Assurés « dans les murs » par des professeurs de Paris Cité, les cours de ce diplôme universitaire sont une bouffée d’oxygène pour les jeunes détenus inscrits. Et un cas unique en France.
« Les temps sont durs, et malgré l’inflation les prix continuent de baisser : 40 euros pour une course de 50 kilomètres, ce n’est pas normal. » Vendeuse dans un aéroport, actuellement en congé maternité, Valérie Atta effectue depuis 2020 des courses sur les différentes applications de VTC (voiture de transport avec chauffeur, comme Uber, Bolt ou Heetch), en tant qu’autoentrepreneuse, pour compléter ses fins de mois. « Mais entre l’assurance, les charges, l’essence, on a l’impression de plus donner que recevoir. Uber donne une “prime de naissance”, mais je n’en ai même pas bénéficié car je n’ai pas fait 300 courses mais 205. »
Face à cette dégradation de ses conditions de travail, Valérie Atta envisage, à son retour de congé, de tester une nouvelle application, Comin, officiellement lancée en région parisienne le 2 avril, et disponible depuis le 28 mars : « Ils essaient vraiment de connaître les chauffeurs, j’ai envie de croire qu’ils sont sincères. » Elle a surtout été séduite par la commission prélevée par la jeune entreprise sur chaque course : 10 %, contre 18 % à 25 % chez les principaux acteurs du secteur.
C’est en travaillant sur un projet de comparateur de prix des différentes plates-formes que Dany El Oubari et Victor Feuillat ont eu l’idée de cofonder la start-up. « Les chauffeurs nous ont parlé de la dégradation de leurs conditions de travail, du manque d’échange avec les grands noms du secteur, se souvient Dany El Oubari, ancien banquier d’affaires. Beaucoup annulent des courses car ce n’est même plus rentable. »
Gouvernance plus ouverte
Après plusieurs mois de communication ciblée sur les conversations WhatsApp qui réunissent de nombreux chauffeurs parisiens, la plate-forme revendique 2 000 chauffeurs, soit « 7 % des VTC parisiens », dont 600 auraient déjà finalisé leur inscription.
Comment Comin survivra-t-elle avec une commission si basse ? Les fondateurs expliquent qu’ils n’ont que peu de dépenses de fonctionnement, et qu’ils n’ont presque rien dépensé en marketing, ou en promotion à destination des nouveaux clients. Ils comptent aussi sur les chauffeurs eux-mêmes pour convertir les usagers. Cette faible commission leur permet également, côté client, de s’approcher des prix d’Uber : Comin ayant fixé le revenu net minimum d’une course à dix euros pour le chauffeur, cela revient à 11,20 euros pour l’utilisateur.
La start-up vend aussi l’idée d’une gouvernance plus ouverte, non seulement aux chauffeurs mais également aux clients : elle compte les faire voter, directement sur l’application, sur les grandes décisions de l’entreprise. L’algorithme et le système de notation ressemblent pour l’heure à ceux des autres, mais la start-up ne s’interdit aucune évolution. « On pourrait par exemple imaginer que le prix soit défini par un accord entre les deux parties », pense Victor Feuillat.
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Quand le salaire minimum a été introduit au Royaume-Uni, le 1ᵉʳ avril 1999, il y a exactement vingt-cinq ans, le sujet provoquait de vifs débats. Jusqu’à 2 millions de personnes risquaient de perdre leur emploi, selon les prévisions cataclysmiques de Michael Howard, ministre conservateur du travail de 1990 à 1992. La Fédération des épiceries menaçait d’être contrainte de licencier la moitié de ses salariés. « Le Parti travailliste veut retirer l’échelle des possibilités que tant de gens veulent gravir », critiquait John Redwood, un député conservateur. Les économistes eux-mêmes étaient très divisés.
Un quart de siècle plus tard, il s’agit de « la politique économique qui a connu le plus grand succès depuis une génération », estime la Resolution Foundation, un groupe de réflexion britannique. Non seulement le chômage n’a absolument pas augmenté (il est actuellement de 3,9 % au Royaume-Uni), mais la mesure fait désormais l’objet d’un consensus politique.
Introduit initialement à un niveau très bas de 3,60 livres de l’heure, soit 47 % du salaire médian à l’époque, il augmente de 10 % ce lundi 1ᵉʳ avril, pour atteindre 11,40 livres de l’heure, soit deux tiers du salaire médian. Ce salaire minimum horaire, équivalent à 13,40 euros, dépasse désormais nettement le smic français, qui est à 11,65 euros. Mieux encore, il n’y a pas de « smicardisation » de la société. Seuls 5 % des salariés sont payés ce minimum, loin des 17 % de la France. « Il y avait des inquiétudes, y compris dans mon parti, mais elles étaient infondées », reconnaît aujourd’hui Kevin Hollinrake, secrétaire d’Etat aux entreprises.
L’une des explications de ce succès tient à la prudence qui a présidé à la l’entrée en vigueur de la mesure. Face aux débats pour le moins âpres sur le sujet, le gouvernement de Tony Blair a non seulement situé le salaire minimum à un niveau très bas (seuls 2 % des salariés étaient concernés au départ), mais il a aussi créé une commission indépendante, constituée d’experts des syndicats, du patronat et d’universitaires, chargée de déterminer chaque année son montant.
Renversement politique
« C’est un excellent exemple de dialogue social, et c’est notamment ça qui nous a donné la confiance nécessaire pour soutenir la création du salaire minimum », estime Rain Newton-Smith, la directrice de la Confederation of British Industry, la principale organisation patronale, qui, à l’origine, avait été hostile à sa création. Autre signe de prudence : le salaire minimum est plus faible chez les plus jeunes, avec un plancher inférieur pour les moins de 18 ans, un autre pour les 18-20 ans et un troisième au-delà de 21 ans (initialement fixé à 23 ans).
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Quelques cygnes majestueux volent au-dessus du lac d’Annecy, avec, en toile de fond, les cimes du parc naturel régional du massif des Bauges. A quelques kilomètres seulement des Alpes françaises, les salariés de la fonderie de cloches Paccard, dans le village de Sevrier (Haute-Savoie), s’activent depuis l’aube. Là, plusieurs ouvriers s’attellent, dans une cadence qu’ils connaissent par cœur, à couler du bronze en fusion, un alliage de cuivre et d’étain, qui servira ensuite à remplir le moule des futures cloches.
Des flammes s’échappent du four, dans une chaleur étouffante. Tous portent une combinaison en coton tissé d’aluminium pour se protéger en cas d’éclaboussures. Perché à plusieurs mètres sur un escabeau, David Ughetto, 50 ans, verse minutieusement le métal en fusion à 1 200 degrés. Ce maître fondeur qui a trente ans de métier préside à toutes les étapes de la fabrication.
Deux tatouages sur son bras gauche représentent une cloche et la cathédrale de Rouen, dont il a participé à la restauration du carillon, en 2014. « J’ai mon job gravé dans ma peau », plaisante-t-il fièrement, louant le « côté mystérieux du métal qui pétille lors de la coulée ».
Le bourdonnement des machines ne cesse jamais. Le bronze en fusion est coulé dans des moules de cloches de différentes tailles : telles des poupées gigognes, elles sont alignées sur d’immenses étagères en acier, où elles attendent plusieurs heures avant d’être démoulées.
Les décorations sont ensuite faites à l’aide de cire, représentant des puissances célestes, des saints ou des paysages montagnards. Ces cloches peuvent peser jusqu’à plusieurs dizaines de tonnes – la World Peace Bell, la plus grosse cloche en volée au monde, coulée par la fonderie Paccard pour la Millennium Monument Company à Newport, dans le Kentucky (Etats-Unis), pèse ainsi plus de 33 tonnes (42 tonnes, en comptant le joug et le battant).
Une saga familiale (et royaliste)
Depuis sept générations, la famille Paccard confectionne les plus anciennes cloches de France, avec un savoir-faire unique. Le début de cette saga familiale remonte à 1796. En pleine période révolutionnaire, tandis que des cloches sont réquisitionnées et refondues par les républicains pour fabriquer des armes, la famille Paccard d’alors, royaliste et antirévolutionnaire, voit dans la fabrique de cloches une forme de résistance.
Près d’un siècle plus tard, en 1891, la famille se distingue avec la fabrique de la plus grosse cloche de France, la Savoyarde,classée au titre des monuments historiques, qui trône toujours au milieu de la basilique du Sacré-Cœur, à Paris. En bronze, elle pèse plus de 19 tonnes, pour 3 mètres de diamètre et 9 mètres de circonférence. A l’époque, c’est à l’initiative de l’archevêque de Chambéry, Mgr Leuillieux [1823-1893], qu’elle fut coulée, à destination du monument parisien.
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