, « Quadrige »), paru d’abord sous le titre L’Enfer et le Paradis en 1978. Il poursuit sa critique des grandes figures symboliques dans Leçons sur l’égalité(FNSP, 1984).

Vigilant, rigoureux et exigeant

Parallèlement à son activité d’enseignant-chercheur, toujours à l’écoute, attentif à ses étudiants, rigoureux et exigeant, il exerce à partir de 1983, la présidence du Conseil national de la communication audiovisuelle (CNCA). Créé par la loi du 27 juillet 1982, le CNCA était un organisme consultatif participant à la régulation du secteur audiovisuel. Composé d’une cinquantaine de membres représentant la société civile, il fut un lieu d’échanges et de dialogue intense entre les forces sociales, économiques, culturelles et cultuelles de la société française.

 

Le chômage des jeunes est-il un mal français ?

Non. Le taux de chômage des jeunes est effectivement mauvais en France, mais on ne peut pas dire que la faiblesse du taux d’emploi est une mauvaise chose en soi. Ceux qui veulent travailler ne trouvent pas d’emploi, mais peu de jeunes en France sont en recherche d’emploi parce qu’ils font d’autres choix, notamment de faire des études, ce qui n’est pas une mauvaise idée. La proportion de chômeurs par rapport à l’ensemble des 15-29 ans est relativement faible. Le taux de chômage est un indicateur intéressant mais insuffisant. La spécificité française, ou plutôt méditerranéenne, c’est la difficulté d’accès à un premier emploi. C’est le cas également en Grèce et en Italie, qui ont des taux de chômage des 15-24 ans supérieurs au taux français.

Le chômage frappe plus de 12 % des jeunes Européens actifs. Dans tous les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la crise économique a rappelé que le chômage des jeunes est dû au manque de qualification. En France, par exemple, entre 80 000 et 150 000 jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail sans diplôme. Les plus qualifiés ne connaissent le chômage qu’à la marge, avec un chiffre proche du taux moyen de 8,8 %, alors que, dans certaines banlieues, les non-qualifiés subissent un chômage à 50 %. Le chômage des jeunes est un enjeu essentiel dans toute l’Europe, car le non-emploi en début de vie professionnelle fait perdre ses acquis : le capital humain se dégrade.

Le chômage en soi n’est pas inquiétant, si c’est un chômage d’ajustement. Le problème, c’est le chômage qui dure ou se répète, et qui peut concerner tous les jeunes : ceux qui s’insèrent directement mais sont rattrapés par le chômage, ceux qui ne s’insèrent jamais et, au milieu, l’immense majorité des jeunes qui alternent chômage et travail, sous-emploi et travail, emploi déclassé et travail, pendant une durée plus ou moins longue.

Si les plus en difficulté sont souvent ciblés par des mesures, c’est ce troisième groupe qui bénéficie le plus de l’intervention publique, car on sait qu’un programme « jeunes » peut suffire à les remettre sur le marché. Un des mérites des politiques publiques est de cibler les programmes sur les peu ou pas qualifiés, en laissant les employeurs s’occuper des jeunes de haut niveau.

Certains ne jurent que par le diplôme, comme la Corée du Sud, Malte et la France. Les employeurs continuent de valoriser la capacité du système formel à évaluer les compétences des jeunes, matérialisées par le titre.

Or un jeune qui a suivi une formation sans obtenir de certification n’est pas sans compétence. Il faut donc multiplier les routes qui mènent à la certification, parallèlement au système classique. La première pourrait être la validation des acquis de l’expérience. La France est pionnière dans cette voie, mais n’est pas allée au bout de l’idée, qui peut pourtant permettre une bonne gestion de l’échec scolaire. La certification peut alors devenir ce qu’elle doit être : un véritable reflet des savoirs, du savoir-faire et des compétences plutôt qu’un signal d' »employabilité ». Il faut sortir du tout-diplôme en début de vie active et favoriser les allers retours entre études et construction d’une expérience (voyages, volontariat, vrais stages…). C’est cela qui va permettre aux jeunes de construire un réseau d’insertion et d’éclairer leurs choix d’orientation.

Des cours pour apprendre à mémoriser

 A l’université d’Evry, des étudiants de première année de licence suivent des ateliers spécifiques pour être plus efficaces dans leurs révisions.

 

Ces élèves  présents ce jeudi approuvent d’un mouvement de tête. Alexandre, étudiant en première année d’administration économique et sociale (AES), prépare ses examens, qui s’étalent jusqu’en janvier. Proposé par l’université d’Evry depuis la rentrée, le module de mémorisation est un des six choix possibles pour les étudiants de première année admis en parcours « oui, si » (l’élève est admis en première année de licence à condition qu’il suive certains modules de méthodologie et de mise à niveau).

Après avoir regardé une vidéo qui explique la méthode Feynman, du nom du physicien américain lauréat du prix Nobel en 1965, Ces élèves choisissent un concept d’un de leurs cours pour s’entraîner à appliquer la méthode. Ce sera le déficit et la dette publique pour Guillaume, et l’économie de l’Antiquité au Moyen Age pour Alexandre.

Outre des techniques comme celle-ci, Eric Marbeau répète et fait continuellement répéter à ses élèves ce qu’il estime être les clés de la mémorisation : l’attention, l’association, la structuration, la répétition, l’émotion et la production.

Comprendre pour retenir

Sur le tableau, on peut lire cette phrase : « On ne le répétera jamais assez : être assidu et attentif en cours, c’est déjà mémoriser la majeure partie du contenu. » M. Marbeau explique que pour retenir une information, il faut la comprendre, et que pour cela, le plus simple est de faire des liens entre les différentes notions. D’où l’importance de structurer l’information avec une notion centrale, et d’autres qui gravitent autour.

« Autre méthode qui peut vous aider : imaginez dans quel contexte vous allez utiliser l’information, explique le coach. C’est lié à la notion d’émotion : si vous vous voyez en train de vous servir de ce que vous apprenez, vous comprendrez en quoi il est utile de l’apprendre. La mémoire est sensible à ce genre de pensée, tout comme au stress. Alors si vous avez prévisualisé votre réussite, par exemple, que vous arrivez à gérer votre stress, vous arriverez plus facilement à vous souvenir des informations. »

Des notions évoquées par enseignante-chercheuse en psychologie cognitive à l’université de Caen-Normandie Sandrine Rossi, qui travaille sur la mémoire de travail. « Cette mémoire de travail fait le lien entre la mémoire à court terme, qui ne permet pas de stocker des souvenirs ou des connaissances, et la mémoire à long terme, qui se définit au contraire par un encodage plus profond, grâce à laquelle une information peut être maintenue trois minutes, des années, voire tout une vie. » C’est donc cette mémoire de travail qu’il faut souvent réactiver pour emmagasiner des connaissances. « Mais elle est très gourmande en énergie, et mobilise beaucoup de capacités attentionnelles », souligne l’enseignante-chercheuse.

Conseils et techniques utiles

Alexandre, qui n’est pas allé au bout de sa première année de droit l’an dernier, estime que les conseils et les techniques délivrés dans ce module lui sont utiles : « Je savais que j’avais une bonne mémoire visuelle. J’ai appris à développer ma mémoire auditive, en me mettant plus près du prof en cours, pour être attentif. Je m’enregistre en train de dire mes cours, cela m’aide à les retenir. »

Pour Guillaume, l’une des principales difficultés qu’il a jusqu’à présent rencontrée est d’apprendre régulièrement. « Au lycée, on avait souvent des contrôles, alors qu’ici on est plutôt livrés à nous-mêmes », constate le jeune homme. Sandrine Rossi confirme que les méthodes d’apprentissage changent entre le lycée et l’université, ce qui peut être déroutant. « Au lycée, l’objectif est de faire assimiler aux jeunes des connaissances que l’on évalue régulièrement, alors qu’à l’université, pendant les cours magistraux, les professeurs donnent des connaissances, mais c’est à l’étudiant de se les approprier grâce à des recherches et une prise de recul sur le thème abordé. »

Autre exercice du jour : noter ses points forts, ses ressources et les obstacles à la réussite. Guillaume inscrit dans cette dernière case les distractions qui l’empêchent de travailler : sorties avec les amis, les jeux vidéo, etc. Sandrine Rossi remarque que les écrans, en général, génèrent un besoin important d’attention, et requièrent donc beaucoup d’énergie. L’enseignante-chercheuse conseille de limiter leur pratique dans le temps.

 

Au Final, Alexandre range quelques fiches bristol bleues dans son trieur. Guillaume, lui, dit vouloir se mettre à en faire ce week-end. « Les étudiants n’ont pas forcément encore le réflexe d’appliquer les méthodes qu’ils apprennent, constate Eric Marbeau. On sème, ça poussera en temps voulu. »

Blocages à nouveau reconduits à l’université de Paris-Nanterre et à Tolbiac

A Paris, des centaines d’étudiants protestent depuis plus d’une semaine contre la hausse des frais d’inscription pour les étudiants non européens en 2019.

 

Plusieurs centaines d’étudiants de Paris-Nanterre mobilisés en assemblée générale mardi 18 décembre ont reconduit le blocage de leur université jusqu’à jeudi. Comme sur le campus de Tolbiac (université Paris-I-Panthéon-Sorbonne), ils protestent notamment contre la hausse des frais d’inscription pour les étudiants non européens en 2019.

A Nanterre, les votants se sont largement exprimés à main levée pour la reconduction, lors de cette AG un peu moins massive et tendue que celle de la semaine précédente, réunissant 900 étudiants selon l’université et un millier selon une des organisatrices.

« Le blocage, c’est notre préavis de grève à nous pour faire plier le gouvernement », a lancé à la tribune Mickaël, un étudiant. Si l’augmentation des frais d’inscription pour les étudiants extra-communautaires devait entrer en vigueur, le président de Paris-Nanterre, Jean-François Balaudé, s’est engagé la semaine dernière à ne pas l’appliquer dans son établissement.

L’atmosphère s’est fortement tendue en fin d’AG lorsque les participants ont dû voter pour ou contre le report en janvier des partiels non tenus en décembre. Ce report a finalement été adopté par une majorité des étudiants présents. Les plus mobilisés étaient appelés à se rendre dans la foulée à l’université parisienne de Tolbiac avant de manifester à 14 h 30 devant le ministère de l’enseignement supérieur.

La veille, un huissier était venu constater le blocage des bâtiments par quelques dizaines d’étudiants. La plupart avaient été rouverts dans la journée avec l’appui de vigiles privés. Une partie des partiels avait ainsi pu se tenir. Une dizaine de cars de CRS ont été postés lundi aux abords de l’université « pour le cas où il y aurait des violences », avait indiqué le président Jean-François Balaudé.

Altercation lors d’une AG à Tolbiac

Réunis en assemblée générale, environ 300 étudiants du site de Tolbiac (Paris-I) ont aussi voté mardi matin la poursuite du blocage de la fac. « Le centre Pierre-Mendès-France était bloqué ce matin et la plupart des cours n’ont pas pu se tenir aujourd’hui », a précisé l’université, précisant que la reconduction du blocage avait été votée pour mercredi.

Pendant l’AG, une altercation a opposé un professeur de mathématiques à des étudiants, a ajouté Paris-I. « La sécurité est intervenue pour les séparer », a précisé un membre de l’université.

« Tolbiac a une fois encore été la scène de débordements ce midi en marge d’une assemblée générale », a tweeté la ministre de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal

La semaine dernière, la faculté avait indiqué que les examens de langue qui devaient se dérouler cette semaine au centre Pierre-Mendès-France, situé dans le 13e arrondissement de Paris, étaient reportés à la première semaine du second semestre, du 21 au 26 janvier.