Archive dans février 2023

Réforme des retraites : ces salariés à la recherche de leurs trimestres disparus

Les mots de la réforme du système de retraite français.

A 62 ans, Richard Palomo n’a pas voulu se lancer dans une « quête vouée à l’échec » : prouver qu’il a bien travaillé et cotisé en 1986. Quatre trimestres. Un « gros trou surprise » dans le relevé de carrière qu’il a consulté il y a plusieurs années, soucieux d’anticiper son départ à la retraite. Impossible, depuis, de combler auprès de la Caisse nationale d’assurance-vieillesse (CNAV) la béance de douze mois au service d’une filiale du groupe Hachette : ses bulletins de paie d’alors ont disparu dans un déménagement, et un incendie a ravagé les archives de son ancienne entreprise.

Sans grandes illusions sur les chances de l’ingénieur informatique de « remplir 1986 », une conseillère de la CNAV lui a posé un dilemme : accepter une décote sur sa future pension, ou compenser la disparition administrative par quatre trimestres de chômage jusqu’à l’automne 2023. Une fin de carrière « lunaire », pour Richard Palomo, contraint de pointer chez Pôle emploi. « Lunaire, et complètement incohérente : je gagne 100 euros de plus par mois au chômage que si j’étais déjà à la retraite. »

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Comme M. Palomo, des dizaines de milliers de préretraités partent chaque année à la recherche de périodes travaillées, mais non comptabilisées dans les fichiers de l’Assurance- vieillesse. Une préoccupation aiguisée depuis plusieurs semaines par l’irruption de la réforme des retraites dans l’actualité, et le projet du gouvernement d’avancer à 2027 (et non plus 2035) l’allongement de la durée de cotisation à 172 trimestres (contre 167) pour toucher une retraite à taux plein. Plus de 1,3 million de mises à jour de carrière ont été réalisées en 2021, selon la CNAV.

« Données indisponibles »

Quelle part des retraites soldées chaque année font l’objet de demandes de correction ? Combien de trimestres définitivement perdus et de décotes imposées ? « Données indisponibles », répond la CNAV, qui, pour seule évaluation des anomalies, confirme les données de la Cour des comptes. Dans leur dernier rapport sur la branche vieillesse de l’Assurance-maladie, paru en mai 2022, les magistrats estiment qu’une retraite sur sept liquidée en 2021 comportait « au moins une erreur de portée financière ».

Des anomalies défavorables à l’assuré dans près de 75 % des cas. « Nous ne sommes clairement pas assez bons, on doit viser moins de 10 % d’erreurs, et même idéalement moins de 5 %, concède Renaud Villard, directeur général de la CNAV. Mais la plupart de ces anomalies sont de très faible portée financière, leur total ne pesant que 1,2 % [du montant des pensions]. » Le montant médian de l’incidence financière des anomalies constatées s’élève quand même à 102 euros par an et par assuré.

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L’inflation et les hausses du smic ont permis un effet de rattrapage pour les bas salaires

On le sait, les hausses de salaire en 2022 en France n’ont, en moyenne, pas rattrapé l’inflation. Mais une nouvelle étude de la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), publiée jeudi 2 février, nous apporte quelques éléments d’analyse supplémentaire sur l’effet de l’inflation sur la progression des salaires.

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Indexé à la fois sur l’évolution des prix à la consommation et sur une part de l’évolution annuelle du pouvoir d’achat des ouvriers et employés, le salaire minimum interprofessionnel de croissance (smic) a été réévalué à cinq reprises depuis octobre 2021.

Des hausses dont le reste des salariés a pu constater sur sa fiche de paie qu’elles ne se répercutaient pas, à cette hauteur, sur leur salaire. Ainsi, entre octobre 2021 et août 2022, le smic a augmenté de 5,6 %, quand l’ensemble des salaires de base (c’est-à-dire bruts et hors primes, soit la première ligne du bulletin de paie) augmentait de 3,7 %. L’inflation a été 5,4 % sur la même période.

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La Dares explique cette différence d’augmentation par plusieurs facteurs. D’abord par le calendrier des négociations annuelles obligatoires, cadre légal des augmentations de salaires, qui ne se tiennent qu’une fois par an : il peut donc y avoir un décalage dans le temps entre la revalorisation automatique du smic et les hausses du reste des salaires. Le rattrapage se révélera peut-être plus tard en 2023.

Ainsi, après la revalorisation du smic au 1er août 2022, 131 des 171 branches professionnelles suivies par le ministère du travail se sont retrouvées avec au moins un échelon de rémunération inférieure au salaire minimum sur la grille de leur convention collective. Ce qui est illégal. Or, quelques rounds de négociations plus tard, fin décembre, ce n’était plus le cas que de 57 d’entre elles.

Autre facteur, le fait que seuls les salaires les plus proches du smic bénéficient, par contagion, de son augmentation, afin de respecter les niveaux hiérarchiques entre salariés. Pour cette raison, les salaires ont davantage progressé dans les secteurs comptant de nombreux salariés au salaire minimum. La Dares cite l’exemple de l’hôtellerie-restauration.

Inversion de tendance

Ce secteur, qui comptait le plus grand nombre de travailleurs au salaire minimum au 1er janvier 2022 (42 %), est aussi celui où le salaire de base a le plus augmenté (+ 4,8 %). Au contraire, le secteur des industries électriques et gazières, qui compte très peu de salariés au smic (0,5 %) est aussi celui où la progression du salaire de base a été la plus faible (1,4 % entre les troisièmes trimestres 2021 et 2022).

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CDI inclusion seniors, un dispositif destiné aux structures d’insertion

Politique de l’emploi

[La politique de l’emploi s’appuie sur des dispositifs créés au fil des besoins, qui restent parfois méconnus longtemps après leur création. Quelle est leur efficacité contre le chômage ? Elle n’est pas toujours évaluée. Le Monde publie une série d’articles sur les aides à l’emploi, pour tenter d’estimer ce qu’on en sait – leur objectif initial, leurs résultats.]

Alors que la pandémie de Covid-19 laissait craindre une nouvelle crise économique, le gouvernement a profité de la loi relative au renforcement de l’inclusion dans l’emploi par l’activité économique pour mettre sur pied à la fin de l’année 2020 un nouveau dispositif de lutte contre le chômage de longue durée des seniors : le CDI inclusion.

L’objectif du dispositif

Une corde de plus à l’arc des solutions testées, avec plus ou moins de succès, pour maintenir en activité cette catégorie de salariés. Au vu de la réinsertion professionnelle difficile des travailleurs qui perdent leur emploi à un âge avancé, ce nouveau dispositif laissait la main aux structures d’insertion par l’activité économique (SIAE) pour prendre en charge les seniors les plus en difficulté, qui se voient encore en âge de travailler.

Conventionnés avec l’Etat, ces établissements − au nombre de 3 800 environ − emploient des personnes exclues du marché du travail traditionnel : chômeurs de longue durée, travailleurs handicapés… Fin 2020, l’IAE comptait au total 135 400 salariés en emploi.

Le fonctionnement

Le CDI inclusion permet à ces structures d’embaucher en contrat à durée indéterminée des travailleurs de 57 ans et plus, en l’absence de toute autre solution leur permettant de travailler jusqu’à liquidation de leurs droits à la retraite. Une mesure longtemps réclamée par les SIAE : auparavant, elles pouvaient seulement offrir des contrats à durée limitée à leurs travailleurs vieillissants, qui se retrouvaient sans perspectives à la sortie. « Ce contrat est une vraie solution pour les travailleurs pour la fin de leur carrière », selon la Fédération des entreprises d’insertion.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Marché du travail : « La catégorie des seniors “ni en retraite ni en emploi” va augmenter »

Pour l’organisme d’accueil, ce contrat ouvre droit à une aide forfaitaire au poste, équivalente à 100 % du montant socle de l’aide de poste IAE classique la première année d’embauche du CDI inclusion, puis 70 % des années suivantes et ce, jusqu’à la fin du contrat. Selon la structure, ce montant socle s’échelonne entre 3 000 et plus de 20 000 euros, modulé en fonction du temps de travail hebdomadaire. Cette aide ne peut pas se cumuler avec une autre aide à l’emploi financée par l’Etat.

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Après la mort de deux ouvriers, une succession de sous-traitants se renvoient la balle au tribunal

La cité La Source, à Epinay-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis.

Une scène pourrait résumer à elle seule ces trois premiers jours d’audience : des hommes qui se font face devant le tribunal et qui se renvoient la responsabilité. Dans une salle en brique, presque comble, les familles des prévenus se serrent sur un banc, visages fermés. Presque aucune famille des victimes n’était présente lors de l’audience, la plupart ne se trouvant pas en France.

Depuis lundi 30 janvier, le tribunal de Bobigny tente de déterminer le niveau de responsabilité de sept hommes – et trois sociétés – dans la mort de deux ouvriers, employés au noir, sans papiers et inexpérimentés, sur un chantier de Seine-Saint-Denis, le 8 juin 2019. Mercredi 1er février, le parquet a requis des peines allant jusqu’à huit mois de prison ferme et 150 000 euros d’amende à l’encontre des prévenus, jugés notamment pour homicide involontaire et travail dissimulé.

Trois ans et demi plus tôt, Kamel Benstaali, 34 ans et Omar Azzouz, 29 ans, travaillaient à la rénovation thermique de la tour D de la cité La Source, à Epinay-sur-Seine. Il fallait charger des seaux de colle jusqu’en haut de l’immeuble, grâce à une plate-forme élévatrice qui, dans la matinée du 8 juin, s’est décrochée du 18e étage.

« J’ai levé la tête et vu la nacelle voler », confie Hafid Biyi, 62 ans, qui se balance d’une jambe sur l’autre. Il était à l’époque « chef des chantiers » pour la Société rénovation et isolation (SRI), qui a recruté les deux victimes. « Ce n’était pas parfait, on croulait sous le travail », reconnaît-il.

« Gérant fantôme »

Hafid Biyi était aussi ouvrier et commercial pour cette entreprise de quatre salariés, dont l’agrément pour intervenir sur le chantier d’Epinay a été longuement débattu durant la première journée d’audience. Sur ce chantier, c’était l’interlocuteur de tous, même s’il assure ne pas être le dirigeant de la société. Lui avance le nom de Fathy Abou Shreef, un « gérant fantôme », souvent évoqué durant l’audience mais introuvable depuis l’accident. C’est son nom qui apparaît sur les déclarations d’embauche, remplies deux jours après leur mort, de Kamel Benstaali et Omar Azzouz. Si les avocats d’Hafid Biyi demandent que leur client ne « paye pas pour les fautes de M. Abou Shreef », le tribunal émet des doutes sur le partage de fonction entre les deux hommes.

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Hafid Biyi affirme à la barre ne « pas connaître » les deux ouvriers avant cette matinée du 8 juin. Néanmoins, les analyses téléphoniques attestent de la présence d’Omar Azzouz depuis plusieurs semaines sur le chantier. Il dit « tout » ignorer des deux victimes et ne pas savoir s’ils possédaient bien la carte BTP, nécessaire pour travailler. « Qui avait la charge de vérifier ces cartes ? », demande Elisabeth Dugre, présidente du tribunal. « Personne », finit-il par lâcher. « Et qui devait s’assurer de la conformité de la plate-forme ? », interroge la présidente. « Je ne l’ai pas fait, je n’avais pas les compétences », dit-il, en baissant encore la voix.

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Des salariés d’Euronews en grève contre la crainte d’un démantèlement

Le siège d’Euronews à Lyon, le 15 octobre 2015.

Les craintes s’amoncellent chez les salariés d’Euronews. Inquiétudes autour d’une possible délocalisation d’emplois, de potentielles suppressions de postes, voire d’une fin du modèle multilingue de la chaîne. Environ 150 personnes – sur les 500 que compte la société – se sont mobilisées, jeudi 2 février, pour faire part de leur émotion devant les locaux vert fluo situés dans le quartier de la Confluence, à Lyon. « Non au démantèlement », « On veut juste les moyens de faire notre métier : informer », « Unis dans la diversité », pouvait-on lire sur les pancartes des manifestants appelés à la grève par l’intersyndicale constituée du SNJ, de la CGT et de la CFE-CGC.

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Au-delà des incertitudes, un véritable mécontentement a émergé parmi les salariés avec le rachat d’Euronews par le fonds d’investissement portugais Alpac Capital, en juillet 2022. « On est confrontés à des coupes budgétaires à tous les niveaux. Les conditions de travail se sont dégradées avec des sous-effectifs chroniques et le non-remplacement des salariés », dénonce Lena Roche, élue du personnel CFE-CGC et secrétaire du comité social et économique.

« Le fonds d’investissement n’a pas envie de développer l’entreprise, contrairement à ce qu’il clamait au départ », tance un journaliste de la rédaction souhaitant rester anonyme. « Il veut couper dans les dépenses, nous revendre en faisant une plus-value, et l’humain est la dernière chose dont ils se soucient », juge-t-il.

13 millions d’euros de déficit

Lancée en 1993 par une vingtaine de chaînes européennes, avec pour objectif de répondre à l’américaine CNN, Euronews a déjà été secouée par deux plans sociaux depuis 2017. La chaîne, qui diffuse en continu des informations en quinze langues avec une rédaction de quatre cents journalistes, est aujourd’hui exsangue. Elle a cumulé « 160 millions [d’euros] de pertes en dix ans », selon Guillaume Dubois, le directeur général nommé, en juin 2022.

L’ancien directeur général de BFM-TV et PDG du groupe L’Express explique que le déficit de la chaîne approcherait 13 millions d’euros dans son résultat d’exploitation de 2022, comme l’année précédente. Pour faire des économies, le « cube » d’Euronews et ses 10 000 mètres carrés de surface ont été mis en vente, l’actionnaire cherchant désormais de nouveaux locaux dans la métropole de Lyon.

L’annonce du plan stratégique, repoussée à plusieurs reprises, a fini par agacer au sein de la chaîne. « Je comprends l’impatience des salariés, mais ça sera fait la semaine du 27 février. On veut présenter un plan ambitieux, complet et argumenté », assure Guillaume Dubois. En attendant, trois délégués syndicaux ont rencontré Pedro Vargas David, le président du conseil d’administration d’Alpac.

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De passage à Lyon le 19 janvier, il n’est visiblement pas parvenu à rassurer. Il aurait affirmé sa volonté que des bureaux soient ouverts dans les capitales européennes. « On ne sait pas si nos rédactions vont être éclatées dans les différentes capitales ou si ce sera un complément », explique Marie Jamet, élue du personnel SNJ. « Il y a plein de questions et pas de réponses pour l’instant. On est tellement dans le flou que c’est “radio moquette” qui prend feu », déplore Lena Roche, de la CFE-CGC.

Salaires des professeurs : les questions posées par l’annonce de Pap Ndiaye sur le « nouveau pacte »

Le ministre de l’éducation nationale Pap Ndiaye, à l’Elysée, le 12 octobre 2022.

Cela ne devait plus faire partie de la nouvelle « méthode Pap », mais pour cette fois, le ministère de l’éducation nationale aura devancé les négociations syndicales dans les médias. Jeudi 2 février, sur France Inter, le ministre Pap Ndiaye a annoncé que les missions supplémentaires qui doivent permettre aux enseignants d’améliorer leurs rémunérations dans le cadre du « nouveau pacte » voulu par le président de la République, Emmanuel Macron, représenteraient « un volume horaire d’environ soixante-douze heures en plus » par an.

Lire aussi : Revalorisation des enseignants : Pap Ndiaye propose 72 heures par an pour de « nouvelles missions »

Cette enveloppe annuelle assurerait une hausse de rémunération de 10 %, a également précisé le ministre. Le montant débloqué par année et par enseignant serait de 3 650 euros, soit un peu plus de 300 euros par mois sur douze mois.

Ces « nouvelles missions obligatoires pour les professeurs qui adhéreront au pacte » seront de plusieurs natures, a précisé Pap Ndiaye. Il pourra s’agir de « remplacement de courte durée, de l’orientation et de l’accompagnement des élèves, et, dans le premier degré, la possibilité d’enseigner au collège l’heure de renforcement de maths et de français », a-t-il énuméré.

Un deuxième type de mission concerné par le pacte pourra « varier selon les établissements », puisqu’il s’agira des projets pédagogiques innovants, financés dans le cadre du Conseil national de la refondation éducation. Dans certains établissements, ces missions ont déjà commencé et les enseignants perçoivent une indemnité correspondante. Pour les nouveaux projets à partir de septembre, cependant, celle-ci sera comprise dans le pacte, assure-t-on au ministère de l’éducation.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Education : la définition des « nouvelles missions » des enseignants, un chantier périlleux

« Personne ne nous avait parlé d’un horaire annuel de soixante-douze heures », s’étonne Sophie Vénétitay, du SNES-FSU. La réunion avec les syndicats est prévue mercredi 8 février pour discuter de la partie « pacte » de la revalorisation, à ne pas confondre avec la partie « socle », qui correspond à l’augmentation, sans conditions, de certains échelons de la grille de salaire des enseignants. « J’ai fait savoir que nous n’apprécions pas de revenir à un modèle où nous apprenons les choses par voie de presse avant même le début des négociations », ajoute Catherine Nave-Bekhti, du SGEN-CFDT.

« Un problème de forme »

Les syndicats enseignants se souviennent des années Blanquer, et particulièrement de la crise due au Covid-19, où les décisions de l’institution étaient systématiquement annoncées dans les médias. La somme annoncée de 3 650 euros par an et par enseignant avait en revanche déjà circulé « en off » dans l’entourage du ministre, assurent-ils.

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Revalorisation des enseignants : Pap Ndiaye propose 72 heures par an pour de « nouvelles missions »

Le ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, a indiqué jeudi 2 février que le « pacte » proposé par le gouvernement aux enseignants, qui prévoit une hausse de rémunération conditionnée à de nouvelles missions, correspondrait à un « volume annuel d’environ 72 heures » de tâches supplémentaires.

« Nous sommes en négociation actuellement pour aboutir, début mars, à des propositions qui seront mises en œuvre à partir de la rentrée 2023. De quoi s’agit-il ? Il s’agit de deux volets en quelque sorte dans ce pacte : un volet obligatoire, avec en particulier des missions liées aux remplacements de courte durée (…) Pour l’ensemble de ces nouvelles missions, nous calculons un volume annuel d’environ 72 heures », a déclaré le ministre sur France Inter, sans donner davantage de précisions.

Il a cité également « des missions d’orientation et d’accompagnement des élèves », avec « du côté du premier degré cette possibilité d’enseigner au collège », avec l’heure supplémentaire de renforcement et de soutien en français et en mathématiques en 6e annoncée récemment par le ministre, assurée en partie par des professeurs des écoles.

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Deux scénarios de revalorisation

« Ensuite, il y a tout un volet de missions qui peuvent varier selon les établissements et qui sont liés au CNR [Conseil national de la refondation] éducation, à toutes ces initiatives qui sont prises », a-t-il dit. Ces nouvelles missions permettront de « gagner 10 % de plus par rapport au salaire moyen, donc ça représente une somme de 3 650 euros annuels », a souligné le ministre.

Les concertations sur les hausses de rémunérations des enseignants, promises par le président Emmanuel Macron, ont repris en janvier, après une première phase à l’automne. Elles ont porté la semaine dernière sur la partie « socle » (inconditionnelle) des hausses, avant une réunion mercredi prochain sur cette partie « pacte », liée à de nouvelles missions. Sur la partie « socle », le ministère a présenté aux syndicats deux scénarios de revalorisation des salaires des enseignants aux syndicats, mais ceux-ci sont restés sceptiques, jugeant les hausses de rémunérations prévues trop faibles pour les deuxièmes moitiés de carrière.

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Le Monde avec AFP

Réformes des retraites : le tabou de la rémunération des seniors

Trop chers les quinquas ? C’est souvent l’un des arguments mis en avant par les entreprises pour justifier le faible taux d’emploi des plus de 55 ans en France – une singularité réapparue avec la réforme des retraites, que les économistes peinent encore à expliquer. Alors que les députés ont approuvé, mardi 31 janvier, lors de l’examen du projet de loi en commission à l’Assemblée nationale, la création d’un « index seniors » dans les entreprises pour améliorer la place des salariés en fin de carrière, les chiffres sont éloquents. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), moins de 54 % des Français âgés de 55 à 64 ans occupaient un emploi en 2020, contre 60 % en moyenne en Europe et dans l’OCDE (qui regroupe les 38 pays les plus développés), et jusqu’à 71 % au Danemark.

Les chiffres révèlent aussi une réalité moins débattue : les 55-64 ans coûtent plus cher en France qu’ailleurs. Leur rémunération moyenne y est supérieure de 17 % à celle des 25-54 ans, selon les données de l’OCDE, contre 11 % en Allemagne, 8 % aux Etats-Unis, ou 3 % au Danemark. Dans certains pays, la rémunération tend même à diminuer en fin de carrière : elle décroît ainsi légèrement au Royaume-Uni ou au Canada (− 1 %).

En France, en moyenne, le salaire mensuel à 25 ans s’élève à 1 350 euros environ, progresse rapidement dans les dix à quinze années suivantes, stagne ensuite au-dessus de 2 000 euros, avant d’accélérer de nouveau dans les dix dernières années pour culminer autour de 2 300 euros, détaille une note de France Stratégie, organisme rattaché à Matignon, publiée en 2018. Dans une carrière complète, le salaire moyen augmenterait donc de 1 000 euros environ.

Accords de branche

Cet écart entre les salariés âgés et les autres s’est réduit ces dernières années – il était deux fois plus élevé en 2006. Mais « ces différences de salaires en fin de carrière peuvent avoir un effet sur l’emploi, confirme Hervé Boulhol, économiste principal chargé des retraites, à la direction de l’emploi, du travail et des affaires sociales de l’OCDE. Les pays dans lesquels les rémunérations augmentent sont aussi ceux où le taux d’emploi des seniors est faible – l’Italie, la Belgique, la Grèce, l’Autriche… La corrélation n’est pas forcément une causalité, mais il y a quand même quelque chose de flagrant ».

Les chiffres sont toutefois un peu déformants, note l’organisation. « Il y a un effet lié au profil des personnes qui quittent le marché à cet âge, confirme l’économiste Alain Trannoy, directeur de recherche à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. En France, contrairement aux Etats-Unis, les moins qualifiés sont ceux qui sortent les premiers. Ceux qui restent sont plus diplômés et plus adaptés au marché du travail. Or, ce sont aussi les mieux payés, d’où cet effet sur les salaires. » Reste à savoir pourquoi les premiers sont exclus du marché. Sont-ils jugés moins productifs – un fait très difficile à établir ? Ou est-ce de la discrimination, découlant de représentations stéréotypées liées à l’âge ?

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Actions des grévistes sur le réseau électrique : l’enquête de la DGSI révèle un climat social tendu chez RTE

Avant d’être une citadelle d’ingénieurs, de data scientists et d’économistes, RTE est une entreprise « les mains dans le cambouis », comme le dit le président du directoire, Xavier Piechaczyk (262 500 euros de salaire brut, 80 000 euros de part variable, en 2021, selon l’agence de participation de l’Etat). L’huile qui sert d’isolant dans les transformateurs. Le cuivre des fils électriques. L’acier des 250 000 pylônes. Le béton des tunnels pour les lignes enterrées, notamment celles qui passent sous la mer ou sous les montagnes, devenues essentielles cet hiver pour importer de l’électricité en provenance du reste de l’Europe.

Sur ses 9 500 salariés, 4 000 environ travaillent dans la maintenance, les fameux « lignards », de jour comme de nuit, le long des lignes haute tension (entre 63 000 et 400 000 volts). La CGT y a toujours tenu une place solide, sous la bannière de la Fédération de l’énergie, très attachée au statut des industries électriques et gazières, avec des taux de syndicalisation restés élevés.

Les syndicats sont sévères sur le management de RTE. « Avec l’application Ecowatt [qui donne des alertes aux consommateurs sur les risques éventuels de coupures], Xavier Piechaczyk est un peu devenu le Olivier Véran de l’électricité », grince un syndicaliste, agacé de voir le patron de l’entreprise prendre la lumière médiatique. L’année 2022 a été marquée par un conflit social très dur sur les demandes d’augmentation salariale.

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De longues grèves, portées notamment par la CGT. « La direction est en mode bulldozer, ils ne cherchent pas les compromis », fustige Francis Casanova, délégué central de la CGT. Même si, après de longs mois de bataille, la direction et les syndicats se sont entendus, mi-décembre 2022, sur les hausses de rémunération face à l’inflation en 2022 et 2023, suivant d’autres entreprises du secteur, notamment Enedis et EDF.

Une « procédure normale »

Un épisode en particulier a marqué les esprits dans l’entreprise : le recours à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), en juillet 2022, à propos d’actions de protestation dans les Hauts-de-France. Les quelque 200 procès-verbaux de l’enquête pénale, consultés par Le Monde, montrent que l’entreprise a choisi de prévenir le service d’espionnage en parallèle du dépôt de plainte pour des faits d’intrusion dans le système informatique, commis en marge d’un mouvement syndical, ayant perturbé RTE dans son pilotage des réseaux dans la région ces jours-là.

Après une enquête interne particulièrement approfondie, les services de sécurité de RTE, dirigés par un général de gendarmerie à la retraite, ont identifié quatre suspects parmi les employés. La DGSI a pris le relais : écoutes judiciaires, géolocalisation des déplacements, perquisitions par une vingtaine de policiers et techniciens scientifiques, puis un peu plus de soixante-douze heures de garde à vue pour les quatre salariés mis en cause. « Avec des collègues, on s’était organisés pour essayer de faire parler de nous puisque les voies normales ne marchaient pas », a justifié Antoine B. devant les enquêteurs en reconnaissant les faits comme les trois autres hommes auditionnés.

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La Fed ralentit la hausse des taux et adopte un ton résolument optimiste sur l’inflation

Le président de la Réserve fédérale (Fed, banque centrale américaine), Jerome Powell, à l’issue de la réunion du comité de politique monétaire, à Washington, mercredi 1er février.

La bataille contre l’inflation n’est pas encore gagnée, mais l’affaire est en très bonne voie. C’est au fond le message qu’a adressé Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale (Fed, banque centrale américaine), lors de sa conférence de presse, à l’issue de la réunion du comité de politique monétaire, mercredi 1er février.

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Comme prévu, l’institution a augmenté ses taux directeurs, mais d’un quart de point seulement, à 4,75 %. La banque revient à un rythme normal, après avoir relevé le loyer de l’argent à marche forcée, le faisant passer de zéro à 4,5 %, en 2022. La Fed, dans son communiqué, souligne que « l’inflation a quelque peu diminué, mais reste élevée » et estime que des augmentations continues seront appropriées pour atteindre une politique monétaire suffisamment restrictive pour ramener l’inflation à 2 %.

D’autres hausses sont à attendre, en mars ou en mai. Toutefois, pendant sa conférence de presse, M. Powell était optimiste, au point que les marchés, qui étaient dans le rouge, se sont envolés : le Nasdaq, riche en sociétés technologiques et très sensible à l’inflation, a fini la séance de mercredi en hausse de 2 % (12,9 % depuis le début de l’année), tandis que le S&P 500 progressait de 1,05 %. « Je pense que nous pouvons maintenant dire que pour la première fois le processus désinflationniste a commencé », a déclaré M. Powell, tout en notant qu’il serait « très prématuré de déclarer victoire ou de penser que c’est fait ».

Un marché de l’emploi favorable aux salariés

« Désinflation », le mot est prononcé, qui concerne avant tout le prix des biens. Hors énergie et alimentation, ceux-ci baissent depuis septembre 2022, en raison de la résorption des goulets d’étranglement post-Covid-19 (semi-conducteurs, matières premières, fret) et de la désaffection des consommateurs, qui avaient surconsommé quand ils étaient confinés. Leur hausse, sur un an, n’était que de 2,1 % en décembre 2022.

Deuxième bonne nouvelle, la hausse du coût du logement se calme, notamment en raison du doublement des taux des emprunts hypothécaires, qui se situent à 6,5 % sur trente ans. Reste l’inflation dans les services, encore trop élevée, avec une exubérance du transport aérien (+ 28 % sur un an) : M. Powell voudrait la voir baisser.

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L’inflation encore élevée est notamment liée au marché de l’emploi, qui reste très favorable aux salariés, avec un taux de chômage de 3,5 %, au plus bas depuis cinquante ans, une faible immigration et une participation à l’emploi en deçà des niveaux prépandémiques. En 2022, 50,5 millions d’Américains ont quitté leur emploi, soit 3,1 % des salariés du privé. Un record.

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