Archive dans 2024

La marque de prêt-à-porter Esprit dépose le bilan en Europe

Une boutique Esprit fermée à la suite de la faillite de la branche belge de la chaîne de vêtements, à Gand, le 9 avril 2024.

La chaîne de magasins de vêtements Esprit a annoncé mercredi 15 mai avoir déposé le bilan pour ses activités en Europe, misant sur une restructuration pour surmonter ses difficultés liées à la hausse de ses coûts de production et aux séquelles de la pandémie de Covid-19.

Le groupe, basé en Allemagne et coté à la Bourse de Hongkong, dit espérer que cette procédure ouverte auprès du tribunal de Düsseldorf (ouest de l’Allemagne) permette de « réorganiser les finances et la trésorerie » de ses filiales, ajoutant que « plusieurs investisseurs potentiels ont exprimé leur intérêt pour un partenariat stratégique ».

Le dépôt de bilan concerne la filiale Esprit Europe et six autres sociétés allemandes du groupe. Les filiales en Suisse et en Belgique, où Esprit a des magasins, ont déposé le bilan en mars et en avril. D’autres pourraient suivre, selon le communiqué. « Au cours des dernières années, les filiales ont dû faire face à des coûts extrêmement élevés dus à l’inflation, aux taux d’intérêt et aux prix de l’énergie, aux séquelles du coronavirus et les conséquences des conflits internationaux », explique la société.

Hécatombe

Cette situation a été « aggravée par le poids des coûts hérités du passé », poursuit le groupe, citant des loyers élevés et des magasins de taille inadaptée. Ce cocktail de difficultés, auquel s’ajoute la concurrence de la « fast fashion » et de la seconde main, a provoqué une hécatombe dans la filière du prêt-à-porter depuis plus d’un an avec la chute d’enseignes emblématiques comme Camaïeu, Burton of London, Gap France, Naf Naf, Kookaï et d’autres.

Il s’agit de la deuxième procédure d’insolvabilité en quatre ans pour Esprit, qui avait supprimé environ un tiers de ses effectifs et fermé cent points de vente au moment de la pandémie.

La chaîne de vêtements a été fondée en 1968 à San Francisco par un couple américain hippie, Douglas et Susie Tompkins (également à l’origine de la marque The North Face), qui a vendu ses premiers articles en sillonnant la Californie à bord d’un minibus Volkswagen.

Les fondateurs ne sont plus aux commandes depuis longtemps. Le groupe est coté depuis 1993, avec un siège à Ratingen près de Düsseldorf. Esprit dit être présent dans plus de quarante pays avec 586 magasins.

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu

JO 2024 : la Mairie annonce la levée du préavis de grève des éboueurs parisiens

La Mairie de Paris a annoncé, mercredi 15 mai, « la levée du préavis de grève » de ses éboueurs, qui menaçait toute la période des Jeux olympiques (JO), après la conclusion d’un accord sur une « revalorisation du régime indemnitaire ».

« Hier, mardi, un accord a été trouvé afin de permettre la levée du préavis de grève qui courait sur six journées de mai – les 14, 15, 16, 22, 23 et 24 – puis du 1er juillet au 8 septembre », a annoncé dans un communiqué la mairie, dirigée par la socialiste Anne Hidalgo.

« Une revalorisation du régime indemnitaire a été entérinée : 50 euros brut par mois à compter de juillet 2024 puis 30 euros brut par mois à compter de janvier 2025 », précise la Mairie, qui ajoute qu’un « cycle de discussion sur des sujets plus spécifiques a par ailleurs été ouvert ».

Primes pendant les JO

Le cadre des primes pour les agents mobilisés pendant les Jeux olympiques et paralympiques « reste de 600 euros à 1 900 euros en fonction du degré d’intensification de la charge de travail à l’occasion de la préparation, l’organisation et/ou la participation au déroulement » de l’événement.

La filière traitement des déchets, nettoiement, eau, égouts, assainissement (FTDNEEA) de la CGT, à l’initiative du préavis, réclamait une augmentation salariale de 400 euros par mois pour tous les personnels et une prime exceptionnelle de 1 900 euros pour tous les agents qui travailleront pendant les JO. La mairie salue « l’esprit de responsabilité et l’attachement partagé à la pleine réussite des Jeux olympiques et paralympiques ».

En mars 2023, la grève des éboueurs parisiens contre la réforme des retraites avait duré plus de trois semaines, entraînant un amoncellement des déchets dans les rues de la capitale, avec un pic à plus de 10 000 tonnes. Les images de tas de poubelles atteignant parfois plusieurs mètres de hauteur avaient fait le tour du monde.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Avant les JO, les éboueurs se mettent en grève à Paris

Le Monde avec AFP

Le gouvernement lance une concertation sur le futur congé de naissance

A quoi ressemblera le futur congé de naissance ? Représentants syndicaux et du patronat, associations d’élus et mouvements familiaux devaient se retrouver, mercredi 15 mai, au ministère des solidarités et de la santé, à l’invitation du gouvernement, pour entamer une nouvelle concertation sur les contours de ce dispositif censé remplacer, à terme, le congé parental.

Ce dernier, créé en 1977 et réformé en 2014, permet aux parents de suspendre leur activité professionnelle, totalement ou partiellement, après la naissance d’un enfant et jusqu’à ses 3 ans. Mais il souffre de sa faible indemnisation (448 euros par mois en cas d’interruption complète d’activité), qui le rend peu attractif : seules 14 % des mères et à peine 1 % des pères y ont recours. Bien souvent, les parents s’en emparent faute d’une solution de garde avant la scolarisation.

Des enjeux d’égalité (professionnelle) entre les femmes et les hommes, mais aussi de meilleur partage des tâches sont donc au cœur de la réflexion. Le cadre général de la réforme a d’ores et déjà été posé par Emmanuel Macron, dans un entretien au magazine Elle, paru le 8 mai. « Trois mois pour les mères, trois mois pour les pères, cumulables durant la première année de l’enfant, et indemnisés à hauteur de 50 % du salaire jusqu’au plafond de la Sécurité sociale », soit 1 900 euros, a précisé le président de la République, qui a redit sa volonté d’en faire un instrument de relance de la natalité.

Ce nouveau congé, qui ne se substitue pas au congé maternité, d’une durée de seize semaines, et au congé paternité, de vingt-huit jours, devrait entrer en vigueur « fin 2025 ». Il figurera dans le prochain projet de loi de financement de la Sécurité sociale, discuté à la rentrée de septembre, a assuré la ministre déléguée à l’enfance, à la jeunesse et aux familles, Sarah El Haïry, dans une interview à La Tribune Dimanche.

D’ici là, de nombreuses questions se posent : la durée de trois mois sera-t-elle renouvelable ? Transférable entre les deux parents ? Y aura-t-il des dispositions spécifiques pour les familles monoparentales ? Un caractère obligatoire est-il envisagé pour contraindre les pères à s’en saisir ?

« Un sacré recul »

Chez les partenaires sociaux, certains s’offusquent d’avoir appris par voie de presse les premiers arbitrages. « Entre septembre et décembre [2023], nous avons déjà participé à une concertation menée par [l’ancienne ministre des solidarités] Aurore Bergé, où nous avons pu aborder des éléments importants sur la natalité, la question des modes de garde et des inégalités professionnelles entre les femmes et les hommes », rappelle la vice-présidente de la Confédération française des travailleurs chrétiens, Pascale Coton. Les modalités dévoilées par le chef de l’Etat lui semblent être « un sacré recul par rapport à ce sur quoi on s’était appuyé ». Elle regrette notamment qu’il ne soit finalement pas prévu que le nouveau dispositif s’articule avec le congé parental actuel.

Il vous reste 24.87% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Dans une période de tension sociétale aux Etats-Unis, les manageurs de la diversité sont remis en question

Le transporteur JB Hunt Transport Services était un habitué des poursuites judiciaires pour discrimination sur les lieux de travail. En 2016, quatre chauffeurs sikhs accusaient leur employeur de les avoir maltraités du fait de leur turban. Six ans plus tard, un employé originaire du Ghana assurait avoir été injustement licencié à cause de ses origines. Mais la plainte pour discrimination raciale, déposée en janvier 2023, en a surpris plus d’un. Cette fois-ci, il s’agit de Ryan Waters, un cadre des ressources humaines, qui dit avoir été remercié parce qu’il est un homme blanc. Surprise ? Pas tout à fait.

Ces derniers temps aux Etats Unis, plusieurs plaintes contre de grands groupes ont été portées devant les tribunaux assurant que des hommes de type caucasien seraient victimes de discrimination raciale.

Ces plaintes font suite à une décision de la Cour suprême de 2023 concernant l’admission des étudiants à Harvard et à l’université de Caroline du Nord. La majorité des juges avait alors tranché contre la mise en œuvre de l’« Affirmative Action », concluant que les universités ne devaient plus prendre en compte la couleur de peau des postulants, car cela désavantagerait les élèves blancs.

Les conditions d’admission à l’université n’ont bien sûr rien à voir avec le management au sein des entreprises privées. Mais, fort de cette première victoire contre Harvard, Edward Blum, fondateur de l’American Alliance for Equal Rights, déclarait dès lors que ses prochaines cibles seraient les entreprises et leurs programmes « diversité et inclusion », censés avantager les minorités raciales, les femmes, les handicapés et les employés LGBTQ.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Les Etats-Unis, au-delà de la discrimination positive

Edward Blum et quelques alliés, tel Stephen Miller, un ancien conseiller immigration de Donald Trump, créateur de l’association America First Legal, s’appuient sur les lois de protection des droits fondamentaux de 1866 et 1964. L’interprétation de ces lois, volant a priori au secours de l’opprimé noir, latino ou asiatique, est détournée par M. Blum, qui estime qu’aujourd’hui, la victime est blanche.

Un pas en avant, deux pas en arrière

Trois grands cabinets juridiques, Perkins Coie, Morrison & Foerster et Winston & Strawn, qui offraient des bourses aux étudiants minoritaires de la faculté de droit se sont ainsi retrouvés sur le banc des accusés. De même que les grands magasins Macy’s, les laboratoires Pfizer, le fonds de capital-risque Fearless, ou encore le Honeyfund en Floride, qui liste les cadeaux de mariage.

Toutefois, lorsque les juges ont examiné l’aide à la promotion des employés noirs, latinos et amérindiens de Pfizer, ils ont remarqué que la partie adverse n’avait pu fournir « aucun nom » de victime du programme. Pfizer a donc gagné le procès. Mais, par prudence, le laboratoire a tout de même changé ses critères d’admission dans le programme. Celui de la race a disparu, pour éviter à l’avenir de coûteuses affaires judiciaires et la mauvaise publicité liée à cette prétendue discrimination.

Il vous reste 48.9% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Comment la réindustrialisation est perçue par les Français en matière de territoires, d’emploi ou encore d’écologie

Le ministre français de l’économie, Bruno Le Maire (à droite), la directrice générale d’Engie, Catherine MacGregor (au centre), et le ministre délégué à l’industrie, Roland Lescure, inaugurent la centrale électrique du parc éolien offshore de Noirmoutier et de l’île d’Yeu, à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), le 2 mai 2024.

Qu’entend-on précisément par réindustrialisation ? Quel regard la société porte-t-elle sur le monde industriel et ses réalités d’aujourd’hui ? C’est à ces questions plus complexes qu’il n’y paraît que Bpifrance, la banque publique d’investissement chargée par l’Etat de financer en partie la réindustrialisation dans le pays, tente de répondre dans une enquête sur « l’industrie et les territoires », rendue publique mercredi 15 mai. Réalisée de décembre 2023 à mars 2024, cette étude, que Le Monde a pu consulter, a interrogé cinq mille citoyens et 2 828 dirigeants d’entreprises industrielles, mêlant patrons de PME, d’ETI (entreprises de taille intermédiaire) et de start-up.

Comment cette politique vantée par le gouvernement pénètre-t-elle les esprits ? A la lecture des résultats, 40 % des Français perçoivent une réindustrialisation qui serait en cours dans le pays. Mais le score est plus faible chez les dirigeants industriels, avec 35 % seulement des 2 828 patrons d’entreprises industrielles qui estiment que la France connaît une telle période. Un « scepticisme », selon Bpifrance, qui peut s’expliquer en partie par les difficultés de nombreux patrons ces dernières années liées à la crise énergétique.

Cette perception relative ne recouvre pas pour autant un rejet de l’industrie, puisque 82 % des personnes interrogées se disent « favorables à la réindustrialisation », en particulier chez les CSP+ et chez les plus de 55 ans. Mais pas à n’importe quel prix : 56 % des sondés sont également préoccupés par les impacts jugés « négatifs », plaçant en tête la pollution et l’atteinte à l’environnement. « Il y a un enjeu de communication pour l’industrie, qui doit changer son image auprès des Français qui la voient trop encore comme l’industrie à l’ancienne, avec la cheminée qui fume, que comme l’industrie innovante du XXIe siècle », estime Philippe Mutricy, directeur des études chez Bpifrance.

Un possible malentendu

Dans le détail, elle doit surtout être « porteuse d’emplois » pour la majorité des sondés (44 %), une finalité bien plus importante à leurs yeux que la souveraineté et l’indépendance stratégique de la France (31 %) ou que la stimulation de la croissance économique (26 %). La priorité donnée à la création d’emplois est plus forte encore chez les personnes interrogées habitant des régions qui ont été fortement touchées par la désindustrialisation au cours des dernières décennies – comme les Hauts-de-France et le Grand-Est.

Un possible malentendu émerge sur le sens donné à la réindustrialisation dans la société civile et parmi la classe dirigeante. Pour la grande majorité des Français interrogés (72 %), réindustrialiser le pays signifie « relocaliser des sites de production qui étaient partis à l’étranger », alors que cela ne représente que 3 % des intentions chez les dirigeants d’entreprise. Pour les patrons, relancer l’industrie en France se traduit davantage par « l’extension d’un site industriel » déjà existant (38 %) et éventuellement la « création d’une nouvelle installation » (14 %).

Il vous reste 53.4% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Pour les entreprises, anticiper la généralisation du bonus-malus sur les contrats courts

Carnet de bureau. « La piste est à l’étude », confirme Marc Ferracci, député (Renaissance) des Français établis hors de France et économiste spécialiste du marché du travail, à propos de la généralisation du bonus-malus sur les contrats courts, dont il fut l’un des premiers promoteurs.

Appliqué depuis deux ans aux entreprises de sept secteurs d’activité, ce dispositif mesure le nombre de fins de contrat ou de missions d’intérim suivies, dans les trois mois, d’une inscription à France Travail. Afin de dissuader les entreprises de recourir abusivement aux contrats courts, à l’heure où l’assurance-chômage va durcir l’accès à l’indemnisation des chômeurs, le bonus-malus pourrait être étendu à trente-huit secteurs d’activité.

Les nouvelles règles d’indemnisation du chômage, qui seront prochainement précisées par décret, entreront en vigueur le 1er juillet. Il n’est pas exclu que l’extension du dispositif soit actée d’ici là. « Il n’y a aucune décision de prise, mais il existe une fenêtre d’opportunité avec ce décret pour généraliser le bonus-malus à trente-huit secteurs, en excluant toujours les entreprises de moins de onze personnes », estime M. Ferracci.

Un scénario qui ne satisfait pas le Medef, qui n’a cessé de rappeler son opposition au dispositif « tant sur les principes (taxer les entreprises sur la base de comportements des salariés et de contraintes d’activité qu’elles ne maîtrisent pas) que sur les modalités de mise en œuvre illisibles et complexes », comme le précise un document interne. L’organisation patronale aimerait à tout le moins réduire le périmètre des fins de contrat de travail pris en compte, en sortant, par exemple, les ruptures conventionnelles. Ce qui n’est pas prévu par le « Guide du déclarant bonus-malus d’assurance-chômage » de l’Urssaf.

Le comportement des recruteurs

D’ici à juillet, il reste près de deux mois aux entreprises concernées pour se pencher sur les solutions adoptées depuis 2022 dans les sept secteurs pilotes. Le comportement des recruteurs a effectivement changé après la mise en place du bonus-malus. Le nombre de fins de contrat à l’initiative de l’employeur a baissé et la durée des missions d’intérim s’est allongée dans ces entreprises. « Les fins de contrat sont moins fréquentes dans les entreprises appartenant aux secteurs relevant de la modulation que dans les entreprises appartenant à des secteurs aux comportements de séparation relativement proches mais non concernés par le dispositif », entérine le rapport d’évaluation du ministère du travail publié fin février.

Il vous reste 25.52% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

La crise de recrutement des enseignants s’enkyste

Selon les premiers résultats d’admissibilité aux concours, plusieurs centaines de postes ne trouveront pas preneurs, notamment dans les académies de Créteil et Versailles pour le premier degré. Alors que les « groupes de niveaux » doivent être mis en place, il pourrait manquer des professeurs en mathématiques et en français, notamment.

Avant les JO, les éboueurs se mettent en grève à Paris

Mardi 14 mai dans la matinée, près de 400 agents grévistes de la direction de la propreté et de l’eau (DPE) de la Ville de Paris, qui gère la collecte des déchets de la moitié des arrondissements de la capitale, se sont installés rue de Lobau (4e arrondissement), devant le bâtiment de la direction des ressources humaines de la ville. « Tout y est pour rester longtemps, il y a même un barbecue », raconte Smina Mebtouche, secrétaire générale de la filière traitement des déchets, nettoiement, eau, égouts, assainissement (FTDNEEA) de la CGT, à l’origine d’un mouvement social qui cherche à tirer parti des Jeux olympiques de Paris.

Le syndicat, majoritaire à la DPE, avait déposé fin avril un préavis de grève, où il demandait notamment une prime exceptionnelle de 1 900 euros pour l’ensemble des éboueurs, égoutiers ou conducteurs de benne – au titre de leur engagement dans la réussite des Jeux olympiques – ainsi qu’une revalorisation de 400 euros mensuels de l’indemnité de fonctions, de sujétions et d’expertise, qui constitue une part importante de leur rémunération.

Malgré plusieurs échanges avec le cabinet d’Olivia Polski, adjointe à la maire chargée des ressources humaines, les parties n’ont pu s’entendre, et les agents ont commencé la grève ce mardi pour une durée de trois jours. Le mouvement a-t-il été suivi par les 7 500 fonctionnaires de la DPE ? Alors que la CGT revendiquait à midi 70 % à 90 % de grévistes selon les arrondissements, la Ville de Paris indique au Monde un taux de grévistes de 16 % parmi les 5 000 agents éboueurs. Un taux bien moindre, mais supérieur à la dernière mobilisation sur le sujet, le 24 avril, qui s’était traduite par 6,3 % de grévistes au sein des personnels de la propreté.

« On veut être davantage reconnus »

« Si la ville est sale, le monde entier va le voir, or nous avons des revendications qui traînent depuis des années. Après avoir fait une réunion avec les agents éboueurs, nos conducteurs se sont réunis, et on a décidé de les appuyer dans leur démarche. Quand on voit les primes qu’ont obtenues les agents RATP ou les policiers avec une grève ridicule… », décrit Didier Labruyère, conducteur de benne à ordures et délégué syndical Force ouvrière du garage Victor-Hugo d’Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), l’un des cinq garages qui alimentent la capitale.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Paris 2024 : les éboueurs de Paris menacent de faire grève

Mardi, 86 % des conducteurs de ce garage étaient en grève, et le délégué croit en la mobilisation des 900 conducteurs que compte la Ville. « Cette année, on n’a eu que 120 euros bruts d’augmentation, versés à partir de juillet. Avec vingt-six ans d’ancienneté, je suis à 2 500 euros nets avec les primes, déplore Didier Labruyère. On veut être davantage reconnus pour notre travail, qui est de plus en plus compliqué avec les vélos, les piétons… »

Il vous reste 34.81% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

La suppression des catégories A, B et C de la fonction publique est « sur la table », selon le ministre Stanislas Guerini

Le gouvernement envisage de supprimer les catégories A, B et C de la fonction publique dans le cadre de la réforme du secteur qu’il doit présenter à l’automne, a fait savoir le ministre de la transformation et de la fonction publiques, Stanislas Guerini, mardi 14 mai. « C’est un sujet que je mets sur la table », a-t-il affirmé sur la chaîne Public Sénat.

« Aujourd’hui, les catégories enferment souvent les agents publics, elles créent des plafonds de verre qu’il est très difficile de casser, a-t-il assuré avant d’ajouter « [être] favorable à introduire davantage (…) des outils qui permettent de mieux valoriser la formation, mieux valoriser les acquis de l’expérience pour pouvoir évoluer plus rapidement et facilement. Il faut qu’on puisse casser les plafonds de verre ».

Elément structurant des carrières des 5,7 millions d’agents publics, le système de catégories classe les fonctionnaires selon leur niveau de diplôme. La catégorie C, la moins bien rémunérée, est accessible sans diplôme, avec un CAP, un BEP ou un brevet des collèges, la catégorie B avec un baccalauréat et la catégorie A avec un niveau bac + 2 ou bac + 3 selon les branches de la fonction publique.

Stanislas Guerini veut faciliter le licenciement des agents

Mais de nombreux agents sont aujourd’hui surdiplômés par rapport à la catégorie dans laquelle ils exercent. Ainsi, alors qu’environ 75 % des fonctionnaires des collectivités locales appartiennent à la catégorie C, 55 % des agents employés dans cette branche de la fonction publique ont obtenu leur baccalauréat ou un diplôme d’un niveau supérieur, selon l’administration.

Mardi, Stanislas Guerini a également évoqué sa volonté de faciliter les licenciements dans la fonction publique, une proposition qui suscite l’ire des syndicats. « Le respect pour les organisations syndicales, c’est de ne pas avoir de projet caché, c’est de mettre les sujets sur la table. Je préfère qu’on s’engueule un peu au début, qu’on se dise les choses, puis qu’on avance », a-t-il assumé.

« Ce n’est pas l’emploi à vie (…) que je remets en cause. Les règles du statut » des fonctionnaires « disent que quand on supprime un service, on propose aux agents publics de faire autre chose », a rappelé le ministre. « Il n’y a pas de licenciement économique dans la fonction publique et ça, je propose de le garder. » Mais « le statut n’a jamais dit qu’on ne pouvait pas licencier un agent qui ne faisait pas son travail », a-t-il nuancé.

« Il faut avoir le courage de moderniser le statut »

Autre proposition polémique : l’accroissement de la rémunération au mérite devra se faire selon des critères « définis au plus près du terrain ». « Ce n’est pas au ministre de définir le même indicateur pour toute la fonction publique, il faut laisser la main aux employeurs », a estimé M. Guerini, tout en réaffirmant son intention de « créer des plans d’intéressement collectifs pour pouvoir mieux récompenser les collectifs de travail. »

Par le passé le ministre avait déjà laissé entendre que la rémunération au mérite pourrait être attribuée selon la qualité d’un service public ou sa capacité à réduire sa consommation d’énergie. Interrogé mardi sur les tensions avec les syndicats, il a dit faire « tout ce qui est en [son] pouvoir pour créer les conditions d’une concertation transparente ». « Il faut avoir le courage de moderniser le statut. Je vois que beaucoup d’agents publics ont envie de travailler différemment, de pouvoir évoluer plus facilement », a-t-il conclu.

Le Monde avec AFP

« Ils donnent l’impression qu’ils sont plus attentifs à l’équilibre vie pro-vie perso » : comment les cabinets de conseil s’efforcent d’attirer et de garder les jeunes diplômés

Ce mardi matin d’avril, au treizième étage de la tour Mazars, dans le quartier de la Défense, à Paris, c’est tout l’état-major du service des ressources humaines du cabinet d’audit qui a été mobilisé. Il s’agit de présenter à la presse la nouvelle stratégie du groupe pour recruter et fidéliser les jeunes diplômés. Cette année, Mazars France prévoit de recruter 1 500 personnes, dont 1 100 jeunes diplômés, mais voilà : le métier ne ferait plus autant rêver qu’avant. « Nous sommes face à deux contraintes, confirme la directrice des ressources humaines, Mathilde Le Coz, d’une part la culture cabinet, perçue comme très hiérarchique et rigide, d’autre part l’image un peu vintage dont pâtit le métier d’expert-comptable. On s’imagine un homme en costume sombre avec son attaché-case. La question est de savoir comment on déconstruit les mythes qui entourent notre métier. »

Ce n’est pas la première fois que Mazars se penche sur la question. Le cabinet n’est pas non plus le seul à le faire. En novembre 2023, sept grands cabinets d’audit-conseil (BDO, Deloitte, EY, Grant Thornton, KPMG, Mazars et PwC) organisaient une conférence autour du même thème : « Comment se rendre plus inspirants et attractifs pour les nouvelles générations ? » Si les plus importants cabinets – les « Big Three » (BCG, McKinsey et Bain & Company) pour le conseil en stratégie, les « Big Four » (PwC, EY, Deloitte et KPMG) pour l’audit-conseil – figurent toujours dans le haut des classements sur les employeurs préférés des étudiants, le secteur est, en partie, contraint de se réinventer pour continuer de séduire.

« L’audit a incontestablement moins la cote auprès des jeunes diplômés », confirme Manuelle Malot, directrice du service carrières et prospective de l’Ecole des hautes études commerciales (Edhec). Les métiers de l’audit et du conseil ont longtemps été la voie royale pour les diplômés des écoles de commerce et d’ingénieurs, mais ils ont, à partir des années 2000, été ringardisés par l’avènement de la tech et l’essor des start-up. « Leur deuxième handicap, poursuit Mme Malot, c’est qu’ils n’ont pas su expliquer l’utilité de leur mission à un moment où on a vu apparaître dans nos enquêtes, à partir de 2016-2017, l’aspiration des jeunes générations à être utiles à la société. » S’est ajouté à cela un marché de l’emploi très dynamique et donc favorable aux jeunes diplômés.

Pour l’aider à s’adapter, Mazars a fait appel à Manuelle Malot et au NewGen Talent Centre qu’elle dirige. Créée en 2013 par l’Edhec, l’unité scrute les attentes des jeunes diplômés, en fin d’études ou en début de vie professionnelle. Et elle confirme la tendance : les diplômés d’écoles de commerce et d’ingénieurs, principal vivier de recrutement pour les cabinets d’audit et de conseil, ne veulent plus seulement être bien formés et bien payés, mais aussi travailler dans de bonnes conditions, si possible en étant utiles à la société.

Il vous reste 72.98% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.